Lettres champenoises, ou, correspondance morale et littéraire ...

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1820
 

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Page 233 - Rabelais surtout est incompréhensible ; son livre est une énigme, quoi qu'on veuille dire, inexplicable : c'est une chimère, c'est le visage d'une belle femme, avec des pieds et une queue de serpent, ou de quelque autre bête plus difforme : c'est un monstrueux assemblage d'une morale fine et ingénieuse et d'une sale corruption. Où il est mauvais, il passe bien loin au delà du pire; c'est le charme de la canaille : où il est bon , il va jusqu'à l'exquis et à l'excellent, il peut être le...
Page 240 - Quand l'on parcourt , sans la prévention de son pays, toutes les formes de gouvernement , l'on ne sait à laquelle se tenir ; il ya dans toutes le moins bon et le moins mauvais. Ce qu'il ya de plus raisonnable et de plus sûr, c'est d'estimer celle où l'on est né la meilleure de toutes, et de s'y soumettre.
Page 157 - ... simples dans vos écrits. Cher Deleyre, défiez-vous de votre esprit satirique ; sur-tout apprenez à respecter la religion : l'humanité seule exige ce respect. Les grands, les riches , les heureux du siècle seroient charmés qu'il n'y eût point de Dieu ; mais l'attente d'une autre vie console, de celle-ci, le peuple et le misérable. Quelle cruauté de leur ôter encore cet espoir ! Je suis attendri, touché de tout ce que vous me dites de MG..
Page 304 - L'écho du vieux torrent trouble-t-il son sommeil? Et quand Novembre au cyprès solitaire Suspend la neige et nous glace d'effroi; Lorsque la pluie a pénétré la terre, Sous son linceul se dit-elle : « J'ai froid! » Non : sa vie est encore errante en mille atomes... Objet de mes chastes serments, Tu n'as point revêtu la robe des fantômes, Et tes restes encor me sont doux et charmants. Vagues parfums, vous êtes son haleine...
Page 109 - Je sentais mon cœur soulagé et dilaté, mais en même temps comme prêt à se fendre. Assailli d'une foule d'idées et de sentiments, je pleurai assez longtemps, sans qu'il me reste d'ailleurs d'autre souvenir de cette situation, si ce n'est que c'est, sans aucune comparaison, ce que mon cœur a jamais senti de plus violent et de plus délicieux; et que ces mots : Me voici, mon fils! ne cessaient de retentir dans mon âme, et d'en ébranler puissamment toutes les facultés!
Page 109 - Je n'en lus pas davantage : l'impression subite que j'éprouvai est au-dessus de toute expression, et il ne m'est pas plus possible de la rendre que de l'oublier. Je tombai la face contre terre, baigné de larmes, étouffé de sanglots, jetant des cris et des paroles entrecoupées.
Page 207 - Mais la prérogative royale? Ah! certes la prérogative royale est d'un prix trop élevé à mes yeux pour que je consente à la faire consister dans le futile privilège d'un passe-temps oppressif. Quand il sera question de la prérogative royale, c'est-à-dire, comme je le démontrerai en son temps, du plus précieux domaine du peuple, on jugera si j'en connais l'étendue; et je défie d'avance le plus respectable de mes collègues d'en porter plus loin le respect religieux.
Page 108 - ... lumière nouvelle, mais elle m'épouvantait et me consternait en me montrant un abîme, celui de quarante années d'égarement. Je voyais tout le mal et aucun remède. Rien autour de moi qui m'offrît les secours de la religion. D'un...
Page 232 - Tout est dit : et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il ya des hommes, et qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé : l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes.
Page 109 - Plein de ces désolantes idées, mon cœur était abattu et s'adressait tout bas à Dieu que je venais de retrouver, et qu'à peine connaissais-je encore. Je lui disais : Que dois-je faire? Que vais-je devenir? J'avais...

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