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mède efficace, c est le propre de l'ineptie et de.la sottise.

12. On peut regretter ce que l'on a perdu sans se repentir de ce que l'on a fait. 125. La crainte du peuple, l'absence d'une organisation militaire, telle fut constamment la cause de nos revers.

126. Les Etats ne périssent que par trop d'orgueil ou par trop de lâcheté.

127. La grande difficulté des révolutions est d'éviter la confusion dans les idées populaires.

128. Une insurrection contre un pouvoir établi peut être une nécessité, jamais un exemple qu'on puisse convertir en principe.

129. Tuer ce qui doit vivre est un plaisir barbare, contraire aux lois de la nature. C'est un crime et une faute.

130. La société n'est pas un être fictif, c'est un corps en chair et en os, qui ne saurait prospérer qu'autant que toutes les parties qui la composent sont dans un état de santé parfaite.

131. Chaque homme porte en lui un monde composé de tout ce qu'il a vu et aimé, et où il rentre sans cesse, alors même qu'il parcourt un monde étranger. J'ignore alors ce qui est le plus douloureux de se Souvenir des malheurs qui vous ont frappé ou du temps qui n'est plus.

132. Un homme de cœur ne veut pas régner par amour du rang suprême, mais pour accomplir une mission et pour faire triompher une cause.

133. Des années s'écoulent avant qu'un peuple mette la main sur l'endroit de ses blessures. Plus les griefs réels semblent faciles à proclamer, plus les esprits s'élancent dans le mysticisme des théories.

134. La tyrannie retrempe les hommes. 135. Ce qui distingue les grands homines, ce qui enflamme leur ambition, ce qui les rend absolus dans leurs volontés, c'est l'atour de la vérité qu'eux seuls croient connaître.

NAPPE (Prov.). On disait jadis d'un homme qui s'était rendu digne de mépris, qu'il fallait lui couper la nappe. Ce dicton provenait de la coutume qui existait au moyen âge de trancher à table, devant un chevalier qui s'était déshonoré, la portion de nappe qui lui tenait lieu de serviette. Se aucun avoit fait trahison en aucune partie, dit un vieux traité de chevalerie, et étoit assis à table avec autres chevaliers, le roi d'armes ou héraut lui alloit couper sa touaille devant lui, et lui virer le pain au contraire. Lorsqu'un homme fait un mariage qui l'établit tout d'abord dans une maison montée, on lui applique aussi ce proverbe Il a trouvé nappe mise.

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NATION. En général, ce n'est point par les dehors qui dépendent du temps, du climat, des lieux, qu'il faut juger du mérite d'une nation: c'est par le fond du caractère, par les sentiments d'humanité, de bonté et de droiture qui y règnent communément. (L'abbé PRÉVOST.)

Il n'y a plus de grandeur dans une nation, lorsque sa prospérité est soumise à un système d'agiotage. (A. DE CHESNEL.)

NATURE. Je ne vois pas, dites-vous, l'ouvrier qui a produit ces chefs-d'œuvre. Mais vous ne voyez pas non plus l'esprit qui gouverne votre corps. Dites donc aussi que vous faites tout par hasard, et rien par intelligence. (SOCRATE.)

Que chacun de nous embrasse le ciel, la terre et les mers, tous les objets, en que!que sorte, par la pensée, l'être qui les gouverne et leur impose des lois; qu'il se contemple lui-même, non pas renfermé dans d'étroites murailles, non pas resserré dans un coin de la terre, mais citoyen du monde entier. Du haut de ces sublimes méditations que lui procureront le spectacle et la connaissance de la nature, comme il saura bien se connaître lui-même! comme il dédaignera, comme il trouvera viles toutes les futilités auxquelles le vulgaire attache un si grand prix! (CICERON.)

On ne peut vaincre la nature qu'en lui obéissant. (BACON.)

1. Il y a tant de belles et de bonnes choses dans la nature, que ce n'est pas l'abondance qui en fait la superfluité, c'est le mauvais usage.

2. La nature est donnée aux philosophes comme une grande énigme où chacun donne son sens dont il fait son principe. Celui qui par ce principe rend raison plus clairement de plus de choses, peut au moins se vanter d'avoir l'opinion la plus vraisemblable.

LA ROCHEFOUCAULD.)

Je ne puis ouvrir les yeux sans admirer l'art qui éclate dans toute la nature; le moindre coup d'oeil suffit pour apercevoir la main qui fait tout; que les hommes accoutumés à méditer les vérités abstraites et à remonter aux premiers principes connaissent la Divinité par son idée: c'est un chemin sûr pour arriver à la source de toute vérité. Mais il y a une autre voie moins parfaite pour les hommes médiocres. Les

moins exercés au raisonnement peuvent d'un seul regard découvrir celui qui se peint dans tous ses ouvrages. Si un grand nombre d'hommes d'un esprit subtil et pénétrant n'ont pas trouvé Dieu par un coup d'oeil jeté sur la nature, il ne faut pas s'en étonner. Les passions qui les ont agités leur ont donné des distractions continuclles, ou bien les faux préjugés qui naissent des passions ont fermé leurs yeux à ce grand spectacle. Un homme passionné pour une grande affaire, qui emporterait toute l'application de son esprit, passerait plusieurs jours dans une chambre, en négociation pour ses intérêts, sans regarder ni les proportions de la chambre, ni les ornements de la cheminée, ni les tableaux. Tous ces objets seraient sans cesse devant ses yeux, et aucun d'eux ne ferait impression sur lui. Ainsi vivent les hommes. Tout leur présente Dieu et ils ne le voient nulle part. Il était dans le monde, et le monde a été fait par lui, et cependant le monde ne l'a point connu.

(Joan. 1,10.) Ils passent leur viesans avoir aper-
çu cette représentation si sensible de la Divi-
nité. Enfin, ce qui devrait ouvrir leurs yeux
les ferme, je veux dire la constance et la ré-
gularité des mouvements que la suprême
Sagesse mis dans l'univers. Saint Augustin
dit que ces merveilles se sont avilies par la
répétition continuelle; mais toute la nature.
montre l'art infini de son auteur, et je sou-
tiens que le hasard ne peut avoir formé un
tout si parfait. Ecoutons saint Grégoire de
Nazianze : « Si nous entendions dans une
chambre, derrière un rideau, un instrument
doux et harmonieux, croirions-nous que le
hasard, sans aucune main d'homme, ait
formé cet instrument, que les cordes se
soient placées d'elles-mêmes, que l'archet,
poussé par le vent, ait tiré des sons d'une
harmonie aussi variée? Quel esprit raison-
nable récuserait la parole d'un homme qui,
trouvant dans une fle déserte une belle sta-
tue de marbre, dirait aussitôt : Il y a eu ici
des hommes, je reconnais la main d'un ha-
bile sculpteur? Que répondrait cet homme,
si quelqu'un s'avisait de lui dire : Non, un
sculpteur ne fit jamais cette statue; elle est
parfaite, il est vrai; mais c'est le hasard seul
(FÉNELON.)
qui l'a faite. >>

Il n'appartient point aux hommes, aux nations, aux lois humaines de créer des principes ou des bases; mais il leur appartient de construire sur les principes ou fondements conçus par Dieu dans l'inévitable nécessité de la nature. Construire sur d'autres fondements que ceux de la nature, c'est essayer de bâtir des châteaux en l'air.

(HARRINGTON.)

1. Les sentiments droits de la nature se trouvent les mêmes dans tous les hommes, lorsqu'ils veulent les observer et les suivre.

2. Les mouvements simples de la nature, quand elle n'a point été corrompue par l'habitude du vice, n'ont jamais rien de contraire à l'innocence. Ils ne demandent point d'être réprimés, mais seulement d'être réglés par la raison.

3. Les plus belles qualités de la nature se trouvent quelquefois assorties avec de lâches passions qui les corrompent, ou confondues avec des vices odieux qui les déti(L'abbé PREVOST.) gurent.

Dieu a placé la nature aux côtés de l'homme, comme une amie qui reste toujours près de lui pour le guider et le consoler dans la vie, comme un génie protecteur qui conduit l'individu, ainsi que toute l'espèce, à une harmonieuse unité avec soimême. La terre, comme planète, est le sein maternel qui porte toute la race; la nature éveille l'homme du sommeil où il reposait sans conscience de lui-même, l'inspire et entretient ainsi dans l'humanité la force et la vie. (RITTER.)

Le ciel et la mer sont comme deux beaux livres ouverts à tous les yeux, et qui traitent, en deux pages sublimes, de l'éternité et de l'immensité. (Eugène SUE.)

Les lois de la nature sont immuables: l'homme a beau les torturer pour les sou

mettre à ses systèmes, à ses caprices, elles tendent constamment à reprendre la direction qui lui est propre. C'est ainsi que les deux parties de la plantule, dont on contrarie le mode d'accroissement, se meuvent de toutes les manières jusqu'à ce que l'une ait retrouvé la lumière, l'autre le sein de la (A. DE CHESNEL.)

terre.

NATUREL (Prov.). Pour exprimer que le caractère de certains êtres ne saurait changer, on dit : Nature ne peut changer; oɑ bien: Ce que nature donne, nul ne le peut ôter; ou enfin, comme les Grecs: Le loup change bien de poil, mais non de naturel. Oă trouve aussi dans Horace :

Naturam expellas furca, tamen usque recurset. NÉCESSITÉ (Prov.). Elle a donné naissance à plusieurs proverbes, comme ceuxci, par exemple :

1. De tout s'avise à qui pain faut.

2. Nécessité fait troiter les vieilles. 3. Nécessité rend magnanime le couard, e pusillanime le vaillant.

On dit aussi, pour signifier que, dans certains cas, il est plus sage de céder que d'opposer de la résistance, qu'il faut faire de nécessité vertu.

NEGLIGENCE. La négligence dans les petites choses, dit La Rochefoucauld, est toujours une espèce d'infidélité, qui est souvent punie par de grandes chutes.

NEIGES (Dicton). Pour dire qu'il est superflu de s'occuper de certaines choses passées, on emploie cette phrase: Il ne faut point parler des neiges d'autan. Le mot autan, qui est très-vieux, est formé, par contraction, des deux mots latins ante annum, et signifiant l'autre année, l'année d'aupa

ravant.

NEOCLIDE (Dicton). Rhéteur dont parle Aristophane, et qui, quoique aveugle, avait une dextérité remarquable pour commettre des larcins. Il était d'ailleurs en tout d'une

très-grande impudence, et avait donné lieu à ce dicton: effronterie de Néoclide.

NEZ (Prov.). On dit d'une personne honteuse et confuse, qu'elle a un pied de ne: de celle à qui l'on arrache un secret, qu'on lui tire les vers du nez; et de celle qui, par faiblesse, cède à chacun, qu'elle se laisse mener par le nez.

NIAÍS DE SOLOGNE (Prov.). On nomme ainsi proverbialement celui qui, par ruse et pour son profit, feint de se tromper.

NICIAS (Dicton). Général athénien très-distingué, mais qui procédait en tout avec une extrême lenteur. Aussi les Grecs disaient-ils proverbialement: temporiser comme Nicias. NID (Prov.). Pour exprimer qu'on vient à bout de toute chose, en s'armant de patience et de persévérance, on dit : Petit à petit

L'oiseau fait son nid. Les Italiens emploient aussi dans le méme sens ces deux proverbes : Petit à petit lavieille fileson fuseau; mot à mot: on fait de gros livres.

NIVELEURS. Les niveleurs, dit M. Emile de Girardin, qui veulent abattre tous ceux

qui s'élèvent au-dessus d'eux, qui déclament avec emphase contre l'orgueil d'une ancienne noblesse généreuse et polie qu'ils envient, mais qu'ils n'imitent pas, refoulent avec insolence dans leur petite vanité ceux que le sort ou l'indigence place socialement au-dessous d'eux.

NOBLESSE. 1. Ceux qui sont assez sots pour s'estimer seulement par leur noblesse, méprisent en quelque façon ce qui les a rendus nobles, puisque ce n'est que la vertu de leurs ancêtres qui a fait la noblesse de leur sang.

2. L'illusion de la plupart des nobles est de croire que leur noblesse est en eux un caractère naturel.

3. Les grands noms abaissent au lieu d'élever ceux qui ne les savent pas soutenir. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Les familles aristocratiques doivent être peuple autant que possible. Plus une aristocratie approchera de la démocratie, plus elle sera parfaite. (MONTESQUIEU.)

NOBLESSE (Prov.). Jadis les gentilshommes plaçaient au rang des premières obligations qu'imposait un blason, la pratique d'un certain nombre de vertus. La philosophie du xvir siècle vint saper l'observance de ces devoirs, que le noble avait regardés jusqu'alors comme inhérents à sa qualité, et le XIX siècle a achevé de les éteindre en lui, pour y renforcer l'égoïsme et l'amour du lucre; mais au temps où il aurait rougi des actes qu'il accomplit aujourd'hui, il prenait pour devise ce proverbe: Noblesse oblige.

NOCES (Prov.). Pour dire qu'un homme à reçu une verte correction quelconque, on fait usage de ce proverbe Il ne fut jamais à telles noces. Cela vient, à ce que l'on croit, des noces de Baché, dont parle Rabelais, où les Chicanous furent battus à coups de gantelets.

NOEL (Prov.). Lorsqu'une chose longtemps attendue est enfin arrivée, on dit : On chante tant noel qu'il vient. Ce qui a donné naissance à ce proverbe est l'usage où l'on était autrefois de chanter Noël bien avant qu'il n'arrivât. L'église retentissait alors du refrain Noël, Noël, et l'on faisait entendre aussi des cantiques relatifs à la naissance du Sauveur.

NOIX (Prov.). On dit de quelqu'un qui fait une chose avec plus d'ardeur que d'adresse: Il y va comme une corneille qui abat

des noix.

NORMAND. (Prov.) En parlant autrefois

OBEISSANCE. 1. Celui qui commande doit obéir quelquefois.

2. Celui qui obéit avec modestie paraît digne de commander un jour. (CICERON.) OCCASION. Il est plus facile de se soustraire à l'occasion, que d'en sortir à son honneur. (Balthasar GRACIAN.)

d'un habitant de la vieille Neustrie, on faisait souvent usage de ce proverbe : un Normand a son dit et son dédit. Cela venait d'une coutume qui existait alors dans cette province, coutume par laquelle les contrats n'étaient valables que vingt-quatre heures après leur signature. Les parties avaient donc ce délai pour faire leurs réflexions, et se dédire si bon leur convenait. Tout cela était fort régulier; mais les malins se sont quelquefois emparés du proverbe, pour chercher à établir que les Normands sont de mauvaise foi.

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NOURRITURE (Prov. ). Pour signifier qu'une bonne éducation peut corriger ou du moins amender les mauvaises inclinations naturelles, on dit proverbialement : Nourriture passe nature.

NOUVEAUTÉ. On aime tellement toutes les choses nouvelles et les choses extraordinaires, qu'on a même quelque plaisir secret par la vue des plus tristes et des plus terribles événements, à cause de leur nouveauté et de la malignité naturelle qui est (LA ROCHEFOUCAULD.)

en nous.

Il est plus aisé de dire des choses nouvelles, que de concilier celles qui ont été dites. (VAUVENARGUES.)

On ne dit rien de neuf. On ne pense rien de neuf. Les mêmes conversations reviennent toujours. On sait déjà ce qu'on va répondre. (Le prince DE LIGNE.)

NOUVEAUTÉ (Prov.). Comme il est dans la nature de l'homme de trouver en général du charme aux choses nouvelles, on dit proverbialement : Au nouveau tout est beau.

NUIT. La nuit, dit Tacite, augmente la hardiesse des uns et favorise la peur des

autres.

NUIT (Prov.). Pour exprimer l'égalité que les ténèbres répandent sur les couleurs, et même sur certaines formes, on use de ce proverbe : La nuit tous les chats sont gris. Quelques-uns donnent à cette phrase l'origine un peu forcée que voici : une dame à laquelle Philippe, roi de Macédoine, rendait ses hommages, et près de laquelle il insislait sur les charmes qu'elle possédait, lui répondit que lorsque le jour avait cessé d'éclairer, les traits les plus séduisants n'avaient pas plus d'avantage que la figure la plus laide, et que l'ombre donnait le même agrément à toutes les physionomies.

NUMERO (Prov.). Afin de faire connaître que quelqu'un a l'intelligence d'une affaire on dit: Il sait le numéro.

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leur faudrait pour nous survivre; car elies ne sont alors que plus ou moins ébauchées (A. DE CHESNEL.)

de grandes choses, faute de gens qui sachent en profiter. (AMELOT DE LA HOUSSAYE.) N'allez point chercher les occasions, laissez-les naître. Il y a des dangers nécessaires pour une personne du monde; mais la religion les dissimule, lorsqu'on la respecte assez pour ne s'y exposer qu'à regret; au lieu qu'ils sont toujours extrêmes Jorsqu'on y court volontairement.

(L'abbé PRÉVOST.)

Il y a peut-être plus d'hommes qui ont manqué aux occasions, qu'il n'y en a eu à qui les occasions ont manqué. (LA BEAUMELLE.) ODEUR (Prov.). On dit quelquefois, dans les apologies qu'on fait du lucre: L'argent ne sent pas mauvais, ou bien: L'argent n'a point d'odeur. On raconte que l'empereur Vespasien avait, contre l'avis de son fils Titus, établi un impôt sur les latrines publiques. Un jour, il prit une des pièces d'argent qui était le produit de cette taxe, et l'approchant du nez du prince, il lui dit : « Cela sent il mauvais? » Vint alors le proverbe. Juvénal s'en est servi comme

suit:

Lucri bonus est odor ex re

Qualibet.

OEUFS (Prov.). Nos pères, qui faisaient en carême une grande consommation d'oeufs, avaient ce proverbe: Un aufn'est rien, deux font grand bien, trois c'est assez, quatre c'est trop, cinq c'est la mort.

OEUVRE (Prov.). Généralement, lorsqu'il s'agit de commencer un travail, on hésite, on tourne longtemps avant de s'y mettre; puis une fois la besogne en train, on y donne ses soins et on la fait ainsi progresser chaque jour, sans presque s'en apercevoir. C'est ce qui a donné naissance à ce proverbe: Heureux commencement est la moitié de l'œuvre, et encore à celui-ci : Besogne commencée est à moitié faite. Toutefois, il ne faut pas moins s'armer de patience, et c'est ce qu'exprime cet autre dicton: N'a pas fait qui commence.

OEUVRE DE PÉNÉLOPE (Dicton). Ulysse, roi d'Ithaque, étant allé au siége de Troie, demeura si longtemps à cette expédition et éprouva tant de contrariétés au retour, que son absence dura plusieurs années. Pénélope, sa femme, était si belle, que de nombreux prétendants cherchèrent à la séduire et voulurent même lui persuader qu'Ulysse était mort. Elle résista néanmoins avec tout le courage qu'elle puisait dans sa vertu; mais afin de se débarrasser en partie des importunités auxquelles elle se trouvait en butte, elle imagina de répondre qu'elle fixerait définitiment son choix, dès qu'elle aurait achevé une pièce de toile qu'elle avait sur le métier. Après cela, elle se mit à défaire régulièrement chaque nuit, ce qu'elle avait fait dans le jour, ce qui la conduisit jusqu'au retour de son époux. Depuis lors on a toujours dit d'un travail qui n'a point de fin, ou du moins dont on ne prévoit pas la fin C'est l'œuvre de Pénélope.

:

OEUVRES. La vie journalière qu'on attend des œuvres de l'esprit, les prive de ce qu'il

OFFENSE. 1. Se plaindre des injures reçues, c'est plutôt exciter la passion à nous offenser, que la compassion à nous consoler.

2. La malice se plaît à blesser à l'endroit où elle sait que la douleur sera la plus aiguë.

3. Il y a plus d'habileté à éviter les offenses qu'à les venger. (Balthasar GRACIAN. Celui qui fait une offense à quelqu'un, lui accorde une véritable supériorité sur lui, en lui donnant le pouvoir de la pardon(L'abbé PREVOST.)

ner.

OIE (Prov.). Cet oiseau fut, durant des siècles, le mets en faveur, même à la table des souverains, et Charlemagne, dans ses capitulaires, donne ordre que toutes ses maisons de campagne en soient abondamment pourvues. C'était l'oie qu'il servait aux grands vassaux qui venaient lui rendre hommage, ou qu'il invitait à partager ses délassements champêtres; mais comme, dans ces temps surtout, on ne recevait guère des marques de bienveillance du prince, qu'en raison des services ou des sacrifices qu'il altendait de vous, un proverbe disait alors: Qui mange l'oie du roi, cent ans après en rend la plume.

OISIVETÉ. C'est être oisif que de s'occu per d'un travail inutile. (L'abbé PRÉVOST.)

L'oisiveté ressemble à la rouille; elie consume plus vite que le travail n'use. La clef dont on se sert est toujours claire.

(FRANKLIN.)

OLIBRIUS (Dicton). On dit de quelqu'un qui fait à tort l'entendu : C'est un Olibrius. Ce nom était celui d'un sénateur romain, qui épousa Placidie, fille de Valentinien III, et que l'arien Ricimer, tyran de Rome, fit proclamer empereur d'Occident en 472. Son règne ne dura que trois mois, et il ne se fit remarquer que par sa complète nullité. Cel Olibrius avait été aussi gouverneur de la Gaule, et durant son passage à cette fonc tion, il fit mourir sainte Reine.

ONCLE (Prov.). Une vigne mal gardée et où chacun commet des larcins, fait dire pro verbialement : C'est la vigne à mon oncle.

ONGLE (Prov.). Les Italiens, pour peindr une amitié vive et sincère, disent: Etr comme chair et ongle.

OPINIATRETE. L'opiniâtreté est une qua lité de bêtes, de femmes, de sots et d'enfants. Savoir mollir et se prêter en certaines occasions, est une marque de prudence L'habile pilote baisse ses voiles quani le vent souffle avec beaucoup de véhémence au lieu que le fou va à pleines voiles à sa ruine. L'ignorance et l'opiniâtreté se tiennent par la main, et le sot croit toujours qu'il y va de son honneur à soutenir sa fausse opinion, et il aime mieux quelquefois perdre l'amitié de gens dont il a besoin, que de démordre de son sentiment.

(OXENSTIERN.)

1. La petitesse de l'esprit, l'ignorance et

la présomption font l'opiniâtreté, parce que les opiniâtres ne veulent croire que ce qu'ils conçoivent, et qu'ils ne conçoivent que fort peu de choses.

2. On ne se soucie pas tant d'avoir raison, que de faire croire qu'on a raison : c'est ce qui fait que l'on soutient son opinion avec opiniâtreté, après même qu'on a connu qu'elle est fausse. (LA ROCHEFOUCAULD.)

Il y a un moyen de distinguer les vrais opiniâtres d'avec ceux qui ne le sont qu'en apparence, car le premier pas pour se corriger, c'est d'être persuadé qu'on a tort; et Je premier pas pour se le persuader, est de bien croire qu'on le peut avoir. Or, c'est ce qui distingue les opiniâtres. Il y a des gens qui traitent d'opiniâtres tous ceux qui ne sont pas de leur sentiment, et qui, ayant pour eux la vérité, ne croient pas qu'on puisse leur rien contester sans opiniâtreté. Mais cette idée est très-fausse : il n'y a point proprement d'opiniâtreté à n'être pas du sentiment d'un autre. Si on a raison de n'en être pas, on est louable de ne pas s'y rendre, et si on se trompe, c'est une erreur de l'esprit. Mais on est véritablement opiniâtre, quand on est attaché à son sentiment vrai ou faux, en sorte qu'on ne s'imagine pas pouvoir avoir tort, et que l'on ne daigne pas examiner les raisons de ceux qui sont persuadés que nous nous trompons. C'est se blesser d'être contredit. (NICOLE.)

OPINION. Les fausses interprétations de l'opinion changent quelquefois la vertu en vice. Quel autre but peut-on alors se proposer, que le témoignage d'une bonne conscience, ce consolateur caché qui crie plus haut que la multitude, et qui place tout son bonbeur en elle-même. (SÉNÈQUE.)

Je donne mes opinions comme iniennes, non comme bonnes. (MONTAIGNE.) Il faut souvent changer d'opinion pour rester toujours de son parti.

(Le cardinal De Retz.) L'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusqu'aux petitesses du peuple. (LA BRUYÈRE.) Ceux qui changent d'air, ne changent pas pour cela de façon de penser. (X.)

un

On estime une montre qui va bien : jugeons les hommes de même. Celui qui autre motif pour juger un homme, se proslerne devant une idole. (Guillaume PENN.) L'opinion n'est que l'intérêt avec un masque. (POPE.) Les opinions sont libres; mais elles sont injustes lorsqu'elles sont sans fondement. (L'abbé PRÉVOST.) Envisagez un sujet sous toutes ses faces, condition nécessaire de laquelle dépend la justesse de l'opinion en tous genres.

(MIRABEAU.) Rien n'est plus commun que des hommes qui, joignant à une âme honnête et à un sens droit un esprit timide, n'osent examiher certains principes, ni penser d'après eux-mêmes sur certains objets, avant de se sentir appuyés par l'opinion. (CONDORCET.)

Je tolère, par principe, toutes les opi

nions. Je les estime quand elles sont 1oyales; je les honore quand elles sont glorieuses; quand elles sont proscrites, je suis bien près de les aimer. (Charles NODIER.)

Il ne faut pas avoir beaucoup vécu pour savoir que, dans les relations d'homme à homme, et quand on les prend un à un, on en rencontre bien peu qui se donnent ou se défendent en vertu d'une idée. Les convictions sont rares les intérêts de la vie pressants; la corruption a mille secrets, la conscience mille subterfuges. Oui, certes, il est facile de gagner un homme, puis dix, puis vingt, et dans ce manége quotidien, les opinions sont en effet de peu de valeur. (GUIZOT.)

Toutes les opinions sont honorables dès qu'elles sont avouées. Ce que je demande, c'est qu'on les avoue, qu'on les explique, qu'on les définisse. (Casimir PERRIER.)

Les faveurs de l'opinion publique ne veulent pas être mendiées, elles veulent être conquises. La France sous ce point de vue est femme. Elle veut honorer sa soumission dans la force de ceux à qui elle cède; elle n'obéit plus à ceux qui lui obéissent, à plus forte raison à ceux qui obéissent à d'autres qu'elle. (Henri FONFRÈDE.)

C'est presque être de la même religion que de croire à la même poésie, que de professer le même art, que de vivre dans la même pensée. Il y a aussi une mème communion. Parler la même langue, c'est avoir la même patrie; sentir les mêmes enthousiasmes, c'est avoir le même Dieu.

(Victor HUGO.)

Pour les hommes de sens, il est quelque chose au-dessus de l'esprit de parti, c'est l'esprit conservateur. (PAGÈS, de l'Ariége.)

4. La conscience est un meilleur guide que l'opinion publique : il vaut mieux craindre un remords que le blâme d'autrui.

2. Les hommes esclaves de l'opinion puestiment aux principes de gens qu'ils méblique sacrifient chaque jour des êtres qu'ils prisent. (A. DE CHESNEL.) Toutes les différences que l'opinion met entre les hon.mes sont fausses et trompeuses il n'y a que la grâce qui les distingue; on n'est véritablement que ce qu'on est aux yeux de Dieu. (Maximes chrétiennes.)

:

OPPORTUNITÉ. Les grandes entreprises faites à contre-temps, dit de Vernage, ne réussissent jamais, comme les semences, quel que bonnes qu'elles soient, ne poussent point quand elles ont été jetées en terre hors de saison.

OPTIMISME. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Telle était la maxime de Candide. Au fait, la part du bien n'est-elle pas plus grande que celle du mal? Vous avez des vices, de tristes passions: la religion, la raison, la conscience vous avertissent de ne pas vous y livrer. Vous ne voulez pas les écouter, vous en êtes rudement châtiés, c'est votre faute. La nature et la raison vous le disent: soyez modrés, la modération est la source du

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