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La même exactitude que nous avons mife à relever les fautes qui fe font gliffées dans cette édition, nous avions tâché de l'apporter dans sa rédaction. L'un des principaux écueils que nous devions éviter dans ce travail, c'était d'attribuer à M. de Voltaire des ouvrages qui ne fuffent pas de lui. Les petites pièces fi nombreuses de profe et de vers exigèrent à cet égard beaucoup d'attention. On fait que l'auteur les gardait rarement, et ne s'était jamais occupé du foin de les recueillir toutes. Nous en avions raffemblé depuis long-temps un grand nombre, tirées en partie du dépouillement complet des journaux français, depuis le commencement du fiècle, et en partie des porte-feuilles de quelques amis de M. de Voltaire. Depuis fa mort on nous en remit beaucoup d'autres parmi lefquelles plufieurs nous parurent évidemment fuppofées. Celles-ci furent écartées, et pour toutes les autres nous ne voulûmes pas nous fier à notre tact feul. Madame Denis, nièce de l'auteur, M. le comte d'Argental, fon plus ancien ami, M. de la Harpe

le plus diftingué de tous fes difciples, prirent la peine de lire les poëfies diverfes. M. de Saint-Lambert fut auffi confulté. Leurs avis furent très-utiles, ainfi que les notes écrites par feu M. Thiriot, en marge de notre premier recueil.

Malgré ces précautions, on n'a pu se préferver de toute méprife, et nous avons reconnu que le roman intitulé le Crocheteur borgne, donné par un homme en place, comme une production de Voltaire, eft de M. de Bordes, de Lyon. On l'avait auffi faussement attribué à M. le chevalier de Boufflers. Nous avons également de fortes raifons de croire que l'épître à Samuel Bernard, écrite au nom de madame de Fontaine Martel, n'eft pas plus de Voltaire que le roman dont on vient de parler. Il fuffit de la lire et de fe connaître un peu en vers pour être sûr qu'il n'a pas écrit une pièce fi infipide. On ne l'avait laiffé passer d'abord que dans la fuppofition que l'auteur avait voulu fe déguifer tout-à-fait, sous un nom emprunté; et il faut convenir qu'il n'aurait pu mieux donner le change qu'en fefant des vers communs et infignifians.

Nous fentons bien qu'en fefant l'aveu de ces erreurs, et en relevant fcrupuleusement nos fautes auffi-bien que celles des typographes, quoique les unes et les autres, pour la plupart, euffent pû n'être pas remarquées de beaucoup de lecteurs, c'eft mettre aux mains ennemies des armes contre foi-même. Mais cette crainte n'a pas dû nous retenir. La plus grande des erreurs ferait de laiffer fe perpétuer celles dont nous n'avons pu nous garantir. Nous répétons que le défir d'honorer la mémoire de M. de Voltaire eft le grand motif qui a toujours animé les éditeurs et les rédacteurs, et devant cette confidération tout amour propre doit fe taire.

Fin des Eclairciffemens, Additions et Corrections, et du Tome 70 et dernier.

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