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Rappel de médaille d'argent à Mile Gabrielle de Poligny, pour une poésie intituléc : L'Homme et la Nature.

Médaille d'argent à M. Oppepin, directeur de l'Ecole du Château, à Nevers (Nièvre), pour diverses poésies.

Médaille de bronze à M. Th. Geslain, homme de lettres à St-Mauricelès-Charencey (Orne), pour une poésic intitulée : La Séparation. Médaille de bronze à M. Beuque, pour divers morceaux de poésie. Mention honorable à M. Victor Leroy, secrétaire de l'Académie des poètes, pour paroles d'un chœur à trois voix pour enfants.

Mention honorable à M. Henri Dottin, littérateur à Laval (Mayenne), pour une poésie intituléc : La pauvre Femme et l'Artiste.

Mention honorable à M. Bonnefoy, officier au 21 de ligne, pour une poésie intitulée: Indifférence.

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8° Beaux-Arts. Mention honorable à M. Gabriel Desmoulins, pour la musique d'un chant pour trois voix égales.

9o Encouragements divers.— Un Appareil cosmographique Tremeschini, à M. Giboz, instituteur à Dampierre (Jura), pour ses Leçons pédagogiques.

Médaille de bronze à M. Jean-Baptiste Jeannin, de Poligny, pour établissement d'une cressonnière.

SÉANCE GÉNÉRALE DU 10 FÉVRIER 1870.

La séance s'ouvre à 2 heures, sous la présidence de M. Clerc Outhier, Président, par la lecture du procès-verbal de la dernière séance.

Après l'adoption de cette pièce, le Président donne lecture à l'assemblée des deux documents suivants, qui ont été insérés dans le 12me et dernier bulletin de l'année 1869 1° Un arrêté de Son Excellence M. le Ministre de l'Instruction publique, qui approuve les statuts de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, et la reconnaît comme Société savante; 2o Une lettre de M. le Sous-Préfet, qui l'informe que, sur les recommandations pressantes de M. le Préfet, Son Excellence M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce a accueilli favorablement notre demande, de prendre place parmi les Sociétés d'agriculture qui reçoivent des encouragements de son département.

Ces communications sont accueillies avec la plus vive satisfaction. Sur la proposition du Président, la séance est suspendue, et les membres du Bureau, accompagnés de MM. Demougin, juge de paix, Président

honoraire, et Calixte Pillot, adjoint, ancien Trésorier, sortent immédiatement pour porter, au nom de la Société, à M. Vivaux, Sous-Préfet de l'arrondissement, à qui elle doit de voir enfin ses travaux appréciés par l'Administration, ses remerciements pour les témoignages d'intérêt qu'elle a reçus de sa bienveillance, comme aussi pour lui exprimer en même temps et les félicitations qu'elle devait à sa nomination à une Sous-Préfecture plus importante que celle de Poligny, et les regrets qu'elle éprouvait de son prochain départ.

A la reprise de la séance, M. le Président fait connaître à l'assemblée que M. Vivaux a bien voulu lui donner l'assurance que son éloignement de Poligny ne diminuerait pas l'intérêt qu'il porte à la Société, et qu'il serait toujours disposé à lui venir en aide.

Correspondance imprimée. Congrès scientifique de France:

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A M. le Président de la Société de Poligny. En vous adressant le programme de la XXXVIIme session du Congrès scientifique de France, qui se tiendra à Moulins le mois d'août prochain; nous avons l'honneur, Monsieur, de vous prier de vouloir bien nous indiquer les noms et la demeure des membres de la Société que vous présidez, et qui seraient disposés à prendre part ou souscrire au Congrès (voir aux archives le programme des questions).

Concours de la Société de médecine du Nord, pour 1870 ct 1871. — Dispositions générales. Tous les médecins français et étrangers sont invités à prendre part à ce Concours et à se renseigner au siège où il doit avoir lieu, à Lille, chez le Secrétaire-Adjoint, Dr H. Follet, 24, rue Basse.

Suivent les lectures à l'ordre du jour.- De M. le docteur Rouget : Sciences physiques appliquées. Les Tourbières et le Brouillard see en Franche-Comté;-Science vétérinaire. L'Ixode fouisseur de M. Mégnin. De M. Hadery Economic rurale. De M. H. Cler: Des Femmes auteurs aux xviie et xvme siècles, et de la valeur respective de ces devises inverses: « Le beau seul est vrai; — le vrai seul est beau. » — Poésie. De M. Aug. de Perretti della Rocca : 1o Au clair de la lune; 2o Le long des Saules; L'Almée de Jérome.— Dc M. E. de Sars: Satyre légère; Un Antiquaire; Les Absents; A M. le Dr Tamisier (rondeau).

A la suite de ces lectures, une Commission, composée de MM. ClercOuthier, Président, Demougin, Darlay et Callixte Pillot, est nommée pour examiner les comptes du Trésorier, déposés sur le bureau.

Puis la Société décide que des prix d'encouragement pour les directeurs et directrices des cours d'adultes, et consistant en une médaille d'argent et un planétaire Tremeschini, seront mis cette année, comme

l'année dernière, à la disposition de M. l'Inspecteur d'Académie. La séance se termine par de nouvelles admissions: Sur la présentation de MM. Darlay et Blondeau, sont nommés membres titulaires : MM. les Principal et Professeurs du collége de Poligny dont les noms. suivent Puffeney, principal; Chavin, professeur de philosophic; Charnier, professeur de mathématiques; Richard, idem; Faivre, professeur d'histoire; Robert, professeur de 3 et 4; Saillard, professeur de 5e et 6; Bécanier, professeur de 7 et 8e; Thevenin, professeur de cours spéciaux; Crut, idem.-Correspondants: MM. Joannis Morgon, homme de lettres à Thoissey, et le Dr Vincent, de Guéret. La séance est levée à 4 heures 112.

H.-G. CLER, professeur émérile.

SÉANCE AGRICOLE PUBLIQUE DU 7 FÉVRIER 1870.

A 1 heure 112 M. le Président Clerc- Outhier ouvre la séance. Après l'adoption du procès-verbal de la séance précédente, la parole est donnée à M. Gindre, Vice-Président, pour développer la première question de l'ordre du jour :

Donnez de la pierre, et il vous sera rendu du pain.

La terre, c'est du pain; car sans terre, point de récoltes, et sans récoltes, point de pain.

Pour le cultivateur intelligent et laborieux, la pierre vaut de la terre. Il est en effet positif que la terre qui se trouve au-dessous d'une certaine profondeur, 30 centimètres, par exemple, sert fort peu, si elle n'est pas complètement inutile à la plupart des produits culturaux. Pourvu donc qu'on la remplace par un égal volume de pierres, cette terre peut être enlevée sans nul inconvénient et conduite sur les points où la charrue n'en rencontre pas suffisamment; et, si l'on faisait abstraction de la question du travail et du temps, il serait exact de dire que l'homme actif peut réaliser un des prodiges demandés à Jésus par Satan, c'est-à-dire changer en pain les murgers de ses propriétés.

Du moment où, ainsi que nous venons de le dire, la pierre vaut de la terre, l'épierrement, tel qu'on le pratique du moins, est une opération abusive, parce que chaque panier, chaque voiture de cailloutis ôtés d'un fonds constituent une soustraction faite au détriment de l'épaisseur de l'épiderme végétal ou couche arable. Nous nous expliquons.

Que, dans une pièce de 10 ares de superficie, par hypothèse, et ayant en moyenne 20 centimètres de profondeur labourable, soit, en somme, 200 m.

cubes de terre productive, on enlève un litre de terre par centiare, il en résultera mille petits pochets qui auront à peine la capacité d'un pas de bœuf sur un sol humide et qui disparaîtront aisément sous l'action nivelante des instruments de culture et cependant on aura ainsi soustrait la 200me partie de la couche arable. Que l'on continue d'agir de la sorte pendant vingt ans, et cette couche sera réduite d'un dixième; elle deviendrait égale à zéro après un laps de 200 ans. Tout cela est mathématique.

Supposons, en outre, que cette pièce soit d'une nature caillouteuse, telle qu'on en rencontre fréquemment dans nos montagnes, où des territoires presque entiers ne sont formés que d'alluvions, comme dans Combe-d'Ain, par exemple, et qu'au lieu d'un décimètre cube de terre par mètre carré, ce soit un litre de cailloux que l'on ôte; on conçoit également bien que, par rapport à la couche labourable, l'effet produit devra être identiquement le même que si ç'eût été de la terre. Nous ne craignons donc pas d'avancer qu'étant donnés la surface d'un champ et le volume des matériaux d'épierrement qu'on laisse abusivement gésir sur une partie de ce champ, on peut toujours calculer la décrue moyenne de la profondeur cultivable du fonds, et trouver de quelle quantité elle serait augmentée si on pouvait enfouir ces murgers pour obtenir une masse égale de terre, qu'on répartirait ensuite sur la surface de la propriété.

Quand les terres d'une pareille nature sont consacrées à la production fénile, l'épierrement y est pratiqué non-seulement une première fois, mais aussi pendant toute la durée de la prairie, à raison des taupinières qui s'y reproduisent incessamment et parfois à foison, et qui sont presque exclusivement composées de cailloux de la grosseur d'une noisette jusqu'à celle d'un bon œuf de poule. Il résulte de là que cette phase de culture est, pour ces sortes de fonds, une période d'appauvrissement de leur partie arable. Après six, sept ou même huit ans, c'est-à-dire l'heure venue de rompre la pièce pour y semer des céréales, la couche cultivable n'ayant plus la même épaisseur qu'aux précédents labours, le soc aura une tendance à pénétrer dans ce qui, jusque-là, avait fait partie du sous-sol, et à y dénicher d'autres cailloux, dont la place sera instantanément occupée par de la terre meuble, et qui donneront encore lieu à l'épierrement quand reviendra le tour du foin. Epierrer, dans ces circonstances, c'est tourner dans un cercle de mêmes travaux, sans rencontrer de tangente pour s'en échapper, et plus on tiendra à expurger de pierres ces fonds, plus le même besoin s'en fera sentir ultérieurement.

Ce sont ces phénomènes qui ont donné naissance au préjugé vulgaire du grossissement des cailloux, qui, comme des parasites, s'empareraient pour cela de la terre ambiante; ce sont les épierrements trop répétés qui sont la cause que, dans ces champs, la charrue atteint maintenant du sable ou des rocs qu'elle ne touchait pas, il y a quarante à cinquante ans.

Quand nous nous trouvons en face de semblables conditions, voici comment nous avons l'habitude de procéder: A défaut d'un rouleau assez lourd

(1), qui serait plus expéditif peut-être, mais plus dispendieux, puisqu'il exigerait un bon attelage, nous prenons, quand le sol est humide et malaxable, un maillet, ou mieux, une hie, instrument plus connu sous les noms de dame ou demoiselle, et nous nous en servons pour enfoncer à fleur de terre les pierres saillantes ou roulantes. La plupart du temps un simple coup de talon suffit, parce qu'au labour qui précède immédiatement la création de la prairic, nous faisons enterrer dans le sous-sol toutes les pierres qui dépassent un certain volume, celui des deux poings, par exemple.

Cette manière de rendre les terrains pierreux aptes à subir l'action de la faux, outre que, ne distrayant pas le moindre atôme de l'épaisseur arable, elle laisse intégralement aux sols glaiseux la pierre qui les rend plus divisibles et perméables, et, aux terrains calcaires, les cailloux qui, se dissolvant insensiblement sous les influences atmosphériques, peuvent, à dose infinitésimale et perenne, leur servir d'amendement, elle a encore, quand on la met en parallèle avec le mode actuel, l'avantage d'abréger et de simplifier le travail, sans compter qu'elle ne présente pas les inconvénients qui, par rapport à la fertilité du fonds, risquent d'être la conséquence du dernier système, lorsque celui-ci dépasse certaines bornes on sait qu'il suffit quelquefois d'un épierrement poussé trop loin sur un champ pour en diminuer notablement la productivité. Cet absurde mode d'appropriation des prairies au fauchage exige en effet ordinairement trois opérations successives: 1o le piquage, c'est-à-dire l'arrachage au moyen d'un bâton pointu, qui sert de pince ou levier, des fragments qui, n'étant pas suffisamment cachés dans le sol, saillissent en partie; 2o le ratissage ou la mise en petits tas des pierres roulantes; 3o et enfin le décombrement, c'est-à-dire encore, le transport au panier, à la brouette, ou même à la voiture, de ces acervuscules sur les points où existent déjà des dépôts de matériaux d'épierrements la pierre va toujours au murger (2), dit-on avec raison. Un jour viendra-t-il où cette expression, devenue fausse par suite de l'abandon des

(1) Bulletin de 1869, page 314.

(2) Murger nous paraît venir de deux mots latins apocopés: murus, mur, et gerere, faire. Ce qui nous fait penser de la sorte, c'est la forme ordinairement allongée et la position des murgers entre deux héritages pour y servir comme de murs de clôture. C'est la première enfance de l'art d'encore les propriétés, sur nos plateaux.

On trouve, à 100 mètres du village de Molain, un curieux spécimen de murger, ce terme étant pris, bien entendu, dans le sens étymologique que nous venons de lui donner, Il est uniquement composé de cailloux polis, se rapprochant de la forme sphérique, et paraissant tous venir des fonds contigus. Avant l'ablation d'environ les 325 qui en a été faite, il n'y a pas même dix ans, il mesurait 125 mètres en longueur, 10 mètres en largeur et 75 centimètres en hauteur. Il cubait donc plus de 900 mètres, c'est-à-dire ce qu'il faudrait de terre pour établir une couche cultivable sur une surface complètement dénudée d'au moins un demi-hectare. Un pareil volume serait de nature à faire penser que les premiers paniers qui ont servi d'embryons à cet amoncellement, dont l'appellation locale est : la Haie-des-Vergers, ont dû être déposés à une époque fort reculée, Les murgers sont, du reste, assez communs sur le territoire de cette commune; mais ils ont des proportions plus raccourcies que celle de la Haie-des-Vergers.

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