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Nos tristesses par toi deviennent moins amères
Et nos plaisirs plus doux.

Étaient-ils insensés ces bergers et ces mages
Qui, courbés devant toi, de leurs pieux hommages
Saluaient le matin.

Ta splendeur, ô soleil, était leur évangile;
C'est à toi que leur vie, incertaine et fragile,
Suspendait son destin!

Sitôt que s'éclipsait ta lumière sacrée,
Ils se troublaient, croyant notre terre livrée
A d'éternelles nuits;

Il s'en va, disaient-ils, épouvantés et mornes,
Il s'éloigne, emportant dans l'espace sans bornes
Nos jours évanouis.

Qui pourrait t'égaler dans ta magnificence,
Soleil, vaste océan de ce feu dont l'essence
Anime l'univers!

Dans chaque être à nos yeux, subtil il se dérobe,
Et s'échappe parfois des entrailles du globe.
Par les monts ent'rouverts.

Il est le créateur des plus secrètes choses,
C'est du creuset puissant de ses métamorphoses
Que l'existence sort;

Partout il l'entretient, l'excite et la propage,
Et, s'il détruit, toujours donne un riant visage
Aux œuvres de la mort.

Ah! que mon corps n'ait point l'humide sépulture
D'une tombe où les vers feraient leur nourriture
Des lambeaux de ma chair;

Emportez-moi plutôt, le soir, sur la colline,
A l'heure harmonieuse où le chêne s'incline
Sous les brises de l'air.

A l'heure où visitant son verdoyant domaine,
Le grave laboureur nonchalamment ramène
Les bœufs à l'abreuvoir;

Que la flamme légère, et par les vents roulée,
Du hameau qui s'étend au fond de la vallée
Puisse s'apercevoir.

A l'heure où, rapportant sa gerbe et sa faucille,
Par les sentiers en fleurs, la brune jeune fille
Regagne sa maison,

Que mon bûcher joyeux tout entier me dévore;
Que ma vaine dépouille en montant s'évapore
Sur le vague horizon!

Qu'elle s'envole où vont nos mobiles pensées,
Et nos illusions si vite dispersées

Par le souffle des ans!

Qu'elle s'envole où vont les nations éteintes,
La joie et la douleur, les espoirs et les craintes
Des peuples renaissants!

Et toi, vivant soleil, tandis que sur la terre,
Bientôt s'effacera de mon nom solitaire

Le pâle souvenir,

Demeure, et suspendu sur les planètes sombres,
Vois passer sous tes feux les fugitives ombres
Des siècles à venir.

SÉANCE AGRICOLE PUBLIQUE DU 4 OCTOBRE 1869.

M. le Président honoraire Demougin, qui assiste à la séance, veut bien l'ouvrir, et dit quelques mots bien sentis sur l'opportunité de nos réunions agricoles, appelées à rendre des services aux populations rurales, en leur donnant communication des découvertes et essais nouveaux relatifs à leur art.

Le premier paragraphe de l'ordre du jour était : Renseignements sur les Concours généraux agricoles qui auront lieu à Paris, au Palais de l'Industrie, en février 1870. M. le Vice-Président Blondeau donne, à ee sujet, lecture de la note suivante :

Des concours généraux d'animaux gras, de volailles vivantes et mortes, de grains, graines et plantes fourragères, de fromages et beurres, et une exposition d'instruments et machines agricoles, auront lieu à Paris, au Palais de l'Industrie, dans le courant du mois de février 1870.

Notre Société a pensé que parmi ces concours, ceux de fromages et de beurres intéressaient particulièrement les cultivateurs du canton, et qu'ils pourraient même y prendre part sans aucuns frais, ni dérangement, par suite des facilités accordées par le règlement, dont voici les principales dispositions, en ce qui concerne ces produits.

Concours de Fromages.

Chaque lot se composera de deux fromages. Un exposant ne peut présenter plus de deux lots de même nature.

Les diverses catégories des fromages de la France sont partagées en cinq divisions: 1o Les pâtes grasses, qui renferment le Brie, le Coulommiers, etc; 2o les pâtes fermes, où se trouvent le Roquefort, le Septmoncel, etc.; 3o les pâtes cuites qui se composent uniquement des Gruyères et façons Gruyères; 4o les fromages frais et de crême, tels que le Neufchâtel, etc.; et enfin 5o les fromages non classés dans les divisions précédentes.

Cinq prix, représentés par une médaille d'or, une médaille d'argent et trois médailles de bronze, seront attribués au Gruyère et façon Gruyère. Un prix d'honneur, consistant en une médaille d'or grand module, sera décerné au meilleur lot, sans distinction de catégorie.

Deux médailles d'or, trois d'argent et des médailles de bronze seront mises à la disposition du Jury, pour être distribuées aux meilleurs lots de fromages présentés par les marchands de Paris ou des départements.

Les formalités à remplir sont extrêmement simples.

On devra d'abord adresser au Ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, au plus tard le 1er janvier 1870, une déclaration écrite dont la Société se charge de fournir le modèle. Cette déclaration devra être libellée d'une manière lisible. Tous les renseignements demandés en tête de chaque colonne et qui comprennent le nombre des lots, la désignation des fromages, la catégorie où le produit doit concourir, le prix de vente, les détails propres à faire connaître les produits, et l'autorisation de vendre les fromages déclarés aux enchères publiques, si l'exposant ne tient pas à ce qu'ils lui soient renvoyés, devront être donnés de la manière la plus complète et la plus exacte, sans quoi la déclaration serait considérée comme

non avenue.

Les exposants qui ne pourront pas accompagner leurs produits ou se faire remplacer par un représentant, n'auront qu'à expédier leurs colis franco, à M. le Commissaire général du concours, au Palais de l'Industrie, à Paris, de manière qu'ils parviennent à l'exposition le lundi 14 février, avant 4 heures du soir.

Les adresses des colis devront porter le nom et le domicile de l'expéditeur, indiquer le nombre et la nature des pièces qu'ils renferment.

Il est important aussi d'indiquer d'une manière précise dans la déclaration adressée au Ministre, si l'on entend concourir comme producteur ou comme marchand.

Les mêmes formalités devront être remplies pour le concours des beurres, avec cette seule différence que les colis devront parvenir à l'exposition le jeudi 17 février, avant 4 heures du soir. Chaque lot se composera d'une quantité de beurre du poids approximatif de 5 kilogrammes. Un exposant ne pourra présenter plus de deux lots de même nature.

Les beurres sont classés en 3 divisions. La 1re, qui comprend les beurres frais, renferme 6 catégories. C'est dans la 5me, qui se compose des beurres en livres, dits de ferme, que les beurres de notre localité paraissent devoir être classés. Une médaille d'or, une médaille d'argent et deux médailles de bronze leur scront attribuées. — Les beurres demi-sel et salés forment la 2me division, qui renferme 2 catégories. C'est dans la seconde que nos beurres demi-sel ou salés seront placés. La 3e division, qui comprend les beurres fondus de toute provenance, ne forme qu'une seule catégorie.

Messieurs les Présidents des sociétés fromagères agissant au nom de leur société, les fromagerics, les agriculteurs et les marchands qui désireront participer à ces concours et se servir de l'intermédiaire de la Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny pour faire parvenir leurs produits à Paris, au Palais de l'Industrie, sont priés de faire connaitre leur intention à M. Cler, Secrétaire général de la Société, à Poligny. Des modèles de déclaration leur seront remis avec les indications nécessaires, à la séance agricole du lundi 8 novembre prochain, ou leur seront adressés par la poste.

La Société espère que les cultivateurs du premier plateau, qui fabriquent des beurres et des fromages de première qualité, ne laisseront pas échapper cette occasion de faire connaître leurs produits aux consommateurs de Paris.

Les personnes présentes remercient M. Blondeau de cette communication et expriment le vœu qu'il soit fait et imprimé, comme circulaire, une notice donnant aux associations fromagères surtout, connaissance des principaux articles relatifs aux beurres et aux fromages. La Société de Poligny se chargerait alors de faire parvenir à destination les produits qui lui seraient confiés, et rendrait ensuite compte des résultats de cette Exposition.

On passe au 2o paragraphe : Blé hydride Galland; - Zéa Maïs; Avantages que paraît offrir le blé Moutet-jaune; — Moyens de prévenir la chute des blés dans les terres meubles.

M. Gindre lit alors la note suivante, relative au blé hybride Galland :

Notre Société a reçu en mars dernier, comme blé de printemps, 30 gr. de blé hybride Galland, dont M. Goussard de Mayolles dit obtenir des produits si avantageux, et que nous avons été chargé d'expérimenter.

Le temps ne nous permit de mettre ce blé en terre que le 20 avril. Pour économiser la semence, nous le plantâmes grain après grain, à 2 décimètres de distance l'un de l'autre, dans un terrain en très-bon état. Les talles en devinrent nombreuses et il atteignit en six semaines une élévation moyenne de 35 centimètr., puis il s'est arrêté à ce point de sa croissance et n'a pas épié.

Comme il n'est présenté aucune observation sérieuse, il passe au Zea Mais de Tétuan :

Cette variété, que nous avons également essayée, n'a donné qu'une paille rabougrie et pas un épi, tandis que nous avons eu lieu d'être satisfait du maïs hâtif planté à côté, dans des conditions absolument identiques.

Nous n'avons pas d'opinion bien arrêtée sur la cause ou les causes de ces deux résultats négatifs.

On comprend, du reste, qu'il serait peu rationnel de porter un jugement d'après un unique essai.

Plusieurs personnes qui, elles aussi, avaient semé de ce maïs, viennent pleinement confirmer par la non réussite de leurs essais ce que dit M. Gindre de cette plante de récente importation. Ainsi, M. Pidancet, père, malgré des soins assidus, n'a pu obtenir d'épis bien formés. M. Romanet n'en a obtenu qu'un tallage assez épais, sans épis. M. Faton, lui seul, a eu des épis formés, mais n'ayant encore atteint qu'une maturité bien incomplète.

M. Gindre expose ensuite les avantages que paraît offrir le blé Moutet-jaune :

En général, nos cultivateurs préfèrent, pour la semence, des blés connus sous le nom de moutets.

Des observations personnelles et qui comprennent un période de plus de 20 ans, nous mettent à même d'affirmer que, comparé au blé rouge, le jaunemoutet donne une paille plus longue, moins de son, un pain plus blanc, résiste mieux aux influences des fraicheurs, pendant comme après la floraison, peut être coupé au moins huit jours plus tôt et donne un rendement aussi fort, sinon supérieur.

A la suite de cette lecture, dont les conclusions sont confirmées par M. Romanet, M. Etienne parle des avantages du blé bleu, qui, selon lui, donnerait un grain lourd et abondant, une paille ferme et élevée. Le bureau décide qu'il sera fait une commande de ce blé pour étre distribué à divers cultivateurs qui voudraient en faire l'essai.

Moyen de prévenir la chute des blés dans les terres meubles, telle est la quatrième question du 2e paragraphe.

M. Gindre communique à l'assemblée les observations suivantes :

Ces sortes de terrains, qu'ils soient ameublis par de nombreuses façons, comme dans le cas des plantes sarclées, ou que cet état tienne à leur nature, ne sauraient offrir aux racines un point d'appui suffisant pour empêcher, dans certaines circonstances défavorables, la chute de la tige du blé. On devrait, en pareille occurence, plomber fortement au printemps les blés semés dans ces terres, pour donner au sol plus de consistance, plus de compacité.

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