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tuent aussi un jeu excellent, pour le développement des forces musculaires d'un enfant. Enfin l'équitation, la natation et la participation aux travaux agricoles sont des excrcices qui manquent rarement aux élèves de vos écoles et qui doivent suffire pour favoriser le développement régulier de leurs forces musculaires. Il n'y aurait aucun avantage, et il y aurait certainement inconvénient, à exiger davantage d'eux, sous forme de leçons de gymnastique, même en admettant que vous puissiez avoir la facilité de leur en faire donner. Vous ne devez pas oublier que, chez les enfants surtout, les exercices musculaires ne doivent jamais être poussés jusqu'à la fatigue, et vous atteindriez facilement cette limite avec des enfants qui, sans être complètement exempts des travaux de la ferme, font souvent de 3 à 4 kilomètres à pied, pour venir à l'école.

Si l'installation d'un gymnase pouvait être utile dans vos écoles, ce serait certainement pour vous, plutôt que pour vos élèves. Mais point n'est besoin d'un tel attirail pour vous reposer, dans un exercice modéré et véritablement efficace, de votre labeur intellectuel de la journée. Vous avez mieux qu'un gymnase, c'est le petit jardin attenant à votre maison d'école. Cultivez-le vous-même, votre santé y gagnera. Un médecin philosophe a dit qu'il n'y a pas de profession plus salubre que eelle d'un jardinier sobre, et comme vous êtes de ceux auxquels on n'a pas besoin de recommander la sobriété, le jardinage ne peut que vous être extrêmement profitable. Outre l'intérêt que vous prendrez à la culture, vous y trouverez un délassement véritable, car il est parfaitement vrai que l'esprit se repose quand le corps agit.

ASTRONOMIE.

RAPPORT

sur l'Appareil cosmographique de
M. Tremeschini.

Les lecteurs du Bulletin n'ont sans doute pas oublié l'article intéressant que Me Gabrielle de Poligny a consacré l'année dernière à la description d'un apparcil cosmographique nouveau, dont la science populaire est redevable à un habile constructeur, M. Tremeschini. La Société possédant aujourd'hui cet instrument, qu'elle a reçu en don de

l'auteur, nous avons pu en étudier les ingénieuses dispositions qui permettent de saisir d'un seul coup d'œil les problèmes les plus compliqués de la cosmographie.

Pendant les observations, l'appareil ne doit être éclairé que par une bougie placée au sommet d'une tige fixe. La flamme de la bougie représente le soleil. Un mécanisme très-simple fait circuler la terre autour de ce foyer, en conservant à la ligne des pôles une direction fixe dans l'espace, et l'inclinaison invariable de 66° 32' sur le plan de son orbite. La terre parcourt ainsi une courbe excentrique qui figure très-bien l'écliptique. Des lettres initiales placées sur le socle de l'instrument et un index mobile indiquent les mois de l'année auxquels correspondent les différentes positions de la terre. La petite sphère qui la représente, et sur laquelle sont tracés les principaux cercles cosmographiques, tels que l'équateur, les deux solstices et les cercles polaires, est mobile sur son axe, et l'angle dont elle a tourné se mesure sur un cadran circulaire divisé en heures comme celui d'une horloge.

Au moyen de cet instrument, les principales circonstances que la terre présente, soit dans son mouvement diurne autour de ses pôles, soit dans sa translation annuelle autour du soleil, deviennent sensibles à

la vue.

Si, par exemple, on se place au mois de mars, à l'équinoxe du printemps, on voit le grand cercle de séparation de l'ombre et de la lumière passer par la ligne des pôles. La durée du jour serait alors exactement de 12 heures pour toute la terre, si celle-ci n'avait que son mouvement de rotation sur elle-même; mais à cause de sa translation autour du soleil, l'excès de cette durée sur 24 heures va en grandissant de l'équateur au pôle nord qui ne rentre plus dans l'ombre jusqu'à l'équinoxe d'automne. Pour lui, c'est le grand jour de six mois qui commence, tandis qu'il finit pour le pôle sud que la nuit envahit de plus en plus à mesure que la terre se rapproche du solstice d'été. Lorsque la terre est arrivée à cette seconde position, la lumière enveloppe tout le cercle polaire nord, qui jouit de sa longue journée de 24 heures, tandis que le cercle polaire sud subit une nuit de même durée. Les jours atteignent alors leur maximum de grandeur dans le premier hémisphère, et leur minimum dans le second; c'est l'hiver pour celui-ci et l'été pour celui-là. — A l'équinoxe d'automne et au solstice d'hiver, des effets inverses se produisent sous les yeux de l'observateur.

Cet instrument permet également de définir avec précision le jour solaire et le jour sidéral, et d'expliquer la cause de leur inégalité; il

peut servir aussi à donner une idée du mouvement elliptique de la terre et de son influence sur la durée des saisons, ou à étudier les effets lents, mais continus de la précession des équinoxes sur la longueur de l'année tropique comparée à l'année sidérale.

Un appareil supplémentaire, mobile à la main, permet de suivre les mouvements de la lune, ses phases, son rôle dans les éclipses de soleil, et les circonstances dans lesquelles elle s'éclipse elle-même en pénétrant dans le cône d'ombre de la terre.

Une notice écrite avec clarté donne tous les détails nécessaires pour faire usage de l'appareil. Il est un point, cependant, sur lequel nous différons complètement d'opinion avec M. Tremeschini; mais comme il ne s'agit que d'une question purement théorique sur le mouvement de rotation de la lune, et que sa solution, quelle qu'elle soit, ne saurait rien enlever au mérite du nouveau planétaire, il nous suffit de mentionner ici cette réserve.

En résumé, nous pensons que cet appareil sera très-utile dans toutes les écoles, et nous souhaitons que notre Société contribue pour sa part à le faire connaître, en le distribuant en prime aux instituteurs qui auront mérité des récompenses dans ses concours.

E. BLONDEAU.

BIBLIOGRAPHIE.

Notice historique sur Sellières,

par m. vayssière, membre correSPONDANT,

Voici un jeune écrivain qui, de fait, sinon d'intention, nous apporte un excellent exemple, et dont Poligny, notamment, est invité à faire grandement son profit. Parmi ses habitants, en effet, combien compterait-on de gens assez favorisés de la naissance et de la fortune, pour se procurer et lire à loisir les deux gros volumes in-folio du glorieux historien de Poligny, M. Chevallier? A défaut de l'ouvrage complet, en existe-t-il du moins, à leur service, une analyse substantielle, propre à leur fournir une notion générale du passé d'une ville, dont ils s'honorent pourtant d'avoir eu l'enceinte pour berceau? Aucune de spéciale.

Dans les derniers jours de son existence, cette regrettable lacune

blessait l'esprit juste et le sens droit de M. Chevassu, et, comme s'il eut pressenti sa fin prochaine, il s'occupait sérieusement des moyens de remplir ce vide, par la réunion, à l'Hôtel-de-Ville, des matériaux épars pour être ensuite confiés à la mise en ordre et à la rédaction d'une plume animée de bonne volonté. Cette idée qui, je crois, a reçu un commencement d'exécution, est-il téméraire d'espérer qu'elle sera reprise par son successeur, et, sous ses auspices, conduite à bonne fin!

Quoiqu'il en soit, la notice sur Sellières semble venir fort à propos, ensemble comme stimulant et comme point d'imitation. Cette monographie, sans doute, est réduite à sa plus simple expression, inais, sans son apparition, qui eût désiré d'en voir le développement? Ignoti nulla cupido. De même, sans ces quelques mots auxquels elle va donner lieu, qui eût éprouvé l'envie d'en acquérir la possession?

Si l'on en croit l'auteur du petit travail dont nous donnons ici l'analyse, Sellières n'aurait d'abord été qu'une modeste hôtellerie, sorte de caravanserail où relayaient les voitures publiques et où se reposaient les voyageurs fatigués. Etabli, toutefois, dans un lieu fertile et agréable, ce petit établissement n'aurait pas tardé à devenir un bourg d'une certaine importance.

Son nom, que M. Vayssière tire de Sella, Sellarium; les vestiges encore existants de plusieurs voies romaines aboutissant à Sellières; des médailles du Haut-Empire découvertes sur son territoire tels sont les points d'appui principaux de cette hypothèse.

Détruite à la première ou à la seconde invasion, la modeste bourgade se relève avec les Burgondes, et sous la domination de ces barbares civilisés, elle ne tarde pas à acquérir une importance qu'elle n'avait jamais eue, même dans le temps où la civilisation romaine était la plus brillante dans nos contrées.

Au commencement du xe siècle, Sellières nous apparaît sous la domination suzeraine de la famille de Châlon et sous la domination immédiate de la famille de Vienne. Alors ce n'est plus la modeste bourgade du temps de Tibère, mais c'est une de ces belles villes féodales du moyen-âge, telle qu'on en rencontre encore de nos jours dans quelques provinces de la vieille Italie. Des ramparts flanqués de tours nombreuses, pressent dans leur ceinture les maisons modestes, mais gracieuses de ses bourgeois et les manoirs plus riches de ses nobles habitants au-dessus de la cité paisible, se dressc la masse imposante

du château des comtes de Châlon.

En 1233, Jean de Châlon, le Sage, l'enlève à Ilugues d'Attigny et la transmet à son fils ou plutôt à son petit-fils, Renaud de Bourgogne, prince auquel Sellières est redevable de son affranchissement. Une fille de ce prince la reporte ensuite plus tard à la famille de Vienne par son mariage avec Guillaume III de Vienne. Le frère de celui-ci fut investi à sa mort de tous ses biens. Mais des mains de Guillaume IV, ayant passé dans celles de son fils Guillaume V, ce prince prodigue hérita de sa fortune, mais non de sa sagesse. De même que son père, il faisait du château de Sellières sa résidence habituelle, et c'est là qu'il se ruina en folles dépenses, au profit de la famille de Châlon-Arlay. Tels étaient les symptômes d'une prochaine catastrophe.

Déjà sous Jean IV de Châlon, ennemi personnel de Louis XI, Craon était venu à la tête des troupes du monarque français faire le siège de Sellières et détruire la ville de fond-en-comble. Le coup qu'il lui porta fut terrible, car elle ne put se relever entièrement. Les comtes de Châlon qui, jusques-là, n'avaient pas dédaigné de faire son château le lieu de leur résidence, le démantelèrent, et, dans leur retraite, entraînèrent les familles nobles que leur présence y avait attirées.

De nombreux incendies achevèrent de l'abattre, et ce n'est que sur la fin du xvime siècle qu'elle put recouvrer une certaine importance. Mais, presque aussitôt, elle tomba sous les coups du Béarnais, surprise, dit Jean Grivel, par les troupes pillardes de la Bresse.

Dès lors, ce bourg n'est plus que l'ombre de lui-même, et le rôle qu'il joue dans les dernières guerres qui précédèrent la réunion de notre province à la France est tellement insignifiant, qu'il ne mérite pas une mention particulière.

Après avoir ainsi retracé à grands traits l'histoire proprement dite de Sellières, M. Vayssière s'étend sur son administration municipale ; il en suit les vicissitudes aux diverses époques, puis il finit par appeler notre intérêt sur les péripétics de son église et celles de son couvent de Cordeliers.

Nous demandons pardon au jeune écrivain de ne pas entrer dans plus de détails, mais notre but est qu'il en soit pris connaissance dans l'original même.

H.-G. CLER, professeur émérite.

N. B. M. Vayssière est également à la recherche des pierres tombales que

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