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l'on porte alors un ulcère hideux et rongeant qui ne cède à aucun secours. Les seins ne s'abscèdent pas aussi communément ; mais d'ailleurs toutes les glandes de cette partie s'occupent et forment divers cordons qui se répandent jusques sous l'aissèle, en durcissant chaque jour de plus en plus, et en gagnant un degré de sensibilité qui est inouï.

Les causes de cet accident dépendent du vice des aliments et de l'air, de la suppression des évacuations périodiques, de la rentrée des éruptions, et non moins particulièrement de l'impression du vice scrophuleux, quelque-fois de celle du vice vénérien.

Les maladies épidémiques comprises dans la seconde classe sont la rougeole, la petite vérole, d'autres maladies éruptives désignées sous le nom de fièvre rouge, scarlatine, miliaire, pourprée, des affections catarrhales, plus souvent compliquées que simples, des fièvres humorales, bilieuses, vermineuses, putrides et malignes, enfin, des dyssenteries, qui portent plus ou moins sur ces divers caractères. Il a régné aussi pendant deux années, en 1784 et 1785, des fièvres intermittentes, que nous regardâmes alors comme épidémiques, en nous réglant sur le degré d'universalité qu'elles présentèrent. L'on crut devoir les attribuer à la constitution humide du temps et aux fréquents brouillards qui nous venoient de la Combe-Daim, cette partie si marécageuse par elle-même, et où les fièvres de ce genre sont endémiques.

La constitution atmosphérique, soit viciée, soit étrangère au climat, a presque toujours une influence marquée dans la détermination des dyssenteries, des fièvres bilieuses que je viens de désigner; mais il se trouve encore des causes que l'on peut recevoir, en les faisant ressortir comme de la qualité dépravée ou nuisible des aliments, de l'altération des eaux, et par fois de la disette que l'on éprouve de l'un et de l'autre.

La rougeole assez régulièrement est assujettie à une période de cinq à six années; mais il n'en est pas de même de la petite vérole, depuis que l'on innocule dans la province, et spécialement dans cette partie de nos montagnes. A peine les sujets ont-ils atteint l'àge nécessaire qu'on les soumet à la méthode de l'innoculation; de cette manière les petites véroles règnent très-fréquemment et ne tiennent plus si bien à une cause naturelle. Cette pratique est déjà bien goûtée, et ses succès lui méritent de réels applaudissements. A ce moyen, outre que l'on sauve bien des victimes, l'on préserve encore les enfants d'être estropiés; cette considération est d'autant plus importante, qu'à bien des époques, les petites véroles épidémiques se sont montrées sous un ca

ractère fort insidieux, et ont exercé les plus affreux ravages (1).

La rougeole quelques fois est aussi fort désastreuse. Si elle ne tue pas dans son propre cours, elle jette volontiers dans des affections de poitrine qui font pièce le plus souvent. L'on pourroit encore par l'innoculation, prévenir bien des malheurs ; j'ai tenté ce parti en différentes reprises; l'on s'est toujours assez effrayé de cette innovation pour ne vouloir point y adhérer.

Les maladies sporadiques dont il s'agit à présent sont affectées à ce climat, comme on ne le remarque guères mieux ailleurs. Elles ont également leurs sources dans la différence des tempéraments, les vicissitudes de l'air, la façon de vivre des particuliers et leur genre de travaux. Sur cette dernière réflexion, j'observerai qu'il est un grand nombre de nos laboureurs affligés de descentes ou hernies; et apparemment qu'ils n'en sentent pas toute la conséquence, car ils n'usent d'aucunes précautions pour parer aux accidents qui les menacent en pareil cas. La difficulté de se procurer des bandages solides, leur cherté, une fausse œconomie, ou l'étroitesse des ressources, conduisent ces misérables à s'aveugler sur leur état. Plaignons-les, et sur les obstacles qui les arrêtent, et sur ce que ces obstacles leur attirent de sérieux de temps à autre.

De leur côté, les femmes sont beaucoup exposées à des chutes de vagin et de la matrice, qui ne dépendent souvent que de l'impéritie ou de la rudesse des accoucheuses. Celles-ci, en général, sont trop peu éclairées, et avec cela des plus entreprenantes. Aussi, commettent-elles des fautes énormes, tant elles sont gâtées par leur amour-propre.

Nous voyons souvent des suites de couches qui entraînent des maladies fâcheuses, comme la suppression des vuidanges, la fièvre milliaire, celle de lait, et qui finissent par la mort ou par des dépôts laiteux sur les articulations, les membres, etc.

Ces désordres ne touchent en rien le tempérament des femmes qui, pour la plupart, sont robustes et des mieux composées; disons plutôt qu'elles se prévalent de leurs forces, et qu'ainsi elles rentrent trop vite dans les fonctions de leur ménage; ajoutons encore qu'elles ne gardent aucun régime. C'est exactement sur ces imprudences que je statue, comme sur ce qui leur est le plus nuisible, dans une position aussi délicate.

(1) A Champagnole, dans une épidémie de petite vérole, l'on a perdu vingt-deux sujets sur quarante-cinq. L'on compte deux aveugles dans le petit nombre de ceux qui ont été conservés à la vie. A Foncines, Mirebel, Loulle, Pillemoine, etc., l'on a vu cette cruelle maladie moissonner un enfant sur trois et au plus sur quatre, sans parler de ceux qu'elle a mollestés par des accidents sur les yeux, les membres, etc.

La santé des jeunes filles souffre aussi d'altérations différentes, et il n'est pas rare qu'elles aient à se plaindre de dérangement d'estomach, de fleurs blanches, de chlorosis, d'affections nerveuses, etc. N'y donnent-elles pas lieu elles-mêmes en se livrant trop au jeu de l'imagination? En ce sens l'on peut dire que les mœurs ne sont plus un préservatif à la campagne : ce séjour est changé, et les passions y frappent de tout leur choc. (A suivre).

HYGIÈNE PUBLIQUE.

Une cause d'insuccès de l'allaitement artificiel,

PAR LE DOCTEUR A. rouget (d'arbois), MEMBRE FONDATEur.

M. le docteur Falger a vu disparaître en peu de temps des troubles intestinaux graves chez des enfants soumis à l'allaitement artificiel, au moyen de précautions très-simples que l'on peut résumer en quelques lignes : Donner le lait peu après la traite; dans l'intervalle entre la traite et le repas, maintenir le lait dans une fiole complètement remplie et hermétiquement bouchée, afin d'intercepter tout accès à l'air; enfin, conserver au lait une température constante aussi rapprochée que 'possible de celle des conduits galactophores.

Les recherches de M. V. Hessling semblent donner l'explication théorique de l'utilité de ce modus faciendi. Ce savant aurait, en effet, découvert dans le lait, avant que ce liquide n'ait contracté le goût d'aigre, plus tôt en été, plus tard en hiver, les spores d'un champignon du genre ascophora. Celui-ci se développerait non-seulement dans le lait, mais dans tous les produits qu'il fournit, le beurre et le fromage notamment. Il se retrouverait plus fréquemment dans les fromages de lait aigre que dans ceux de lait doux.

Hygiéniquement parlant, ces travaux ont une extrême importance, car le lait et ses produits appartiennent aux aliments les plus employés. Doiton, avec l'auteur, attribuer à l'injestion du champignon les nombreuses indigestions qui suivent l'usage du lait? La science ne saurait prononcer encore; néanmoins le médecin doit avoir toujours présente à l'esprit cette cause d'intoxication chez les enfants dont le lait forme la base de l'alimentation, et qui sont si souvent et si gravement affectés de troubles des voies digestives.

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Un de nos jeunes et laborieux compatriotes, M. L. Marchand, garde général des forêts à Barcelonnette, fils de l'honorable M. Marchand, maire de la ville d'Arbois, vient de publier, en un beau volume in-8°, avec gravures, un remarquable rapport sur une mission forestière en Autriche qui lui avait été confiée par son administration.

Nous avons cru devoir extraire de son travail les points principaux relatifs à la Culture de l'Épicea.

Dans les forêts des montagnes de Carynthie, de Styrie et du Tyrol, l'épicéa entre pour les 7110 dans la formation des peuplements.

Les forestiers allemands ont adopté et perfectionné le système des repeuplements artificiels. Les jeunes plants sont fournis par de petites pépinières situées au milieu des forêts; aussi sont-ils plantés immédiatement après l'arrachement, dans le sol et sous le climat qui les ont vus naître.

Les semis en pépinière se font par bandes très-étroites et quelquefois sont recouverts d'un abri léger formé par de menus branchages. Les travaux d'entretien sont ordinairement confiés aux gardes.

Les coupes étant exploitées à blanc étoc, on procède, dès qu'elles sont vidées et débarrassées des rémanants, au repeuplement par voie de plantation. Comme tous nos résineux, l'épicéa doit, si l'on veut éviter des échecs, être planté extrêmement jeune, à un ou deux ans au plus.

Les plantations, généralement pratiquées en automne, se font le plus souvent par bouquets dans des trous ayant 0m2 de côté, autant de profondcur, et espacés de 1 à 2 mètres les uns des autres. En opérant ainsi, le prix d'un repeuplement complet est de 29 francs par hectare.

Ce système a, sur la méthode du réensemencement naturel, le grand avantage d'économiser du temps et de l'argent. Il n'y a point à se préoccuper du danger de la culture d'un sol meuble et en pente rapide : la proportion de la surface remuée à la surface totale est très-faible, et sa répartition en petits carrés isolés de 2 décimètres de côté, s'oppose au ravinement. L'immense étendue des surfaces qui, chaque année, sont repeuplées artificiellement, aussi bien sur les versants rapides des Alpes que dans les plaines de la Bavière, est un des meilleurs arguments à l'appui de la méthode de plantation.

Les révolutions adoptées pour l'exploitation varient suivant la nature des produits que l'on recherche.

Les forêts alpestres produisent en certains points des épicéas merveilleusement beaux, que M. Marchand ne saurait mieux comparer, en France, qu'aux plus gros sapins que l'on rencontre sur les plateaux jurassiens de Levier et de La Joux.

Dans les forêts des Alpes centrales, on rencontre trois qualités différentes de bois d'épicéa : 1° bois rougeâtre; 2o bois blanc ou argenté; 3° bois blanc moiré.

1o L'épicéa à bois rougeâtre est la qualité qui se rencontre généralement dans le Jura et le nord de l'Europe; elle est excellente et s'emploie indistinctement avec les deux autres, à la construction; mais sa couleur la rend inférieure pour le débit en planches et l'industrie.

2o Le bois blanc ou argenté, extérieurement comparable aux plus belles qualités de sapin, est débité en planches.

3o Le bois blanc moiré, appelé d'une manière générale bois résonnant, est très-recherché. Il est remarquablement sonore et jouit, une fois bien see, de la propriété de ne jamais travailler. Il sert à la confection des instruments à cordes, pianos, violons, guitares, etc.

Ce bois se débite comme les billes destinées à la fabrication des petites ancelles ou tavaillons. Seulement, une longue expérience a donné aux ouvriers une adresse extraordinaire.

Au nombre des produits de la forêt d'épicéa, il faut ranger la résine. L'opération du résinage, pratiquée seulement dans l'Allemagne du nord, consiste dans l'enlèvement des bandes d'écorce le long des arbres, puis dans le râclement de la résine, qui s'écoule et se solidifie presque immédiatement sur la plaie. L'expédition se fait dans des tonneaux d'épicéa, analogues à nos tonnes de sapin qui servent au transport des fromages de Gruyère.

La résine d'épicéa est principalement achetée et employée par les brasseurs, qui en garnissent l'intérieur de leurs foudres. On la préfère à la résine de pin noir, parce qu'elle est moins cassante.

L'écorce des jeunes épicéas, moins riche en tannin que celle du chêne, est néanmoins, comme dans quelques localités de la comté, employée au tannage des cuirs.

Ce travail, dont nous résumons un des chapitres les plus intéressants pour notre sylviculture, fait le plus grand honneur à son auteur. Il est écrit avec méthode et d'une manière simple et concise. Les détails techniques sont, le plus souvent, rendus intelligibles par des dessins

nombreux.

Enfin, l'ouvrage qui sort des presses de M. Emir Javel, l'un des zélés correspondants de la Société, soutient la comparaison avec les belles

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