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bilités perçues, ou personnalités, il n'y aurait plus de sentiment, de conscience de soi, distinct de l'organisme; le sentiment serait alors, comme l'organisme, divisible, phénoménal, illusoire, il ne serait plus rien de réel.

BRAS (Les).

Celui qui ne possède, comme ou s'exprime figurément, que ses bras, a nécessairement pour maitres ceux sans lesquels ses bras manqueraient d'emploi et par conséquent de rétribution, et son estomac demeurerait privé de nourriture. Il faut des connaissances pour diriger les bras, et du sol ou des produits du sol sur quoi ils puissent s'exercer. Or, les connaissances acquises à la société sont monopolisées par elle en faveur des propriétaires du sol et des capitaux qui le représentent. Les prolétaires dépendent dans le sens le plus absolu de ces privilégiés de la terre le pauvre meurt si le riche n'a pas besoin de lui ou ne veut pas de lui.

BUCHER.

La peine de mort est-elle légitime pour empêcher la manifestation des opinions? Oui, quand elle est applicable et efficace, c'est-à-dire quand elle sert à maintenir l'ordre: dès qu'elle n'en a plus la force, elle compromet cet ordre essentiellement. Le matérialisme a été et a dû être puni de mort pendant que l'ignorance sociale forçait la société de comprimer l'examen. Il n'y a plus d'ordre aujourd'hui, parce que les matérialistes manifestes ne peuvent plus être punis de mort. Dorénavant il n'y aura ordre et stabilité que lorsque, la vérité étant socialement connue, le matérialisme sera considéré comme une maladie mentale, à laquelle il faut appliquer, non les flammes du bûcher, mais l'instruction et les soins médicaux.

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Le recours au bûcher pour faire prévaloir une opinion ou pour en perpétuer le triomphe, n'est certes pas une bonne chose, du moins en raison absolue; car, de cela seul qu'on a besoin de faire appel à l'inquisition, à la force, au despotisme, il résulte clairement qu'on ne possède pas la vérité. Celle-ci se soutient seule, par sa propre force morale, et toute autre force doit essentiellement lui demeurer soumise. Mais lorsque le recours au bûcher est nécessaire à la conservation de l'ordre, d'où dépend l'existence même de la société, ce recours est bon, est juste, il est de devoir. Or, aussi longtemps que l'ignorance sociale concernant la réalité du droit n'est pas dissipée, le despo

tisme et le bûcher sont de rigueur pour soustraire à tout doute possible, c'est-à-dire à toute investigation, le principe hypothétique quelconque qu'il est indispensable de faire accepter comme vrai, comme constituant le droit récl. Aujourd'hui que l'ignorance à ce sujet dure encore, et qu'il n'est plus possible de maintenir le despotisme, en recourant aussi fréquemment qu'il le faudrait à la terreur du supplice, il n'y a d'ordre dans la société qu'accidentellement et provisoirement. Si ce que nous disons est vrai, il faut renoncer à toutes les vieilles déclamations contre l'inquisition de la foi. Réservons nos anathèmes pour l'ignorance, qui a rendu, relativement à l'époque, l'arbitraire et le bûcher légitimes, et cherchons la vérité pour qu'il puisse y avoir ordre sans compression aucune, parce qu'il n'imposera l'exploitation de personne.

BUDGET.

Le budget des dépenses est trop élevé pour l'usage immoral qui en est immanquablement fait sous le régime dont nous subissons les conséquences. Il devrait être beaucoup plus élevé si la société, possédant enfin la vérité et l'appliquant dans le sens absolu, remplissait tous ses devoirs envers ceux dont elle se compose. Mais ne serait-il pas alors trop lourd pour les contribuables? Non assurément. Le sol serait commun. Son revenu, qui profiterait aussi bien à ceux qui le fourniraient qu'aux autres, défrayerait probablement le budget en entier. Et s'il restait quelque chose à suppléer, le capital, ou le travail fait, accumulé, en porterait la charge, afin que le travail à faire pùt continuer à se trouver dans les meilleures conditions pour produire le plus possible.

BUT. Point vers lequel tend un être libre.

Pour avoir un but, il faut comprendre, il faut être libre d'opter entre tel but à atteindre et tel autre dont on prend le parti de s'éloigner. Les choses, et la nature physique qui est leur ensemble, sont ce qu'elles sont, sans intelligence ni direction, sans motif ni conscience. La matière n'a point de but comme force, elle a pour effet le mouvement, comme mouvement, elle a pour cause la force. La vie est sans but, comme le rayonnement de la lumière ou la chute d'un corps grave. L'homme seul a un but: il raisonne. Il se propose de satisfaire ses penchants organiques ou de les soumettre à la raison. Et suivant qu'il raisonne plus ou moins bien, il arrive plus ou moins près de son but.

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Comme tout raisonnement concevable, le calcul a toujours pour point de départ l'intérêt qui, dans le sens le plus absolu, est pour chacun la raison. Si l'intérêt que se propose le calculateur est réel, et que son raisonnement soit rigoureux, l'homme qui le poursuit est juste. Le tout est de posséder la vérité revêtue de son caractère incontestable.

Borner le calcul à l'art de grouper des chiffres qui représentent des écus, lesquels à leur tour représentent toutes les jouissances de la vie, c'est user de la logique bourgeoise, qui fait condamner ce calcul en théorie par chacun chez tous les autres, mais qui le fait mettre en pratique par tous, chacun pour lui-même.

CAPITAL. Travail accumulé, non incorporé dans le sol.

Quand le capital sert présentement à la conservation et au développement physique et moral, c'est du salaire actuel. Quand il est considéré comme devant seulement servir d'instrument ultérieur, c'est du salaire passé. Voir le mot Salaire.

Le mot capital, dans le sens le plus étendu, mais peu ordinaire, signifie le sol et le produit de l'action de l'intelligence au moyen du sol ou de ce qui en provient, c'est-à-dire, le sol même et le produit accumulé du travail, la rémunération du travail, le salaire accumulé. Dans un sens plus restreint, qui est aussi le sens habituel, ce mot a seulement pour valeur le produit accumulé du travail sur le sol, le travail réalisé, la richesse acquise et représentée par l'or. Quand le capital domine le sol, il n'y a plus de propriétaires fonciers, maîtres de la société comme tels; il n'y a plus de noblesse la bourgeoisie régnante exploite le travail, sans pouvoir, comme faisaient les nobles, empêcher les travailleurs d'examiner la question de ́

CAP

savoir de quel droit on les exploite. L'anarchie est proche.

capitale (Peine).

Plus d'échafaud! plus de sang! C'est le cri général des hommes qu'on appelle avancés, des libéraux, des réformistes: cri généreux, ou ne saurait en disconvenir, mais inconsidéré, mais anarchique. Oui, certes, la peine de mort est aussi inique qu'elle est atroce, mais seulement considérée au point de vue de la société rationnelle et de la justice absolue qui lui servira de base car il y aura alors aussi peu de méchanceté et autant de sottise à commettre un crime, qu'aujourd'hui à faire une fausse addition; il n'y aura plus de coupables, mais bien des ignorants qu'il faudra instruire, ou des fous que, si on ne parvient pas à les guérir, il suffira de faire enfermer. Non, mille fois non, la peine de mort ne peut point actuellement être abolic, car elle est nécessaire, c'est-à-dire juste relativement à l'état social qui repose encore sur elle. Notre société est l'expression de la force : la force l'attaque de toute part; si on lui enlève la force pour se défendre, elle est perdue. Tant que la société ne sera pas fondée sur la seule raison, la sanction du dernier supplice sera sa suprême garantie.

On ne saurait assez s'étonner de l'ingénuité, pour ne pas dire pis, des modernes philanthropes, qui insistent sur la suppression de la peine de mort. Eh quoi! vous avez dépouillé la société de sa sanction religieuse, et vous proposez sérieusement, parait-il, de lui enlever aussi sa sanction matérielle! vous avez éteint, socialement du moins, les flammes de l'enfer, et voulez en outre briser le glaive du bourreau! Le bourreau est déjà une bien faible barrière contre le crime, et vous venez la renverser, par amour, dites-vous, du genre humain !

Mais, si vous n'êtes des scélérats, vous êtes des insensés. Oui, vous êtes des insensés, car vous consentez provisoirement à ce que la peine capitale continue à atteindre l'assassin, mais vous ne voulez à aucun prix qu'elle frappe le révolutionnaire; c'est-à-dire que vous vous laissez induire à accorder une garantie pour la vie de chacun, mais que vous refusez obstinément cette garantie pour le maintien de l'ordre qui est la vie de tous. Singulière philanthropie!

Concluons que, relativement à l'époque, il est de la plus haute importance de ne pas renoncer aux tristes moyens d'ordre qui se résument dans l'application de la peine capitale; mais ajoutons bien vite que si le bourreau retarde de quelque peu les progrès de l'anarchie, il ne saurait parvenir à en empêcher le triomphe final, qui sera aussi le commencement de l'ordre vrai, et la préparation nécessaire à l'abolition, dès lors sans danger, de la peine de mort.

CAPITALISTE. Dans le sens le plus étendu, celui qui a des instruments de travail; dans un sens restreint, celui qui possède du salaire passé.

Les capitalistes représentent aujourd'hui la propriété entière, celle du sol et celle du produit accumulé de tout le travail fait par les générations qui ne sont plus. La société est à eux. Les troubles qui y ont lieu, les révolutions qui la bouleversent, ne sont le résultat, la plupart du temps, que de dissidences d'opinions entre eux, de luttes d'intérèts entre ceux qui exploitent plus activement et par conséquent plus lucrativement que d'autres la masse des non-capitalistes. Ces derniers ne seront pour quelque chose dans le mouvement social, que lorsqu'il aura pour but, non le remaniement de l'organisation ancienne, mais l'établissement d'un ordre tout nouveau.

CAPITAUX. Instruments de travail.

Il faut, disent les économistes, des capitaux pour produire. C'est une erreur funeste: il faut le travail et le sol; rien de plus, mais aussi rien de moins. Quel était le capital du premier travailleur? Intelligent par essence, il n'avait pour agir que ses bras, et ne pouvait les employer que sur la terre d'où les capitaux à créer devaient surgir. L'homme qui travaille se fait des capitaux. Ces capitaux sont des moyens qui favorisent le travail ultérieur, c'est-à-dire la création de nouveaux capitaux. Le sol est indispensable au travail pour produire; les capitaux lui sont utiles. Il n'y a pas de liberté du travail, tant que le sol demeure aliéné à des individus. Le sol doit appartenir à la communauté;

quand cela sera, les capitaux se répartiront équitablement, par le jeu même, et par le seul jeu de l'organisation sociale conforme à la raison.

CASTES. Classes qui se perpétuent héréditairement. Voir le mot Classes.

La caste qui gouverne par la propriété du sol, exploite la caste ouvrière. Chez celle-ci le labeur est héréditaire dans les familles, comme le pouvoir l'est quelquefois dans celles de la caste sacerdotale ou savante, et toujours dans celles de la caste noble ou guerrière. La caste qui gouverne par la propriété des capitaux, exploite tous les non-capitalistes, les prolétaires. Sous les capitalistes, les ouvriers sont libres de toute entrave, le joug de la richesse excepté. Ils servent qui ils veulent et comme ils le veulent, sauf à mourir de faim quand on ne veut plus d'eux ·

CATÉCHISMES. Formulaires de foi religieuse. Devant la raison absolue, tous les catéchismes des religions révélées sont également absurdes. La révélation, l'intuition, l'inspiration, la divination, comme on voudra l'appeler, ou plutôt la supposition empirique de la vérité, n'étant point la démonstration de cette vérité, est nécessairement l'opposé de la raison, que le raisonnement, expression de l'intelligence, a seul mission de déterminer. Mais c'est sur ces catéchismes-là qu'a reposé et que repose encore aujourd'hui la société; et les choses demeureront ainsi, aussi longtemps que la vérité ne sera pas venue socialement servir de base à la morale et à l'ordre. Quiconque donc attaque les catéchismes reçus, soit par le raisonnement sérieux, soit par l'arme du ridicule, doit pouvoir les remplacer par le catéchisme de la raison, dicté par la logique, et procédant par un enchainement irréprochable de syllogismes.

Les libéraux voudraient que la société renonçât aux anciens catéchismes que cependant (étrange contradiction!) ils font enseigner à leurs enfants, et auxquels ils seraient bien fâchés que leurs domestiques ne demeurassent pas soumis. Ils sentent vaguement que la famille a besoin de principes communs quelconques en morale, fût-ce même les dogmes qu'ils rejettent, eux, et dont ils se moquent. Et néanmoins ils s'entêtent à fonder la société sur la négation de tout dogme imaginable, c'est-à-dire sur la certitude bizarre que rien n'est certain. On ne saurait pousser à un plus haut point la présomptueuse nullité de l'ignorance. Si vous leur parlez ordre moral, ils vous rient au nez; si vous prononcez les mots de sanction religieuse, d'éternité des âmes, de punitions et de récompenses ultra

vitales, ils vous appellent mystique, cagot, jésuite, et vous taxent de capucinade. Ils auraient parfaitement raison si, comme on l'a fait jusqu'ici, il s'agissait exclusivement de croire à l'existence de Dieu et à l'immortalité de l'àme, aux peines sans fin de l'enfer et aux joies éternelles du paradis. Car, dès lors, de conséquence en conséquence, on est nécessairement entraîné à la transsubstantiation, à la conception immaculée et à toutes les rêveries que peuvent inventer des cerveaux malades. Mais, au cas que l'on fasse plus que de croire et d'affirmer dogmatiquement, au cas que l'on sache et que l'on prouve qu'on sait en effet, oh! alors le raisonnement des libéraux porte à faux de tous points Dieu, un ou plusieurs, double ou triple, la chute originelle et la rédemption divine qui devait la suivre pour réhabiliter l'humanité, ainsi que les autres mystères qui en découlent, demeurent à l'état d'opinions temporaires, et ne prescrivent jamais contre l'éternelle raison.

Quant aux temps présents, si la société protestante, ou libérale, ou matérialiste (c'est tout un, au su ou à l'insu des bourgeois qui la préconisent) n'était plus soutenue par la foi que maintiennent, du moins pratiquement, les jésuites et les capucins, que deviendrait le prétentieux et ignare bourgeoisisme, en attendant que les hommes fussent forcés de chercher, de découvrir et d'appliquer la véritable science sociale? Abjurant leur confiance illimitée dans la puissance des lois, la vigilance des gendarmes et la terreur du bourreau, on verrait bientôt nos hommes d'État invoquer, eux aussi, une sanction moins évitable et plus réelle, et ils ne tarderaient pas à formuler à leur tour un catéchisme quelconque de dogmes hypothétiques qu'ils imposeraient à la lueur des bûchers, ou, ceux-ci s'éteignant sous le souffle de la discussion, qu'ils feraient insinuer par des capucins et des jésuites. Ils auront beau dire et beau faire, la logique sérieuse et rigoureuse n'admet pas de juste milieu entre la vérité et l'erreur, la certitude et la négation: elle ordonne de ne rien croire, ou bien de tout croire sans distinction, et de baiser la mule du pape en Europe, d'avaler la poudrette du grand lama en Asie.

CATHOLICISME (Le). Au propre la révélation interprétée par le pape; au figuré la religion universelle, lorsque la vérité sera généralement

connue.

Le catholicisme est la seule forme complétement rationnelle du christianisme. Les hommes qui croient en commun ont indispensablement besoin pour demeurer unis en société, d'un interprète

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On met assez généralement de nos jours sur le compte du catholicisme, tous les abus qui déforment nos sociétés et tous les maux qui nous accablent c'est une injustice manifeste. Le catholicisme était, au moment où il s'est établi, la seule forme conservatrice applicable au maintien de l'ordre. Cet ordre n'est plus possible, comme ordre stable, comme ordre vrai, depuis que le catholicisme n'a plus la force nécessaire pour empêcher qu'on n'en discute le principe, Le catholicisme a donc fait son temps. Est-ce à lui qu'il faut s'en prendre si nous le repoussons comme lien social? Les abus que l'on signale et les maux dont on se plaint, naissent de ce que la foi a succombé devant l'examen, et de ce que le besoin de connaître la vérité, pour faire de la justice démontrée la base de l'ordre réel, n'est pas encore universellement senti.

Les abus et les maux ont pour source évidente l'existence du paupérisme matériel et moral du prolétariat qui en dérive, de l'aliénation du sol qui enchaîne le travail et réduit tous les travailleurs sans capital à l'état de prolétaires, de pauvres. « Ce qui pèse sur le travail, ce n'est point le catholicisme, dit M. de Colins; c'est l'esclavage. Il ya même plus l'esclavage du travail ne peut être affranchi que par le catholicisme réel par l'universalité religieuse. » En effet l'acceptation sociale du lien religieux peut seule faire abjurer par l'humanité le principe qui jusqu'à nos jours l'a maintenue scindée en nations ennemies et en castes antagonistes, celui de l'exploitation des faibles par les forts.

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s'était, pendant des siècles, confondu avec la stabilité de l'ordre, se voyait partout en butte aux attaques, non-seulement de ce qu'on appelle de nos jours les révolutionnaires, mais encore des gouvernements, et surtout de ceux où régnait le despotisme le plus absolu. Dominant jadis sans contrôle, les prêtres catholiques finissaient peu à peu par perdre jusqu'au droit à la liberté commune: l'Église était esclave des lois que l'État lui imposait sous la dénomination dérisoire de libertés. Les catholiques belges, opprimés pendant notre réunion à la Hollande, comme ils l'avaient été dans les derniers temps du régime autrichien, se figurèrent qu'une fois émancipés par l'influence des idées nouvelles, ils allaient jouter avec avantage contre leurs adversaires les libéraux, et ressaisir d'autant plus facilement leur ancien pouvoir qu'ils comptaient dans leurs rangs l'immense majorité de la nation. Les catholiques régnèrent, c'est vrai; mais le catholicisme perdit chaque jour du terrain. Devant se présenter dans l'arène au nom de la liberté et sans autres armes que celles dont usaient leurs contradicteurs, les catholiques ne furent admis à combattre qu'avec les principes et d'après les règles de la libre discussion qui est l'expression du libéralisme. Ils n'avaient point de peine à prouver que les libéraux n'apportent à la société aucun élément d'ordre dont ils puissent démontrer l'incontestabilité. Mais les libéraux à leur tour prouvaient également bien que les catholiques qui ont possédé cet élément aussi longtemps que la société l'a accepté sur parole, sont aujourd'hui, comme tous les opinionistes, réduits à soumettre leurs doctrines à l'examen public sans pouvoir les étayer d'aucune démonstration irréfragable, en d'autres termes sans pouvoir les rendre essentiellement conservatrices.

Que résulte-t-il de là? Il en résulte, et c'est de nécessité logique, que chaque fois que les catholiques cherchent à gouverner le pays par et pour le catholicisme, ils tombent devant le libéralisme qui veut qu'en attendant la certitude rationnelle, aucune hypothèse ne prévale en droit sur les autres; et chaque fois que les libéraux tentent de supplanter leurs adversaires pour faire de l'autorité, du gouvernement anticatholique, ils succombent de même devant le même libéralisme qui défend qu'aucune doctrine hypothétique ne soit privée du droit de se manifester sans obstacle, jusqu'à ce que la vérité ait été imposée aux intelligences par voie de contrainte morale. Voilà plus d'un quart de siècle que la Belgique s'agite dans ce cercle de Popilius; elle ne fait pas plus de chemin que l'écureuil qui tourne dans sa roue.

CAUSE. Généralement parlant, tout être considéré comme susceptible d'avoir des effets. Au sens propre tout être susceptible d'agir librement; au sens figuré tout être agissant nécessairement.

La cause intentionnelle ou réelle exige plus que de la matière; pour qu'il y ait intention, volonté, il faut, avec la force modifiante, une immatérialité unie à ce qui la rend capable d'éprouver des modifications, et le développement de l'intelligence par le verbe. Toute autre cause est illusoire, est nécessité aveugle, est la loi de la matière.

-Il y a évidemment une cause d'ébranlement, de changement; nous ne sommes pas plus cette cause que cette cause n'est nous. Appelons-la phénoménalité, force, matière. Nous participons de cette force, improprement nommée cause, faute d'une expression mieux déterminée; sans cela, nous ne serions pas susceptibles d'être touchés, mus, remués, modifiés par elle, c'est-à-dire que, en partie du moins, nous sommes matériels.

Cela posé, il est clair que de l'ébranlement, du mouvement, sans plus, n'est point encore, et par lui-même ne saurait jamais devenir une sensation, une idée, une joie, une douleur: c'est du mouvement, du changement, voilà tout. Il faut autre chose pour qu'il y ait individualité scntie, personnalité déterminée, pour que l'homme sente, pense, pour qu'il jouisse ou qu'il souffre: il faut en outre ce que la force ne peut donner, il faut le sentiment. C'est par là et exclusivement par là que nous sommes nous, que nous sommes libres; car c'est nous seuls qui faisons, du mouvement opéré en nous, une sensation, un raisonnement, un mal, un bien. Nous ne sommes donc point les jouets de la force; nous nous connaissons par elle, nous pensons, nous agissons, dans le sens propre du mot agir, par son moyen. Le principe d'ébranlement est tout à la fois hors de nous et dans nous : ce sont la force, la vie universelle, et notre force vitale à nous, notre vie particulière. La cause réelle de nos idées et la faculté de vouloir, la puissance d'agir, sont nous.

CAUSE PREMIÈRE. Cause qui a existé avant toute autre chose.

Cette expression est vide d'un sens réel. Il n'y a pas plus de première cause que de premier effet, et il ne saurait y avoir de cause seconde. Dans l'ordre matériel, effet et cause sont nécessairement corrélatifs. Tout effet est cause à son tour, et toute cause, effet.

CAUSES FINALES. Causes destinées à produire un effet.

Les causes finales impliquent une cause pre

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