Page images
PDF
EPUB

et dont il va faire partie, avait conclu depuis longtemps, savoir que le plaisir est tout; que les passions à satisfaire indiquent où le plaisir se trouve; que l'argent par le pouvoir et le pouvoir pour l'argent fournissent les moyens de satisfaire les passions; qu'il faut par conséquent, comme disent les Américains, faire de l'argent, honnêtement si c'est possible, sinon en faire tout de même. Et puis?... Et puis c'est tout.

Il en résulte ce que nous voyons, ce que nous verrons de plus en plus : il en résulte que l'homme modéré par tempérament et par habitude, n'abuse que peu et rarement des lumières qu'il a acquises, en d'autres termes des connaissances que l'enseignement universitaire lui a départies; que l'homme impétueux et hardi entre en lutte ouverte avec tout ce qui l'environne, et que l'homme passionné, mais fimide, a recours aux roueries pour écarter les obstacles qui le contrarient, l'un et l'autre ne se proposant et ne pouvant se proposer que de faire valoir le seul bien qui soit à leur portée, la vie et ses jouissances; qu'enfin l'homme blasé, capricieux, à imagination bizarre, dérégléc, dépravée, si l'on veut, s'abandonne à toutes les monstruosités que peut enfanter l'intelligence en délire.

Le trop fameux marquis de Sade, que Napoléon fit enfermer parce que... parce que lui Napoléon était entraîné par des instincts d'un autre genre et qu'il était le plus fort, le marquis de Sade est celui qui a été le plus hardiment conséquent avec les principes dont on nourrit la jeunesse et que le monde confirme, celui surtout qui n'a pas reculé devant leur mise en pratique. Les marquis de Sade, tout d'une pièce, ont heureusement été fort rares jusqu'ici; mais les éléments dont ils se composent, notre société en regorge, et ces éléments tendent de plus en plus à se réunir.

USER ET ABUSER. C'est raisonner bien ou mal.

A l'époque sociale où le bon raisonnement n'est pas encore incontestablement déterminé, il doit être permis d'abuser, de se tromper, comme d'user, de raisonner juste, bien entendu s'il n'est plus possible d'empêcher de raisonner. Le propriétaire donc a le droit d'abuser de sa chose, dans de certaines limites, puisqu'il a celui d'en tirer parti. Nous disons dans de certaines limites, parce que, aussi longtemps qu'il y aura doute social, il sera impossible de déterminer rigoureusement le point où l'usage fait place à l'abus. On se borne donc à quelques distinctions plus ou moins arbitraires. Par exemple, si un propriétaire met le feu à sa maison, on déclare qu'il y a abus;

on lui enlève sa qualité de propriétaire avec celle d'homme sensé, et on l'interdit. Mais s'il se borne à faire de sa fortune un usage scandaleux, criminel même, pourvu que les limites tracées par le code pénal ne soient pas franchies, c'est différent; on peut le blâmer tout bas, mais il faut le laisser faire.

UTILITÉ.

Est-ce l'utilité pendant, exclusivement pendant la vie? En ce cas, l'utilitaire embrasse la doctrine du matérialisme, et ses actions doivent exclusivement aussi avoir pour but la satisfaction des passions. Est-ce l'utilité dans une existence ultra-vitale? Alors il faut que l'homme sacrifie toute chose à la raison déterminant incontestablement l'ordre moral, le devoir. Pris dans le sens absolu, les mots utilité, raison, vérité, certitude, justice, ordre, sont bien près d'être synonymes, et de n'avoir qu'une même signification, considérée sous divers aspects.

On a dit : « l'économie politique est la science de l'utile; » c'était ne rien dire tant qu'on n'avait pas déterminé en quoi l'utile consiste. Thémistocle voulait faire adopter par ses concitoyens un projet évidemment utile à la république d'Athènes. Aristide consulté déclara le projet injuste: il trouvait que, bien que la fin que se proposait Thémistocle, celle de servir la patrie, fût fort louable, cependant les moyens pour y parvenir étaient à condamner. Il déconseilla aux Athéniens d'écouter Thémistocle. Qui avait raison de ces deux hommes d'État?

Est-il utile à l'homme de remplir son devoir au détriment de ses jouissances, de la satisfaction de ses passions? ou lui vaut-il mieux de satisfaire ses passions, de jouir, quoique ce qu'on regarde comme un devoir s'y oppose? Si l'utile n'a d'autre règle que l'intérêt du moment, l'intérêt, si l'on veut, de tous les moments dont se compose la vie actuelle, l'économie politique est la science des brigands hardis ou des fripons adroits. C'est clair comme deux et deux font quatre.

UTOPIE. Théorie irréalisable: absolue, l'utopie est irréalisable dans tous les temps; relative, elle ne l'est que pour un temps limité.

L'utopie consiste à vouloir réaliser une absurdité, à vouloir l'impossible. Tant que dure l'ignorance sociale, vouloir l'application de la justice absolue, expression de l'absolue raison, socialement déterminée, est utopique relativement à l'époque. Il faut le savoir, et savoir pourquoi. Mais il faut savoir aussi que, dès que l'examen est devenu incompressible, le maintien de l'ordre au moyen de la raison relative à la force et de la

justice qui l'exprime, est également utopique. L'obstination à soutenir une utopie a pour conséquence l'anarchie ou le despotisme.

Les principales utopies absolues, préconisées de nos jours, sont celle des conservateurs qui tendent à maintenir l'organisation présente de la propriété, et celle des communistes qui veulent abolir le principe même de la propriété. Nous ne parlons ni des réformistes qui repoussent les abus inhérents à la propriété, telle qu'elle est organisée actuellement, et à laquelle néanmoins ils n'osent pas toucher, ni des agrairiens qui, par leur nouveau partage, ne feraient qu'ajourner la solution de la question en remédiant aux abus de manière à les ramener nécessairement tôt ou tard. Ce que se proposent les conservateurs est impossible parce que les abus de l'organisation de la propriété ont été examinés et qu'ils sont connus. Ce que demandent les communistes l'est également, car la propriété est l'objet du raisonnement dont la société est l'expression; la propriété est la conséquence de la conscience de soi, de la personnalité: point de propriété équivaut donc à point de société, à point de raisonnement, à la négation de toute indivi

dualité et même de toute perception d'existence. Conclusion Nous vivons sous un régime utopique, et n'avons que des régimes utopiques également, mais sous une forme différente, à y substituer. Nous avons le choix libre, mais entre des utopies seulement. Or, toute substitution d'une utopie à une autre utopie est, en définitive, un mal sans compensation. Le plus sage est donc de conserver l'utopie établie, jusqu'à ce que nous puissions la remplacer par la forme sociale émanée de la raison.

UTOPISTES.

On se plaint des utopistes au lieu de les plaindre. Ce sont des fous qui sont les premières dupes de leur charlatanisme. S'en prend-on aux malades du mal qui les étreint? L'utopisme naît nécessairement de l'ignorance sociale. Et cette ignorance, qui empêche de distinguer l'utopie de la vérité, fait que les sots s'adressent aux charlatans pour conjurer les maux de la société. Écoutons la voix de la raison elle nous délivrera tout à la fois des ténèbres où nous nous égarons, et des aveugles qui, en offrant de nous y servir de guides, nous égarent encore davantage.

[blocks in formation]

C'est lorsque l'esprit nage dans le vague qu'il affiche le plus haut la prétention d'être constamment le même. N'ayant pas de point de départ arrêté et fixe, l'intelligence erre nécessairement à l'aventure et change à chacun de ses développements. Mais tout le monde varie et varie toujours; c'est alors comme si personne ne changeait. De ce qu'il y a variation chez tous, nul ne s'aperçoit qu'il y a changement chez lui comme chez les autres. C'est là que nous en sommes. Et nous appelons cela nous transformer en nous éclairant.

« Avec des raisonnements vagues, dit Condillac, on prouve tout ce qu'on veut, et par conséquent on ne prouve rien. »

M. Michelet termine ainsi les notes et éclaircissements sur son inqualifiable livre intitulé l'Amour: « Un mot sonne, toujours le même, dans toute l'échelle vivante, soit qu'on monte ou qu'on descende, un seul mot (l'amour n'en sait qu'un) : « Je << veux par delà moi-même... Je veux trop... Je << veux tout! toujours! » Ce mot est bien évidemment celui de l'organisme conscient, de la passion servie par l'intelligence. Cela est encore clair, mais continuons.

« Le vœu confus du désir dans les tribus inférieures, c'est l'infini grossier de force, qui, faisant celui de nombre, garantit l'infini de durée. Le vœu supérieur, en montant, c'est l'infini du beau, du bon, un infini de qualité. Le désir crée alors des êtres concentrés, puissants, capables, sinon de palper, du moins de penser l'infini. »

C'est possible. Cependant nous n'accepterons l'affirmation de M. Michelet que lorsqu'elle sera appuyée des preuves requises, qu'elle sera exprimée d'une manière nettement et rationnellement déterminée, et enfin qu'elle ne présentera pas dans son développement des termes qui s'excluent

VAL

mutuellement. De tous les infinis de l'auteur de l'Amour, nous ne saisissons que l'infini du vague. C'est au point que nous sommes au regret de ne pas avoir cité la phrase de M. Michelet à l'article Galimatias (voir ce mot); c'était réellement là sa place.

VALEUR.

Il y a valeur en soi, ou valeur en usage, qui exprime le rapport de nos besoins avec les choses; et valeur en échange, expression du rapport de l'offre à la demande.

Quand le mot valeur signifie « choses ayant de la valeur échangeable », il est synonyme de richesse sociale. Mais si le même mot signifie « choses ayant de la valeur en soi », il est synonyme de richesse individuelle, domestique.

La valeur échangeable est relative au raisonnement contradictoire, à l'offre et à la demande, à la liberté abstraction faite des rapports domestiques, cette valeur se détermine par un effet de l'organisation sociale.

VALEUR DU CAPITAL EN TRAVAIL, OU DU TRAVAIL EN CAPITAL.

Cette valeur est relative à l'organisation sociale : la valeur du travail monte à son maximum quand le capital est offert; elle descend à son minimum quand le travailleur est réduit à offrir son travail. La valeur du capital hausse et baisse en sens inverse.

VALEUR DES MOTS.

Il ne suffit pas, pour le bon raisonnement absolu, que les mots soient déterminés; il faut encore qu'ils n'aient point un sens absurde. Exemple le bon raisonnement relatif à l'époque d'ignorance sociale a fait fonder l'ordre sur le principe Dieu personnel, Être suprême. Ces mots peuvent être clairement

définis, mais leur valeur pour la raison est toujours absurde. C'est pourquoi, à l'époque de connaissance, le principe personnifié Dieu, Être suprême, fera place au principe abstrait ordre moral, justice éternelle.

VANITÉ. Opinion trop avantageuse de soi-même. La vanité est l'amour-propre des sots; ils ne s'attachent nécessairement qu'aux choses futiles et passagères, aux choses de cette vie. On n'est jamais vain d'avoir rempli son devoir et mérité ainsi le bonheur qui en est la conséquence; mais on l'est de sa force, de sa beauté, de sa fortune, de son esprit, de sa réputation, de la gloire dont on croit avoir entouré son nom et sa mémoire. La société punit le vaniteux qui croit l'écraser sous le poids des avantages qu'il possède par une envie et une haine qui l'isolent au milieu du monde où il vit; elle accable de ridicule et du mépris public le vaniteux qui se targue de qualités qu'il ne possède que dans son imagination.

La vanité prouve l'étroitesse de l'intelligence, et elle la rétrécit chaque jour de plus en plus. Il est évident que l'homme ébloui par l'éclat réel ou illusoire dont il se proclame le foyer, l'homme enflé du savoir qu'il se suppose, n'ira pas se prêter aux tentatives que quelque esprit ingénu pourrait faire pour l'éclairer. Ne sait-il pas tout ce qu'il est possible de savoir, puisqu'il sait qu'il a atteint la perfection? N'est-il pas un fat au grand complet?

Les paroles suivantes de Michel Montaigne s'appliquent à merveille au vaniteux amant de luimême que nous venons de dépeindre. « L'opiniâtrer et contester sont qualités communes, plus apparentes aux plus basses âmes; tandis que se radviser et se corriger, abandonner un mauvais parti sur le cours de son ardeur, ce sont qualités rares, fortes et philosophiques. »>

VARIATION, CHANGEMENT.

Les variations qui sont essentielles aux sciences naturelles et exactes, sont toujours des progrès, puisqu'elles ont pour cause la découverte de faits nouveaux ou de nouveaux rapports entre les faits déjà constatés, découverte que la science s'assimile par la coordination en un système plus large et d'une portée plus étendue. C'est un changement de forme. Il en est de même de la civilisation, qui varie avec les circonstances; de l'organisation sociale, qui se modifie sous le besoin d'ordre; des révélations, qui dépendent du plus ou moins d'appui que les sociétés leur demandent pour se conserver. Ces variations dans le mouvement humanitaire sont également des progrès, c'est-à-dire le résultat

d'une marche quelconque, bonne ou mauvaise, utile ou nuisible; la question n'est pas là.

La vérité seule, et ce qui repose exclusivement sur elle, la raison, la morale et la religion, ne pourraient varier sans cesser d'être ce qu'elles sont, sans cesser d'être il n'y a pour elles point de progrès possible. Le protestantisme sous ses trois faces, religieux, politique et social, a préparé de longue main et achève aujourd'hui l'aplanissement des obstacles qui s'opposent au triomphe de la vérité. Son travail a été une succession nom interrompue de variations, qui, par l'impossibilité de maintenir, en présence de cette agitation confuse, un ordre social quelconque, mèneront nécessairement à reconnaître généralement la nécessité de mettre un terme à ce progrès déréglé, en l'arrêtant devant la barrière infranchissable de la raison déterminée socialement.

VARIER.

Ne faisons pas un reproche de ses variations à l'homme de bonne foi qui est dans le doute. Il cherche la vérité, croit l'apercevoir et s'y raccroche; puis, voyant qu'il s'est trompé, il cherche encore, change toujours et ne trouve rien. Les variations de cet homme sont la conséquence inévitable de son ignorance et de son amour de la vérité. Trop heureux si la lassitude et le découragement ne finissent par le plonger dans l'indifférence et l'égoïsme! Notre devoir envers ce triste jouet de l'activité de l'intelligence, sans principe arrêté, sans but déterminable, est de le plaindre et de travailler à l'éclairer. Pour y parvenir, il faut d'abord chercher à avoir avec lui un point de départ commun, d'où, marchant côte à côte sur la ligne toujours droite d'une logique inattaquable, on puisse ensuite le mener irrésistiblement au seul port où il goûtera enfin, d'une manière durable, le repos et le contentement de lui-même.

VERBE. Langage, ensemble de signes.

VERBE (Origine et développement du).

Il est indispensable de pouvoir rappeler à volonté ce qu'on nomme improprement la première sensation, pour apprécier la seconde sensation, celle-ci proprement dite, en d'autres termes pour sentir dans le temps. Car les sensations doivent être distinctes, c'est-à-dire successives et déterminées par la comparaison de l'une avec l'autre. Or rappeler est un acte; la matière ne retient pas activement, puisqu'elle n'agit pas, ne se meut pas; elle est remuée, mue. Une impulsion, une impression matérielle demeure dans l'organe central ou s'y efface

passivement; si elle reste, elle ne peut être volontairement reproduite, à moins qu'elle ne soit, avant cela, devenue idée dans le sens propre de l'expression. Sur le développement des idées, voir les mots Langage, Signes.

VÉRITÉ. La vérité-réalité est la sensibilité dont l'immatérialité est démontrée. Les vérités-abstractions sont les déductions de la vérité-réalité. Ces vérités sont appelées positives: on leur oppose les vérités négatives, exprimant la protestation contre ce qui est préjugé.

Toutes les vérités se tiennent. Une seule vérité, mais incontestable, les renferme donc toutes.

La vérité est le besoin moral de l'homme : il doit la connaître ou du moins croire qu'il la connaît. La société s'organise d'après la vérité qu'il lui est indispensable de supposer, jusqu'à ce que, cette vérité hypothétique lui faisant défaut, elle comprenne que, pour ne pas périr, elle doit se fonder sur la vérité rationnellement établie. L'homme cherche à connaitre la vérité dès qu'il en sent le besoin réel, et il sent ce besoin quand le mal que lui cause l'ignorance est devenu intolérable. La vérité ne sera appliquée socialement que lorsque la société sera près de succomber à l'excès de ses maux. Le besoin ne l'imposant pas, la vérité aurait vainement recours à la force pour s'établir; le besoin l'imposant, tout recours à la force serait superflu. L'erreur au contraire, les opinions, ne s'introduit que par la force, soit brutale, soit plus ou moins bardée de sophismes.

Si la société possédait la vérité, elle aurait pour premier devoir de la démontrer incontestablement à chacun et à tous, et elle remplirait ce devoir. Ne la possédant pas, et sachant qu'elle ne la possède pas, elle doit nécessairement laisser à chacun la liberté de se tromper à sa guise. Ce que l'État cherche à faire accepter comme vrai, est exclusivement ce qu'il a intérêt à faire passer pour tel; et ceux qui ont un intérêt opposé se refusent naturellement à cet acte de complaisance. Les hommes ne sont susceptibles de renoncer à l'erreur, que lorsque, ayant toute la latitude d'y persister, ils s'aperçoivent qu'il leur importe d'entrer dans une voie nouvelle. Il ne faut, ni fomenter l'erreur chez les autres, ni vouloir les forcer à la répudier. On doit les convaincre. Or, commencer par leur enlever la liberté de se tromper, ce serait faire en sorte qu'ils ne se détrompent jamais volontairement, c'est-à-dire réellement.

[blocks in formation]

qu'elles de connues, le doute persiste. L'homme n'échappe au doute qu'en l'exagérant, ce qui est le rendre absurde; car soutenir qu'il n'y a que des vérités négatives, équivaut à nier la vérité : devant la vérité positive, devant l'incontestabilité, tout doute s'évanouit.

VÉRITÉS DE FOI ET LES VÉRITÉS DE RAISONNEMENT (Les).

Nous adoptons cette expression, bien qu'impropre, parce qu'elle est usitée, et qu'elle contribuera à nous mieux faire comprendre. En effet, il n'y a point de vérités, mais seulement des hypothèses de foi, et les vérités de raisonnement ne sont telles qu'après que le raisonnement les a établies incontestablement.

Peut-il y avoir deux ordres de vérités? Non, certes. A moins que la vérité ne soit une et abso lue, elle n'est plus vérité, elle n'est plus rien. Vérité de foi veut dire supposition de vérité que la foi impose comme vraie; vérité de connaissance a pour valeur fait constaté par la perception et conséquences de ce fait régulièrement déduites par le raisonnement.

Les révélationnistes cherchent à demeurer fidèles à leurs croyances tout en répandant une instruction quelconque, qui néanmoins contredit toujours et en tous points ces croyances, qui en rend l'absurdité palpable et le ridicule saisissant : ils sont poussés à cet acte contradictoire par la nécessité des temps.

Les catholiques, par exemple, lorsqu'ils professent et propagent les sciences exactes et naturelles, la philosophie, l'économie politique, la morale même, enfin la jurisprudence et la médecine, se voient contraints d'admettre et d'établir des principes que leur foi repousse parce qu'ils ont pour conséquence le renversement de leur foi. Matérialisme donc et toujours matérialisme! les connaissances sociales en sont là pour chacun et pour tous, et à moins de changer le point de départ du raisonnement, elles n'avanceront d'une ligne pour personne.

-Les sceptiques et les négateurs n'ont de foi que pour ce dont il ne leur est pas possible de rejeter l'existence, c'est-à-dire pour la matière; et l'enseignement antisocial qu'ils donnent à la jeunesse n'est rien autre chose que le développement scientifique du matérialisme. Les révélationnistes de leur côté, ne pouvant rester en arrière de la science qui les déborde et qui menace de les engloutir, font des efforts inutiles pour conserver intact le dépôt des doctrines qui ont longtemps assuré l'ordre et le calme aux générations écoulées. A cet effet, ils

« PreviousContinue »