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NAISSANCE.

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La naissance donne tous les droits dans la société pendant l'époque d'ignorance; aucun droit n'y est attaché dans la société rationnelle. Tant qu'il y a un avantage social à naître dans telle famille plutôt que dans telle autre, enfant unique plutôt que dixième enfant, la société est fondée sur le privilége, l'erreur, non sur la vérité, la justice.

NATION OFFICIELLE.

C'est, tantôt le sacerdoce, tantôt le clergé et la noblesse; il s'y joint parfois un parlement plus ou moins indépendant de la noblesse et du clergé. Aujourd'hui c'est généralement la bourgeoisie, déterminée au marc d'argent.

NATIONAUX (Ateliers).

Pas n'était besoin de la désastreuse expérience qu'on en a faite en France sous la dernière république, pour condamner cette idée malencontreuse. Le gouvernement faisant travailler, garantissant aux citoyens un minimum à défaut de travail, assurant aux ouvriers une part aux bénéfices, etc., ce sont des conceptions d'enfant ou de cerveau malade, indignes d'être discutées par des hommes de sens. Il faudra organiser la société conformément à la vérité, lorsque celle-ci aura été acceptée socialement, c'est-à-dire lorsque le besoin en aura été senti par chacun et par tous.

C'est là tout autre chose; mais aussi, cette chose faite, tout est fait et reste fait.

NATIONS. Circonscriptions humanitaires, déterminées par la communauté d'idées sur le droit. L'idole qui résume ces idées constitue la nation, et l'idole tombée, la nation déchoit et meurt. Quand toutes les nations se seront évanouies avec l'être personnel Dieu, dont elles sont des incarnations,

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la société ne sera plus possible qu'au moyen de la connaissance de la vérité, de l'application de la justice, devenues communes à tous les hommes, qui dès lors ne formeront plus qu'une seule nation : l'humanité.

- Qui dit nations dit indépendance, souveraineté, autonomie de chacune d'elles; et entre souverainetés réelles toute justice est impossible; car, s'il y avait justice, il y aurait immédiatement fusion de toutes les souverainetés en une seule. Il n'y a de droit que la force pour les individualités collectives souveraines, puisque le fait seul de leur existence prouve l'ignorance de la réalité du droit. De même que chaque homme est nécessairement souverain par sa raison pendant toute l'époque du doute social, de même les peuples l'ont toujours été quant au droit de chacun, et le seront jusqu'à ce que la connaissance de la vérité ait substitué l'humanité aux nations, le droit absolu à la force individuelle. « La nation seule, selon M. Proudhon, a droit de dire: mandons et ordonnons. » Nous rectifierons ce passage en substituant au mot droit l'expression droit relatif à l'existence des nationalités, et en ajoutant pour empêcher que l'idée ne soit mal saisie: «L'existence des nationalités implique celle de l'ignorance sociale, et l'ignorance sociale de la vérité, de la réalité du droit, a pour conséquence l'application sociale indispensable de la force, de manière que la phrase citée signifie « La nation seule est assez forte pour dire à chacun de ses membres mandons et ordonnons. Lorsque l'ignorance sera évanouie, la raison seule aura droit de dire mandons et ordonnons. »

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Il est impossible à deux nations souveraines, autonomes, qui sont en contact, de ne pas être en état de guerre, d'anarchie, autant qu'il le serait à des familles en contact, mais sans gouvernement commun, de vivre en société. La raison en est pé

remptoire sans la reconnaissance d'un droit, supérieur à toutes les nations, il ne saurait y avoir de paix véritable entre elles; et avec la reconnaissance de ce droit, réellement sanctionné, il n'y a plus de nationalités distinctes. Du moment donc qu'il n'y aura plus qu'un droit pour tous les peuples, pour toutes les familles, pour tous les hommes, savoir le droit absolu, le droit réel, en d'autres termes, du moment que la vérité sera humanitairement connue et acceptée, les individualités collectives, appelées nations, disparaîtront sans retour pour faire place à l'humanité, nécessairement constituée en une seule société, sous le même droit unique. Les nations distinctes n'existent que parce qu'il y a plusieurs droits, un droit relatif à chacune d'elles, droit faux pour toutes les autres, et parce que, entre ces droits différents, il n'y a de coordination possible que par ce qui exprime l'absence de tout droit quelconque, par la force.

NATURALISME.

Ce mot équivaut à celui de matérialisme, c'est-àdire de nécessité et d'inintelligence. « Nous ne pouvons rien par nous-mêmes, dit Voltaire, ni en bien ni en mal; nous ne sommes que les instruments aveugles de la nature. » Et ailleurs : « J'ai nécessairement la passion d'écrire ceci, et toi tu as la passion de me condamner; nous sommes tous deux également sots, également les jouets de la destinée. Ta nature est de faire le mal, la mienne est d'aimer la vérité et de la publier malgré toi. >>

Mais, dans ce système qui, comme tous les systèmes, a la prétention de comprendre et de servir à expliquer toutes choses, comment expliquet-on l'homme? Tout en faisant partie de la nature, l'homme cependant pense et se sent libre: ces deux faits sont admis comme des réalités, par ceuxlà mêmes qui ne reconnaissent de réels que les faits. On pourrait dire, tout au plus, en ce cas que l'homme pense qu'il pense, et que précisément pour cela il se croit libre; mais non en déduire que les phénomènes, si ridiculement appelés intellectuels et moraux, résultent, avec le reste et au même titre, de la nature physique, du hasard. Nous convenons volontiers avec Voltaire que, si le naturalisme est nécessairement la vérité, se laisser aller à ses penchants, s'abandonner à ses passions, et chercher per fas et nefas à les satisfaire pour en tirer le plus de jouissances possible, est ce qui seul importe à l'homme, supposé, bien entendu, que quelque chose alors puisse réellement lui importer et qu'il soit capable, lui, de faire volontairement quelque chose pour obtenir ce qui lui importe.

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Il n'y a de possible que deux natures, celle qui constitue l'ordre de force, de nécessité, et celle qui constitue l'ordre de liberté, de raison. La nature de la force, de la matière, est de modifier le sentiment de l'existence, en agissant illusoirement, nécessairement. La nature de l'âme est d'être une sensibilité. Unie à de la matière, l'âme a pour nature de pouvoir agir librement, réellement.

S'il n'y a qu'une nature, c'est-à-dire s'il n'y a que nécessité, force, matière, les actes, le raisonnement sont simplement apparents, sont des phénomènes qui se manifestent et, sans laisser de traces, font place à d'autres phénomènes également dépourvus de toute persistance, de toute réalité.

NATURE PHYSIQUE. Ensemble des phénomènes.

Cette nature est la matière, le domaine physique, l'ordre de nécessité, qui a pour loi, les lois éternelles de la manifestation. Les philosophes matérialistes ont fait, de la nature personnifiée, une espèce de suppléant de la Divinité, de doublure de la Providence. Pour eux la nature est le hasard clairvoyant; la fatalité est la nature inflexible. Attribuer la réalité, la substantialité, à la nature, c'est être matérialiste, ou du moins c'est poser un principe dont le matérialisme est l'inévitable conséquence; c'est nier toute autre nature que la nature physique, dès lors seule réelle; c'est affirmer que nous ne sommes qu'en elle et par elle, que nous lui devons les idées qui déterminent nos actes, et que, par conséquent, il n'y a réellement en nous aucune espèce de spontanéité, de liberté, de réalité. Le déisme fait, de la nature, un simple instrument, une machine, dont tout ce qui la compose forme les rouages, l'homme compris; le naturalisme confond Dieu et la nature qui est Dieu devant l'un et l'autre système, l'homme réel disparaît. Les philosophes déistes donnent Dieu pour auteur de la nature : la réalité alors passe, de celle-ci, au Créateur, et la nature s'efface avec l'homme. Pour l'homme, il n'y a par là rien de changé.

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au raisonnement, constitue la monstruosité la plus choquante.

NATURE HUMAINE (Lois de la).

Comme organisme, l'homme est soumis aux lois de la matière, de la nécessité; comme union d'une âme avec un organisme, comme sentiment d'existence perçu, il est soumis aux lois du raisonnement; comme membre de la société, il dépend de la nécessité sociale qui impose à chaque époque l'ordre dont elle doit relever: savoir, à celle d'ignorance avec compression de l'examen, l'ordre par l'exploitation des masses; à celle de liberté de discussion, l'ordre par la force des majorités; à celle de connaissance de la vérité, l'ordre par la contrainte morale exercée sur la raison de chacun et de tous.

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On a dit l'égalité naturelle des hommes, leur caractère naturel, etc. On dit aussi : religion naturelle, loi naturelle, droit naturel. Ces expressions sont impropres. Il n'y a de naturel que l'organisme, la matière; tout ce qui naît du raisonnement ou y a rapport, comme l'ordre, la société, les lois, le droit, le devoir, la conscience, est appris, enseigné, au moyen du développement du verbe, du contact nécessaire des intelligences. Que seraient la religion de la force, le droit de la nécessité? L'expression figurée nature morale ne peut signifier que le résultat de l'éducation, de l'habitude et de l'instruction.

En général, l'épithète naturel, employée comme qualification de quelque chose qui se rapporte à l'ordre moral, n'a point de sens rationnel. Cet ordre se réfère exclusivement à la logique, domaine essentiel de la liberté; ce qui est naturel appartient à l'ordre physique où tout est nécessaire. Dans l'ordre physique, il n'y a qu'à constater, et on déclare naturel ce qui est; en morale, il faut raisonner pour trouver ce qui doit être, ce qui est

rationnel, juste. Ce qu'on appelle la nature est aveugle; tout être moral est incontestablement clairvoyant, pour qu'il puisse demeurer dans l'ordre rationnel ou s'en écarter, librement et à volonté.

NATURELLEMENT.

Cet adverbe, dans l'ordre de raisonnement, a pour valeur rationnellement; dans l'ordre des faits, il signifie nécessairement. C'est naturellement ou nécessairement que la pierre tombe le crime doit naturellement, c'est-à-dire, rationnellement, être puni.

NÉANT.

Le néant, qui est la négation de toute chose, est un non-sens. Prendre le rien, le néant, au positif, nier par conséquent qu'il y ait quelque chose de positif, équivaut à confondre rien et quelque chose, équivaut à tout nier, équivaut enfin à n'admettre que l'absurde.

NÉCESSAIRE.

Relativement à l'homme, il n'y a de réellement nécessaire que ce dont la privation lui coûterait la vie. Le manque de propriété, de tout capital, produit du travail et instrument pour travailler, est une menace incessante de mort. Aussi, le capitaliste, disposant en maître absolu de tout ce que nous venons d'énumérer, a-t-il droit de vie et de mort sur le prolétaire.

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Pour les sociétés, le nécessaire est caractérisé par l'impossibilité où elles sont d'échapper immédiatement à la désorganisation, à la dissolution,. s'il n'y est satisfait. Le besoin de vérité n'est devenu réel pour la conservation de la société, de l'humanité, que depuis que la discussion des hypothèses sociales a été reconnue libre. La vérité ne sera acceptée socialement que lorsque le besoin, la nécessité de l'appliquer, sera universellement senti. Nous venons de donner une des significations du mot nécessaire. En voici une seconde qu'il importe de bien déterminer : c'est la nécessité logique; c'est l'adhésion inévitable de quiconque n'est pas fou à une même proposition que chacun doit à son propre raisonnement, qu'il puise dans sa conscience. Par exemple pour chacun, l'unité est nécessairement l'abstraction du sentiment qu'il a de lui-même, de son existence, sans qu'une démonstration de ce fait soit nécessaire, soit possible. Cette nécessité appartient aux lois éternelles, comme la réalité phénoménale de la perception de l'existence; comme le comment de l'union des immatérialités avec des organismes,

bien entendu, l'existence des immatérialités étant supposée démontrée; comme l'existence de la matière modificatrice; comme le parfum de la rose. L'évidence ne se démontre pas; elle se constate et s'énonce.

NÉCESSITÉ (Choses de première).

On appelle ainsi ce qui est indispensable à l'homme pour vivre. Celui ou ceux qui en ont le monopole disposent incontestablement de tous les autres comme de leurs esclaves, qu'ils exploitent d'abord, puis jettent au rebut. L'origine de ce monopole est l'aliénation à des individus de tout le sol, auquel le travail est forcé d'avoir recours pour en tirer les choses nécessaires. Les propriétaires du fonds ou de ce qui le représente, étant les seuls dispensateurs de ces choses, attirent toute la richesse publique, dont ils ne laissent échapper que ce qui, en alimentant le travail, augmente indéfiniment leur trésor, et leur sert ainsi à se maintenir en possession du sol et du reste. « Si, a dit M. Proudhon, il se trouve un certain nombre d'hommes qui soient seuls marchands des choses de première nécessité, il est nécessaire que le trésor public, passant et repassant par leurs mains, y dépose et y accumule la propriété immobilière. »

NÉCESSITÉ MORALE.

La nécessité morale est celle qui se déduit de l'ordre rationnel, du raisonnement.

NÉCESSITÉ PHYSIQUE.

C'est la loi éternelle de la matière; elle implique non-intelligence, négation de sentiment et de but. Elle est l'opposé de l'ordre moral qui, sa réalité étant constatée, implique nécessairement la sensibilité, la liberté : l'ordre moral est l'harmonie nécessaire entre les actes libres et leurs infaillibles conséquences.

NÉCESSITÉ SOCIALE.

Cette nécessité est la raison, la justice, mais relative à l'époque où elle se manifeste. Pour la société c'est la suprême loi, le droit humanitaire devant lequel tout droit individuel doit fléchir, puisque c'est le salut de l'humanité. Lorsque la vérité sera socialement connue, la justice relative à l'époque sera, par nécessité sociale, la justice absolue ellemême. Mais aussi, à moins qu'il n'y ait pour la société nécessité incontestable d'accepter la vérité ou de périr, la vérité énoncée, démontrée même, est et demeure socialement comme si elle n'existait pas. La nécessité sociale est l'expression temporelle de l'éternelle justice.

NÉGATIVES (Vérités).

La liberté de raisonner, de discuter, ne produit, aussi longtemps que dure l'époque sociale d'ignorance, que des vérités négatives, c'est-à-dire le renversement de toutes les hypothèses sur lesquelles l'ordre peut être basé; elle ne produit par conséquent que la désorganisation de la société. Celle-ci veut pour base ce qui est ou passe pour positivement vrai : aussi n'y a-t-il d'ordre durable que pour la société basée sur la foi, et d'ordre inébranlable que pour la société basée sur la science : le protestantisme quand même qui n'a pour armes que des vérités négatives, est donc la négation absolue, c'est-à-dire l'affirmation du néant, de l'absurde.

NÉO-CHRISTIANISME.

Lorsque le christianisme se manifesta au monde païen, on avait déjà cherché à réchauffer le vieux paganisme expirant, au moyen d'explications plus ou moins philosophiques. Mais rien n'y fit, et le néo-paganisme mourut en naissant. Le système chrétien se saisit alors de la société, demeurée sans principe et sans direction. Il s'était établi par la liberté; il se consolida par une organisation despotique. Le christianisme, fondé sur une révélation, comme toutes les doctrines précédentes, qui n'avaient été sociales que parce qu'elles étaient religieuses, devint à son tour la clef de voûte de la société.

La foi était encore possible à cette époque; mais elle allait s'usant peu à peu. La comparaison qu'il fallait faire entre les diverses religions, toutes également hypothétiques, qui se disputaient le pouvoir spirituel sur l'humanité, sapait jusqu'au principe même de la foi; et finalement ce principe s'évanouit complétement devant celui qui le décomposait sans cesse, devant le principe de l'examen sans restriction et sans bornes. Ni le christianisme dès lors, ni le judaïsme, ni le mahométisme, allégorisés même, rationalisés et dénaturés au point de ne plus se ressembler à eux-mêmes, n'ont pu être présentés et acceptés comme religions sociales que par des hommes qui se trompaient du tout au tout sur l'état des connaissances acquises socialement, et qui méconnaissaient ainsi les besoins de la société. Le doute ne peut plus céder désormais devant une croyance nouvelle; il sera vaincu exclusivement par l'acceptation sociale de la vérité, rendue incontestable à tous.

NIER.

Nier est plus que douter; c'est déclarer le doute invincible. L'homme qui dit: Je ne sais pas, doute

si une chose est ou non; celui qui nie qu'il soit possible de savoir si elle est ou n'est pas, affirme dans le fait qu'elle n'est pas, pour nous. La logique force les matérialistes à nier que la vérité puisse être connue; car, n'acceptant que le témoignage des sens, ils doivent nécessairement s'arrêter aux phénomènes, lesquels ne donnent jamais que des probabilités, suffisantes dans l'application, mais sans réalité démontrable comme vérité absolue.

NIHILISME.

La conséquence finale de tout raisonnement absurde est la réduction à rien. L'anthropomorphisme et ses révélations, le déisme avec ou sans la création, le panthéisme, le matérialisme, ont pour conclusion nécessaire le nihilisme.

était réellement quelque chose. Quant à nos ducs, comtes et barons des pays constitutionnellement gouvernés par la bancocratie bourgeoise, si leur noblesse est ancienne, ils caressent un innocent souvenir; si elle est de création nouvelle, ils se repaissent de la vaine fumée d'un titre in partibus stultorum.

Du reste, les nobles sont assez philosophes aujourd'hui pour répudier la charge qu'anciennement faisaient peser sur eux les actions dégradantes d'un des leurs. Pourquoi alors s'étonnent-ils que le peuple tire les conséquences de ce raisonnement, en leur refusant le bénéfice des belles actions de leurs ancêtres? Il y a solidarité ou il n'y en a pas s'il y en a, elle tombe sur tous les actes; s'il n'y en a pas, il n'y a pas non plus de noblesse. Dès que noblesse n'oblige plus, elle n'honore pas davantage.

NIVEAU.

C'est un instrument auquel on soumet les objets matériels, les corps, et qui, quoique jamais absolument juste, l'est cependant assez pour l'usage pratique qu'on en fait. Vouloir appliquer cet instrument au moral, est d'une absurdité qui révolterait tous les esprits si nous n'étions encore en pleine époque d'ignorance sociale. Des intelligences au niveau sont aussi impossibles que des organismes égaux. Des hommes nivelés sont la négation de tout ordre, de toute société.

NIVELEUR.

Le niveleur moral ou social est un utopiste qui demande à l'humanité la négation d'elle-même. Comment en effet coordonner socialement, et surtout comment subordonner ce qui ne peut être distingué l'un de l'autre? Le principe moral, lien de la société, est un sans doute ce principe est le dévouement, rationnellement sanctionné par la religion, dévouement de chacun à tous; mais il n'est applicable que par des hommes inégaux entre eux. Si tous étaient également forts, également intelligents, également partagés sous le rapport des conditions d'existence, quel besoin auraient-ils les uns des autres, quel motif de s'aider les uns les autres, quelle occasion de se dévouer? L'existence de la société implique nécessairement l'égalité de droits, résultant de l'égalité d'essence entre des êtres accidentellement inégaux.

NOBLESSE. Caste, propriétaire exclusive du sol, et se transmettant par voie de primogéniture pour qu'il se concentre toujours dans le moins de mains possible.

C'était là la noblesse qui, socialement parlant,

NOM.

Ce qui n'a pas de nom n'existe pas pour nous. Toute vérité repose dans l'éternité. Elle ne naît au temps que par le baptême du signe. Avant le développement du verbe, il n'y a pour l'homme aucune idée, pas même celle de lui-même; l'homme est encore pour lui-même comme s'il n'existait pas.

NOMBRE.

Pour abréger, on a nommé une unité et une unité deux, deux unités et deux unités quatre. De là les sciences nécessairement exactes, puisqu'elles sont ce qu'on les a faites. Mais, de l'exactitude à la réalité, il y a loin: deux et deux ne font réellement quatre, que si l'unité, principe du nombre deux et de tous les nombres possibles est réel, s'il y a réellement des unités, des individualités.

Sous l'empire de la force, la majorité, dès qu'elle se reconnaît, domine. Pour l'empêcher d'attacher trop d'importance à son dénombrement, on lui a insinué de se faire représenter. Par là la minorité sociale, dont la majorité, mandataire de tous, est censée exprimer la volonté, règne et gouverne. C'est bien joué. Mais le véritable nombre commence à s'apercevoir que les dés sont pipés, et cet escamotage n'aura plus un long succès.

NOUVEAU-NÉS.

Des économistes ont formellement proposé de débarrasser la société des enfants des pauvres, pour empêcher que la population prolétaire ne dépasse les besoins des capitalistes. Les principes de l'économie politique,conséquence de notre organisation sociale, conséquence elle-même de la nécessité imposée par l'ignorance de la société, et qui se résume inévita

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