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Le dérangement dans le fonctionnement organique peut avoir une cause purement physique; il peut aussi être occasionné par une forte commotion morale.

Au sens figuré, l'accusation de folie est le plus souvent prodiguée sans raison aucune. Nous n'en donnerons qu'une preuve.

Il y a folie, prétend-on, à dire que la société a besoin d'être rénovée radicalement, et folie plus grande encore à faire dépendre cette rénovation de la découverte et de l'acceptation de la vérité vraie, de la vérité métaphysique, c'est-à-dire, de la réalité des âmes et de celle du lien religieux, en vertu duquel le sort de chacun dans une vie quelconque est la conséquence nécessaire de sa conduite dans la vie précédente, et ainsi indéfiniment. En effet, cela doit paraître une folie. Quoi! notre société toute matérielle, fondée sur l'intérêt vital, et maintenue en même temps qu'ébranlée par ce même intérêt, notre société tomberait devant un principe, une phrase, un mot!... Pourquoi pas? On ne se rappelle donc plus qu'il y a dix-huit siècles la société païenne, qui avait été forte comme la nôtre, qui, quoique affaiblie comme la nôtre, se tenait encore debout, fut brusquement renversée et remplacée par un principe, par un mot, l'égalité des hommes, c'est-à-dire, l'abaissement des superbes et l'exaltation des humbles, la réprobation des puissants et la prédestination des faibles, la condamnation de ceux qui jouissent et la déification de ceux qui souffrent, en un mot la folie de la croix?

- La folie véritable et réelle est celle de vouloir l'impossible, l'absurde: de vouloir par exemple, en présence du libre examen, maintenir l'ordre dans la société sans l'asseoir sur l'égalité sociale, l'égalité devant la justice absolue; de vouloir que cette égalité s'établisse sans cependant qu'on l'ait fait dériver de la reconnaissance de l'absolue vérité, consistant dans la démonstration de la réalité du devoir, sanctionnée par la religion; de vouloir enfin que cette égalité, supposé qu'on ait réussi à l'établir, se conserve en dépit de l'éducation et de l'instruction, livrées par notre organisation sociale au hasard de la naissance, de la position et de la richesse. Nous le répétons: c'est là de la folie, et de la plus dangereuse espèce; c'est de la folie à son paroxysme.

-Au point de vue social, le fou est celui qui déraisonne, cherchant l'ordre dans le changement quand même, dans le bouleversement, dans le désordre. Au point de vue moral, quiconque raisonne mal est, sous ce rapport, un fou. Il résulte clairement de là que la morale et la vérité dérivent de la même source, qui est la raison.

FONDER.

Pour fonder, il faut une base; on n'établit paš sur le vide pour fonder solidement, il faut une base inébranlable. Or quelle est aujourd'hui, socialement parlant, la base incontestable de la morale, de la société?

La preuve qu'il n'y en a point, c'est qu'on est forcé d'avoir recours aux majorités délibérantes pour qu'elles en supposent une quelconque, ou qu'elles en déterminent les conséquences comme s'il y en avait une réellement décision bizarre de ly la part de gens dont pas un n'est à même de décider, et qui se comptent et se recomptent sans discontinuer, pour savoir ce qu'ils auront à penser et à faire au jour le jour!

FORCE. Matière incorporelle, considérée comme cause de mouvement.

C'est un des éléments de la sensation, qui est la sensibilité mue, modifiée. L'autre élément est cette sensibilité même. Au delà, il n'y a rien.

La force, la matière est la première chose connue, car elle est attachée à la perception de notre existence. Nous nous percevons comme modification, comme mouvement, comme effet de force. Le raisonnement vient ensuite rechercher si nous ne sommes exclusivement que cela, ou si le mouvement, pour être perçu, n'a pas besoin de quelque chose d'indépendant de lui, qui persiste quand le mouvement a cessé.

FORCE BRUTALE. Force devant laquelle on cède contre sa volonté.

La force brutale est, non-seulement la négation, mais encore le mépris de la raison, du droit. « Tout homme est entièrement matière, dit M. de Colins, ou tout ce qui n'est point entièrement matière est homme. Pas de troisième alternative, qui n'ait pour conséquence nécessaire l'établissement pratique de la force brutale érigée en droit. >>

FORCE INTELLECTUELLE, MORALE. Force à laquelle on obéit volontairement.

Cette force finit toujours par l'emporter sur la force physique, par la dominer. Même à l'époque d'ignorance, la force de raisonnement est la seule réelle, sous le rapport social; car la société est elle-même l'expression du raisonnement. La force morale agit alors au moyen de sophismes plus ou moins vraisemblables, comme à l'époque de connaissance elle agira au moyen de syllogismes qu'il sera impossible de contester. La force cachée sous des sophismes est indispensable à l'ordre, pendant que dure l'ignorance et que l'examen peut être com

primé; elle devient anarchique dès que l'examen est libre.

FORCE (PRINCIPE SOCIAL).

La force est une des bases de l'ordre. Non déguisée, son règne est court. Sous l'apparence du droit, elle domine aussi longtemps que le sophisme qui la cache passe pour une vérité, aussi longtemps par conséquent qu'il y a foi. Quiconque alors commande au nom de la foi sociale, celui-là possèdo la force; car la force est l'apanage de la foi même, tant qu'elle ne peut pas l'être de l'incontestabilité. Quand le doute a remplacé la croyance, la force continue à primer; mais elle n'appartient plus à personne elle passe perpétuellement en d'autres mains. Depuis que l'homme a acquis le libre usage du raisonnement, c'est-à-dire depuis que l'examen individuel est devenu incompressible, la force pure a cessé de pouvoir régner sans contestation d'une manière plus qu'éphémère; l'intelligence la mine incessamment, et finit toujours par la renverser. La force sera la conséquence rationnelle de la vérité dès que celle-ci sera socialement connue. La vérité servie par la force est la base réelle de la société.

La force brutale impose une nécessité; la force transformée en droit et acceptée comme tel, impose un devoir; le droit absolu, devenu seul fort, est le corrélatif du devoir absolu et n'est méconnu que par les malades d'esprit.

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La force appliquée est l'équivalent de la guerre, aussi bien entre individus qu'entre peuples. Là où la force règne, la guerre s'organise. Et partout où la raison ne domine pas socialement, la force règne. Donc, dans notre société actuelle, il y a guerre entre tous, et partout, et toujours. La force est le seul moyen d'avoir de l'ordre, temporairement du moins; la guerre est le seul moyen d'obtenir et de conserver provisoirement la paix. La guerre en permanence, avouée ou latente, est notre droit public et privé; la paix perpétuelle sera celui de l'époque où la société se fondera sur la raison. Cela est plus clair et plus positif que les programmes des congrès pacifiques. Personne n'aime la guerre

pour elle-même; mais personne non plus ne veut d'une paix qu'on ne démontre pas lui être plus avantageuse que les batailles. Or cette démonstration reste à faire.

FORCES VIVES.

De nos jours, on se paye volontiers de mots. Quand on a dit : « Le problème social se résume dans l'art de diriger les forces vives de la société vers un même but, » on croit avoir aplani toutes les difficultés, le reste n'étant plus qu'une affaire d'application, de pratique. Mais sont-ce les forces vives de la matière, ou sont-ce celles de l'intelligence? Les premières se laissent grouper et diriger par l'intelligence; mais les autres, intelligentes elles-mêmes, demandent à être éclairées d'abord, puis persuadées ou convaincues. Et pour arriver à ce résultat, il faut, de toute nécessité, ou les induire à croire et les empêcher d'examiner, ou leur présenter la certitude sous la forme d'une incontestable démonstration. Or, la foi sociale ne s'obtient plus, depuis que la discussion est devenue de droit social. Reste donc exclusivement la voie démonstrative. Quel est alors le principe rationnellement établi au moyen duquel on prétend faire mouvoir les forces vives de la société dans un sens déterminé? Il est plus que jamais urgent de parler pour s'entendre et non pour ne rien dire; et on ne parviendra à s'entendre qu'au moyen de mots rigoureusement définis.

FORMES DE GOUVERNEMENT.

Il y en a trois principales. La première, la forme religieuse; c'est celle qui constitue les véritables nationalités, parce qu'elle réunit tous les membres de la société par une idée commune sur la réalité du droit, sanctionnée par le lien ultra-vital. La seconde forme sociale, la forme bourgeoise; c'est celle où toute idée commune fait défaut : chaque individu détermine le droit à sa manière, et la société n'a d'autre garantie de la conservation de l'ordre, que la force. Enfin, la troisième forme, la forme rationnelle; c'est celle qui est assise sur le droit réel, incontestablement démontré.

Vouloir réformer un peuple en changeant la forme de son gouvernement, c'est vouloir changer un homme (supposé que la chose soit possible) en retapant la boîte osseuse qui renferme son cerveau. Si on bat légèrement, on ne produit aucun effet; si on bat sans discernement, on peut rendre l'homme fou; si on bat trop fort, on le tue. Le gouvernement prend de lui-même la forme que lui impriment les connaissances acquises par la société, comme le crâne la forme du cerveau qu'ont développé plus ou

moins, dans un sens plutôt que dans un autre, l'exercice de l'intelligence, l'activité de l'âme. Voilà de la politique rationnelle comparée à de la phrénologie raisonnable. Ni l'une ni l'autre ne feront fortune de sitôt.

FORT.

Le plus fort dans une de nos sociétés de fait, où le droit n'est que le pseudonyme de la force, finit toujours par devenir le plus faible, à moins qu'il ne possède l'art de faire passer sa force pour un droit et de persuader aux autres que l'acceptation de ce droit est pour eux un devoir. Car la force dépouillée de tout droit quelconque est purement matérielle, et tout ce qui est matière est essentiellement mobile et variable L'homme fort ne pouvant pas toujours conserver la même force, devrait donc pouvoir indéfiniment devenir de plus en plus fort, ce qui est absurde. Qu'en résulte-t-il? Que, parvenu au plus haut degré de force, il va s'affaiblissant, tandis que le faible se fortifie; et de cette manière les rôles changent constamment. La raison seule, déterminant le droit, amènera la stabilité.

FORTUIT. Résultat du hasard.

Rien n'est fortuit, car le hasard n'est rien tout se tient comme cause et effets apparents; c'est la loi de notre intelligence qui, pour percevoir les choses, doit en former un tout en les coordonnant entre elles. Dire qu'une chose arrive fortuitement, c'est donc tout simplement avouer qu'on n'est point parvenu à lui assigner la place qui lui convient dans l'enchaînement général des choses.

FORTUNE.

On parle beaucoup d'égalité des fortunes, comme condition de l'égalité sociale; c'est une erreur. Dans la société rationnelle, il doit y avoir égalité de naissance, en ce sens que tous les enfants naissent avec des moyens égaux de faire fortune. Tous ont droit à la même éducation; tous peuvent mériter par leur intelligence, leur travail et leurs vertus, les mêmes avantages sociaux. Mais leur inégalité individuelle, organique, l'usage particulier que chacun d'eux fait de sa liberté, et la justice éternelle en vertu de laquelle tous doivent subir icibas les conséquences de leurs actions dans une vie antérieure, leur font nécessairement à chacun un sort différent. Socialement égaux, leurs conditions d'existence, leurs fortunes sont inégales.

FOURBE.

Ruser ou se soumettre l'alternative est inévitable quand on n'est pas le plus fort dans l'ordre

de choses donné, fondé par l'ignorance sur l'exploitation des faibles. Sous le règne de la force, quiconque ne domine pas est nécessairement réduit à tromper ses maîtres s'il ne veut pas les servir; quiconque n'exploite pas est exploité. La société détermine les bornes au delà desquelles l'exploitation devient coupable à ses yeux; elle nomme fri*pons ceux qui les dépassent, dupes les victimes qu'ils font.

FOURIÉRISME.

La doctrine de Fourier a pour but l'organisation, l'ordre, à obtenir au moyen du développement libre et intégral des passions, reconnues comme le seul mobile des actions; c'est-à-dire, au moyen de ce qu'il y a de plus isolant, de plus désordonné et de plus destructif. La morale des fouriéristes est basée sur l'impulsion donnée par la nature, avant toute réflexion, et plus puissante que la raison, le devoir, le préjugé, etc.; elle est absurde.

FRANCHISE.

Cette qualité brille par son absence dans tous les partis qui se disputent notre société. Chacun armé de l'opinion qui doit lui faire remporter la victoire, reproche à ses adversaires de faire pour triompher ce qu'il fait lui-même, de mettre leurs succès à profit comme lui-même ferait s'il l'avait emporté. Aucun ne dit : « Je veux être le maître, à tout prix et par tous les moyens; ceux que je mettrai en œuvre pour parvenir à mon but, seront par cela seul bons et légitimes; ceux que l'ambition d'autrui opposerait à la mienne, seront par cela seul mauvais et criminels. » C'est cependant l'expression de la vérité, de rien que la vérité, mais aussi de toute la vérité.

FREIN MORAL.

Il n'y a qu'un frein pour les passions, c'est le raisonnement. Aux temps de foi, ce raisonnement dit qu'il faut modérer ses penchants, y résister, leur rompre en visière quelquefois, les diriger toujours; pourquoi? parce que c'est la loi, parce que Dieu le veut, parce qu'il récompensera ses fidèles et punira les désobéissants. Le même raisonnement, à l'époque d'application sociale de la vérité, démontrera que chaque homme a intérêt à se dévouer à tous les autres, et que la passion, quelle qu'elle soit, qui s'y oppose doit être domptée. Pendant la phase du doute, lorsqu'on ne croit plus en Dieu et qu'on ne connaît pas encore la raison, les passions demeurant sans frein, la morale est dépourvue de sanction obligatoire, et la société se décompose faute d'une garantie commune.

FREIN SOCIAL.

Sous l'empire de la raison, il n'en faudra pas d'autre qu'elle le frein moral sera aussi le frein social. Sous l'empire de la force, de l'ignorance, de la foi, le frein social est l'empêchement mis au libre développement des intelligences; cet empêchement n'est réel que là où le loisir pour penser manque aux hommes, et ce loisir ne leur fait défaut que lorsque, pour subvenir aux premiers besoins de la vie, ils doivent se livrer, et tout entiers, à un labeur incessant. Le frein social, qui est une condition sine quâ non d'ordre pour la société aussi longtemps que la vérité, et toute la vérité, ne lui est pas connue, est alors l'exploitation des masses, le prolétariat, le paupérisme.

FRÈRES. Au propre, enfants du même père ou de la même mère; au figuré, les êtres de la même espèce.

Dans l'état actuel des lumières et de la société qui en est le résultat, convier les hommes à fraterniser entre eux, ce serait, si les hommes pouvaient comprendre, les appeler à l'anarchie, à la destruction des uns par les autres. La fraternité véritable, c'est la conclusion d'un bon raisonnement, d'un raisonnement sain, ayant pour point de départ l'incontestable vérité; elle ne peut donc être appliquée que lorsque la vérité sera socialement connue, que la justice pourra être socialement pratiquée. La fraternité ne peut être réalisée que par la généralisation de l'instruction, par l'entrée du sol dans la propriété collective, et par la suppression des nationalités. Aujourd'hui le fabricant qui traiterait l'ouvrier en frère se ruinerait; le gouvernement qui forcerait les citoyens à fraterniser perdrait la nation et les citoyens; le peuple faible qui agirait en frère avec un autre peuple, deviendrait son esclave, sa propriété. Prise dans le vrai sens du mot, celui de dévouement de chacun à tous, la fraternité supposé une religion commune, et par conséquent l'anéantissement des religions, la constitution de l'humanité en un seul peuple.

Dans une des lettres dont il a honoré l'auteur de ce Dictionnaire rationnel, Lamennais écrivait (4 février 1856): « Soyez-en bien sûr, jamais vous ne trouverez de créatures humaines qui diront sincèrement « nos frères qui êtes sur la terre, » qu'elles n'aient dit auparavant : « notre père qui êtes aux cieux. » Cela est évident. Mais lorsque le libre examen, sans être parvenu à rien établir de certain, a réussi à démontrer scientifiquement qu'il n'y a ni créateur-père, ni enfants créés, il est urgent, si la fraternité est indispensable à la conservation de l'ordre social, et s'il est nécessaire

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On a débité au sujet des bornes qui marquent la séparation entre les nations bien des puérilités, au point de rendre ces bornes elles-mêmes responsables du morcellement de l'humanité, en les appelant frontières naturelles. Singulière mission pour la nature, cet ensemble de phénomènes sans intelligence ni volonté, que de jeter la zizanie entre les hommes et de les armer les uns contre les autres! Mais parlons sérieusement.

Il n'y a de frontières réelles que les idées différentes des peuples et leurs langues, leurs diverses croyances, leurs lois et coutumes opposées, et les intérêts contraires qui en naissent. Quand ces motifs de guerre n'existent pas, il y a union, paix, communauté même, en dépit des montagnes, des fleuves et des mers. Et l'absence de tout obstacle physique ou géographique n'empêchera pas les nations de s'entre-déchirer ou de chercher à se tromper et à se ruiner l'une l'autre, tant qu'il y aura entre elles les barrières de la religion, des mœurs, des habitudes, du langage ou de la législation.

Pour fondre les peuples en une seule humanité, pas n'est besoin d'aplanir les Alpes et les Pyrénées, ni de mettre l'Océan à sec il suffit de démontrer la vérité aux hommes, de manière à les contraindre moralement à pratiquer la justice. Toutes les frontières s'effacent devant ce seul fait.

FUSION DES OPINIONS.

Il n'y a jamais fusion, mais bien confusion entre des opinions diverses; cette fusion peut exister entre divers intérêts. Mais là même elle n'est que momentanée. Car, quand les intérêts se sont réunis et unis, ce n'a été que pour résister à des intérêts plus puissants. Une fois qu'ils l'ont emporté sur ceux-ci, ils se divisent de nouveau, pour prospérer, chaque intérêt séparé au détriment de tous les autres.

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Il faut aujourd'hui, avant et au-dessus de toute autre chose, gagner de l'argent; car avec de l'argent on est libre, sans argent on meurt de faim : or qui ne gagne pas perd; c'est la loi du régime industriel sous la domination du capital. Il faut donc éviter tout ce qui met des entraves à l'industrie, ce qui effraye les capitaux et en fait baisser la valeur, ce qui gêne la spéculation, ce qui, en un mot, empêche plus ou moins la libre exploitation du travail par la richesse. C'est là le secret de l'ordre à tout prix, et notamment au prix de la justice, la force étant, en tout état de cause, ce qu'il y a de plus à la main, de plus expéditif et de plus radical; c'est là le secret de la rage de despotisme qui saisit un peuple au sortir des orgies de la liberté privée de raison; c'est là enfin le secret de la paix quand même, la guerre à coups de canon coûtant fort cher et ne rapportant rien en dernière analyse, et celle à coups de tarifs servant également, aux plus forts pour écraser les plus faibles.

GALIMATIAS. Cliquetis de mots sans déter

mination.

Il n'y a que les inspirés, les intuitifs, les mystiques, qui se figurent comprendre quelque chose au galimatias scientifique de nos jours. Exemple : M. Cousin a écrit à propos de Dieu : « Son être se « déploie tout entier en soi; en lui, le moi ne saisit «le non-moi que comme moi. » Le jeune homme qui s'efforce de donner un sens à ce parlage, est une intelligence perdue.

La phrase que nous venons de citer est la définition pompeusement embrouillée d'une absurdité. Ajoutons-y une autre phrase également obscure, dont le but est de définir un mot très-rationnel quand sa valeur est déterminée nettement : « La religion est l'éternel amour qui ravit les âmes au

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delà du sensible, et qui entretient dans les sociétés une inaltérable jeunesse. »

- Il est à remarquer que les plus philosophiques intelligences de la France actuelle se sont montrées les plus fécondes en galimatias. Après l'école allemande, où d'ailleurs ces métaphysiciens avaient puisé le vague de l'expression et la confusion du raisonnement qui les distinguent si défavorablement des autres philosophes français, leurs prédécesseurs, ce sont eux qui trahissent le mieux le chaos où, de nos jours, tourbillonnent tous les esprits.

GARANTIR.

L'ordre ancien était garanti par la foi, qui ellemême était garantie par la force que lui prêtait l'opinion générale, laquelle punissait de mort quiconque cherchait à l'ébranler. L'ordre futur sera garanti par la conviction commune, garantie à son tour par la démonstration que chacun se fera de la réalité du principe sur lequel elle repose. Pendant l'époque du doute, il n'y a point de garantie pour l'ordre, pour la société.

GÉNÉRATIONS SPONTANÉES. Organisations qui ne proviennent pas d'organisations analogues préexistantes.

Ce sont des organisations dues au développement de la matière, à l'évolution de la force, d'après les lois éternelles; elles ne sont donc spontanées que figurément. Au sens propre, elles sont le résultat de la force, de la nécessité.

Les générations dites spontanées, désormais acquises à la science quoiqu'elles ne soient point encore admises sans contestation, sont la conséquence rationnelle de l'absurdité de toute création.

GÉOMÉTRIE. Partie des sciences mathématiques, relative à la mesure de l'étendue.

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