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bez tour à tour. L'une tire d'un côté l'autre de l'autre; & moi, miférable écartélé, je ne trouve de trêves à mes tour,, mens, que lorfqu'une de ces puiffances victorieufe force toutes les autr es à la foumif

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fion & au filence. Qui eft donc ce monftre infernal, qui, au centre de mon être, empoifonne toutes mes facultés? ... & qui est

,,cet être divin, qui enfuite me calme, mẹ confole & me fait fourire de mes propres

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foibleffes? Oh! qui que tu fois, cedes ou

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domines... commandes ou obéis. Mais ,, nón, me répond - il, il faut combattre : la difficulté fait ma gloire, mes fouffrances for,,ment mon bonheur... Souffrons donc, com battons...".

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Les paffions les plus dangereufes font pour la jeuneffe l'inflexibilité & l'indolence; pour l'adolefcent l'amour & la vanité; pour l'homme fait l'ambition & la vengeance; pour le vieillard, l'avarice & l'égoïsme. -La plus noble, pour tous les âges, eft la COMPASSION: elle feule renferme prefque toute la morale, & forme le trait le plus touchant de la perfection humaine.

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On obferve que la plupart des penchans nuifibles portent leur punition avec eux, s'éloignent de leur but. Le voluptueux attire les infirmités & fe rend incapable au plaifir. L'ambitieux, pour dominer, fe fait efclave. L'avare fe rend pauvre, de crainte de le devenir. L'homme vain fait naître le ridicule qu'il redoute, & le colérique s'avilit par orgueil.

Chaque langue a quelques centaines de mots pour défigner les différens degrés des paffions, qui fe fondent les unes dans les autres par des nuances imperceptibles. Jettons un coup d'œil fur les plus tranchantes: c'est un des premiers guides pour l'étude de foi-même & la connoiffance d'autrui.

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Le penchant d'un fexe envers l'autre, eft la paffion la plus générale, & la plus propre à l'homme : les fens en forment le noud, non

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pas toujours l'intérêt principal"; mais il n'eft point d'amour fans quelque retour fur la volupté. Le véritable eft compofé des defirs unis à l'amitié: féparé d'elle, il n'eft que luxure; féparé d'eux, il n'eft que liaison d'ef time ou rapport de caractere Les perfonnes qui croient qu'il est tout phyfique manquent de fentiment; eft celles qui s'imaginent qu'il eft poffible que les fens n'y entrent pour rien, reffemblent à ces jeunes innocentes, qui, dans l'âge d'effervefcence, éprouvent une inquiétude fecrete, qu'elles ne favent à quoi attribuer, & dont elles ne découvrent la caufe qu'après la jouiffance.

Je fais qu'un homme qui a autant d'amitié que d'amour, & plus de probité que de defirs, peut borner fon afcendant fur l'objet aimé:

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je fais qu'il peut défendre fon amante contre elle-même, & dans les momens de raison, la prévenir contre les pieges qu'il pourroit lui tendre dans ceux d'yvreffe. Mais il foupire en fecret du facrifice qu'il fait au devoir, & la femme la plus chafte regrette quelquefois d'ètre obligée de l'ètre a).. Je fais qu'on peut encore aller plus loin, & qu'il eft poffible qu'on ne foit qué peu jaloux de celui qui jouit de la ftatue, pourvu qu'on en poffède le cœur ; qu'on peut dédaigner d'obtenir ce qu'un autre a le droit d'exiger; préférer un ferrement de main, que l'amour accorde, aux plus prétieufes faveurs, auxquelles le devoir feul se prête. On peut fe borner à ces riens charmans, dont le fans partage fait le prix; que le fentiment feul peut donner, dont le fentiment feul peut jouir mais ce fentimental, plus particulier

a) Ce combat même eft le laurier de fa vertu. Il n'eft point de triomphe fans victoire, point de victoire fans obftacles. La femme la plus honnête n'eft pas la moins fenfible; mais celle qui fent le plus, & qui réfifte le mieux. Le fexe devroit, par vanité, avouer beaucoup de tempérament. Si elles ont de la retenue, cela ajoute à leur mérite: fi elle font foibles, c'eft un titre à l'in dulgence.

aux femmes, eft fi fort au deffus du commun des hommes, qu'on ne peut le confidérer que comme une exception, dont la rareté fe réduit prefque à rien, lorfqu'on la compare au général.

cette

Il n'eft point de penchant qui affecte l'ame avec plus de délicateffe que les commencemens d'un amour honnête; - ces tendres émotions, cette douce mélancholie, cet aimable coloris qu'elle répand fur tous les objets; feule idée qui occupe, cette image fi chere, & cependant fi fatiguante, qu'on voudroit fuir pour toujours, & qu'on craint de perdre un inftant;.. ce feu, qui confume vos veines, cette angoiffe qui vous pourfuit, ce corps qui fuccombe fous le fentiment, & qui, malgré l'excès de fa vigueur, ne peut fuffire aux élans de fon ame... que d'ennui dans l'éloignement, de dégoût dans la fociété, de plénitude de bonheur dans le tête à tête!. Quel con

trafte d'héroïfme & de timidité enfantine, d'agitation & de langueur, de force & de foibleffe, de démence & de raifon!- On regrette de n'avoir qu'une vie, qu'une fortune à facrifier, & on les donneroit toutes deux pour trois jours de jouiffance. Le defir n'eft cependant point le you principal; une chofe auffi

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