Au refte ce coup-d'œil eft plus métaphysique ou politique que moral. J'allois le fupprimer; mais je me rappelle les ftatuts modernes du vieux Monarque Philofophe. On eft bien fort dans fes conjectures, lorfqu'on a un tel appui pour foi. La chasteté eft plus effentielle pour le beau fexe que pour le nôtre. Une fille s'expofe à des regrets fans fin, fon fruit à une humiliation injufte, & fes parens à une honte, qui, fùt-elle préjugé, n'en eft pas moins pénible. La femme infidelle fait encore plus, dit Rouffeau, qui exagéroit un peu : Elle manque à la foi publique, diffout la tous les liens de la nature. دو دو رو وو دو دو وو وو وو famille, & brife En donnant à l'homme des enfans qui ne font pas à lui, elle trahit les uns & les autres; elle joint la perfidie à l'infidélité. J'ai peine à voir quel défordre & quel crime ne tient pas à celuilà. S'il eft un état affreux au monde, c'est celui d'un malheureux pere, qui, fans confiance en fa femme, n'ofe fe livrer aux plus doux fentimens de fon cœur; qui doute, en embraffant fon enfant, s'il n'embraffe pas celui d'un autre, le gage de fon deshonneur, le raviffeur des biens de fes propres enfans.,, Ce malheur eut été peu fenfible à un La cédémonien, qui prioit de jeunes gens bien faits de lui créer une race bien conftituée; ou à un Romain, qui prêtoit fa femme à fon ami, ou qui en troquoit avec fon voifin. Mais fans donner dans ces deux extrêmes, n'y autoit-il pas un milieu qui tint plus l'équilibre entre nos devoirs & nos foibleffes: du moins eft il fûr que la fidélité rend l'union plus chere, parce qu'il eft naturel de s'attacher d'avantage à l'objet dont on fe permet feul d'attendre les fenfations les plus douces, ou qui feul peut les recevoir de nous. Il est auffi tout naturel de préférer fes propres enfans à ceux des autres; mais il femble qu'il ne devroit pas l'être moins, d'avoir quelque indulgence pour les écarts de la paffion la plus forte, & ne pas fe croire en droit de mépriser toute fa vie une femme foible pour quelques inftans 'd'oubli, qu'on amena fouvent par les fiens propres, ou par fes mauvais traitemens, & lef quels, lorfqu'ils n'ont pas de fuite, & que l'amour eft paffé, bleffent plus l'orgueil que la délicateffe. Cette maniere de voir eft auffi propre à confoler le grand nombre d'époux qui ont befoin de l'être, qu'à rendre leurs femmes moins malheureuses, & à mieux faire fentir le prix de celles, dont la conduite n'offrit jamais au cun doute...... Cette offence a un titre d'indulgence, qui lui eft particuliere, Un autre titre plus fondé, eft la difficulté de la vertu contraire. Il n'y eut peut-être point d'homme bien épris, qui, pouvant vaincre, ne fuccombât: & il eft peu de femmes, qui, aimant, aimée & bien attaquée, échappât à la féduction. La plûpatt de celles qui fe récrient fur les foibleffes des autres, n'ont aucune idée des moyens qu'on emploie pour les perfuader: elles s'imaginent, qu'on attaque toujours auffi gauchement que les Héros des Romans: elles ignorent, qu'il y a nombre d'hommes, auprès desquels les Lovelaces ne font que des mal-adroits, & les St. Preux des Ecoliers. Comme pour défendre une Place, il faut en connoitre l'attaque, il femble qu'on devroit faire entrer dans les principes de nos jeunes filles quelques notions fur la marche du féducteur, dont le premier précepte eft, que, pour ne pas fuccomber au danger, il faut le fuir. - Car, fans avis, comment réfifteront-elles à un homme, qui, à la beauté des formes, à la vigueur de l'âge, à un caractere mâle, un efprit infinuant, joint une profonde connoiffance des femmes, & un entier pouvoir' fur lui-même ; qui cache fes vues pour les affurer, endort le foupçon, s'empare des alentours, laiffe, comme échapper par moment, un figne de tendreffe, le révoque l'inf tant qui fuit,& ne hafarde un aveu complet, que lorfqu'il eft fûr du retour; qui introduit peu-à-peu, avec une douce familiarité, le droit de tout dire, & les plaifirs touchans d'une aimable confiance; à l'homme, qui eft tour-à-tour ami & amant, esclave & defpote, inftructif & tendre, qui fait amufer lorfqu'il ne peut intéreffer, intéreffer lorfqu'il. ne peut attendrir, en impofer par un ton de fupériorité, flatter par un air de déférence, & difparoître au moment où on le voit avec le plus de plaifir; qui. , tourne en ridicule toute affectation, démafque chaque feinte, fourit d'un fcrupule, embarraffe par fa franchise, déconcerte par fon mépris des bienféances, cite de grands exemples, joue le dédain, feint le délire; .... femble fe rebuter par les refus, s'attendrir par les faveurs, ôte, jufqu'au doute fur fa difcrétion, .... qui n'eft point importun dans les momens de froideur, eft paffionné dans ceux de tendreffe, ne s'effraie point de la premiere réfiftance', fe confie dans fon art, réveille la nature, &, rebuté l'hiver, efpere du printems; enfin, l'homme qui cache fous une. feinte timidité la plus grande hardieffe, qui fe laiffe repouffer à deffein par un regard rigoureux, qu'on efpere qui aura toujours le même pouvoir; 1 permet la réflexion, que lorfque, déja à vos pieds, fa convulfive langueur, témoigne fa reconnoiffance.... Non, qu'on ne fe faffe pas illufion, un tel homme, dont on n'ébauche ici que quelques traits, trouve peu de cruelles, & ces rufes font plus communes qu'on ne croit. On en fubftitue fouvent d'autres plus adaptées aux circonftances, dont les fuccès font plus promts; contre l'étrange desquelles une femme cherche en vain des modeles dans les romans, ou une |