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DES SAVANS.

JUIN 1823.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

1823.

LE prix de l'abonnement au Journal des Savans est de 36 francs par an et de 40 fr. par la poste, hors de Paris. On s'abonne chez MM. Treuttel et Würtz, à Paris, rue de Bourbon, n.o 17; à Strasbourg, rue des Serruriers, et à Londres, n.o 30 Soho-Square. Il faut affranchir les lettres et l'argent.

Tout ce qui peut concerner les annonces à insérer dans ce journal, lettres, avis, mémoires, livres nouveaux, &c. doit être adressé, FRANC DE PORT, au bureau du Journal des Savans, à Paris, rue de Ménil-montant, n.° 22.

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JOURNAL

DES SAVANS.

JUIN 1823.

CHEFS-D'OUVRE DES THÉÂTRES ÉTRANGERS, allemand, anglais, chinois, danois, espagnol, hollandais, indien, italien polonais, portugais, russe, suédois, &c. Paris, chez Ladvocat, libraire, Palais royal, galerie de bois, n.° 196, in-8.o, 25 volumes.

Voici une grande et utile entreprise qui nous a promis les princi

pales richesses dramatiques des littératures modernes : on ne sauroit trop encourager la publication de ces collections qui ont pour but d'introduire parmi nous les productions des théâtres étrangers. De semblables recueils procurent aux personnes qui lisent par simple amusement, le moyen de connoître les ouvrages que les autres nations

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peuvent présenter à l'admiration publique, les titres principaux dont elles ont droit de se glorifier, et de plus ils donnent aux littérateurs de profession le moyen de profiter des beautés contenues en de nombreuses compositions que tous ne peuvent étudier dans la langue originale. D'ailleurs la juste appréciation des pièces des théâtres étrangers, concourt à diminuer ces préjugés littéraires qui rendent chaque nation trop exclusivement fière de ses propres moyens de gloire et de succès. Ainsi la collection dont j'ai à rendre compte, ne peut qu'être utile et agréable aux littérateurs et aux gens du monde: mais un genre d'utilité qui résultera plus particulièrement de la connoissance des chefs-d'œuvre des théâtres étrangers, ce sera l'avantage de pouvoir les comparer avec ceux de notre scène ; et j'aurai soin, par l'analyse des pièces, par les détails spéciaux dans lesquels j'entrerai, ainsi que par mes observations, de préparer les principaux élémens qui pourront servir à établir cette comparaison.

Il n'est plus temps sans doute de discuter la manière dont cette vaste entreprise a été faite, puisqu'il reste peu de volumes à livrer de ceux qui doivent composer la collection entière; mais il ne sera peut-être pas inutile d'exposer le plan d'après lequel il étoit permis de desirer qu'un semblable recueil fût conçu et exécuté, afin qu'il offrît tous les avantages qu'on avoit droit d'en attendre.

Dans l'intention de faire connoître en France les chefs-d'œuvre des théâtres étrangers, il a été formé une réunion de littérateurs dont les noms et les talens garantissent au public des traductions élégantes et des observations de goût.

Les différens théâtres dont on a annoncé les chefs-d'oeuvre sont l'espagnol, le portugais, l'italien, l'allemand, l'anglais, le hollandais, le danois, le suédois, le russe, le polonais, le chinois, l'indien. Les divers littérateurs qui coopèrent à cette publication, n'auroient-ils pas dû adopter pour leur travail un plan uniforme, et ne s'en écarter que dans les occasions qui l'eussent impérieusement exigé!

On eût sans doute trouvé avec plaisir, en tête du recueil, un discours sur l'art dramatique en général, qui, servant de frontispice, auroit lié ou du moins rapproché les nombreuses parties, en nous initiant d'avance aux différences de plan et d'exécution qu'on trouve dans les chefsd'œuvre de littératures si diverses, et sur-tout en indiquant les rapports, soit d'origine, soit d'imitation; et ensuite, à chaque division, combien il eût été convenable de faire connoître l'origine et les progrès de l'art dramatique dans chaque littérature, de manière qu'en lisant ses chefsd'œuvre, on fût déjà familiarisé avec les formes locales, les mœurs, soit

réelles, soit de convention, les préjugés nationaux qui exigent souvent de nombreuses concessions de la part des littérateurs mêmes, lorsqu'ils ont à connoître et à apprécier les productions dramatiques étrangères!

Enfin un moyen de donner à une pareille entreprise un caractère plus littéraire, et un avantage philologique, c'eût été, en publiant la traduction complète des ouvrages qui doivent être véritablement considérés comme chefs-d'œuvre, d'y ajouter l'indication détaillée ou l'analyse des autres principaux drames qui n'ont pas été traduits. Sans indiquer, comme des modèles, le travail de Duperron de Castera pour le théâtre espagnol, et le recueil de la Place pour le théâtre anglais, je dirai que c'eût été rendre service à la littérature dramatique que de surpasser ces écrivains en les imitant (1). Alors les lecteurs auroient trouvé dans cette importante collection un vrai cours de littérature dramatique étrangère. Je dois avouer que mes vœux se trouvent quelquefois remplis par des indications partielles que les traducteurs ont placées dans les préfaces ou dans les biographies qui accompagnent la plupart des pièces; mais je serai obligé de relever l'extrême disparate qui existe à cet égard entre les différentes parties.

Ayant d'examiner chaque théâtre en particulier, je ferai remarquer combien le titre fastueux de CHEFS-D'ŒUVRE DES THÉÂTRES ÉTRANGERS convient peu à une collection d'où sont exclus les meilleurs auteurs dramatiques étrangers, sans doute parce qu'en général leurs ouvrages sont déjà traduits en notre langue. Ainsi Alfieri n'est pour rien dans le théâtre italien, Shakspeare dans le théâtre anglais, Schiller dans le théâtre allemand, &c. &c. il auroit donc fallu publier ce recueil sous le titre modeste de COLLECTION DE PIÈCES DES THÉÂTRES ÉTRANGERS.

J'aurai malheureusement à revenir souvent sur ce point, lorsque j'apprécierai des pièces qui méritoient à peine d'obtenir un rang dans un recueil d'ouvrages dramatiques du second et du troisième ordre.

THÉÂTRE ESPAGNOL.

Les chefs-d'œuvre de ce théâtre forment cinq volumes; deux sont consacrés à Lope de Véga, deux à Calderon, et un à Moratin. Peut-être

(1) Je citerai volontiers, comme modèle du genre, l'analyse que l'auteur de Vie de Calderon a faite de la pièce, LES ARMES DE LA BEAUTÉ; il eût suffi d'y ajouter quelques scènes, telles que celle du jugement de Coriolan, et quelques-uns des traits remarquables qui peuvent se détacher sans qu'il soit nécessaire d'en préparer l'effet par des explications. Je citerai sur-tout les diverses analyses de M. de Sismondi et de M.me de Stael.

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