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ils obtinrent 24 grains de fer et à peu près autant de terre calcaire; ils n'y trouvèrent point de sel marin. Ils avaient établi que le fer n'est point dissous par l'acide vitriolique, qu'il est dissous par l'eau, et que l'eau froide seule a le pouvoir de le dissoudre. En 1770, Lechandelier, par suite de nouvelles expériences, reconnut la présence de l'acide vitriolique dans les eaux de la Maréquerie (1).

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Lepecq de la Clôture, dans son précieux ouvrage, décrit avec soin les eaux de la Maréquerie, qu'on voit à l'Est du quartier Martainville, dans un jardin arrangé pour leur usage, mais un peu triste et borné. On les avait précédemment nommées la Royale et la Dauphine; on les appelait de son temps la Cardinale et la Reinette. D'après lui, elles sourdent perpendiculairement sous la vallée de Darnétal, en un lieu autrefois marécageux, et semblent venir de dessous la coupe occidentale du mont de Sainte-Catherine. Il parle aussi des eaux de SaintPaul, qui sortent de la coupe la plus méridionale de la montagne de Sainte-Catherine. Il les regarde comme moins martiales que celles de la Maréquerie; elles se brouillent quelquefois dans les temps pluvieux, même en été. Enfin, il indique une troisième source, à Déville, sous la coupe orientale du Mont de Tribaudet, dans une masure un peu marécageuse, dont le sol est absolument une terre ocreuse, chargée de scories ferrugineuses. Cette eau devenait noire comme l'encre avec la feuille de chêne.

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Lepecq ne donne pas l'analyse de ces eaux; il dit que celles qui ont été faites jusqu'alors sont insuffisantes. Il

(1) Précis analytique des Travaux de l'Académie de Rouen, t. III, P. 119. 1761 à 1770.

relate seulement leur grande analogie avec les eaux de Forges, et il cite leur température. Le thermomètre de Réaumur marquant dans l'air 17°, l'eau de la Maréquerie le faisait descendre entre 8° 1 2 et 9°, celle de Saint-Paul à 10°, et celle de Déville à 9° (1).

En 1806, Dubuc père fit l'analyse de l'eau de la Maréquerie, prise indistinctement aux deux robinets, dont l'un est à l'orient, et l'autre à l'occident. Il dit y avoir trouvé par pinte

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Acide carbonique interposé, environ 1, 30o de son volume.

L'eau de la fontaine qui sourd au sud de la Maréquerie contient les mêmes principes, mais en plus grande quantité. Dubuc n'en a point déterminé les proportions, parce qu'elle était presque abandonnée (2).

En 1814, M. Vogel père contesta l'exactitude de cette analyse, et, d'après quelques essais qu'il fit, il avança que les eaux de la Maréquerie contenaient, outre l'acide carbonique, le carbonate de chaux et le carbonate de fer, du sulfate de chaux, du sulfate et du muriate de magnésie. Il concluait par le désir que ces eaux fussent soumises à un nouvel examen (3).

(1) Lepecq de la Clôture, t. I, p. 263.

(2) Analyse de l'eau minérale des fontaines de la Maréquerie, situées à l'est et dans la ville de Rouen. - Annales de Chimie,

t. LVIII, p. 315.

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(3) Vogel. - Annales de Chimie, t. LXXXIX, p. 105. — Note.

Voici la composition que nous avons trouvée, en 1842, M. Preisser et moi, aux eaux de Saint-Paul et de la Maréquerie :

Principes constituants par litre d'eau. S.-Paul. La Maréquerie.

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Le résidu salin de ces eaux, traité par l'alcool, abandonne à ce véhicule une matière d'apparence bitumineuse, que nous avons retrouvée en bien plus grande quantité dans le dépôt ocreux des bassins où les eaux s'écoulent.

Comme on le voit, les eaux de Rouen sont très chargées de fer, et, sous ce rapport, elles peuvent être placées en première ligne parmi les eaux minérales ferrugineuses. Les eaux de la Maréquerie sont même plus riches que les eaux de Forges, et assurément elles ne méritent pas l'abandon dans lequel elles sont tombées depuis longtemps. Elles ont contre elles d'être aux portes de Rouen et d'un trop facile accès.

Aujourd'hui que la médecine paraît accorder aux préparations ferrugineuses une plus grande attention, nos eaux minérales peuvent reprendre avec avantage le rang qu'elles avaient autrefois. Une circonstance doit encore engager les praticiens de Rouen à les préférer à celles qu'on fait venir du dehors. Les eaux ferrugineuses s'altèrent très facilement par le transport; elles laissent déposer, en poudre ou en flocons, une partie des sels, et notamment du fer qu'elles contiennent; leur composition varie donc à chaque instant, et leurs propriétés s'affaiblissent. Or, en employant les eaux de Saint-Paul et de la Maréquerie peu après leur sortie des canaux souterrains, il est bien certain qu'elles offriraient un médicament plus uniforme dans sa constitution et plus constant dans ses effets que les eaux de Forges, qui ne nous arrivent ici que dans un état d'altération plus ou moins avancé. La raison d'économie vient encore appuyer cette substitution que je conseille.

Je serais heureux que toutes ces considérations engageassent les médecins de Rouen à ne plus négliger un agent curatif aussi précieux qu'ils ont sous la main.

DE

LA CALÉFACTION

DES

CORPS LIQUIDES,

PAR M. A. BOUTAN,

Professeur de Physique au Lycée de Rouen.

DISCOURS DE RECEPTION PRONONCE LE 14 JANVIER 1848.

MESSIEURS,

Au moment où je prends, pour la première fois, la parole devant vous, j'éprouve une émotion que j'ai beaucoup de peine à dominer. En présence des hommes d'élite qui composent cette Académie, et qui tous ont fait leurs preuves en matière d'érudition et de savoir, je sens toute l'infériorité que me donnent mon inexpérience et ma jeunesse, et je comprends mieux que jamais tout ce qu'il me faudra d'efforts et de zèle pour justifier votre choix et vous remercier dignement de vos suffrages.

Aujourd'hui même, je ne saurais me dissimuler combien est au-dessus de mes forces la tâche que m'impose le réglement. Votre bienveillance seule pourra prêter quelque

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