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Ils sont remarquables par l'abondance de la matière mucilagineuse qu'ils contiennent.

A l'occasion de la mousse de Jafna, que plusieurs auteurs ont regardée comme la matière première des célèbres nids d'hirondelles salanganes, si recherchés par les gourmets chinois, M. Guibourt examine la question encore si obscure de la nature et de l'origine de ces nids. Il est à peu près certain que ces nids sont formés principalement d'une matière azotée, en partie digérée et dégorgée par les hirondelles salanganes, qui sont très communes sur les rivages de la Cochinchine, de Java et des autres îles de l'Archipel Indien. C'est pour les Chinois le plus restaurant et le plus délicieux des mets dans l'épuisement; le moindre de ces nids, qui ne pèse pas 16 grammes, se paie aujourd'hui plus de 5 à 6 francs, et il s'en fait un commerce prodigieux, de 12 millions de francs au moins, d'après les plus modernes voyageurs (1).

(1) Voici quelques détails sur les nids de salangane (hirundo esculenta), extraits du rapport de M. Girardin; ils complètent les renseignements fournis par M. Guibourt:

« Ces nids, qu'on extrait de cavernes deux fois l'an, sont partagés en trois qualités, dont voici les prix respectifs à Canton :

« La première qualité....... 274 fr. le kilog.

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Coloration

La rainette verte (hila viridis) éprouve fréquem- PHYSIOLOGIE. ment des mutations de coloration passagères et spontanées, absolument semblables à celles que des rainettes, l'on a signalées depuis si longtemps sur les camé- par M. Pouchet. léons, les iguanes et d'autres sauriens; elles sont

Java exporte tous les ans.... 340 piculs de nids (le picul

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« Total. . . . . . . 1,578 piculs ou 212,030 livres, dont la valeur ne peut être au-dessous de 12 millions de francs. "Dans tout l'Archipel Indien, la plupart des cavernes où l'on recueille ces nids précieux appartiennent au Souverain ou à l'Etat, car de simples particuliers ne pourraient pas toujours déployer assez de force pour les protéger contre les attaques des voleurs et des flibustiers.

« Le commerce des nids de la salangane est, sans contredit, le plus lucratif de tous ceux qui existent, car il n'en est aucun où le coût de la matière première et de sa manipulation soit si peu en rapport avec le prix de la vente.

<< Beaucoup d'opinions ont été émises sur la substance qui compose les nids en question. Suivant l'une, la salangane tire de son jabot ou de son estomac, par des efforts analogues à ceux du vomissement, tous les matériaux dont elle compose son nid, et Everard Home a cru reconnaître dans le jabot de cette hirondelle l'organe secréteur de cette sorte de mucus. Mais cette opinion ne s'accorde pas avec le fait bien avéré que les salanganes qui habitent au milieu des terres, volent incessamment par troupes, vers le rivage de la mer, dans la saison où elles construisent leurs nids, et y recherchent une matière muqueuse sous forme de filaments, qu'elles rapportent à leur habitation. Cette matière doit donc entrer dans la fabrication du nid; mais

même parfois tellement remarquables, qu'elles rendent l'espèce tout à fait méconnaissable. Déjà MM. Duméril, Bibron, Dugès et Gervais ont mentionné succinctement ce phénomène. Notre confrère, M. Pouchet, vient d'en compléter l'histoire

quelle peut en être la nature? Suivant les uns, elle est d'origine végétale et se compose de fucus abandonnés sur la plage par la marée descendante, et au nombre de ces fucus on a compté la mousse de Ceylan Suivant les autres, elle est de nature animale et se compose de parties molles de mollusques ou de polypes, auxquelles les salanganes font subir un commencement de déglutition. Cette dernière opinion est conforme à l'examen chimique qui a été fait par Doebereiner de la matière gélatineuse de ces nids, cette substance lui ayant paru être de nature complétement animale et très analogue au mucus.

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Mais, suivant M. Guibourt, la première opinion peut être également vraie, parce que les nids de salanganes varient beaucoup dans leur contexture et par la nature des matériaux dont ils sont formés. On en trouve, en effet, qui sont presque uniquement composés d'une matière gélatineuse demi-transparente, dure, compacte et continue, comme une membrane desséchée; ce sont les plus estimés, et c'est à cette sorte de nid que se rapporte l'analyse de Doebereiner. D'autres offrent une sorte de réseau formé de cette même matière gélatineuse, d'algues marines et même de lichens terrestres, auxquels la première substance sert de ciment. D'autres, enfin, paraissent privés de matière gélatineuse et sont complètement rejetés comme aliments.

«M. Guibourt donne la description exacte d'un nid de salangane qui appartient à l'Ecole de Pharmacie de Paris, et l'examen de ce nid lui suggère une explication de la différence peu commune de texture et de composition que l'on observe dans les nids d'une même espèce d'oiseau. Il pense que les salanganes sont d'autant plus portées à composer leurs nids d'une matière gélatineuse continue qui, une fois desséchée à l'air, devient complètement imperméable, qu'elles habitent plus près des bords de la mer,

en étendant le cercle de leurs observations et en expliquant le mystère de cette mutabilité de couleur à l'aide de l'étude de la structure microscopique de l'appareil cutané.

parce qu'elles sentent la nécessité de mettre leurs œufs et leurs petits à l'abri de l'air froid et chargé de vésicules salées, qui s'élève des rochers battus par les vagues; tandis que celles qui construisent leurs nids dans des lieux éloignés du rivage, ou dans des cavernes abritées du vent de mer, éprouvent un moins grand besoin d'employer cette même substance, et se contentent d'en former un réseau ou un ciment non continu.

« Au surplus, ces nids si vantés, formés principalement d'une matière azotée, en partie digérée et dégorgée par des oiseaux, ne peuvent avoir de prix que pour des peuples auxquels des idées religieuses prescrivent de ne pas se nourrir de chair, ou qui vivent dans une grande pénurie de substances alimentaires.

« C'est par suite des mêmes motifs et des mêmes goûts que les Chinois et les Japonais recherchent avidement ces mollusques et zoophytes gélatineux qui couvrent les mers de l'Archipel Indien, autour des Philippines et des îles de la Sonde jusqu'à la NouvelleGuinée. C'est dans ces parages qu'une multitude de pêcheurs se rendent pour y recueillir des trépangs (holoturia tubulosa), des vélelles, des concombres de mer, priapules et autres holothuries (pudendum regale), ou des actinies (potta marina), etc., qui semblent justifier la belle allégorie de la naissance de Vénus Anadyomène au milieu de l'écume fécondante de l'Océan. C'est effectivement l'opinion générale, en Chine et au Japon, que toutes ces productions si gélatineuses sont éminemment analeptiques et capables d'accroître la fécondité. On prépare, dans ces régions, des aliments restaurants analogues avec divers mollusques et poissons; on y mange jusqu'à certaines espèces de sangsues et les sipunculus edulis ou d'autres vers gluants. Il est probable que les épices stimulantes dont on assaisonne ces singuliers mets ajoutent à leurs propriétés et en déguisent la saveur peu agréable ou même l'insipidité. »

ciale du cœur

de l'esturgeon,

par

La dissection démontre dans la peau des rainettes quatre couches bien distinctes : l'épiderme, la couche colorante superficielle, la couche colorante profonde et le derme. Notre confrère a étudié anatomiquement ces diverses parties, et a parfaitement démontré que la mutabilité de coloration dépend entièrement des phénomènes qui se manifestent dans la couche colorante profonde, qui se compose d'un pigmentum noirâtre contenu dans des lacunes qui, lorsqu'elles sont isolées, représentent des houppes stelliformes ou penicilliformes, dont les divisions s'entrelacent à l'infini et viennent se terminer dans les mailles du résidu cutané.

Le travail de M. Pouchet établit donc que les phénomènes physiologiques de la mutabilité de coloration des rainettes ont les mêmes causes que ceux des caméléons, dont le mystère a été dévoilé par M. Milne-Edwards; seulement, dans les grenouilles, la couche colorante profonde est composée, non de vésicules, mais de houppes pénicilliformes ou stelliformes.

Structure spé- Une autre communication de physiologie et d'anatomie comparées nous a été faite par M. le docteur Parchappe. Elle est relative à la structure M. Parchappe. spéciale du cœur de l'esturgeon, que notre nouveau confrère a pu étudier sur le cœur d'un esturgeon de 2 mètres de longueur, apporté vivant à l'asile des aliénés, vers la fin de mai dernier

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