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à une masse liquide pour l'abaisser jusqu'à 160° au-dessous de 0°, peut se calculer comme si cette masse restait liquide, et sans que l'on ait à se préoccuper des changements d'état et de chaleur spécifique.

Il y a donc quelque chose de tout à fait particulier pour cette température de 160°. Comment se fait-il que la différence des deux chaleurs spécifiques, additionnées depuis ce degré jusqu'au point de fusion, reproduise précisément la chaleur latente? Comment se fait-il que la chaleur contenue dans une masse qu'on prend liquide et qu'on refroidit jusqu'à ce point de 160°, puisse se calculer simplement par la chaleur spécifique du liquide, et sans connaître celle du solide ni la chaleur latente? Pourquoi toujours 160°, et pas une autre température?... C'est que, comme il le démontrera dans un second mémoire, à 160° au-dessous de 0°, il n'y a plus, d'après M. Person, de chaleur dans les corps.

« Si une pareille conséquence était bien démontrée, il faudrait, dit M. Boutan, singulièrement modifier nos idées sur la constitution des corps, car s'il n'y a plus de chaleur à 160°, il n'y a plus de force répulsive entre les molécules; l'attraction moléculaire n'est plus contrebalancée par une action opposée, et un équilibre nouveau devrait se produire sous l'effort de cette force unique. Mal

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heureusement, il est impossible d'étudier les corps sous ce nouvel état, car la plus basse température que nous puissions produire ne dépasse pas 100° au-dessous de 0°. »

L'Académie a donné son entière approbation à un mémoire qui a introduit dans la science une loi nouvelle, qui est riche de faits curieux, et qui a exigé de son auteur de savantes et consciencieuses recherches.

M. Preisser a continué d'enregistrer tous les faits Observations

météoro

qui sont du ressort de la physique météorologique. logiques L'Académie a voté l'impression de ces observations de M. Preisser. dans le Précis de 1848.

CHIMIE.

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Analyse chimique des eaux qui alimentent

les fontaines publiques de Paris,

Il n'est pas indifférent, au point de vue de l'hygiène et de la salubrité publiques, de faire servir toute espèce d'eau aux besoins d'une ville, car toutes celles qui sont à la surface du sol ne sont pas également propres à servir de boisson. En raison de cette circonstance, il y a utilité pour les administrations publiques de n'entreprendre de travaux par MM. Bouhydrauliques qu'après avoir consulté la science. Hâtons-nous de le déclarer, partout les administrations font un appel au bon vouloir des chimistes, des physiciens, des médecins, des naturalistes, pour toutes les questions d'hygiène et de salubrité, et partout aussi le régime des villes va en s'amé

tron-Charlard et O. Henry.

liorant. L'étude des eaux a surtout beaucoup préoccupé depuis quelques années et les chimistes et les autorités locales. A Lyon, à Grenoble, à SaintEtienne, à Marseille, à Besançon, à Rouen, à Paris, on a analysé les eaux, étudié les divers systèmes pour établir, améliorer ou augmenter les distributions d'eau potable, ou remédier aux inconvénients qui étaient survenus dans le régime habituel des réservoirs et des fontaines publiques.

Parmi les travaux de ce genre, nous pouvons citer, comme l'un des plus intéressants, celui qui a été exécuté par deux membres correspondants de notre Académie, MM. Boutron-Charlard et Henry, qui, sur l'invitation du préfet de la Seine, ont consacré trois années à l'analyse comparative de toutes les eaux artésiennes, de rivières et de sources, qui alimentent les fontaines de la capitale.

De toutes ces eaux, les plus pures sont celles du puits artésien de Grenelle, qui proviennent d'une profondeur de 547 mètres, avec une température de+28°. En second lieu, arrivent les eaux de la Seine, puis les eaux de la Marne, la source d'Arcueil, l'eau du canal de l'Ourcq (alimenté par la rivière de ce nom et par neuf petits cours d'eau qui ont chacun leur nom particulier), les eaux de la Bièvre, et, en dernier lieu, les sources des PrésSaint-Gervais et de Belleville. Dans toutes ces eaux, les sels qui prédominent sont les bicarbonates de

chaux et de magnésie, le sulfate de chaux et le sel marin; seulement, le sulfate l'emporte sur le carbonate de chaux dans les eaux de 'sources, ce qui est le contraire pour les eaux des rivières. Dans toutes, il y a des traces de nitrates alcalins, de sels de potasse, de matière organique, de silice, d'alumine et d'oxyde de fer. Dans les sources de Belleville et des Prés-Saint-Gervais, on a reconnu le sulfate de strontiane.

L'eau de la Seine ne paraît pas avoir subi de changement notable dans sa composition depuis trente ans. Elle est toujours plus impure en aval qu'en amont de Paris, et, suivant nos deux collègues, elle n'offrirait aucune différence sur ses deux rives, contrairement à l'assertion de Vauquelin. S'il y a doute sur ce fait curieux, pour l'eau de la Seine dans l'intérieur de Paris, il n'existe pas pour Rouen, car sur la rive droite l'eau est beaucoup plus impure que sur la rive gauche, ainsi que M. Preisser et moi l'avons constaté en 1842. Comme à Paris, l'eau de la Seine à Rouen est plus chargée de matières étrangères en aval qu'en amont; mais, dans tous les cas, elle est sensiblement plus pure à Rouen qu'à Paris, ce qui dépend de ce que, pendant son long trajet entre ces deux villes, elle a laissé déposer une partie de la silice et du carbonate de chaux qu'elle tenait d'abord en dissolution.

Composition

de l'une de plusieurs

sources

de Vichy, et réflexions sur la manière

Les eaux de la Seine sont, depuis longtemps, gratifiées d'une propriété laxative qui se fait surtout remarquer sur les étrangers pendant les premiers temps de leur séjour à Paris. MM. Boutron et Henry doutent fort de l'existence de cette propriété, et ils sont disposés à reconnaître pour causes du trouble apporté dans les fonctions digestives chez les nouveaux arrivants, les fatigues d'une longue route, le changement de climat, de nourriture, d'exercice et d'habitudes.

Le mémoire de MM. Boutron et Henry, riche de faits scientifiques et de renseignements intéressants au point de vue de l'hygiène, est terminé par des conclusions à l'usage de l'administration municipale de Paris, et dont celle-ci, sans aucun doute, fera un bon profit dans l'intérêt des habitants de la capitale. Nos confrères ont donc rempli d'une manière très utile et très remarquable la lourde tâche qui leur avait été imposée en 1844 par M. de Rambuteau; aussi l'Académie a-t-elle accordé son approbation au travail de ses correspondants de Paris.

Nous devons à M. O. Henry de bonnes Observations sur la composition chimique de l'eau de plusieurs sources de Vichy, et des réflexions fort justes sur la manière d'envisager la composition des eaux minérales.

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