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riques et les causes des épidémies. L'abbé Mongez exposait à l'Académie la méthode à suivre dans les observations météorologiques (t. IV, p. 200); le docteur Morel insistait sur l'utilité de ces travaux (t. V, p. 90), et Lepecq de la Cloture en faisait une utile application à l'hygiène publique (ibid, p. 56, 64, 77, 80 et 82).

« La Révolution interrompit ces paisibles études, mais lorsque les passions politiques se furent calmées, lorsque l'autorité tutélaire du Premier Consul donna à la France la sécurité et la gloire, les Académies et les Ecoles se rouvrirent. Notre Académie reprit ses travaux en 1803, à l'époque même où le Lycée Impérial substituait un enseignement régulier aux cours un peu anarchiques des Ecoles centrales. L'étude des sciences physiques prit alors dans l'enseignement le rang qui répondait à son importance dans la Société. Les anciennes Universités ne lui avaient donné qu'une place secondaire. Dicter un cahier latin sur les lois de la matière et des corps, énoncer des théories surannées sur le vide et les tourbillons, s'appelait enseigner la physique. Il n'était pas question d'expériences pour rendre la vérité palpable, bien moins encore de ces méthodes sures, et d'une précision si parfaite dont vous venez d'exposer à l'Académie un remarquable exemple. Dans la nouvelle Université, les sciences prirent un rang plus convenable, et

notre Académie qui n'avait pas attendu cette impulsion centrale, reprit ses travaux de physique sous l'influence d'un homme qui a trop marqué dans l'existence de cette compagnie pour que je ne m'y arrête pas un instant.

« M. Vitalis, né à Bar-sur-Aube, en 1757, successivement professeur aux Collèges de Langres (de 1781 à 1785), et de Chartres (de 1785 à 1793), et à l'Ecole centrale de cette dernière ville (jusqu'en 1802) (1), fut appelé à Rouen en 1802. C'était un esprit facile et élégant; son instruction, peut-être superficielle, mais variée et appropriée à l'état d'une Société qui renaissait à la vie intellectuelle, et qui avait besoin d'une nourriture légère et agréable. M. Vitalis fut chargé de l'enseignement des sciences physiques au Lycée Impérial, et choisi par l'Académie pour secrétaire perpétuel de la Classe des Sciences; il a rempli ces dernières fonctions pendant près de 20 ans (1803-1822), et, comme il fut nommé quelque temps après professeur de chimie industrielle à l'Ecole municipale de Rouen, on peut dire, sans exagération, qu'il a été, à Rouen, pendant de longues années, le principal représentant des sciences physiques. Dans ces diverses fonctions, il montra toujours ses heureuses

(1) Ces dates sont prises dans les registres de l'Académie universitaire.

qualités de vulgarisateur; tous ceux qui ont entendu ses ingénieuses leçons s'accordent à dire que jamais la science ne se déguisa sous un langage plus agréable. Il a été le maître d'une génération nombreuse et reconnaissante, et lui a enseigné à vivifier l'industrie par les principes de la chimie et de la physique. A l'Académie, la variété de ses connaissances, la justesse de ses appréciations convenaient parfaitement aux fonctions qu'il remplissait; aussi, a-t-il laissé dans cette ville et dans cette enceinte une mémoire aimée, et je lui ai d'autant plus volontiers donné quelques mots de souvenir que nos Précis attendent encore une notice biographique sur M. Vitalis, et une appréciation complète des services qu'il a rendus à la science et à l'Académie. M. Vitalis est mort en 1832.

« Les successeurs de M. Vitalis au Collège de Rouen et à l'Ecole municipale reçurent de l'Académie le même accueil. M. Lacaux, qui ne fit que passer dans la chaire de physique du Collège royal, siégea cependant dans cette Académie, et nos Précis contiennent plusieurs de ses mémoires. Je n'insisterai ni sur M. Cazalis, ni sur M. Person, auquel vous avez rendu un juste hommage; nous avons tous pu apprécier leur instruction solide, leur esprit sagace et leur méthode sévère. L'Académie a dû à ces savants et aux professeurs de l'Ecole mu

Recherches

latente

de fusion,

nicipale de se maintenir toujours au niveau des sciences physiques.

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Un autre mémoire de physique pure, non moins sur la chaleur important que celui de M. Boutan, est celui que M. Person nous a envoyé de Besançon. Il a pour par M. Person. titre Recherches sur la chaleur latente de fusion. Notre savant confrère s'est proposé de vérifier expérimentalement une relation très simple qui lie, selon lui, la chaleur latente d'un corps avec sa chaleur spécifique. Cette loi nouvelle conduit à des conséquences fort curieuses et à des données importantes sur la force moléculaire et sur la constitution intime des corps.

M. Person a opéré la détermination des chaleurs spécifiques et latentes de l'eau, du phosphore, du soufre, des nitrates de soude et de potasse. Si le mode d'expérimenter qu'il a employé n'est pas nouveau, il a introduit du moins dans la méthode des mélanges plusieurs modifications heureuses qui amènent des corrections nombreuses et importantes. Des résultats obtenus, il a cru pouvoir tirer cette loi : La chaleur latente de fusion est la différence des chaleurs spécifiques à l'etat solide et à l'état liquide, prise autant de fois qu'il y a de degrés depuis le point de fusion jusqu'au 160° au-dessous de zéro.

Dans le cours de ses recherches, M. Person a constaté plusieurs faits curieux que voici :

-La chaleur latente de l'eau n'est pas constante, comme on l'avait cru jusqu'ici; elle varie avec la température, et dans une limite de 5 unités de chaleur. Le point de fusion du soufre varie avec la manière de le chauffer; les écarts vont de 110° à 115°. Le nitrate de soude présente, quoiqu'à un plus faible degré, le singulier phénomène de surfusion découvert par Faraday dans le soufre, M. Person a de nouveau reconnu.

et que

Notre confrère a cherché à confirmer par le calcul tous les résultats de l'expérimentation directe, pour les cinq substances qu'il a examinées. Les différences entre les nombres qui représentent la chaleur latente calculée et la chaleur latente observée, sont très faibles et tout à fait dans les limites des erreurs possibles d'observation. En raison de cet accord remarquable pour des substances aussi diverses de nature et de propriétés, et dont les chaleurs latentes varient si considérablement, de 5 à 79 unités de chaleur, M. Boutan est disposé à admettre, avec l'auteur, la généralité de la relation qui existerait, d'après ce dernier, entre les deux sortes de chaleur des corps. Toutefois, il réclame de nouvelles recherches sur le phosphore.

M. Person, en terminant son curieux travail, donne à sa loi une expression nouvelle, qui découle, du reste, directement du premier énoncé. Voici cette expression: La chaleur qu'il faudrait enlever

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