Voici un second recueil de fables, que je présente au public. J'ai jugé à propos de donner à la plupart de celles-ci un air et un tour un peu différent de celui que j'ai donné aux premieres, tant à cause de la différence des sujets, que pour rempiir de plus de va riété mon ouvrage. Les traits familiers que j'ai semés avec assez d'abondance dans les deux autres par= ties (1) convenoient bien mieux aux inventions d'Esope qu'à ces dernieres, où j'en use plus sobrement pour ne pas tomber en des répétitions; car le nombre de ces traits n'est pas infini. Il a donc fallu que j'aie cherché d'autres enrichissements, et étendu davantage les circonstances de ces récits, qui d'ailleurs me sembloient le demander de la sorte. Pour peu que le lecteur y prenne garde, il le reconnoîtra lui-même : ainsi je ne tiens pas qu'il soit nécessaire d'en étaler ici les raisons, non plus que de dire où j'ai puisé ces der niers sujets. Seulement je dirai, par reconnoissance, que j'en dois la plus grande partie à Pilpay, Sage indien. Son livre a été traduit en toutes les langues. Les gens du pays le croient fort ancien, et original à l'é (1) Ces deux parties contiennent les six premiers lires de ses fables. gard d'Esope, si ce n'est Esope lui-même sous le nom du sage Locman. Quelques autres m'ont fourni des sujets assez heureux. Enfin, j'ai tâché de mettre en ces deux dernieres parties toute la diversité dont j'étois capable. Il s'est glissé quelques fautes dans l'impression. J'en ai fait faire un errata (2), mais ce sont de légers remedes un défaut considérable. Si on veut avoir pour quelque plaisir de la lecture de cet ouvrage, il faut que chacun fasse corriger ces fautes à la main dans son exemplaire, ainsi qu'elles sont marquées par cha= que errata, aussi-bien pour les deux premieres parties que pour les dernieres (3). (2) Outre un errata pour chacune des quatre parties de l'édition de 1678, revue et publiée par La Fontaine, il y a fait faire quelques cartons, soit pour ajouter un vers à un autre qui se trouvoit sans rime, soit pour en changer un par une correction très heureuse. (3) Ces fautes, remarquées par La Fontaine dans l'édition citée note précédente, ont été corrigées dans celle-ci avec la plus scrupuleuse exactitude. DE MONTESPAN. L'APOLOGUE est un don qui vient des immortels ; Ou si c'est un présent des hommes, Nous devons tous, tant que nous sommes, Le sage par qui fut ce bel art inventé. C'est proprement un charme : il rend l'ame attentive, Qui menent à son gré les cœurs et les esprits. C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix; Dont vous ne connoissiez jusques aux moindres traces: Mais il faut réserver à d'autres cet emploi ; Olympe, c'est assez qu'à mon dernier ouvrage |