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Cette manière d'énoncer ainsi l'adjectif avant d'avoir exprimé l'objet excepté, vu, supposé, attendu, forme une espèce de noud. On apprend d'abord qu'il y a quelque chose d'excepté, de vu, d'ouï, etc. On découvre ensuite quelle est la chose ouïe, vue, exceptée.

16°. POURVU QUE.

Une femme est toujours aisée à gouverner, pourvu que ce soit un homme qui s'en donne la peine. a

Ils avouent de bon cœur que les autres peuples sont plus sages qu'eux, pourvu qu'on convienne qu'ils sont mieux vêtus. c

Plus il y a d'hommes dans un pays, pourvu qu'ils soient laborieux, plus ils Tombe sur moi le ciel, pourvu que je me venge, jouissent de l'abondance. b

C'est la même analogie que dans le n°. précédent. Une femme est aisée à gouverner, ceci étant pourvu, savoir, qu'un homme s'en donne la peine.

17o. EU, suivi d'un autre adjectif passif.

Exemples.

Construction.

J'avais beaucoup d'affaires; quand je les ai cu terminées, je suis parti.

Quand j'ai elles eues terminées.

Il est de fait que eu, suivi d'un autre adjectif passif, reste toujours invariable. Ce qui, dans la phrase citée et autres semblables, est une violation évidente du grand principe, et c'est la seule exception qu'il souffre. C'est probablement par euphonie qu'on a négligé l'accord. Ce cas a peut-être quelque ressemblance avec nu-pieds, nu-téte.

Cependant on écrirait : Les pommes d'api que vous m'avez envoyées, je les ai reçues gátées, je les ai eues gâtées, c'est-à-dire, je les eues qui étaient gátées.

RÉSUMÉ.

Il est donc prouvé que l'adjectif passif s'accorde avec un substantif passif exprimé ou sous-entendu. C'est-à-dire que l'adjectif passif, dit

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participe passé, dit participe passif, dit supin, etc., est toujours un adjectif passif. Quoique ce point de grammaire ne laisse pas de présenter quelques difficultés de détails, et qu'il fût bon de faire quelques applications du principe, nous serions honteux d'avoir donné à cet article une si grande étendue, si, tout en défesant les travaux de nos modernes Augias, nous n'avions un peu dédommagé le lecteur par la beauté des exemples que nous avons cités.

SOUS-CHAPITRE II.

DU MODIFICATIF CONNU SOUS LE NOM DE VERBE.

On a vu, dans l'idéologie, page 91 et suivantes, qu'on distingue dans le verbe cinq sortes d'idées accessoires; savoir, de voix, de mode, de temps, de personne et de nombre.

D'où la subdivision de ce sous-chapitre en cinq paragraphes.

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Les Latins, qui disent DUCUNT, ils conduisent, DUCUNTUR, ils sont conduits, AMANT, AMANTUR, etc., ont réellement deux voix dans leurs verbes, la voix active et la voix passive. Mais nous, qui n'exprimons jamais par nos verbes que l'idée d'activité, et qui, pour rendre

@ PASUAL. 110. Let prov.

Coxx. Cina. 3, .

C LA BRUY. 4.

d LAROCHEP. Max, 180.

les mots latins ducuntur, amantur, avons besoin d'employer une phrase, nous n'avons point de voix passive, ou, comme on dit encore plus improprement, de verbes passifs. Car une phrase n'est pas un mot, et ne peut être un verbe; et, comme dit M. d'Estarac, pag. 203, tom. 2, je suis aimé, être aimé, n'est pas plus un verbe passif, que étre malade, je suis malade.

Ce paragraphe finit donc là. S'il n'y avait qu'une couleur, dit Condillac, on n'aurait jamais cherché à lui donner un nom. A proprement parler, nous n'avons point de voix, parce que nous n'en avons qu'une; encore ignorerions-nous que nous l'avons, si nous ne connaissions des langues où il y en a deux. Là où il n'y a pas de choix, la syntaxe n'a rien à démêler. Quand on emploie le verbe, c'est nécessairement un mot actif, puisque notre langue n'en a pas d'autre. Quant à la phrase qui traduit le passif des langues qui ont des voix, on l'emploiera lorsque le sens l'exigera. Elle a cela de commun avec toutes les autres combinaisons de mots, dont le nombre est immense.

PARAGRAPHE II.

On a vu, Idéologie, pag. 95, qu'il y a deux grandes manières d'employer le verbe, lorqu'il exprime l'idée de première, de seconde ou de troisième personne, comme dans je frappe, tu frappes, il frappe, etc.; ou lorsqu'il représente l'action d'une manière abstraite, sans rapport à aucune personne. D'où la division des modes en personnels ou impersonnels.

SOUS-PARAGRAPHE Ier.

DES MODES IMPERSONNELS.

Puisque nous n'avons pu regarder comme des modes du verbe l'adjectif actif, tel que frappant, ni l'adjectif passif, tel que frappé, nous n'avons donc qu'un seul mode impersonnel, celui qui est vul gairement appelé infinitif.

MODE IMPERSONNEL, dit INFINITIF.

Avant de donner des exemples pris dans les auteurs, nous allons prendre un infinitif, et le présenter dans ses différents emplois.

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On voit, par les exemples et les analyses ci-dessus, que lire exprime une action, tantôt relative à une première, tantôt à une seconde ou une troisième personne, tantôt à un singulier, tantôt à un pluriel, et qu'il peut être résolu par un mode personnel, l'indicatif, le suppositif ou le subjonctif.

Nous allons rassembler dans un cadre resserré les différents emplois de ce mode, en continuant à nous servir du mot lire.

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Suite.

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C'est-à-dire, nous croyons que nous lisons un bon livre.

C'est-à-dire, nous savons que nous

lisons.

C'est-à-dire, nous voulons que nous

lisions.

C'est-à-dire, nous pouvons ceci, savoir que nous lisions.

C'est-à-dire, nous devons que nous lisions ce soir.

C'est-à-dire, nous espérons que nous

lirons.

C'est-à-dire, nous allons à cette ac tion, qui est que nous lisions.

C'est-à-dire, nous promettons que nous lirons.

C'est-à-dire, on nous permet que nous lisions.

C'est-à-dire, on nous conseille que nous lisions.

C'est-à-dire, on nous invite à ce que nous lisions.

C'est-à-dire, on nous donne des livres, à cette fin que nous lisions. C'est-à-dire, l'envie que nous lisions. C'est-à-dire, il nous est utile que nous lisions.

C'est-à-dire, il est utile qu'on lise. C'est-à-dire, qu'on lise trop ou qu'on lise trop peu, ce sont deux défauts. C'est-à-dire, il faut qu'on lise. C'est-à-dire, pour que nous lisions. C'est-à-dire, sans que nous lisions. C'est-à-dire, on nous entendra que nous lirons.

C'est-à-dire, on nous verra que nous

lirons.

C'est-à-dire, on entendra qu'on lira nous par un philosophe.

Ici l'infinitif est pris substantivement

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