observateurs eussent dû faire venir la nôtre, et non d'un mot qui n'a avec elle aucun trait matériel de ressemblance.

Ceux qui ont rendu de grands ser- Il n'était point de ces fiers perroquets vices à leur patrie ont été presque tou-Que l'art du monde a rendus trop coquets. k jours funestes à la liberté.

Dans la première colonne, on est pressé de dire d'abord qu'on a découvert, laissé, donné, vendu, etc., sans spécifier ce qui a été vendu, donné, laissé, découvert, ce qui entraîne nécessairement l'idée de quelque chose de vendu, donné, laissé, etc.; et c'est avec ce quelque chose que se fait l'accord.

Quand ensuite on nomme l'objet découvert, laissé, donné, etc., c'est trop tard, puisqu'un premier accord est déjà fait.

Avec un peu d'attention, il est impossible de méconnaître les deux ellipses; découvert n'ayant point de substantif exprimé, il faut lui en trouver un. Comme c'est l'entrevue qui est la chose découverte, et que l'adjectif féminin n'est pas exprimé, il faut donc qu'il soit sousentendu.

SUITE,

Ou adjectif passif dérivé d'un verbe neutre, ou d'un verbe pris dans un sens absolu.

Le dieu qui vous inspire a marché devant moi, d❘ Mes amis ont parlé, les cœurs sont attendris. i

Où la mouche a passé le moucheron demeure.

в

La fille, dit la loi, a crié et n'a point été entendue. k

Dans l'une et l'autre colonne, l'adjectif passif n'a point de substantif exprimé auquel on puisse en faire le rapport; il ne doit done être d'aucun genre. Qu'importe, après cela, qu'il vienne d'Auteuil ou de Pontoise, ou, comme disent les grammairiens, qu'il dérive d'un verbe neutre qui n'a jamais de régime (295), ou d'un verbe

(295) Le régime d'un verbe ne peut être que celui que les grammairiens appèlent direct ou accusatif. Car si le verbe est suivi d'une préposition à ou de, etc., le substantif est régime de cette préposition, et non pas du

actif qui, par accident, n'en a point, et qui est pris dans un sens absolu, comme dans elle a fini? Dans l'une et l'autre circonstance, l'absence d'un substantif passif étant constatée, tout est trouvé, et il ne se présente rien de nouveau. Ce n'est toujours que l'application du même principe, de la même règle (296). Il est donc inutile de s'engager dans le dédale des distinctions: car ici, comme dans toutes les circonstances où s'emploie l'adjectif passif, tout se réduit à la connaissance d'un fait:

α

<< Le substantif passif est-il exprimé, et l'est-il à temps? ou n'est» il pas exprimé (297)? »

NUMÉRO V,

Ou de l'adjectif passif suivi d'un autre adjectif, ou d'un substantif pris qualificativement.

Dieu nous a faits justes. a

Fait.

Voilà ceux que j'ai faits les maîtres des humains.

b

Combien de fois a-t-elle remercié Dieu... de l'avoir faite chrétienne... de l'avoir faite reine malheureuse! c

(296) M. Bescher, dans son excellent traité du participe, donne la liste complète des verbes neutres, commençant par abonder et finissant par voyager. Elle est de près de douze cents verbes. C'est bien sans contredit la partie la moins utile de son ouvrage. Qui ira apprendre douze cents mots épars pour s'éviter la peine de penser? car le sens suffit presque toujours pour faire connaître quand un verbe peut ou ne peut pas avoir de régime. Un peu d'usage fait le reste; et qui peut se flatter de pouvoir écrire et parler une langue sans un peu d'usage?

(297) Les distinctions que font les grammairiens sont souvent aussi difficiles que superflues. Par exemple crier, parler, sont pour eux des verbes neutres, c'est-à-dire des verbes qui n'ont point de régime. Cependant on dit les meubles que l'huissier a criés, la langue que Cicéron a parlée. Pourquoi, encore une fois, s'embarrasser dans de tels labyrinthes? La nature ne nous a-t-elle pas donné la raison? Qu'avez-vous besoin des mystères et des révélations des grammairiens, que certes n'a point inspirés l'ESPRIT de lumière ?

Elle n'avait que deux filles, elle les a faites religieuses. a

La Grèce en ma faveur est trop inquiétée.
De soins plus importants je l'ai crue agitée. b

On a dit de Ninon qu'elle s'était faite homme, i

Elles se sont faites religieuses.

Les Romains, pour maintenir la dis

La jeunesse de Smyrne, qui l'a vue si cipline militaire, s'étaient crus obligés fière si insensible trouve, que les dieux l'ont trop punie. c

Quel droit vous a rendus maîtres de l'Univers?

d

On a cru lui avoir rendu son embonpoint, et il l'a seulement rendue bouffie. e

Dans son air languissant je l'ai trouvée aimable.

de répandre le sang de leurs propres
enfants et des premiers officiers de l'ar-
mée (*).

J'allais me déclarer sans l'offre d'Aristie.
Non que ma passion s'en soit vue ralentie. k

Je demandai à Narbal pourquoi les Phéniciens se sont rendus maîtres du commerce. L

Vous vous êtes rendus les esclaves fdes hommes frivoles que vous aviez

Dans la première colonne, l'adjectif passif est construit avec avoir; il l'est avec un verbe dit pronominal dans la seconde. Dans toutes les deux, il est suivi d'un autre adjectif, tantôt qualificatif, tantôt passif. Souvent il est suivi d'un substantif opposé. Qu'importe tout cela? Comment a-t-on pu s'imaginer qu'un second adjectif pût empêcher que le premier ne suivit la loi éternelle des rapports? De ce qu'on donne à un substantif plusieurs attributions, s'ensuit-il qu'il n'en ait plus qu'une? Nous rougirions d'entretenir nos lecteurs de semblables visions, si nous ne savions qu'on les professe encore sérieusement dans une grande partie de nos écoles publiques, livrées de temps immémorial à l'ignorantisme. Que les grammairiens lisent nos auteurs,

et qu'ils cessent d'improviser des rêveries également contraires à la saine idéologie et aux faits (298).

NUMÉRO VI,

Ou de l'adjectif passif, suivi du nom primordial ou sujet.

C'est ordinairement la peine que s'est Le roi n'a rien trouvé de plus ferme donnée UN AUTEUR à limer, à perfec- dans son service que ces catholiques si tionner ses écrits, qui fait que le lec-haïs, que lui avait sauvés la REINE SA teur n'a point de peine en le lisant. a mère. h

(298) Nous savons bien qu'on trouve quelques exemples de la prétendue règle de Restaut; mais ce sont presque tous des licences poétiques. Et puis, quand le nombre des exemples serait égal de part et d'autre, la raison ne doit-elle pas l'emporter ? Qu'y a-t-il en effet de plus dissonant que deux adjectifs prononces, affirmés du même substantif avec lequel l'un s'accorde et l'autre ne s'accorde pas?