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Alors ces adjectifs ne sont jamais employés que comme qualificatifs. Plusieurs d'entre eux ont aussi la forme en ant, et sont adjectifs actifs, gérondifs et participes: tel est, par exemple, président.

« Mirabeau a été l'un des présidents de l'assemblée constituante. » Mirabeau, présidant l'assemblée constituante, fit aux quakers » cette belle réponse que tout le monde connaît. Mais ce n'est pas » en présidant cette assemblée qu'il prit l'initiative, et qu'il répondit » au duc de Brézé, qui apportait une ordonnance de dissolution : » Va dire à ton maître que nous sommes ici par la volonté du » peuple, et que nous n'en sortirons que par la puissance des baïon»nettes; réponse qui fut différemment qualifiée, mais dont l'effet électrique influa pour jamais sur nos destinées. >>

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Nous remarquerons aussi qu'un certain nombre de participes latins, et même d'adjectifs français primitivement participes, ne sont plus employés que comme adjectifs verbaux, et par ellipse, comme substantifs. Tels sont :

Amant, qui vient d'amans.

Savant, qui vient de savoir, etc., etc.

D'où il résulte que la classe des adjectifs actifs, considérés dans leur origine et leurs emplois, est beaucoup plus nombreuse qu'on n'avait pu se le figurer au premier coup d'œil.

Séant, séante, etc.

Le parlement était alors séant à Tours.

a

C'est un homme qui fréquente la cour de justice séante au palais.

Cette parure n'est pas séante à son âge. b

Séant, séante ne s'emploie que comme adjectif verbal.

Lorsqu'on veut exprimer l'actualité ou la circonstance, on se sert de siégeant. On dira la cour royale de Paris, sié geant à Versailles, a prononcé...

La cour royale siégeant en robes ronges. c

Il y a certains adjectifs actifs qui s'emploient beaucoup plus souvent comme adjectifs verbaux que comme participes. Mais, en géné

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ral, il n'y a qu'un petit nombre d'adjectifs actifs qui puissent être employés comme adjectifs verbaux.

Voici une liste de ceux qui reparaissent le plus souvent.

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Qui enseignera tout cela? Fera-t-on des listes? Mais comment les Laire complètes, et puis comment les apprendre? Pourquoi d'ailleurs vouloir planter des bornes dans un champ qui doit rester illimité? L'adjectif actif, quelque emploi qu'on en fasse, sera toujours bien employé, s'il fait bien ressortir l'idée qu'on veut peindre.

Les phrases usuelles suivantes sont contraires à l'analogie.

Les Juifs apprirent la langue chal-f daique, fort approchante de la leur, et qui avait presque le même génie. a Une ville appartenante aux Hollan

dais, b

Il apprit que quelques officiers de ses troupes appartenants aux premières familles d'Athènes, méditaient une trahison en faveur des Parthes. d

Il a pour objet deux choses mobiUne requête tendante à ce qu'il plaise liaires appartenantes à deux maîtres.

à la cour. c

la

e

Ces phrases, et quelques autres semblables, ont été introduites dans la langue, et sont devenues usuelles: cependant on sent qu'elles sont contraires à l'analogie. L'adjectif actif y est suivi du régime, et y fonctionne comme verbe. On dirait : La langue chaldaïque, langue qui approche beaucoup de la leur; une ville qui appartient aux Hollandais; une requête qui tend à ce qu'il plaise.

BassURT. Hist. univ. & VOLT, (*)

C ACAD..

d BARTHELEMY.

e BERTRAND.

PARAGRAPHE V.

DE L'ADJECTIF PASSIF,

Dit participe passif, dit participe passé, dit supin.

C'est ici le grand triomphe de l'ignorance. Elle a rassemblé autour de cet adjectif mille fantômes de difficultés, dont elle s'est effrayée elle-même. De là ces volumes de règles et d'exceptions, et les pancartes synoptiques qui communiquent la terreur jusqu'aux étrangers, étonnés de voir dresser un tel appareil pour leur faire éviter des fautes qu'ils ne songeaient pas à commettre.

Nous démolirons pièce à pièce ce triste édifice; mais, pour échap

per à l'ennui que nous causerait un semblable travail, nous ouvrirons, non point les livres des grammairiens, mais les dépôts de la belle littérature; et, tout en parcourant un cadre d'erreurs, en réfutant de vaines et froides théories, nous enrichirons l'esprit et la mémoire de nos lecteurs, de faits précieux, qui les formeront à l'analogie, dont l'empire est toujours aussi doux qu'il est irrésistible.

Nous nous permettrons seulement la fabrique des premiers exemples, afin de pouvoir démontrer avec plus d'avantage les deux seules manières dont s'emploie cet adjectif.

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Plus tard, nous accumulerons les citations pour remplir le cadre des distinctions imaginaires multipliées par les grammairiens, et nous verrons que tout se réduit toujours à ces deux analogies.

La première consiste à faire accorder l'adjectif avec le substantif

passif exprimé. Dans tous les exemples de la première colonne, c'est toujours la REINE qui est vue, soit par le peuple, soit par elle-même. Dans ceux de la seconde, l'objet passif n'est point exprimé, ou l'est trop tard.

Dans le premier exemple, il n'est pas exprimé, la reine a vu. On ne dit point ce qui est vu. Cependant il est impossible que la reine ait vu, sans qu'il y ait QUELQUE CHOSE de vu.

La reine a quelque chose (ceci ou cela) vu. C'est donc avec le 12 substantif neutre sous-entendu que se fait l'accord de l'adjectif vu.

:

Vuest donc pris substantivement, c'est-à-dire avec ellipse de son substantif. C'est exactement dans la même analogie qu'on dit le beau, le bon, le vrai, le faux, l'utile et l'agréable, etc., le dú, le bu, etc. Il faut payer son dú, payer le trop bu. Dumarsais a prononcé ces paroles remarquables, qui ont été si souvent copiées, sans avoir jamais été entendues par aucun des grammairiens. « Avoir honte, avoir peur, avoir de l'argent, AVOIR QUELQUE et en moins de mots AVOIR FAIT »: c'était tout dire.

"CHOSE FAIT,

Donc, dans avoir fait, avoir dit, avoir vu, la reine a vu, l'adjectif passif est pris substantivement, puisqu'il est pris avec ellipse de son substantif. Mais, dans la reine approche, je l'ai vUE, VUE est rapporté à un substantif exprimé, et il est employé comme tous les autres adjectifs ont coutume de l'être.

Nous verrons que ce serait en vain qu'on chercherait une troisième analogie. Donc les deux manières dont l'adjectif passif est employé consistent en ce que dans l'une il l'est à la manière ordinaire deş adjectifs, et que dans l'autre il est pris substantivement.

Toute la difficulté

de l'adjectif passif, dit participe passif, dit participe passé, dit supin, est de savoir distinguer quand il est pris adjectivement ou substanti

vement.

ET VOICI LA RÈGLE:

L'adjectif passif est pris substantivement, quand l'objet passif n'est pas exprimé ou qu'il l'est trop tard; c'est-à-dire, lorsque l'accord est déjà fait avec un substantif sous-entendu.

Mais il est employé à la manière ordinaire des adjectifs, lorsqu'il est exprimé, et qu'il l'est assez tôt.

Dans la première colonne, la reine est passive de l'action de voir; c'est elle qui est vue. Le substantif de vue est donc exprimé, et il l'est assez iôt pour qu'on s'y arrête, pour qu'il soit impossible de faire l'accord avec un substantif sous-entendu.

Dans la seconde, premier exemple, la reine a vu, le substantif passif n'est pas exprimé.

Il l'est trop tard dans les autres exemples, car l'esprit impatient a déjà fait l'accord avec un substantif sous-entendu, la reine a vu............ l'armée; c'est-à-dire, la reine a QUELQUE CHOSE vu.... savoir l'armée....

Mais nous tombons dans le vice que nous avons si souvent combattu, celui de donner des règles et des explications prématurées. Il faut bien d'autres faits et d'autres développements pour détruire les préjugés dont on a entouré cette matière.

POURQUOI?

De même qu'on a reconnu dans l'adjectif actif, tel que voyant, tremblant, etc., deux sortes de mots réellement différents, savoir: l'un dit l'adjectif verbal et participe actif, et l'autre dit gérondif, n'admettrait-on pas plusieurs mois dans l'adjectif passif, dont l'un serait un participe passé, un autre un participe actif; et l'autre un supin?

RÉPONSE.

Lorsqu'enfin nous avons reconnu que les adjectifs actifs avaient réellement deux origines, que l'un venait de l'actif latin en ans, ou ens, l'autre du gérondif en do, et que ce fait était évidemment prouvé par la langue romane, d'où est dérivée immédiatement la nôtre, l'amour de la vérité nous a fait abandonner notre ancienne doctrine, et nous avons admis deux sortes d'adjectifs actifs.

Mais quelques recherches que nous avons faites pour découvrir si l'adjectif passif, comme vu, avait plusieurs origines, nous n'avoRS rien trouvé qui puisse, non pas prouver une telle pluralité, mais la faire soupçonner. D'un autre côté, tous les cas s'expliquent sans

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