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En disant ces paroles, son regard] C'est-à-dire le regard qu'elle avait était farouche et ses yeux étincelants. en disant ces paroles était farouche.

a

En disant ces mots, les larmes lui vinrent aux yeux. b

C'est comme s'il y avait ses larmes coulèrent.

C'est-à-dire je trouve encore pis en

Mais si seul en mon lit je peste avec raison,
C'est encore pis cent fois en quittant la maison. cquittant la maison.

Ce n'est pas être malheureux que d'occuper votre pensée soit en dormant, soit en veillant. d

En voyant les hommes, hélas!
Il m'en souvient bien davantage.

C'est-à-dire on n'est pas malheureux, on ne doit pas être malheureux d'oc cuper votre pensée soit en dormant, soit en veillant.

Pour le résultat, il m'en souvient et je m'en souviens, présentent le même

sens.

Jacquine n'est point le sujet de la phrase, le je de la seconde, je ne vous dirai pas, n'est pas celui auquel se rapporte le gérondif en rentrant; enfin, dans aucune de ces phrases, le gérondif ne se rapporte au sujet ou nominatif du verbe. Cependant on ne peut en contester la légitimité.

Les pleurs de Jacquine, mes faiblesses, etc., réveillent à-peu-près les mêmes idées que les pleurs qu'a ou que possède Jacquine, c'est-àdire qu'elle verse, les faiblesses que j'ai.

Telles seront aussi les propriétés des autres substantifs régis par de, vulgairement appelés génitifs, et des autres adjectifs possessifs, etc.

Nous avons aussi coutume d'employer souvent des tournures impersonnelles, comme où fuir? que faire? il faut voir, etc., où notre esprit transforme avec une étonnante facilité ces phrases en personnelles. Par que faire? on entend que ferai-je? Voilà les causes secrètes qui ont déterminé comme instinctivement les grands auteurs à donner beaucoup plus d'extension au gérondif que ne leur en donnent les grammairiens.

a Fix. Télem, 9. Id. 12.

c BOIL, Sat. 6.

LA F. 3, 15.

d MoL. Mal. imag. a, 4.

BELLE RÈGLE sur l'emploi du gérondif.

Le gérondif doit toujours se rapporter au sujet du verbe ou à un substantif exprimé ou sous-entendu, qui puisse être converti en sujet.

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L'emploi de ce gérondif est quelquefois très-difficile à justifier. Le grand usage dont il est le fait souvent employer d'une manière

absolue et abstraite.

Le deuil enfin sert de
parure,
En attendant d'autres atours. d

Ce n'est certainement pas le deuil qui attend d'autres atours, et il n'y a rien dans la phrase qui réveille l'idée d'un sujet.

D'après cette règle

Il est difficile d'absoudre ou de condamner le vers suivant :

La grâce, en s'exprimant, vaut mieux que ce qu'on dit. e

Voltaire veut dire : La grâce qu'on a en s'exprimant vaut mieux que ce qu'on dit. Il n'y a dans cette phrase ni adjectif possessif, ni aucun mot qui attache ce gérondif à un sujet.

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Emplois vicieux du gérondif.

Ce sont quelques idées sur le style Il y a une infinité de gens de qui l'or ne peut jamais croire du mal sans l'avoir vu; mais il n'y en a point de qui il nous doive surprendre en le voyant.

que j'ai puisées dans vos ouvrages. C'est en vous lisant, c'est en vous admirant qu'elles ont été conçues ; c'est en les soumettant à vos lumières qu'elles se produiront avec quelque succès. a

Rome retomba entre les mains de

Marc Antoine, de Lépide et du jeune César Octavien, petit-neveu de JulesCésar, et son fils adoptif; trois insupportables tyrans, dont le triumvirat et les proscriptions font encore horreur en les lisant. b

C

Quand il serait vrai que cette bulle pourrait être reçue en no la regardant qu'en elle-même, on ne devrait pourtant point la recevoir maintenant. d

Tout en parlant de la sorte,
Un limier le fait partir.

Dans les exemples cités, c'est moi, Buffon, qui vous ai lus, admirés, et qui vous soumets des idées sur le style. C'est nous qui lisons les proscriptions du triumvirat, c'est nous qui voyons le mal, c'est nous (ou autres) qui ne regardons la bulle qu'en elle-même. C'est le cerf qu'on fait partir : or, ni moi, ni nous, ni le cerf, n'y font ni formellement ni virtuellement les fonctions du sujet du verbe ; ces gérondifs sont donc evidemmeut mal employés. Nous ne craignons point de le dire: la phrase française s'est perfectionnée, et l'on trouve peu d'exemples dans la faute que nous reprenons.

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Dans la première colonne le rapport se fait avec le sujet de la phrase,

C'est le soleil qui naît et qui regarde la maison du Seigneur.
C'est la tragédie qui naît et qui est informe, etc

C'est la neuvième aurore qui naît et se colore des rayons d'un jour pur.

Tel est l'usage le plus constant. Tout est plein de semblables exemples.

L'harmonie, en naissant, produisit ces miracles, a

D'Usbeck et de Rica les mordantes saillies,
Par la raison publique, en maissant, accueillies,
Couvraient les préjugés d'un ridicule heureux,

Et le Français, malin, s'aguérissait contre eux. b

En naissant un enfant crie, et sa première enfance se passe à crier, etc. e Dans l'autre colonne, le rapport du gérondif se fait contre l'analogie avec un autre substantif que le sujet.

faut

C'est l'astre qui forme le poète, et c'est le poète qui naît.

Mais

nous arrêtant à cet exemple, nous demanderons :

Comment sait-on que c'est au poète, plutôt qu'à son astre, qu'il rapporter en naissant?

On dira que c'est le sens qui l'indique.

Ce n'est donc plus les mots qui réveillent les idées, ce sont les idées qu'on a, et qu'on suppose à l'auteur, qui expliquent le sens des mots! Alors tout est renversé ; le langage n'est plus qu'une divination plus ou moins difficile, puisque les mots ne suffisent pas pour réveiller les idées qu'on leur attache.

Isolons ce vers.

Le soleil, en naissant, la regarde d'abord.

Si en naissant peut se rapporter tantôt à un sujet, tantôt à un autre mot, il est impossible de savoir ce que veut dire l'auteur. Est-ce le soleil qui naît et qui la regarde? ou

Est-ce le soleil qui la regarde et elle qui naît?

Il faut donc regarder tout au moins comme des négligences, les exemples de la seconde colonne.

■ BOIL. Art. post. 4.

1 CHENIER. Epit, à Volt, 1 c J, J. R. Emil. 1.

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De l'adjectif actif dit participe actif ou du présent.

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Mourant n'est dans ces phrases ni un gérondif, car il n'est ni në peut être précédé de en; ni un adjectif ordinaire, car quoiqu'il se rapporte immédiatement à un substantif, il n'en prend ni le genre ni le nombre. Ainsi employé, il porte le nom de participe actif, et de même que le gérondif, il ne reçoit point les variations adjectives.

D'OU CETTE RÈGLE.

L'adjectif étant employé comme participe, est toujours invariable (273) de même que le gérondif.

(273) D'un côté il est impossible de regarder l'adjectif actif dit participe comme un gérondif, c'est-à-dire comme un mot venu primitivement du latin ando, endo; car il n'est ni ne peut être précédé du signe caractéristique de notre gérondif. Souvent même le rétablissement de cette prétendue ellipse amenerait un contre-sens.

Souvent nous ressemblons aux grenouilles d'Homère,
Implorant à grands cria le fier Dieu de la guerre. d

Substituez en implorant, le rapport est changé, ce ne sont plus les grenouilles qui implorent le dieu de la guerre, c'est nous.

D'un autre côté ce ne sont point des adjectifs verbaux qui, comme nous le

a Chant civique.”
¿DELILLE, Euéid. 6.

C DELILLE. Eneid. 6.

d VOLT, Contes en vers.

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