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Comme nous traiterons encore de l'emploi de de dans la section des invariables, nous terminerons les citations suivantes :

Il y a des âmes sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain et de l'intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu, capables d'une seule volupté, qui est celle d'acquérir ou de ne pas perdre. a

Sont-ce des hommes que de jeunes blondins? b
La nature féconde en bizarres portraits,
Dans chaque âme est marquée à de différents

traits. c

par

Du repos, des riens, de l'étude,
Peu de livres, point d'ennuyeux,
Un ami dans la solitude;

Voilà mon sort, il est heureux. d

Ma triste voix chantait d'un gosier sec,
Le vin mousseux, le frontignan, le grec,
Buvant de l'eau dans un vieux pot à bière. e

Du genre humain apprends quelle est la trempe,
Avec de l'or je te fais président,

Fermier du roi, conseiller, intendant.
Tu n'as point d'aile et tu veux voler! rampe. f

Les grammairiens retrouvent dans ces différents régimes de l'invariable de tous les cas des Latins. Pour eux des âmes sales, du repos, etc. sont des nominatifs; de l'eau, dans buvant de l'eau, est un accusatif; du genre humain est un génitif; à de différents traits est un datif ou un ablatif; de boue, de l'or, etc. sont des ablatifs. Cependant, dans le fait, tous ces substantifs sont des régimes du mot de avec ou sans ellipse.

Régime des invariables DANS, CONTRE, SUR et autres.

Mais que diable allait-il faire dans le mensonge, c'était de vivre d'emcette galère? g prunt. i

Connaissez mieux l'oisiveté,

Elle est ou folie ou sagesse.
Elle est vertu dans la richesse,
Et vice dans la pauvreté, h

La parole suffit entre les grands courages. k

Les hommes peuvent conserver leur santé et leurs forces sans vin. Avec le vin ils courent risque de ruiner leur Ce qu'ils trouvaient le plus lâche après | santé et de perdre les bonnes mœurs. I

Pourquoi n'a-t-on pas dit que dans cette galère, entre les grands courages, après le mensonge, avec le vin, sans le vin, etc., sont des cas? Comme les différents emplois de tous les invariables à, de, par, dans, sans, etc. seront traités dans une section à part, nous n'en avons parlé que pour montrer comment ils régissent les substantifs qui en dépendent.

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On a vu dans l'idéologie que les adjectifs, quels qu'ils soient, actifs, passifs, déterminatifs ou qualificatifs, et les verbes, quels qu'ils soient aussi, ne diffèrent que par la manière dont ils modifient les substantifs; que les verbes renferment la même idée fondamentale, mais sont plus riches en idées accessoires ; que sur-tout l'idée de personne les distingue des modificatifs adjectifs. Voyez les exemples cités.

Parlant, parlante, parlants, parlantes, etc. sont affirmés de tableau, de peinture, de faits, de créatures, mais sans exprimer aucune idée de personne. Parle, parlent, parlèrent, réveillent l'idée d'une troisième personne. Je parlai, tu parlas, je parle, tu parles, réveilleraient celles de première et de seconde.

Comme cette différence d'idées accessoires en entraîne de grandes dans les formes des mots, et que c'est à la syntaxe à déterminer le choix de ces formes, nous traiterons des modificatifs en deux Sous-chapitres.

4 FS. DI NEVY. Fab, 13. Id. Lapiad. 6.

c Id. Epft.ded. à Esope.

d Rac. Esther. 1, 3.

1

e Cons. Rodog. 5, 4-
ACAD.

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Pour abréger notre langage et nous rapprocher autant que possible du langage reçu, nous ne désignerons plus le modificatif simple, général ou abstrait, que par le nom d'adjectif.

On a vu dans l'idéologie qu'il se divise en quatre sortes, et qu'il est modificatif, comme blanc, actif comme blanchissant, passif comme blanchi, et déterminatif comme le, ce, mon, ton, son, un, deux, trois, etc.

Mais avant d'entrer dans le détail des difficultés particulières à chaque sorte nous considérerons l'adjectif sans distinction de la classe à laquelle il peut appartenir; d'où la subdivision de ce souschapitre en cinq paragraphes.

§ Ier. De l'adjectif considéré sans distinction des sortes.

§ II. De l'adjectif qualificatif.

§ III. De l'adjectif actif.

§ IV. De l'adjectif passif, vulgairement dit participe passé, etc. § V. De l'adjectif déterminatif, vulgairement dit article, etc.

PARAGRAPHE Ier.

DE L'ADJECTIF CONSIDÉRÉ SANS DISTINCTION DES

SORTES.

On a vu dans l'idéologie qu'outre l'idée fondamentale, l'adjectif peut exprimer diverses idées accessoires, savoir, celles de degré, de genre et de nombre. Dans un premier article nous parlerons du degré, et dans un second du nombre et du genre, ces deux sortes d'idées étant inséparables dans nos adjectifs.

ARTICLE Ier.

Du Degré.

On a vu dans l'idéologie que les adjectifs susceptibles d'être gradués peuvent être au positif, au comparatif ou supérioritif, et au superlatif.

Petit poisson deviendra grand
Pourvu que Dieu lui prête vie. a

DU POSITIF.

Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi, b
Elle est prise à garant de toutes aventures.
Est-on sot, étourdi, prend-on mal ses mesures?
On croit en être quitte en accusant son sort:
Bref, la fortune a toujours tort. c

On pardonne à l'homme indigent
Un peu d'humeur et d'injustice;
On pardonne à l'homme imprudent
Un propos tenu sans malice;
On pardonne à l'homme ignorant,
On pardonne au juge sévère,
On pardonne à l'homme colère ;
Mais jamais à l'homme méchant. d

super

On verra que les deux autres degrés, le comparatif et le latif, n'existent que dans quelques mots de notre langue, et que pour rendre ces deux degrés, il faut presque toujours recourir à des périphrases.

Du comparatif ou supérioritif.

Il n'existe dans aucune langue de COMPARATIFS dits D'INFÉRIORITÉ. Moindre lui-même signifie autant que plus petit.

On dit en un seul mot: Aux grands périls tel a pu se soustraire, Qai perit pour la moindre affaire. s

Notre erreur est extrême,
Dit-il, de nous attendre à d'autres gens qu'à nous.
Il n'est meilleur ami, ni parent que soi-même. ƒ

Il est ben de parler, et meilleur de se taire. g
Il vous devait suffire

Que votre premier roi fùt débonnaire et doux:

De celui-ci contentez-vous,

De peur d'en rencontrer un pire. h

On dit avec une périphrase :

On a souvent besoin d'un plus petit que soi. ¿

Les postes éminents rendent les grands hommes encore plus grands, et les petits encore plus petits. k

NOTA. Meilleur ne peut plus être remplacé par plus bon.

Est-il vrai que nous soyons plus méchants que ne l'étaient nos pères (219)?

(219) Nous n'en croyons rien. Car nous ne voyons plus de baron des Adrets, ni de concile de Constance, ni de parlements brûlant les sorciers, ni de dragonnades. Rejettera-t-on tous ces crimes sur l'ignorance? Ce n'est rien nous sommes donc meilleurs, puisque nous sommes moins ignorants; car

Tout vice est issu d'ânerie. 7

gagner.

Et que nous importe ignorance ou méchanceté, comme dit un autre poète, si l'effet est égal?

a La F. 5. 3.

& Id. 1, 4.

c Id. 5, 11.

d Mad. PIPELET.

e LA F. 2, 9、

f Id. 4, 22.

g Id. 8, 10.

h Id. 3, 4:

i LA F. 2, 11.

k La Baur.

J. B.

Moindre, pire, meilleur, sont les seuls comparatifs français; car ce sont les seuls mots de notre langue qui, à l'idée fondamentale et positive, ajoutent une idée d'un plus, ou de supériorité (220).

Encore ne faut-il pas croire que moindre, meilleur et pire soient les comparatifs formels de petit, méchant et bon. Une semblable dérivation serait aussi ridicule que celle qui fait venir equus d'alphana. Mais pour n'avoir point de positif formel, ils n'en sont pas moins des comparatifs réels, c'est-à-dire des mots où l'idée fondamentale et celle de supériorité sont exprimées en un seul mot.

Montesquieu n'a donc pas pu dire:

« Plus la fortune devenait meilleure, plus ils commençaient à avoir part au » malheur commun. » a

Mon

Car plus est déjà renfermé dans meilleure. D'un autre côté, tesquieu ne pouvait dire : plus leur fortune devenait bonne, ni meilleure devenait leur fortune. Il fallait donc renoncer à ce comparatif formel ou périphrasé, chercher un autre tour, et dire, par exemple: plus leur fortune s'améliorait, plus ils commençaient à prendre part

au malheur commun.

N'ayant que les trois comparatifs moindre, pire et meilleur, nous sommes forcés d'exprimer les idées de comparatif par une périphrase; l'idée accessoire de supériorité, nous l'exprimons par plus, et l'idée fondamentale par le positif.

Ainsi nous disons:

Prétendu comparatif.

Prétendu superlatif.

Les vieux fous sont plus fous que les Et pour finir enfin par un trait de satire, jeunes. b Un sot trouve toujours un plus sot qui l'admire. c

(220) Majeur, mineur, extérieur, intérieur, supérieur, antérieur, citérieur, postérieur, ultérieur, prieur, et major, sont bien aussi d'origine des comparatifs ; car ils sont la traduction immédiate du latin major, minor, exterior, etc., qui signifient plus grand, plus petit, plus externe, etc.; mais la valeur comparative s'est effacée, et ils ne sont plus employés que dans le sens positif. Cependant ils ne pourraient souffrir devant eux le mot plus; on ne dirait il est plus majeur que son frère.

a MONTESQ. Grand, et décad.

des Rom.

1

b LA ROCHus. Max.

c BOIL. Art poét. 1.

pas:

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