- Et dire que je ne puis vous éclairer là-dessus, faute d savoir lire! Si tu ne peux lire la pancarte attachée à mon cou, t peux du moins me rendre un grand service. Un service, oh! bien volontiers, Père Confiance. -Tu te souviens de Monsieur ***? Ce monsieur qui compose des vers, qui rit et plaisante toujours, et dans la maison duquel vous demeuriez autrefois avant de devenir aveugle? Je vois que tu ne l'as point oublié. Comme par le passé, il se rend encore, je l'espère, chaque après-midi au jardin des Tuileries: demain, je veux me placer sur sa route et, quand tu le verras venir, tu feras en sorte que je puisse lui parler, notre fortune en dépend. Notre fortune, comment cela? C'est une idée à moi, une idée que j'aurais dû avoir depuis longtemps, et que Dieu m'a inspirée ce soir pour me tirer sans doute de la misère et me sauver de l'hôpital. Tout en devisant de la sorte, le jeune homme et le vieillard, auquel matin et soir il servait de guide, gagnèrent, avant la pluie, leur humble demeure, située dans un des plus misérables quartiers de Paris. Le lendemain le ciel s'était rasséréné, l'atmosphère était agréable et douce, et bien qu'on fût arrivé déjà aux derniers jours d'Octobre on aurait pu du printemps, sans la couleur orange et les bell jaune-aurore du feuillage des arbres, qui resplen soleil comme un brocart d'or magnifique. Selon la convention de la veille, Bernard se compagnie du Père Confiance à l'entrée du Pas Feuillants, à deux pas par conséquent du ja Tuileries. Dans ce temps-là, comme de nos jours, spacieux attirait tous les gens oisifs, tout le monde Le célèbre poète ***, après son diner, ne n jamais de s'y rendre, et les plus grands seigneurs ent aussitôt cet écrivain illustre, ce causeur incomparal ils recueillaient le moindre mot, et dont le moine était un trait piquant de fine satire, d'esprit ex d'aimable originalité. Ce jour-là, sur les trois heures, le poète*** s'ac du côté des Tuileries, au bras d'un ami qui lui re peu près le même service que Bernard rendait à Cor car le spirituel auteur, le conteur inspiré avait la v mauvaise et ne pouvait se diriger seul au milieu d de Paris. En arrivant au Passage des Feuillants, abordé par le fidèle gardien de l'aveugle. -Que me voulez-vous, mon cher? lui dit-il de dégagé qui lui était ordinaire. A cette question, Bernard se trouva un peu de nancé; il balbutia toutefois : Monsieur, c'est le Pèr fiance qui m'envoie à vous et vous supplie de venir à - Le Père Confiance? Ce Père-là m'est inconnu. les teintes dissait au rendit en issage des ardin des ce jardin e élégant. manquait ntouraient able, dont indre mot exquis ou achemina rendait à Confiance, a vue très des rues ats, il fut le ce ton décontePère Conr à lui. u. Nim C'est moi, Monsieur ***, moi, le pauvre aveugle. - Un aveugle! Bon jour, confrère, que puis-je faire po vous ? Monsieur * * * je viens vous adresser une — Une requête ? On n'en adresse qu'aux grands. Vous aurez donc la bonté d'accéder à ma demande Eh bien! Monsieur ***, faites-moi la charité quelques beaux vers comme vous seul avez le secret d' composer. Un écrivain public, au lieu de transcrire fidè ment la requête que je lui ai dictée, a sans doute voulu distinguer, et m'a griffonné cette pancarte dont j'enter tous les passants se divertir: obligez-moi de me venir aide, et du plus profond de mon cœur je vous en reste reconnaissant, jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu de m'appe à Lui. Ainsi, Père Confiance, votre requête se borne à sirer que je vous en cómpose une à l'adresse du publ Foi d'aveugle, confrère, je vous promets d'y faire de n mieux. Dans une heure ou deux, vous aurez vos vers convenablement écrits. En effet, au retour de sa promenade aux Tuileries grand poète remit au pauvre aveugle le sixain suivant: Chrétiens, au nom du Tout-Puissant, Le malheureux qui la demande Je le prierai qu'il vous la rende! Tous les Parisiens curieux, et qui n'est pas cu point Parisien,-tous les promeneurs des Tuiler oisifs de la ville voulurent acheter le plaisir sixain de***, qui fit la fortune du Père Confia quand celui-ci alla relancer le poète illustre jusque domicile pour lui témoigner sa vive reconnaiPoint de remerciments, Père Confiance, lui dit * parole la plus enjouée; ce sont là de ces petits qu'on se doit entre confrères. D'ailleurs, continua ton plus grave et comme se parlant à lui-même, j vieux depuis quelque temps, et il faut s'efforcer à de racheter ses péchés de jeunesse : autant d'hen donnons à l'insouciance et à la folie, autant de si divine félicité nous nous retranchons, et mieux vau ment travailler en vue de l'Eternité qu'en vue de c passagère. GUSTAVE CH UN étranger très riche. nommé Sudorland tait 1. curieux n'est leries et les - de lire le nfiance. Et ue dans son aissance: *** de sa 'ts services la-t-il d'un je me fais à mon âge ures nous siècles de it décidécette vie HOUQUET. nquier Un matin on lui annonce que sa maison est entourée d gardes, et que le maître de police demande à lui parler. Cet officier, nommé Reliew, entre avec l'air consterné Monsieur Suderland, dit-il, je me vois, avec un vrai cha grin, chargé, par ma gracieuse souveraine, d'exécuter u ordre dont la sévérité m'effraie, m'afflige, et j'ignore pa quelle faute ou par quel délit vous avez excité à ce point l ressentiment de sa majesté. Moi, monsieur, répondit le banquier, je l'ignore au tant et plus que vous, ma surprise surpasse la vôtre. Mais enfin, quel est cet ordre ? Monsieur, reprend l'officier, en vérité le courage me manque pour vous le faire connaître. -Eh quoi! aurais-je perdu la confiance de l'impéra trice? Si ce n'était que cela, vous ne me verriez pas s désolé. La confiance peut revenir; une place peut être rendue. Eh bien! s'agit-il de me renvoyer dans mon pays? - Ce serait une contrariété; mais avec vos richesses on est bien partout. - Ah! mon Dieu, s'écrie Suderland tremblant, est-i question de m'exiler en Sibérie ? |