rade, en frère ts, nous dit-on,
QUE fais-tu donc sur cette plante?
Disait un écolier, paresseux et mutin, birbi A l'ouvrière diligente
Qui butinait de grand matin.
-Du miel.-Y penses-tu? quoi, du miel de l'Absinthe? -Sans doute.-Ah! pour le coup c'est se moquer de moi! De ton rare talent, à te parler sans feinte, Tu fais, ma chère, un sot emploi. - Ainsi l'âge de l'ignorance Toujours juge à tort, à travers! Quand mon utile prévoyance De cette plante aux sucs amers
Tire un miel aussi doux que celui de la rose, Du travail, mon ami, c'est la métamorphose. Mets à profit, crois-moi, la leçon d'aujourd'hui: Pour la trop paresseuse enfance L'Absinthe est la peine et l'ennui
Qu'un long travail traîne après lui; Le miel c'est le doux fruit que produit la science. A. NAUDET (Fables, 18291,
L'ENFANT DÉNICHEUR.
JEUNES enfants ont toujours eu la rage De dénicher et merles et pinsons Et toutes sortes d'oisillons.
Sur trente qu'ils mettent en cage
A peine un seul survit, et certes c'est dommage Moins d'oiseaux et moins de chansons,
Moins de plaisir dans le bocage; Mais aux enfants qu'importe le ramage? C'est l'oiseau qu'ils veulent tenir :
C'est leur manière de jouir,
Et plus d'un homme fait n'en sait pas davantag Un marmot s'en vint donc apporter, tout joyeux Un nid de fauvette à sa mère.
Jamais il ne fut plus heureux. Bonheur si grand ne dure guère: Le même soir un jeune chat Fit son souper de la nichée. L'enfant pleura, cria, fit tel sabbat Qu'on aurait cru la maison saccagée; Et la mère de dire alors: Pourquoi ces pleurs, cette colère?
De quel côté sont donc les torts?
Le chat n'a fait, mon fils, que ce qu'il t'a vu faire
Juge de leur douleur amère
Par la peine que tu ressens!
Les maux que nous causons doivent être les nôtres.
Mon fils, quand tu voudras jouir Fais en sorte que ton plaisir
pas le tourment des autres.
ANTOINE VITALIS (Fables, 1795).
LE CAMÉLIA ET LES VIOLETTES.
UN camélia blanc, au centre d'un bouquet, D'un beau bouquet de violettes,
Se prélassait, faisait le fier et le coquet.
- Comme auprès de moi, mes pauvrettes, L'entendait-on leur répéter,
Vous faites une humble figure! En vérité, pour vous j'augure Un triste sort, et la Nature
M'a voulu par trop bien traiter!
J'ai pour moi tous les avantages:
Jeunesse, éclat, beauté, distinction, pâleur, De quoi tourner la tête aux fous ainsi qu'aux sages. -Fort bien, mais tu n'as point d'odeur, Répondirent les violettes.
A toi dans un moment nous verrons préfér Les fleurs et les vertus à jamais adorées Par un discret parfum révèlent tout leur pr
JEUNE ENFANT ET VIEUX CHAT
FILLETTE de neuf ans,
Alerte et gracieuse,
Tenait, toute joyeuse,
Dans ses bras caressants, Un chat aux yeux luisants, A la mine grondeuse; Et sa petite main Glissait, légère et fine, Sur la robe d'hermine Du sournois patelin Qu'elle excitait en vain, De sa voix enfantine, A donner en retour Un seul signe d'amour. Oh! pourquoi, disait-elle, Etre ainsi sérieux,
Sans offenser personne, Jouait, jouait toujours. Une robe qui frôle, Une mouche qui vole, Un insecte qui fuit, L'ombre la plus légère Qui glisse sur la terre, Ou le plus petit bruit, Tout excitait ta joie, Et te faisait bondir Sur le fauteuil de soie! Te fallait-il grandir Pour ainsi devenir
Un triste personnage Qui, dans sa dignité, Repousse la gaîté,
Et croit être bien sage? Bien autrement que vous, Bonne maman est vieille; Pourtant, lorsqu'elle veille, Elle joue avec nous.
Ce n'est point la vieillesse Qui rend sombre et méchant, C'est le hideux penchant
D'une âme sans noblesse. Soyez libre, beau chat, Dormez sur votre housse,
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