Duras et Musil: drôle de couple? drôle d'inceste?

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Rodopi, 2002 - Literary Criticism - 262 pages
La lecture de L'Homme sans qualités de Robert Musil aurait laissé une plaie douloureuse dans sa vie et dans son oeuvre, affirme Marguerite Duras. À partir de cet été 1980 si décisif où elle rencontre Yann Andréa et où elle recommence, après un long silence, à écrire sur l'inceste latéral, cette plaie se déplace dans ses textes sans jamais se refermer. Drôle d'inceste avec un 'homme sans qualités' qui paraît étranger au monde durassien... Ravissement par la lettre, inceste salvateur, utopie d'une coïncidence de l'écriture et de la lecture, de l'écriture, la lecture et la vie, de Frère, Père, Mère et Soeur dans la chaude lumière d'une enfance éternelle... Dans la pièce de théâtre Agatha, frère et soeur deviennent amants par le biais de leur lecture 'ravissante' de l'Homme sans qualités. Ulrich et Agathe, chez Musil, lisent les Confessions extatiques de Martin Buber jusqu'à s'identifier aux textes mystiques. Les arrêts sur image passent pourtant, vers une nouvelle remise en mouvement 'autopoïétique' des choses et des mots. Différence et répétition alternent dans une expérimentation jouissive de l'état 'entre-deux'.

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Section 39
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Section 41
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Section 42
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Popular passages

Page 225 - Dans les histoires de mes livres qui se rapportent à mon enfance, je ne sais plus tout à coup ce que j'ai évité de dire, ce que j'ai dit, je crois avoir dit l'amour que l'on portait à notre mère mais je ne sais pas si j'ai dit la haine qu'on lui portait aussi et l'amour qu'on se portait les uns les autres, et la haine aussi, terrible, dans cette histoire commune de ruine et de mort qui était celle de cette famille dans tous les cas, dans celui de l'amour comme dans celui de la haine...
Page 78 - Mais moi, Narcisse aimé, je ne suis curieux Que de ma seule essence ; Tout autre n'a pour moi qu'un cœur mystérieux, Tout autre n'est qu'absence.
Page 52 - Cholen et elle n'avait pas été sûre tout à coup de ne pas l'avoir aimé d'un amour qu'elle n'avait pas vu parce qu'il s'était perdu dans l'histoire comme l'eau dans le sable et qu'elle le retrouvait seulement maintenant à cet instant de la musique jetée à travers la mer.
Page 140 - Est mystique celui ou celle qui ne peut s'arrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce n'est pas ça, qu'on ne peut résider ici ni se contenter de cela. Le désir crée un excès. Il excède, passe et perd les lieux, il fait aller plus loin, ailleurs.
Page 62 - Loi le souvenir d'un mort inconnu me revient ; il va servir l'éternel Richardson, l'homme de T. Beach, on se mélangera à lui, pêle-mêle tout ça ne va faire qu'un, on ne va plus reconnaître qui de qui, ni avant, ni après, ni pendant, on va se perdre de vue, de nom, on va mourir ainsi d'avoir oublié morceau par morceau, temps par temps, nom par nom, la mort.
Page 70 - Je me voyais dans une glace en train d'écouter mon frère jouer pour moi seule au monde et je lui ai donné toute la musique à jamais et je me suis vue emportée dans le bonheur de lui ressembler tant qu'il en était de nos vies comme coulait ce fleuve ensemble, là, dans la glace, oui, c'était ça... et puis ensuite une brûlure du corps s'est montrée à moi. (temps) J'ai perdu la connaissance de vivre pendant quelques secondes.
Page 175 - Je pars pour vous fuir et afin que vous veniez me rejoindre là même, dans la fuite de vous, alors je partirai toujours de là où vous serez...
Page 76 - Au fond, c'était merveilleusement simple: avec les forces limitatrices s'étaient perdues toutes les limites, et comme ils ne percevaient plus aucune séparation d'aucune sorte, ni en eux ni dans les choses, ils ne formaient plus qu'un seul être [HSQ II, chap.