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Il convient donc de rechercher et de mettre en relief ce qui concerne ses origines, son pays, sa langue,- son génie.

I. Origines.

Les Grecs se croyaient aborigènes; la vérité est qu'ils ont reçu des peuplades d'Asie leurs idées sur la religion, la famille, la politique, les usages, la langue, les noms même des rivières, des montagnes, des provinces. — Ils appartiennent à la race aryenne de couleur blanche et furent précédés sur le sol par les Pélasges.

II. Pays.

a) Le sol offrait deux conditions avantageuses aux Grecs: fécondité limitée naturellement — d'où travail énergique pour la culture. L'habitant acquérait ainsi une activité et une vigueur cons

tante.

Les "aspects" et les "produits" sont variés: montagnes, plaines, vallées, golfes, anses, différence du nord et du midi. L'esprit et les facultés profitaient à ces spectacles, là comme ailleurs. Aussi le Grec devenait-il tour à tour pêcheur, vigneron, pâtre, bûcheron, laboureur, commerçant.

b) Le ciel est surtout apte à impressionner les sens et l'âme. On connaît les idées confuses, sombres des peuples du Nord. La Grèce a un climat tempéré; ou plutôt, il a les glaces et les neiges au nord, sur les montagnes; au midi, un ciel serein, un soleil radieux, les vents étéséens balançant les orangers et les oliviers en fleur.

Puis, quelle pureté de l'atmosphère, qui laisse apercevoir les objets à une grande distance: de là, les images nettes, pures, fraîches.

c) La mer entoure, enlace, pénètre le pays entier, en formant une multitude d'îles, de caps, d'isthmes, de presqu'îles, qui ellesmêmes en forment d'autres. Elle devait provoquer des voyages et les nécessiter. Homère l'appelle un "chemin humide." Elle aidait à l'exportation et à l'importation: marbres, vendanges, fruits, cé-réales.

Grâce à elle, toute la Grèce s'ébranlait pour les fêtes religieuses, littéraires, sportiques (jeux pythiques, isthmiques, olynthiens, néméens). Donc l'esprit, les mœurs, les goûts devaient se développer dans ces excursions, ces transactions commerciales, ces relations avec les étrangers.

III. Langue.

La langue bellénique est d'origine asiatique. Elle se subdivise en dialectes, qui doivent leur naissance aux découpures des côtes et aux relations d'abord peu fréquentes.

Il y a les dialectes principaux: l'ionien, dont le plus remarquable est l'attique, le dorien, qui se ramifie en laconien, messénien, corinthien et argien. Les secondaires sont très nombreux.

Les qualités littéraires du grec sont de premier ordre: - l'harmonie, qui résulte des sons et des accents; la richesse, parce qu'elle

est à la fois synthétique

avec la ressource des inversions, des flexions verbales et nominales, - analytique, à l'aide des particules, des prépositions.

C'est la plus belle, la plus mélcdieuse, la plus souple de toutes les langues.

Ce langnage sonore aux douceurs souveraines,

Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines.

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Le génie ou trait naturel des Grecs se peut concevoir en soi et dans les œuvres. Nous le considérons présentement en soi.

a) Ses goûts sont pour l'homme, qu'il aime, pour la société de ses semblables, car il a beaucoup à dire et à communiquer.

Le Grec est curieux de savoir; la nouveauté et le mystère l'attirent, et les philosophes le prouvent dans leurs œuvres. Il est passionné pour le beau, comme le laid lui répugne... Il poursuit toujours l'idéal, en ajoutant volontiers au beau, tout en gardant le culte de l'exactitude.

b) Les qualités du Grec sont la "finesse de l'esprit," qui cherche les effets dans leur cause, les rapports secrets de tout. Parfois, souvent même, cette qualité dégénère en "astuce," en artifice à l'excès, en habileté qui tourne au mensonge; la Grèce est par excellence le pays des sophistes; puis, c'est "l'équilibre des facultés": la raison tempère l'imagination et la sensibilité; enfin, c'est la "santé de l'esprit" (Goethe) qui se montre partout vigoureux, actif, sans mélancolie durable.

Tel fut le génie grec: rien ne lui manquait pour s'immortaliser dans les arts et la littérature.

A-EMPRUNTS DU FRANÇAIS AU GREC.

(A suivre.)

Pédagogie.-Tous les pédagogues (Passard, S.J.; Bainvel, S.J.; Les Frères des Ecoles chrétiennes; Bréal, etc.) sont unanimes à constater ces emprunts et à conseiller aux Maîtres de les signaler aux élèves.

Il n'est pas de meilleur procédé dans l'enseignement si aride et si rebutant --que de mettre au tableau :-a) l'histoire de la littérature grecque, comme nons venons de le faire-b) l'étymologie et la lexicologie, comme il suit.

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1. Monarchie (archô: je commande): gouvernement à un seul " chef

l'Etat lui-même.

a) monarchique : qui appartient à la monarchie.

b) monarchiste: qui est partisan d'un gouvernement mo

narchique.

c) monarque: chef d'une monarchie.

2. Monochrome (chrôma: couleur) qui est d'une "seule couleur."

3. Monochorde (chardê: boyau, puis corde d'une lyre): instrument à une

seule corde.

4. Monogramme (gramma: lettre) réunion de lettres en un seul mot, comme JHS (Jesus Hominum Salvator: Jésus, sauveur des hommes.)

5. Monographie (graphê : écriture, description) écrit traitant un seul objet.
Ex.: une monographie de Saint-Pierre de Rome.

6. Monolithe (lithos: pierre) : qui est fait d'un seul bloc de pierre.
7. Monologue (logos: parole, discours, traité) discours d'un personnage,
qui est seul, s'adressant à soi-même.

8. Monomanie (mania: manie) espèce d'aliénation mentale, où les facul-
tés semblent absorbées par une pensée unique.—Mono-
mane: qui est atteint de cette folie partielle.

9. Monopole (poleô: vendre): droit de "vendre seul" telles marchandises.

a) monopoliser : établir, conférer un monopole.

b) monopoleur: celui l'exerce, qui accapare une marchan

dise.

IC. Monosyllabe (syllabê: syllabe): qui n'a qu'une syllabe ;--syllabique : composé de monosyllabes: Ex.: "Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur."

II. Monotone (tonos: ton): qui n'a qu'un seul ton; qui manque ainsi de variété, qui ennuie: "air monotone; la monotonie d'un paysage."

12. Moine (monos: seul): religieux qui vit seul habituellement.

a) monacal (autrefois : monial) qui appartient à cet état.

b) monastère maison où l'on vit dans la solitude, loin du monde.

c) monastique : qui concerne cette vie solitaire.

d) moutier (moustier); monastier (all. Münster.)

ART. IV. Les Débats littéraires.

(A suivre.)

(Plans.)

I. L'Agriculture.

1. Prenez le mot "agriculture"; cherchez-le dans Bescherelle ou Littré: quels sens? Il désigne la culture de toutes les productions de la terre, l'art d'exploiter ces fruits....

2. Divisions principales ou classification du labeur agricole en cathégories naturelles, ou développant ces notions avec netteté et précision pour les faire bien entendre. Peut-être la nomenclature suivante pourrait-elle être utile:

1). Culture des terres meubles ou arables ce qui est l'agriculture même ; 2. Jardinage ou horticulture; les fruits potagers, les arbres fruitiers; 3. Vignobles (s'il y a lieu) ou viticulture; 4. Bois et 5. Bétail, basse-cour, industrie laitière et fromagerie;

forêts;

6. Les abeilles ou apiculture, les poissons ou pisciculture; - Industrie diverses: sucre, céréales ou graines à huile; génie rural.

3. Démontrer les avantages du côté moral, individuel, domestique, social de l'agriculture; son rôle physique par les produits alimentaires les plus sains; l'enrichissement ou l'aisance...

4. Coup d'œil sur l'histoire agricole des nations-ou du Canada seulement applications locales.

Conclusion qui résume les faits et les idées avec force, clarté et

passion.

11.

La culture intellectuelle chez la femme.

1. Cette culture, n'est pas le pédantisme des femmes savantes, dont Molière a immortalisé le ridicule et contre lesquelles de Maistre a buriné de vigoureuses saillies: tous deux ont peint les excès.

Entre cet abus et la frivolité d'une vie qu'entraînent la vanité, le plaisir ou le rêve doré, n'y a-t-il pas une place d'honneur pour la femme studieuse? (Dupanloup.)

2. L'expérience éclaire ce point: la femme qui apprend non celle qui lit pour lire — qui apprend à “penser" est aussi celle qui apprend à "vouloir"; elle a de ses devoirs et de ses droits une conception plus vraie, juste, complète : la supéricrité d'intelligence assure celle de la vertu.

Et encore: "Aucune des créatures à qui Dieu a confié le flambeau de l'intelligence n'a le droit de le laisser s'éteindre, faute d'aliments" (S. Augustin). C'est une monnaie à faire valoir; elle ne peut rester improductive.

Il faut commencer par le goût des joies pures et des jouissances sereines de l'esprit, afin de s'affranchir des préoccupations vaines de la vie, des tristesses qui en sont le fardeau, des inclinaisons qui en seraient la souillure, de la passion des romans qui en sont le péril.

3. L'importance de la culture intellectuelle se tire de la noblesse des facultés féminines, de la grandeur de la mission d'épouse, de mère, de jeune fille, de l'efficacité de leur action: la femme a une élévation dans les idées, dans ses convictions, dans ses connaissances, dans ses aspirations.

La raison et la science religieuse et profane, font rayonner la vertu, trempent le carractère, rend bonne conseillère en rendant la femme plus estimable et plus aimée.

4. Prouver ici la thèse par les contraires exemples de l'histoire et de l'époque contemporaine.

surtout par les

Conclusion: nécessité des idées justes, d'un idéal spirituel, de principes solides, de l'élévation morale des sentiments, de la force du caractère: pour soi, afin de se sauvegarder contre tant d'erreurs modernes, pour les autres, afin de les en préserver et de les orienter vers la vertu, l'honneur, le bonheur, le salut final.

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En Italie,à Rome, les lettres restent ensevelies dans un long et profond sommeil. Durant les cinq premiers siècles (754-272), c'est l'absence totale d'œuvre véritablement littéraire.

Ce n'est donc que bien tard que l'on rencontre les traces, jusque là rares et informes, de ce génie latin, que l'on sait pourtant si viril et si nettement caractérisé.

Qu'il suffise de contater deux points: le fait son explication.

I. Le fait.

En vérité, dans cette longue période, Rome est tout entière à sa formation, à l'expansion au dehors. Elle ne sort de son élément naturel que sous l'action des étrangers, des peuples conquis, des Grecs surtout.

De plus, c'est la jeunesse du peuple romain: il n'a ni histoire, ni presque point de légendes. Et, chez lui, en dépit du climeat, de la mer, de la situation géographique, on sent le dédain des aspirations intellectuelles, le goût des labeurs champêtres, des tentatives militaires, des affaires politiques, des questions utilitaires. semblable aux aèdes, aux trouvères, chez les Romains.

II. L'explication du fait.

Rien de

Qautre constatations peuvent expliquer ce silence: le temps,les aptitudes, les sujets, la langue.

a) Le Romain n'a pas le temps de s'adonner aux lettres: il est occupé aux champs, au forum, à la guerre. C'est un peuple actif, fort et résistant, apte à conquérir le monde. Le Romain est d'instinct conquérant et pratique; il forme d'abord le citoyen, organise la famille, l'un et l'autre en vue de l'Etat.

b) Il manque aussi d'aptitudes, de qualités brillantes, au moins à l'origine. S'il n'a pas l'imagination vive et colorée du Grec, ni sa sensibilité émue et sonore comme les cordes d'une lyre, il se distingue par la justesse de la raison, la droiture du jugement, l'ordre et la précision des combinaisons: il a les talents du logicien, du moraliste, du magistrat, du politicien, plutôt que du lettré et de l'artiste.

Est-ce la na

c) C'est aussi le défaut de sujets de son choix. ture qu'il observe? Le sol est peu fertile, ingrat; la mer Adriatique se déchaîne en tempêtes; l'homme est un étranger, un ennemi, un barbare. --- Est-ce la religion? Le culte est indécis, flottant, car les divinités sont elles-mêmes des abstractions de la nature, sans poésie et sans agrément : c'est à la Grèce que Rome va emprunter sa théogonie. Est-ce la patrie? Elle se fait et se construit lentement : le Ro

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