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Menou et Nicolas Denys. Le pays fut divisé en plusieurs seigneuries.

La mort vint frapper Razilly au milieu de ses grands projets; d'Aulnay de Charnisay lui succéda. Celui-ci était un homme actif, énergique, courageux, un administrateur habile. La colonie allait

donc entrer dans une ère de prospérité inconnue jusque là. Malheureusement des dissensions éclatèrent bientôt entre le gouverneur, Latour et Denys. Chenisay alla jusqu'à attaquer Jemsek, un des forts de Latour. Madame Latour, en l'absence de son mari, organisa la résistance, et se défendit avec tant de courage, bien qu'elle n'eut sous ses ordres qu'une poignée d'hommes, que l'assiégeant dut se retirer. Quelques mois plus tard, Charnisay reparaissait devant la place et l'enlevait d'assaut. Les héroïques défenseurs avaient obtenu des conditions honorables. Le vainqueur ne respecta point la parole donnée, et souilla sa victoire trop facile par des atrocités révoltantes. La garnison fut pendue, et Madame Latour dut assister ou supplice de ses valeureux soldats. A quels honteux excès ne pousse pas la passion de la vengeance!

Charles Latour, aprés avoir erré pendant plusieurs années, finit par épouser la veuve d'Aulnay et hérita de tous ses biens.

Cepandant, les colonies de la Nouvelle-Angleterre convoitaient l'Acadie, depuis longtemps. Une déclaration de guerre entre la France et l'Angleterre leur fournit l'occasion de mettre leur projet à exécution. Jemsek, Port Royal, l'Acadie entière, à l'exception de qelques petits postes, tombèrent bientôt aux mains des Anglais. Heureusement que le traité de Bréda, signé en 1667, rendit l'Acadie à la France.

3. Lutte suprême pour la possession de l'Acadie.

Hubert de Grandfontaine fut nommé gouverneur de l'Acadie en 1670. Il s'appliqua aussitôt à rétablir l'ordre et la paix dans cette malheureuse colonie, ruinée par les attaques des Anglais et plus encore par les mesquines rivalités de ses chefs. Ses successeurs, Chambly, Vallière, Perrot, Meunéval, continuèrent son œuvre de restauration. Pour eux l'Acadie, par sa position géographique, était la sentinelle avancée de la Nouvelle-France, la clef des possessions françaises en Amérique. Il leur fallait des hommes et de l'argent pour la défendre; malheureusement, leurs appels réitérés ne trouvèrent pas d'écho à Versailles. Laissés à eux-mêmes, attaqués continuellement par des partis de guerre venus des colonies voisines, ils multiplièrent les prodiges de valeur. Combien de temps allait durer cette lutte inutile, mais si glorieuse pour la valeur française? Quarante années.

C'est dans cette lutte suprême que le baron de Saint-Castin et les Abénaquis se distinguèrent; leur fidélité inaltérable à la France, leurs exploits de tous les jours contribuèrent grandement à retarder,

de plusieurs années, la chute de l'Acadie. Ancien officier du régiment de Carignan, Vincent de Saint-Castin avait fini par se fixer parmi les Abénaquis. Comme tant d'autres de ces compatriotes, il y fut accueilli en ami. En effet, cette puissante tribu, évangélisée par des missionnaires français, s'était toujours montrée l'ennemie irréconciliable des Anglais et l'alliée fidèle de la France. SaintCastin adopta le genre de vie de ces sauvages,. et épousa Marie Pidikwamiska, fille d'un chef. Sa bravoure, son audace, aussi bien que cette alliance, lui gagnent les cœurs des Abénaquis qui le placent à leur tête. Pendant de longues années il fait une guerre acharnée aux maraudeurs anglais, se multiplie pour repousser les attaques qui viennent de tous côtés, et tient en échec toutes les forces de l'ennemi.

Nous avons vu que, en 1690, Port-Royal et presque tous les autres établissements français furent pris par les Anglais. Deux ans plus tard, Phipps attaqua Jemsek, mais sans succès.

Le traité de Ryswick (1697) mit fin à la guerre entre la France et l'Angleterre, mais l'Acadie resta toujours exposée aux incursions des colonies anglaises. C'est ainsi que le colonel Church, en 1704, pilla Port-Royal et ravagea les environs de Beaubassin. D'un autre côté, les Bostonnais ne cessaient de reprocher amèrement à l'Angleterre d'avoir cédé l'Acadie, et demandaient des renforts pour s'en emparer définitivement. Le gouvernement anglais se rendit à leurs instances; le sort de l'Acadie était scellé.

4. L'Acadie devient possession anglaise.

Le 24 septembre 1710 le général anglais Francis Nicholson entre dans le bassin de Port-Royal. Sa flotte se compose de 54 voiles, son armée compte 4,000 hommes. Un envoyé descend à terre et somme le commandant de la place de rendre les forts. "Venez en chercher les clefs," répond fièrement l'héroïque Subercase. un valeureux soldat que ce Subercase, dernier gouverneur français de l'Acadie. Il a déjà repoussé victorieusement trois attaques dirigées contre Port-Royal, et n'a sous la main que 300 soldats pour faire face à l'ennemi. Avec cette poignée de braves il résiste dix-huit jours, et obtient les conditions les plus avantageuses: pour lui et les 156 braves qui ont survécu les honneurs de la guerre, pour les habitants du pays le respect de leur propriétés.

L'Acadie était désormais possession anglaise. Le pays reçut le nom de Nouvelle-Ecosse, Port-Royal devint Annapolis. Le vainqueur voulait faire disparaître tous ce qui pouvait rappeler les origines françaises, faire oublier la France. A-t-il réussi? Demandezle aux 160,000 Acadiens des provinces maritimes qui, après une séparation deux fois séculaire, conservent le précieux héritage légué par leurs pères, l'esprit, les mœurs, la langue et la religion de la France chrétienne de Louis XIV.

A consulter.—“ Une Colonie Féodale en Amérique” par Rameau de Saint Père, 2 vol.

N.B. On nous a prié de donner plutôt des plans et des esquisses de devoirs classiques. Nous répondons à ce désir.

"Que savez-vous sur l'Acadie, sa prospérité et ses malheurs sous la
domination française?

PLAN.

1. Début - Position géographique, aspect, climat, habitants, premiers colons, espérance d'avenir, ressources de ce pays, au XVII siècle. Soyez bref, concis, clair, méthodique: 15 lignes à 18 au plus.

2. Milieu-a) Personnages en scène: principanx et secondaires. b) Evénements "heureux": en Acadie, au dehors entre France et Angleterre (dates),

c) Evénements "funestes" : en Acadie, au dehors (dates.)

d) Rapprochement entre l'état du pays sous la domination

française et anglaise...

3.-Conclusion- Réflexions morales, religieuses, politiques, appuyées sur les événements-les espérances d'avenir aujourd'hui.

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Pédagogie-La première classe, à la rentrée des élèves.

Les élèves sont entrés et se placent. Le Maître changera ce placement, plus tard, en connaissance de cause.

1. La prière faite, appel nominal des élèves, d'après une iste préparée, sur laquelle on a peut-être inscrit quelques renseignements reçus d'ailleurs préalablement. D'un mot dit à propos, on peut faire sentir que l'on connaît tel et tel de réputation.

2. Le travail matériel terminé, l'on assigne l'emploi du temps, afin que chaque élève sache quel enseignement il recevra le lundi (matin, solr), le mardi..., --quand il devra donner son devoir écrit, quand il devra réciter telle leçon apprise.

Cet emploi du temps devient - tout de suite-le guide qui le prévient ou le témoin qui le condamne: donc il faut qu'il en prenne note sur-le-champ.

Cet ordre des exercices une fois établi, il convient de s'y astreindre soi-même avec vigueur, pour éviter les hésitations et les pertes de temps.

3. La discipline sera convenue d'avance: on dira clairement que le silence sera strict, toute l'année, que l'on devra s'astreindre à ne porter les yeux que sur le professeur ou les livres rarement sur les voisins. —Que la tenue sera digne et distinguée,- que l'on donnera une sanction par une note de conduite à toute sérieuse violation à la discipline.

4. Indiquer les cahiers: brouillon, propre des corrigés, des matières diverses qui seront enseignées, voilà encore une chose d'importance et que l'on se réserve de contrôler par un examen de semaine ou du mois.

5. L'art de prendre des notes devra être mis en évidence par quelques exemples immédiats, au tableau noir. L'on indiquera quelques signes d'abréviation qui seront communs au professeur et aux élèves.

6. Que l'on attire enfin l'åttention sur le recueillement à s'imposer dans les prières qui précèdent et qui suivent la classe.

(A suivre.)

ART. I. Syntaxe grammaticale.

Pédagogie.- Dans les cours moyens et supérieurs, tous les auteurs de pédagogie sont unanimes à conseiller la concision, la sobriété. Voici, d'ailleurs, ce que tout le monde peut lire:

a) "L'étude du français devrait être "pleine de joie," de facilité, d'intérêt... Comment a-t-on réussi à la rendre si mausade, si ennuyeuse?

b) "L'étude du français devrait être "l'observation d'une langue" que l'on sait déjà, pour en mieux voir les délicatesses et les beautés: on en fait un recueil de formules compliquées, de définitions abstraites, de difficultés inextricables...

c) L'étude du français devrait être "la marche triomphale de l'intelligence" qui s'éveille à travers le domaine que l'enfant à con

quis, dès le berceau, par la mémoire et par l'usage: mais le grammairiens lui déguisent la réalité, l'égarent dans un dédale de sentiers épineux, de recoins ténébreux, ignorés: le voyage devient un supplice.

d) Le maniment du français devrait être "un exercice de toutes les forces intellectuelles," pénible, mais fortifiant comme une ascension dans les montagnes...: on en fait un travail de patience, comme serait d'arracher les mauvaises herbes, de se mouvoir avec un boulet et des menotes...

"Ainsi, notre enseignement du français est trop abstrait, trop méthodiquement grammatical, trop loin des réalités du langage; il est trop étroit, emprisonné dans les formules de grammairiens qui semblent n'avoir eu d'autre souci que de tuer la liberté; il est trop subtil, et se perd dans des distinctions et des sous distinctions, où l'esprit ne sait ni se mouvoir, ni vivre à l'aise.

"Faisons donc cet enseignement ce qu'il doit être : à savoir concret et vivant, large, lumineux. BAINVEL, S.J., ("Causeries pédagogiques," p. 226, 227).

I. Sur l'art de lire.

Quand l'élève a une leçon à apprendre, que fait-il en général? Il se met à marmotter, à voix basse ou à haute voix, chaque mot vingt fois de suite, mécaniquement, machinalement, jusqu'à ce qu'il se soit enfoncé la page, ligne à ligne, dans sa cervelle, comme on enfonce un clou dans le bois, à force de frapper dessus avec le mar

teau.

Eh bien, je propose aux meilleurs élèves des écoles primaires secondaires un pari, que j'ai bien souvent gagné.

Leur mémoire est toute fraîche, toute souple, toute nouvelle, tandis que la mienne me sert depuis bien longtemps, et, comme telle, commence fort à s'user; je leur offre pourtant de choisir, eux et moi, une page quelconque, et je gage que je la saurai deux fois plus vite qu'eux.

Pourquoi? Parce que j'y appliquerai les règles de la lecture, que j'apprendrai ce morceau en le lisant correctement, méthodiquement, selon les lois de la ponctuation et en suivant les mouvements de la phrase. Lue de cette façon cette phrase s'imprimera plus fortement dans ma mémoire, parce qu'elle se dessinera plus fortement dans mon esprit.

Apprendre à lire, c'est donc apprendre à apprendre; par conséquent, ce n'est pas du temps perdu, mais du temps gagné.

Explications.

LEGOUVÉ.

Sur ce texte - comme sur tout autre d'ailleurs Pous pouvons enseigner la grammaire, la syntaxe, avec le langage "ceneret, vi

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