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Pour trouver du neuf, il suffit d'ouvrir son Littré ou Bescherelle, aux mots : automne, feuillage, etc.—Il ne s'agit pas de copier, mais de s'y inspirer et d'inventer soi-même.

"feuilles sèches" est commun, surtout avec "brillant feuillage": éviter ces répétitions qui n'ajoutent rien.-De plus, sans verbe, la phrase n'est pas française; elle suppose "s'étend ", du membre qui précéde. Dites:

TEXTE-" à mes pieds, un lit (manteau) de feuilles recoquillées, hier encore murmurante verdure aérienne, marquetant de bronze et d'or pâle le gazon défaillant sous la morsure de la gelée."

Au lieu de donner les couleurs "rouge et jaune nuancés”, nommez ces nuances, sinon vous restez dans le vague et le général : c'est le procédé par lequel on améliore soi-même son style." marquetant avec un seul t.-Relisez les vers

des Vieux nids.

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2-" Des érables... découronnés": c'est bien; peut-être fallait-il nommer les "chênes" aussi, si vous observez la nature. Toute la phrase est bonne, belle, pleine, harmonieuse. On peut trouver mieux que "livrent au plein jour".

3-" Demeures" relie l'idée à "palais aériens ": voilà de justes métaphores.-"ô nids sans chansons ": très bien; et comme exclamation ou apostrophe, et comme expression ou alliance de mots;-" pleins d'allégresse" est trop facile avec le verbe "vous étiez ": l'élégance réclame plus d'efforts et de couleurs. Cherchez donc dans Littré: “ être plein de;" admettez-vous: tressaillir?" les brises vous balançaient sur des flots de parfum, le jour, entre des clartés mobiles et la terre souriante..."; retranchez "vous" devant "changeaient" et la phrase est délicieuse.

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Exquises aussi les deux phrases qui suivent :-" L'éclair... la grêle..." je changerais 'qui ravage les moissons"

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qui brise les têtes altières et mutile les rameaux ”—Si doux... si mollets" sont trop synonymes; mettez "si gracieux ou si mignons".

-"Ont-ils..." l'interrogation est bien placée et elle plaît toujours ;-"succombé sous les coups" s'emploie si souvent et ainsi frappe moins l'attention: "péri, expiré... sous les coups

"des hommes " ne paraît pas nécessaire : laissez deviner que les filets sont tendus par la main humaine; mieux vaudrait dire "filets perfides ";-le singulier préférable pour "les cages dorées ";-"air pur": mieux que ces termes isés et que “ciel bleu": "l'air natal, la coupole azurée, la berté ".

"Sont-ils partis..." très bien écrit, excepté "merveilleux de couleur et de goût", qui est indécis et trop vague; il faudrait mentionner les fleurs, les insectes, dont se nourrissent les oiseaux, puis les fruits qui plaisent à leur goût.

1-La transition "mais qu'importent " est dure et cruelle pour les nids et leurs hôtes :-"mais que rappellent, suggèrent..."-Excellentes, ces interrogations.

"Les douleurs... nos douleurs ": voilà la beauté et la force du même mot qui revient.

2-" Maisonnette..., la maison": négligence que cette répétition; dites" le toit ou le foyer paternel ",-" parle au cœur" se dit si souvent qu'il n'impressionne plus : "chante toujours au cœur le langage-stances, strophes—du bonheur..."

Qui peut...", très bien rendu, avec clarté, pureté, élégance et force dans l'interrogation.

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3-L'antithèse est naturelle; 'pour toujours", mieux "sans retour", bien qu'il y ait "reviennent ".

Après "sacré ", il faut un point ou un point et virgule. Du reste la ponctuation, telle qu'on l'a mise, rend la phrase lourde et traînante. Mais les pensées sont bien enchaînées et revêtues d'un style très bien approprié.

Voilà assurément, du beau et bon parler de France et du Canada.

N. B.-Notre critique tend à la formation littéraire; il ne faudrait pas admettre que les mots et les phrases que nous blâmons soient, par ce fait, condamnables et répréhensibles : nous visons à embellir, à enrichir le style des élèves. Seulement, on avouera que le langage de tout le monde, les alliances de termes toutes faites... ne sauraient être regardés comme la forme littéraire et cultivée.

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Notre salle de classe se trouve au troisième étage du couvent. Comme elle est gaie, avec ses larges fenêtres, par lesquelles on peut apercevoir un bon coin du ciel bleu ou gris !

Notre salle de classe est perchée au troisième étage. Que sa physionomie est gaie, avec ses deux hautes fenêtres, par où l'œil espionne une clairière d'azur ou une trouée du ciel gris !

Sur une muraille, plusieurs photographies sont suspendues, entre autres celles de quelques graduées, vue qui nous encourage, car nous pouvons nous dire que, dans quelques années, nous aussi, nous irons, vêtues de blanc, recevoir la gloire due au travail.

A l'une des murailles pendent quelques photographies, entre autres un groupe d'anciennes graduées cette muette apparition nous sourit et nous encourage; elle fait germer et grandir l'espoir que bientôt, vêtues de blanc, nous ceindrons avec joie les couronnes tressées pour le travail.

Sur l'autre (muraille), le grand tableau noir, souvent victime des méprises des élèves, se dresse, prêt à servir, et semble nous inviter en nous disant: "Venez, je suis là !"

Sur l'autre, dans toute la longueur, se déroule le grand tableau noir, si souvent victime des méprises, ami toujours prêt au labeur auquel il semble nous convier. en disant: "Venez donc, je suis là !"

Les murs sont teints d'un vert très pâle, qui fait ressortir les objets placés dans l'appartement. On y voit encore des peintures représentant "La Mère et l'Enfant," humble copie de Mignard; le "Sacré Cœur de Jésus "; une gravure de "'Enfant Jésus au milieu des docteurs "; rabbins et prêtres semblent s'intéresser à ses paroles et s'étonner de sa sagesse précoce.

Ces deux phrases sont excellentes, à peu de chose près; c'est bien observé et correctement exprimé.

Notre classe n'est ni trop grande ni trop petite, pour le nombre d'élèves qui l'occupent ; c'est le seul témoin des reproches, et en même temps, des éloges adressés aux élèves suivant leur mérite.

Notre classe.... qui l'occupent ; c'est le seul témoin, bien discret, des réprimandes ou des éloges adressés à chacune, selon qu'elle le mérite.

En ouvrant la porte, plusieurs objets frappent nos yeux, mais surtout le pupitre de la Maîtresse dont le zèle et le travail veulent faire de nous des jeunes filles sérieuses et utiles aussi; elle ne se lasse pas de nous donner devoirs et expli

cations.

En ouvrant la porte, ce qui frappe les yeux c'est surtout le pupitre de la Maîtresse; son zèle et ses fatigues s'orientent vers la formation intellectuelle et morale des élèves. Devoirs, leçons, explications et corrections, elle n'épargne rien, dans le dessein de produire au dedans des jeunes filles éclairées et sérieuses, au dehors des caractères utiles à la famille et à la société.

Dans un coin à gauche, se trouve une jolie collection de pierres fossiles, coquillages dont les spécimens nous aident beaucoup à comprendre la géologie, au sujet de laquelle nous ne sommes pas toutes du même goût; car cette science, aimée de plusieurs, donne aussi le mal de tête à quelques

unes.

Dans l'encoignure de gauche, se déploie un étalage de fossiles, coquillages et minéraux de diverses formes. Ces spécimens nous aident beaucoup à entendre la géologie, au sujet de laquelle les goûts se divisent; les unes inclinent aux saveurs de cette science, les autres y contractent un mal de tête, bien voisin du dégoût.

Sur une petite table, placée près de la maîtresse, sont installés quelques livres, qui résument presque toutes les sciences humaines, ainsi qu'un globe représentant la terre.

Sur un guéridon, à la portée de main de la Maîtresse, s'alignent et s'étagent quelques volumes, abrégés succints de presque toutes les sciences humaines, ainsi qu'un globe terrestre.

Autour de l'une des croisées, pousse un lierre, vivifié par les chauds rayons du soleil et par les soins d'une main fidèle et dévouée. Il grandit presque à vue d'œil, et déjà, après avoir fait le tour de la large fenêtre, il va se reposer sur le crucifix.

Autour de l'une des croisées, grimpe un lierre dont la parure d'un vert tendre se maintient vivace sous les chauds baisers du soleil et grâce à la sollicitude attentive d'une main dévouée. Il monte presque à vue d'œil; et déjà, après avoir contourné la large fenêtre, il pense étreindre le crucifix lui-même.

Quatorze pupitres sont destinés aux élèves, mais onze seulement sont occupés. Pendant les heures de classe, elles sont toujours écrivant ou récitant, essayant de faire entrer dans leur tête, quelquefois à grand'peine, ce qui nous est enseigné.

Des quatorze pupitres, onze ont accueilli des destinataires. Aux heures de classe, les plumes courent ou les lèvres récitent la sueur ruisselle au front, pour étiqueter dans le cerveau les notions enseignées.

Mais, patience! L'étude est comme la noix: l'écorce en est amère. Le fruit u'en sera que plus doux. Nous la casserons, cette amande, et nous goûterons ce noyau !

Mais patience! L'étude est amère; le fruit n'en sera que plus exquis. Le proverbe affirme qu'il faut casser le noyau pour avoir l'am inde.

Ce noyau, nous voulons le briser: cette amande nous la voulons goûter.... et nos maîtresses et nos parents, avec nous! A. R.

N. B.-Nous avons voulu suivre de près le texte de cet essai qui est loin du médiocre sans nous arrêter à la suite ni à la gradation des pensées. Tel qu'il est, notre essai, comparé à celui de l'élève, sera suffisamment avantageux aux lecteurs et suggestif de mieux encore.

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