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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

Les différents morceaux dont se compose ce volume ont déjà paru dans un excellent recueil littéraire'; l'émotion qu'ils ont excitée dans le monde politique et qui s'est manifestée jusqu'à la tribune des Chambres, l'ardente polémique dont ils ont été le sujet dans la presse et dans les partis, nous ont fait penser à les recueillir sous un titre commun. En accédant à notre vœeu, l'auteur a profité des lumières acquises par la discussion; il a repris, étendu, fortifié ses premiers travaux et en a fait res

La Revue des Deux-Mondes.

sortir l'enchaînement dans une préface développée. Au milieu de la controverse philosophique et religieuse, dont le caractère chaque jour plus passionné égare et trouble l'opinion, peut-être ces pages, à la fois libres et modérées, contribueront-elles pour leur part à éclaircir les questions et à fixer les esprits.

CHARPENTIER.

25 mai 1845.

PRÉFACE.

:

Une pensée commune rattache étroitement ensemble les divers morceaux de controverse que nous nous hasardons à mettre une seconde fois sous les yeux du public. Hâtons-nous de le dire c'est une pensée de conciliation et de paix. Parmi les agitations de l'ardente lutte où depuis cinq années le clergé s'est engagé avec la philosophie et bientôt avec la société laïque tout entière, tandis que des accents de colère et de vengeance retentissent autour de nous, notre situation d'esprit a cela de particulier, que nous nous sentons également incapables de partager aucune des passions violentes qui animent les partis contraires.

Est-ce de notre part pure indifférence? à Dieu ne plaise! Malheur à qui resterait indiffé

a

rent en présence d'un combat où sont compromis les droits de la pensée libre et ceux de la conscience, c'est-à-dire, les biens les plus chers à tout noble cœur, ceux qui donnent à la vie humaine son prix et sa dignité.

Non, l'indifférence est loin de notre âme. Mais ce qui en bannit en même temps tout sentiment de violence et de haine, c'est cette conviction profonde que chacun des adversaires qui combattent sous nos yeux représente un grand et légitime intérêt de la civilisation. Nous croyons fermement que ces intérêts divers sont conciliables, et dès lors, le sentiment qui domine en nous tous les autres, c'est un vif regret de la lutte engagée, et par suite un désir sincère d'y voir mettre un terme.

Ceux qui pensent qu'entre l'Église et l'esprit nouveau l'opposition est invincible et absolue, doivent se réjouir des troubles qui nous divisent. La guerre, alors, la guerre acharnée, ardente, impitoyable, serait le seul moyen de préparer le règne de la justice et de la vérité; et toute tentative de conciliation ne serait pas seulement inutile, mais funeste.

Telle n'est point notre pensée. La philosophie et la religion, l'Église et l'État, sont à nos yeux

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