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136 W. Bornemann, Boileau-Despréaux im Urth. seines Zeitgen. D. Saint-Sorlin.

L. c. p. 117 f.:

Philene. Voicy ce qui suit.

La masse est emportée, et ses ais arrachez

Sont aux yeux des mortels chez le Chantre cachez1).

On voit par ces derniers vers, que ce n'est icy que la moitié de l'ouvrage; puisque la victoire du Prelat et de l'Horloger, qui est le Heros du Poëme Heroïque, doit en faire la catastrophe. Le Poëte n'en a voulu donner que ces quatre chants, ayant dit en la preface de son Lutrin, qu'il eust bien voulu donner au public cette piéce achevée, mais, dit-il, des raisons tres-secretes, et dont le Lecteur trouvera bon que je ne l'instruise pas, m'en ont empesché. Et l'Autheur trouvera bon aussi que l'on croye, que ses seules raisons tressecretes, sont qu'il n'a pû achever cét ouvrage; n'estant pas capable de faire jamais un corps qui ait toutes ses parties, ny de faire une conclusion.

Dorante. Je croy qu'il en a touché la veritable raison.

B. hat durchaus nicht, nachdem er vier Gesänge gedichtet, den Lutrin als vollendet betrachtet. In der Vorrede sagt er (cf. SaintSurin, II, 316 f.), als neunhundert Verse (die vier ersten Gesänge) fertig vorlagen: je ne me serais pourtant pressé de le donner imparfait, comme il est, n'eût été les misérables fragments qui en ont couru. So wurden noch der V. und VI. Gesang hinzugedichtet, welche 1683 in die Oeffentlichkeit gelangten, während die vier ersten bereits 1674 erschienen waren (cf. Saint-Surin, II, 411 und 413).

1) Lutr. IV 227-228.

Anhang.

Boileau's Prosaschrift, die traduction du traité du Sublime de Longin etc. erfährt vom Kritiker folgende Ausstellungen 1. c. p. 118 ff.:

Philene. Remarques sur la traduction du Traité de Longin.

Il ne reste plus à examiner, que sa traduction du traité du sublime: mais parce que c'est de la prose, et que l'on n'a eu dessein que d'examiner ses vers, il faut seulement admirer la belle pensée qu'il a euë, sçachant bien qu'il n'a que le genie de la Satyre, qui est le plus bas de la Poësie, qu'il se feroit estimer un genie sublime, en donnant la traduction d'un traité du sublime. Chacun jugera mieux de son élevation par ses Poësies, que par son traité du sublime, dont il faut seulement voir quelques vers qu'il mesle dans sa prose, en traduisant ceux d'Homere, ou de quelques autres Poëtes Grecs. Voicy de ses premiers vers.

Pour dethroner les Dieux de leur vaste ambition,
Entreprit d'entasser Osse sur Pelion 1).

Il a cru que ce premier vers pourroit passer sous l'ombre de sa reputation: mais il n'y a pas un Poëte, de tous ceux qu'il a voulu rendre ridicules, qui en ait jamais fait un si méchant, n'ayant fait le mot ambition que de trois syllabes, bien qu'il soit de quatre.

Damon. Je sens bien que le dernier hemistiche ne vaut rien, estant de sept syllabes, et il n'en doit avoir que six. Quelqu'un de ses amis l'eut averty de refaire ce vers, comme ils luy en ont fait corriger plusieurs pour cette traduction à un seul.

Philene. Lisons les remarques. Il faut admirer encore cette belle façon de parler, dethroner les Dieux le leur vaste ambition. Il ne peut pas s'excuser sur les vers d'Homere, qui ne disent rien du tout de celà, et qui disent seulement parlant Geants.

Ὄσσαν ἐπ' Ούλύμπῳ μέμασαν θέμε, αὐτὰρ ἐπ ̓ Ὄσση
Πήλιον εινοσίφυλλον ἵν ̓ οὐρανὸς ἀμβατὸς εἴη2).

C'est à dire.

Oserent sur Olympe, en leur rebellion,
Porter le haut Ossa, sur Ossa Pelion,
Pour s'elever aux Cieux.

1) cf. Saint-Marc, IV, p. 310.

2) Homer. Odyss. XI 314 f.

Car il faut dire Ossa, et non Osse; comme on dit le Mont Oeta, le mont Ida, le mont Sina, et non pas Oete, Ide, et Sine. Nostre Poëte si fier devoit traduire, porter Ossa sur Olympe, et Pelion sur Ossa; mais il n'a pû fourrer dans son vers le mot Olympe, au lieu duquel il a mis un vers entier de galimathias.

Pour dethroner les Dieux de leur vaste ambition.

Dorante. C'est n'avoir pas la force de traduire les vers d'Homere, rapportez par Longin, ou n'en avoir entendu qu'une partie. Toutes ces remarques sont équitables.

Philene. Autant qu'un homme assis aux rivages des mers
Void du haut d'une tour l'espace dans les airs,
Autant des immortels les chevaux intrepides

En franchissent d'un saut1).

Pourquoy mettre dans ses vers, du haut d'une tour, puis que cela n'est pas dans son texte Grec, et qu'il y a seulement, assis sur un lieu élevé regardant vers la mer; et que cela se contrarie, et est superflu, de dire du haut d'une tour, aprés avoir dit, assis aux rivages des mers.

Il y a dans le texte Grec.

Οσσον δ ̓ ἡεροειδὲς ἀνὴρ ἴδεν ὀφθαλμοῖσιν

Ἥμενος ἐν σκοπιῇ, λεύσσων ἐπὶ οἴνοπα πόντον
Τόσσον ἐπιθρώσκουσι θεῶν ὑψήχεις ἵπποι).

C'est à dire.

Autant que peut un homme en regardant la mer,
Sur un rocher assis, voir l'espace dans l'air,
Les coursiers immortels autant d'un sault en passent.

il dit.

L'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie.
Pluton sort de son thrône, il pálit, il s'écrie.
Il a peur que ce Dieu, dans cet affreux sejour,
D'un coup de son trident ne fasse entrer le jour.
Et par le centre ouvert de la terre ébranlée
Ne fasse voir du Stix la rive desolée,

Ne decouvre aux vivans cét Empire odieux,

Abhorré des mortels, et craint mesme des Dieux3).

Que de choses qui ne sont point dans le texte Grec, par incapacité de serrer le sens. Il y a seulement.

Ἔδδεισεν δ' ὑπένερθεν ἄναξ ενέρων Αιδωνεὺς

Δείσας δ ̓ ἐκ θρόνου ἆλτο καὶ ἴαχε, μή οἱ ἔπειτα

Γαῖαν ἀναρρήξειε Ποσειδάων ενοσίχθων,

Οἰκία ἄ θνητοῖσι καὶ ἀθανάτοισι φανείη,

Σμερδαλέ εὐρώεντα, τάτε στυγέουσι θεοί περ4).

C'est à dire.

Pluton Roy des enfers de peur en fuí attaint.
De son thrône il s'elance, il crie, il tremble, il craint

1) cf. Saint-Marc, IV, p. 319.
3) Saint-Marc ib. p. 321 ff.

2) Homer, Il. V 770-2. 4) Homer, II. XX 61—5.

Que du coup de Neptune une large ouverture
Ne découvre l'horreur de sa demeure obscure,
Des mortels redoutée, et qu'abhorrent les Dieux.

Mais la difficulté de ne mettre dans le vers que ce qu'il faut, fait qu'un Poëte qui n'a pas la force de presser le sens, y joint des vers entiers, qui ne sont que des chevilles pour faire tenir le reste, et pour rimer à ce qui a esté dit, ou à ce qui doit estre dite en suite. On peut aider au vers par quelque mot adjouté, mais on ne doit pas y joindre des sens qui ne sont pas dans le texte. Car ne le faisant pas, ou ne pouvant pas le faire, on se fait voir Escolier, et bien bas, en mesme temps que l'on veut se faire le Maistre, et bien haut, par un traité du sublime. Il faut remarquer en passant la rare prudence du Traducteur, qui aprés avoir dit en son Art Poëtique.

Homere n'entend pas la noble fiction.

Se mocquant d'un de nos amis qui dans son traité des Poëtes Grecs, Latins, et François, avoit marqué quantité de ridicules inventions ou fictions d'Homere; maintenant il en produit luy-mesme de tres-pauvres, aprés avoir allegué des vers d'Homere de l'Iliade (liv. 10) où il parle d'un grand renversement de la nature, où les choses mortelles et immortelles, dit Longin, tout enfin combattoit avec les Dieux, et il n'y avoit rien dans la nature qui ne fust en danger: mais il faut prendre, dit-il, toutes ces pensées dans un sens allegorique, autrement elles ont je ne sçay quoy d'affreux, d'impie, et de peu convenable à la majesté des Dieux1).

Mais quel Lecteur pense a excuser Homere sur le sens allegorique, quand les choses sont ridiculement exposées? Et pour moy, poursuit Longin, lors que je voy dans Homere les playes, les ligues, les suplices, les larmes, les emprisonnemens des Dieux, et tous ces autres accidens où ils tombent sans cesse, il me semble qu'il s'est efforcé autant qu'il a pû de faire des Dieux, de ces hommes qui furent au siege de Troye; qu'au contraire des Dieux mesmes il en a fait des hommes. Encore les fait-il de pire condition: car à l'egard de nous, quand nous sommes malheureux, au moins avons nous la mort, qui est comme un asseuré pour sortir de nos miseres: au lieu qu'en representant les Dieux de cette sorte, il ne les rend pas proprement immortels, mais eternellement miserables 2).

Dorante. Il ne devoit pas alleguer ces pauvres fictions d'Homere, aprés avoir blamé l'Autheur du traité des Poëtes, d'avoir marqué plusieurs de ses ridicules inventions.

Philene poursuit .

parlant encore d'Homere. Mais, dit-il, je vous prie de remarquer, pour plusieurs raisons, combien il est affoibly dans son Odyssée, où il fait voir que c'est le propre d'un grand esprit lors qu'il commence à vieillir et à decliner, de se plaire aux contes et aux fables3), etc... A tous propos il s'égare en des imaginations et de fables incroyables 4) Les esprits plus élevez tombent quelquefois dans la badinerie, quand la force de leur esprit commence à s'éteindre. Dans ce rang on doit mettre ce qu'il dit du Sac ou Eole enferma les vents, et des compagnons d'Ulysse changez en pourceaux 5). Virgile a fait une absurdité toute contraire, faisant changer des vaisseaux en Nymphes de la mer. Mais on s'est accoutumé à souffrir ces grandes inepties dans les anciens, dont la diction a eu de la grandeur. Et de toutes ces absurditez, poursuit Longin, qu'il conte des amans de Penelope ...

1) Cf. Saint-Marc, IV, p. 323 f.

3) Ibid. p. 336 f.

2) Ibid. p. 323 ff.

4) Ibid. p. 340.

5) Ibid. p. 341: Les genies naturellement les plus élévés... la force de leur esprit vient à s'éteindre

En effet toute cette description est proprement une Espece de Comedie1). Voilà comment ce Rheteur ancien parle des pauvres fictions d'Homere. Cependant parce que dans le Traité des Poëtes, on en a remarqué quantité d'autres bien plus ridicules encore, les petits Poëtes envieux, qui ne sçavent ce que c'est que fiction, accusent de presomption ceux qui ont eu assez de goust pour distinguer ce que les anciens ont de bon, d'avec ce qu'ils ont de defectueux. Dorante. Il y a suiet de blâmer le peu de jugement de celuy qui ne se souvenoit pas de ces deffauts d'Homere, qu'il avoit veus et traduits de Longin, quand il a accusé un Poëte de n'avoir pas approuvé toutes les fictions d'Homere. Philene. Achevons . . .

Et des bras étendus, les entrailles emeuës

Ils font souvent aux Dieux des prieres perduës 2).

Méchantes rimes, emuës et perduës.

Que quiconque osera s'écarter à mes yeux.

Il devoit dire s'écarter de mes yeux.

Mais il y a dans le Grec quiconque ira ailleurs qu'aux vaisseaux je le tueray.

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Y viens-tu de la part de cette troupe avare.

Autre méchante cesure, et basse façon de parler en vers, y viens-tu de la part.

...

Le mesme jour qui met un homme libre aux fers.

Méchante cesure, et pauvre vers.

Damon. Nul de ses amis n'a jamais cru qu'il fit tant de méchans vers. Philene lit. Aprés avoir fait voir tant de fautes de jugement, et de diction, tant d'ignorances pueriles, par deffaut de connoistre le monde, et de sçavoir comment on doit parler, soit aux Princes, soit des Princes, soit de toutes les autres choses dont ceux qui se meslent de faire des vers doivent écrire avec justesse et delicatesse; et après avoir admiré comment ses Auditeurs, étourdis par la voix, avoient pris tant de pauvretez et de miseres pour des merveilles, sans y avoir jamais refusé leurs applaudissemens; on luy peut dire les mesmes vers qu'il a faits pour d'autres.

Ne vous enyvrez point des éloges flateurs
Qu'un amas quelquefois de vains admirateurs

Vous donne en ces reduits prompts à crier, merveille.
Tel escrit recité se soutint à l'oreille,

Qui dans l'Impression au grand jour se montrant,
Ne soutient pas des yeux le regard penetrant.

Mais il faut estre Maistre, pour sçavoir bien juger des fautes: un petit éclair d'esprit qui paroist, éblouït l'Auditeur, et quelquefois mesme le Lecteur, qui dans son éblouissement laisse passer quantité de deffauts, et les louë autant que ce qui luy a paru éclatant, par manque de finesse de goust. Mais il y a peu d'esprits assez forts, pour ne se pas laisser éblouir par des éclats qui surprennent, qui passent, et qui font passer le reste, s'il est deffectueux.

Dorante. Il est vray qu'il semble n'avoir fait ces vers que pour luymesme; et il se les appliquerà mieux quand il aura veu tous ces bons avis qu'on luy donne.

Philene. Finissons par la derniere des remarques.

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