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miers principes de palæontologie ont été introduits ensuite par Pallas; et enfin l'anatomie comparée suivra dans les mains de Vicq-d'Azir et de Gærtner.

L'anatomie comparée est celle qui examine, à l'aide d'une mesure, un organe dans toute la série, et fait ainsi connaître les rapports naturels de tous ces organes. Il faut ensuite en connaître le plus ou le moins, et tendre à en expliquer les fonctions; c'est la physiologie.

Dès lors les méthodes, ou classifications naturelles, pourront être senties, en estimant les principaux points nettement établis, d'abord en phytologie, puis en zoologie, en chimie; de là en minéralogie et en géologie.

Mais comme l'esprit humain ne fait pas tout à la fois, la nomenclature suivra ou devra suivre de près ce mouvement d'une manière proportionnelle à l'avancement de la science, et les méthodistes viendrout former des groupes, des familles; c'est ce que fera

Adanson.

Un pas définitif est celui dans lequel on considère les familles naturelles, en subordonnant la valeur de leurs caractères naturels; c'est par ces principes qu'est arrivée la célèbre méthode de Jussieu et son application à la botanique. Maintenant les botanistes sont, comme les zoologistes, à la recherche de la série, c'est-à-dire de l'ordre dans lequel les êtres doivent se précéder et se suivre; et la zoologie, sous ce rapport, est bien plus

avancée.

Mais, dans ce mouvement progressif qui se fit presque tout à la fois dans la dernière moitié du dernier siècle, on perdit généralement de vue le but religieux, le terme de la science. On prétendit créer les lois des phénomènes, les lois des opérations des corps, au lieu de

les découvrir et de les lire; on s'appuya mal à propos sur la philosophie de Bacon faussement entendue; on crut qu'une science ne consistait qu'à connaître la loi des phénomènes. Comme la chimie fit de grands progrès, soit dans la matière mieux décomposée, soit dans la connaissance des lois d'un plus grand nombre de phénomènes, on crut n'avoir plus besoin de remonter au Créateur; on s'abaissa de plus en plus à l'application immédiate, et dès lors la science, devenue métier, se décomposa en autant de manières qu'il y eut de directions à fortune.

Cependant l'immoralité du système philosophique où l'esprit humain était tombé, l'athéisme s'étant démontré fatal par ses effets, on lui donna la forme nouvelle de panthéisme; sous son influence les sciences naturelles prirent une direction tendant à montrer que le tout est dans la partie. Ce qui conduisit pourtant des esprits hardis à des conceptions scientifiques de haute valeur. Oken et Lamarck représentent cette marche, dans laquelle on poussa la folie jusqu'à faire de la pensée une sécrétion, et qui est le comble, le terme de la direction antithéologique. Ce ne fut plus parce que la pensée créatrice l'avait ainsi voulu, que l'animal avait été disposé pour tel et tel but; mais c'était, par exemple, un oiseau de l'ordre des échassiers, qui, pour ne pas mouiller ses plumes, s'était élevé d'abord sur les pieds, et allait ainsi, par l'habitude, s'organisant progressivement.

En vain l'éclectisme impuissant essayait-il de faire rire aux dépens de ces célèbres naturalistes errants, mais puissants; il ne montra que sa faiblesse ; aussi le but de son apparition est inutile, et ne compte pas dans la direction où nous sommes.

Mais pendant le même temps, la marche aristotéli

cienne, conti s progrès, arrivait à démontrer de plus en plus orie des causes finales, la série croissante et décroissante des organisations, et par suite, non-seulement un plan dans chacune d'elles, mais encore un plan général dans l'ensemble des êtres, comme il y en a un dans les familles, comme il y en a un dans les espèces et dans chaque être. Elle découvrait des rapports nécessaires entre ces êtres, et arrivait ainsi à démontrer le sceau d'un Dieu créateur de toutes choses, aussi évident dans l'ensemble que dans l'individu. Par là, elle est conduite à lire la conception du Dieu toutpuissant, qui a créé l'homme à son image et à sa ressemblance, parce que seul il peut comprendre ce plan, et par conséquent sentir en lui-même le prototype de son Créateur.

C'est là le desideranda de la science, le retour au but, au terme religieux, qui peut seul démontrer la fausseté de ces doctrines prises au sérieux, mais avec le respect que l'on doit à ces hommes qui, à l'aide d'une supposition, d'une hypothèse gratuite, approfondissent le sujet, quoique dans une direction fâcheuse; direction dont la puissance d'absurdité nous ramènera invinciblement à la confirmation de la vérité dogmatique, sur laquelle la science est forcée de s'appuyer, tout en la démontrant, sous peine de s'anéantir elle-même.

Telle est la thèse générale dont nous avons suivi jusqu'ici le développement, et dont nous devons terminer l'exposition dans ce volume, où nous aurons à juger la démonstration par l'absurde, et à voir comment elle revient nécessairement à la théologie. Ce n'est pas dans les premiers esprits que la tendance à constituer la science sans Dieu s'est fait sentir; mais nous l'avons vue et nous allons la voir mieux encore sortir de l'in

T. III.

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duction de Bacon, qui, quoiqu'il ne fût nullement athée, voulait uniquement l'étude des faits. Nous aurons surtout à voir comment cette direction a été poussée dans Broussais, Gall, Lamarck, Oken, et à en déduire comme conséquence notre démonstration.

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Considéré comme créateur des principes de la méthode naturelle, c'est-à-dire comme méthodiste et non comme botaniste.

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1. Préliminaires.

Au point où nous sommes arrivés, les sciences naturelles vont reprendre définitivement leur rang dans la philosophie, et par suite, leur haute influence sur la société les collections publiques se multiplient, les musées se créent, de nombreux voyages sont entrepris pour étudier et recueillir les êtres naturels; mais ce serait méconnaître la puissance de la pensée humaine, de ne voir là qu'une espèce d'amusement d'enfant ; au fond de ce mouvement, il y avait une pensée de réorganisation qui commençait son œuvre, en même temps que les doctrines de destruction de la philosophie dévoyée et travestie, achevaient de ruiner les bases sociales. Voici le moment, en effet, de rappeler cette déplorable scission qui s'opéra entre la théologie et les sciences, au

sortir de l'école de saint Thomas, scission que nous avons vue se perpétuer jusqu'ici d'une manière presque insensible. La théologie perdit un appui, et les sciences n'eurent plus de critérium certain. Bacon, à son insu, et Descartes peut-être encore plus, préparèrent au dixhuitième siècle les armes dont il se servit pour saper toute doctrine et renverser tout principe. Une réaction terrible se fit sentir sur le monde politique, et en modifia pour jamais la face. Le choc a retenti dans tous les sens, et le sol vascille encore, sans qu'on puisse dire quand il reviendra au repos. Cependant, le vide des fausses doctrines ne tarda pas à se faire sentir; quand tout a été détruit, on s'est étonné de ne plus marcher que sur des ruines. En vain de puissants moteurs se sont efforcés de reconstruire avec ces débris; ils étaient vermoulus, et puis les fondements affaissés touchaient au plus profond de l'abîme; ils y touchent encore! Le sort de l'empire a prouvé qu'il n'avait pas trouvé la puissance de régénération; il ne nous est resté de lui que les obstacles qui entravent un retour devenu tous les jours de plus en plus nécessaire, et appelé par tout ce qu'il y a de généreux au cœur de la société. Nous sommes toujours sous son influence, mêlée à celle de la révolution, dont elle n'était que le résultat.

Dans un tel état de choses, la science a, nous le croyons, une grande et immense mission à remplir; elle doit ramener le monde aux principes de vie, en démontrant aux plus incrédules que les grands principes de la foi catholique sont immuables. Elle doit, en un mot, revenir s'adjoindre à la vérité théologique. Telle est toujours notre thèse, confirmée par la marche de la science. En effet, pendant que tout tendait à la dissolution, les sciences naturelles, plus particulièrement,

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