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se peindre le visage, depuis la Création jusqu'à nos jours, ouvrage dédié aux dames, mais à celles bien entendu qui n'en ont pas besoin.

Vous devez encore à M. Mugnot de Lyden l'Histoire d'une casquette, récit dans lequel, sous la forme d'un conte populaire, notre collègue a fait entrer plus d'un conseil utile et plus d'une leçon morale.

M. Arm. Renaud vous a lu quelques chapitres détachés d'un roman intitulé : La Griffe rose. Vous donner une idée, même superficielle, de ces fragments, serait chose impossible; d'ailleurs, l'œuvre entière est aujourd'hui publiée et soumise au jugement des critiques. Vous devez à M. Demouceaux un conte intitulé : Le Marché aux fleurs ou Dialogue entre un OEillet et un Oranger.

M. Cougny vous a lu un récit intitulé: L'Enfance de Virgile, dans lequel il a encadré les plus naïves et les plus gracieuses légendes que l'antiquité nous ait léguées sur le poète de Mantoue.

M. de Treuenthal vous a communiqué la traduction : 1° d'une légende de Holty, le Millevoie de l'Allemagne, intitulée : Adelstane et Rosette; 2° d'un conte légendaire de Bürger, intitulé: L'Empereur et l'Abbé; 3° de trois autres contes, intitulés : Zulima, Le Dentiste, et Mehemet et le Commandeur des Croyants. Vous avez remarqué qu'en dépit de son titre, le dernier est plus germanique et plus philosophique qu'il n'est oriental. Ce n'est pas en Orient qu'on verrait, comme dans le conte allemand, soixante ministres de religions différentes s'asseoir à la même table, s'entretenir dans une concorde parfaite, se séparer en s'embrassant, et nourrir leurs troupeaux des dogmes les plus purs de la charité et de la tolérance. Est-il même bien certain qu'on le verrait aujourd'hui sur tous les points de l'Europe?

Il me reste à vous entretenir de la poésie, à vous faire connaître quelle importance elle a prise parmi vos travaux, grâce à la persévérance de ses plus anciens représentants, grâce à la ferveur et à l'émulation des plus nouveau-venus. Il me semble qu'ici chacun de nous devrait respirer plus à l'aise : la poésie, en effet, n'est-ce pas, selon l'expression d'un grand poète lyrique, ce reste d'ambroisie «< qu'aux mortels ont laissé les Dieux? » ce nectar dont l'ivresse nous détache de l'étroite réalité pour nous plonger dans les inépuisables délices de l'idéal ? Pourtant, Messieurs, je crains bien de n'aborder ici, par une étrange fatalité, que la portion la plus ingrate

de mon rapport, la moins attrayante pour le secrétaire, la plus rebutante pour son auditoire. Plus de soixante pièces de vers ont été lues dans cette enceinte par seize d'entre nous, et dans ce nombre je ne comprends ni les fragments, dont M. H. Durand a semé le récit de son voyage, ni ceux dont M. Cougny s'est plu à émailler son Enfance de Virgile. Or de tant d'œuvres aussi variées pour le fond que pour la forme, comédie, discours philosophiques, satires, épîtres, apologues, méditations, légendes, ballades, idylles, chansons, rondeaux, pièces fugitives sans nom mais non pas sans attraits, que va-t-il subsister? La plus aride entre toutes les tables de matières.

M. Anquetil vous a lu un essai de traduction des huit Epitres d'Horace, à Julius Florus, à Torquatus, à Tibulle, à Septime, à Celsus, à Bullatius, à Vinnius Asella, à son Intendant.

M. Digard vous a lu trois satires sur les mœurs parisiennes, auxquelles il a donné pour épigraphe, mais sous forme interrogative, le dicton proverbial si connu : Paris est l'enfer des chevaux, le purgatoire des hommes et le paradis des femmes.

M. Mugnot de Lyden nous a lu : 1° une légende intitulée La Mort du Cloutier, dans laquelle il oppose à l'action corruptrice de l'incrédulité la bienfaisante influence de la foi ; 2o un discours philosophique et moral, intitulé : Les Riches, épître aux pauvres; 3° trois satires, intitulées La Réclame, les Nouvellistes politiques et les Écrivains, satires dont les titres seuls font assez connaître le sujet.

M. Lacombe vous a lu une méditation sur les Ruines de l'abbaye de Valmont, qui complète la méditation que lui avaient inspirée l'an dernier les ruines du château voisin.

M. Aug. Michaut vous a communiqué le discours lu par lui l'an dernier au banquet annuel des anciens élèves de M. Léon Cogniet, accoutumés dès longtemps à le choisir comme interprète de leurs sentiments envers le maître habile et l'éminent artiste.

M. Armand Renaud vous a lu: 1° une comédie intitulée le Château galant; 2o Le Brûleur de livres, histoire chinoise; 3° une légende fantastique intitulée Les Rats; 4° une pièce intitulée La Donna.

Vous devez à M. Montalant-Bougleux : 1o deux sonnets sur là Mort de Paris, en réponse à un sonnet de notre collègue M. Emile

Deschamps, qui porte le même titre; 2o trois satires intitulées, la première, Etre et paraître; la seconde, Souvenirs de Dieppe, les Néréïdes de la manufacture de tabacs; la troisième, Bain de mer; 3° une épître à M. Aug. Vacquerie, auteur des Funérailles de l'Honneur, dans laquelle notre collègue proteste contre les insultes que le dramaturge mécontent adresse à ceux qui ont le tort de n'être plus jeunes; 4° une allocution d'un grand-père à son petit-fils pour le cinquième anniversaire de sa naissance; 5° une Requête pour la violette, épître à M. Barthe, sur un passage de son discours dans l'avant-dernière séance solennelle de notre Société d'Horticulture; 6° épître à un prosateur sous ce titre : A trente ans, plus de poésie! 7. La mort de Lucrèce et l'expulsion des Tarquins, traduction d'un beau passage des Fastes d'Ovide; 8° Le Jeu de Paume; 9° Pour les Médaillés de Sainte-Hélène; 10° Une Statue en rêve; 11° Légende pour un groupe de Pradier, les trois Grâces dans le salon de Vénus, dédiée à notre collègue, M. Fontaine ; 12° enfin Ducis ou la première représentation du roi Lear, au palais de Versailles, anecdote dédiée à notre collègue M. On. Leroy, auteur des Etudes sur Ducis, dont une seconde lecture terminera cette séance.

Vous devez à M. Gourgaud un apologue intitulé Le Concert des Grenouilles.

A M. Ch. Lafosse, l'un de vos correspondants, un apologue intitulé : L'Ours, le Sanglier, le Loup et le Cheval.

A M. Aug. Montalant, une boutade philosophique intitulée : la Tristesse humaine.

A M. Ram Baud, une légende en sixains, intitulée La Mort d'un Croisé.

A M. Loir, quelques rondeaux que l'auteur vous a priés de regarder comme un badinage et un délassement à des travaux plus sérieux.

A M. de Sauville, deux pièces intitulées l'une Mea culpâ, adressée à M. On. Leroy, à propos de sa pastorale Un Berger malgré lui, l'autre, Souvenirs de la salle de Crimée, œuvre inspirée à l'auteur par le buste de son parent, le général de Mayran, tombé glorieusement sous les murs de Sébastopol.

Vous devez à M. Demouceaux, outre la traduction de deux courtes

ballades de l'Ecossais Burns, dont il vous a raconté l'intéressante biographie, les pièces intitulées : 1o Le Remouleur parisien; 2o Les Alouettes; 3° Le Chant du prisonnier ; 4o Le Modèle ou le Père du Klephthe; 5o Fleur mystique; 6o Un Cadran solaire; 7o Les Souhaits; 8o Les Yeux fermés; 9o La Fleur de la mansarde; 10° Le Tambourin, couplets, et 11° une idylle rustique, Les Poires du bon curé Normand.

Vous devez à M. le marquis de Gaillon, six petites pièces intitulées: 1o La Chanson du Laboureur au Roitelet; 2° A une Abeille; 3° A la Muse; 4o A une Couronne de lilas retrouvée dans un diction- . naire; 5o Un mot de Plutarque; 6o A une Mouche qui s'était posée sur un livre de philosophie.

Vous devez enfin à M. Lottin, outre quelques pièces fugitives qu'il à laissées sans titre, des stances intitulées Toast, insérées dans le dernier volume de vos Mémoires; une pièce intitulée Le Cousin, enfin la traduction de la description de la coupe dans la première idylle de Théocrite. Vous attendiez de l'auteur la traduction des élégies de Tibulle; espérons que l'année prochaine ne s'écoulera pas sans qu'il vous offre les prémices de cette œuvre capitale dont il s'occupe depuis longtemps.

Arrivé au terme de ce résumé, ou plutôt de ce long procès-verbal de plus de cinquante séances, je m'abstiendrai d'inutiles réflexions: puissé-je avoir été assez heureux pour évoquer devant mes collègues un souvenir fidèle et vivant de leurs travaux; pour inspirer à ceux d'entre nos concitoyens qui ne les connaissent pas, la bonne pensée de se joindre à nous et de s'unir fraternellement à nos efforts!

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Chaque jour l'industrie fait sous nos yeux d'admirables progrès, dont le résultat final, espérons-le, comme le but visible, sera d'améliorer la condition du plus grand nombre et celle des travailleurs industriels en particulier. Mais ce mouvement, par sa rapidité même et par son étendue, entraîne des transformations subites et des crises douloureuses pour les particuliers et même pour des classes tout entières. Quand ces crises se compliquent de changements profonds dans les mœurs, et se rattachent aux vicissitudes de la politique, elles peuvent amener de véritables fléaux, latents à leur origine, mais d'autant plus redoutables que, si on néglige d'y porter remède dès qu'ils se manifestent, ils suivent une progression rapide et continue.

Heureusement un des plus grands éloges que la postérité, ce nous semble, devra accorder à notre siècle et à notre pays, sous d'autres rapports infatués de leurs œuvres et peu justes envers leurs devanciers et leurs voisins, ce sera d'avoir signalé à tous les yeux ces sortes de misères et d'en avoir poursuivi, sinon la disparition, au moins l'adoucissement avec une sollicitude inquiète et une persévérance que rien ne lasse. Les chrétiens surtout doivent entrer dans cette lutte; ils ne peuvent oublier deux paroles des saints Livres. La première : Il y aura toujours des pauvres parmi vous, les doit mettre en garde contre les utopies, les illusions dangereuses et les déclamations passionnées. La seconde Vous

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