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mier lieu dans les formules des sels. S'il était possible de généraliser cet ordre, il serait en effet préférable sous le rapport ci-dessus; mais pour rendre le système homogène, il faudrait aussi dans ce cas écrire l'oxygène en avant, dans les formules des acides et dans celles des bases, ce qui serait difficilement accepté en raison des habitudes prises. Cependant, l'acide étant ordinairement considéré comme déterminant le genre d'un composé salin, le changement d'ordre cidessus se trouve encore justifié, en ce sens qu'il permet de mieux satisfaire à la règle complémentaire ci-après, laquelle, sans avoir été énoncée jusqu'ici, du moins à notre connaissance, fut cependant ordinairement suivie, et devint même en quelque sorte prépondérante.

Elle consiste à placer les éléments, ou les groupes d'éléments, dans l'ordre de leur plus grande stabilité de gauche à droite, de telle sorte que le dernier élément, ou le dernier groupe, soit le plus facilement remplaçable dans les réactions s'appliquant au corps considéré.

Cette règle supplémentaire offre, comme on le voit, quelque rapport avec celles concernant le radical et la terminaison dans nos écritures courantes. Plus générale que la précédente, avec laquelle elle concorde cependant ordinairement, elle pourrait à la rigueur suffire à tous les cas; nous verrons toutefois dans la suite qu'elle ne conduit pas toujours à une fixité de formule aussi absolue que cette dernière.

Nous avons déjà fait remarquer dans le chapitre précédent que, lorsque deux corps se combinent entre eux dans plusieurs proportions, il n'est pas indifférent, quand on veut faire ressortir les rapports de poids, sous la forme de nombres entiers aussi simples que possible, de prendre pour point de comparaison l'un ou l'autre des deux composants. Et, en effet, si en prenant un poids fixe d'azote, les poids d'oxygène, entrant en combinaison pour former les divers composés oxygénés, sont entre eux, comme nous l'avons vu, dans le rapport des nombres entiers 1. 2. 3. 4. 5, il en ré

sulte qu'en prenant pour quantité fixe un poids donné d'oxygène, ceux de l'azote entrant dans les mêmes composés sont entre eux comme les fractions 1/1, 1/2, 1/3, 1/4, 1/5. Or, pour avoir les plus petits nombres entiers présentant les mêmes rapports que ces dernières, il suffit de les réduire à leur plus petit dénominateur commun, ce qui donne 60/60, 30/60, 20/60, 15/60 et 12/60, fractions dont les numérateurs représentent, pour chacun des composants correspondants, la proportion d'azote par rapport à 60 parties. d'oxygène combiné. On voit donc que les nombres, ainsi obtenus, sont loin d'être aussi simples, que ceux résultant de la comparaison inverse. Pour arriver, en suivant la méthode de Dalton, à établir les formules les plus simples résultant de la combinaison des deux corps, il faut donc déterminer tout d'abord celui d'entre eux dont le poids doit être considéré de préférence comme constant, ce qui est du reste facile dans tous les cas, puisque les nombres entiers résultant des deux opérations inverses, que nous venons d'indiquer, peuvent se déduire aisément les uns des autres pour être comparés.

On vit d'ailleurs bientôt que, lorsqu'il s'agit des combinaisons oxygénées, c'est toujours en considérant le poids de l'oxygène comme variable que l'on arrive à faire ressortir les rapports entiers, les plus simples; et, plus tard, lorsque Berzélius eut établi sa distinction entre le composant électro-positif et le composant électro-négatif, on ne tarda pas non plus à reconnaître que cette observation relative à l'oxygène s'applique d'une manière générale à l'élément électro-négatif, d'une combinaison quelconque, ce qui dispensa ordinairement de la double épreuve indiquée ci-dessus.

Il résulte de ce qui précède, et de l'application des règles de Dalton, que dans les formules binaires, ordonnées suivant la méthode de Berzélius, le premier signe, correspondant au corps dont le poids a été considéré comme constant, n'entre en général que .pour un seul atome, tandis que le composant électro-négatif peut en renfermer deux, trois ou un p.us.

grand nombre. Toutefois, ce résultat présente un certain nombre d'exceptions, tenant, comme on le verra, à ce que les règles de Dalton n'ont pas elles-mêmes une entière généralité.

APPLICATION DES CONSIDÉRATIONS QUI PRÉCÉDENT A QUELQUES FORMULES SIMPLES, POUVANT ÊTRE OBTENUES PAR LA MÉTHODE

DE DALTON.

Nous appliquerons tout d'abord les considérations précédentes à l'établissement de quelques formules simples, dont nous aurons à faire usage dans la suite de notre exposé.

FORMULES DES COMBINAISONS DU CHLORE AVEC L'OXYGÈNE ET AVEC L'HYDROgène. 1o Les combinaisons connues de chlore et d'oxygène sont au nombre de 5, et l'on trouve, en les rapportant à un même poids de chlore, que les quantités d'oxygène qu'ils renferment sont dans le rapport des nombres entiers 1, 3, 4, 5 et 7; d'où il suit que les formules de ces corps, dans la notation de Berzélius, sont les suivantes :

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On voit qu'ici les nombres proportionnels aux quantités d'oxygène combiné laissent des lacunes correspondant aux nombres entiers 2 et 6. Cependant, nous appliquons la seconde règle de Dalton, comme si ces dernières n'existaient pas, ainsi que le fit ce savant lui-même pour les composés oxygénés du soufre; mais nous nous garderons, dans ce cas, à son exemple, de considérer comme réelle l'existence des

corps pouvant correspondre aux formules GLO' et CLO', du moins tant que cette existence n'aura pas été effectivement démontrée. Des lacunes semblables se présentant ci-après pour les composés oxygénés du sélénium, du tellure et du phosphore, nous opérerons également de la même manière sans en faire mention.

2o De même que du temps de Dalton, on ne connaît aujourd'hui qu'un seul composé hydrogéné du chlore, ce qui conduit à la formule ci-après :

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FORMULES DES COMBINAISONS DU SÉLÉNIUM AVEC L'OXYGÈNE ET AVEC L'HYDROGÈNE. 1o Le rapport des quantités d'oxygène entrant en combinaison avec un même poids de sélénium étant 2: 3, il en résulte les formules suivantes :

Acide sélénieux.
Acide sélénique.

Se0*

Se 0°

2o L'acide sélénhydrique étant la seule combinaison connue du sélénium avec l'hydrogène, l'on a

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FORMULES DES COMBINAISONS DU TELLURE AVEC L'OXYGÈNE ET AVEC L'HYDROGÈNE. -1° Le rapport des quantités d'oxygène entrant en combinaison avec un même poids de tellure étant 2: 3, il en résulte les formules suivantes :

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2o L'acide tellurhydrique étant la seule combinaison connue du tellure avec l'hydrogène, l'on a

Acide tellurhydrique.

Н Те

Ces résultats, comme on le voit, sont les mêmes que dans le cas précédent.

FORMULES DES COMBINAISONS DE L'AZOTE AVEC L'OXYGÈNE ET AVEC L'HYDROGÈNE. -1° Les poids d'oxygène qui se combinent avec un même poids d'azote étant, comme il a été dit déjà, dans le rapport des nombres, 1, 2, 3, 4, 5, il en résulte, pour les composés ainsi formés, les formules suivantes :

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qui sont la traduction de celles données précédemment avec les signes de Dalton.

2o En se reportant à ce qui a été dit au chapitre précédent, on voit que la formule du composé hydrogéné deviendra par une traduction semblable:

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FORMULES DES COMBINAISONS DU PHOSPHORE AVEC L'OXYGÈNE ET AVEC L'HYDROGÈNE. 1o Les poids d'oxygène qui se com

binent avec un même poids de phosphore étant dans le rapport des nombres 1, 3 et 5, il en résulte pour les composés formés les formules suivantes :

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2° Bien que l'on connaisse aujourd'hui trois combinaisons du phosphore avec l'hydrogène, nous ne considérerons pour le moment que le phosphure d'hydrogène gazeux. Ce corps étant, du temps de Dalton, le seul composé connu de ces éléments, sa formule fut considérée par ce savant, comme devant renfermer un atome d'hydrogène et un atome de phosphore,

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