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France adorée!

Douce contrée!

Après vingt ans, enfin je te revcis;
De mon village

Je vois la plage,

Je vois fumer la cime de mes toits.
Combien mon âme est attendrie!
Là furent mes premières amours;
Là ma mère m'attend toujours,
Salut à ma patrie!

Au bruit des transports d'allégresse,
Enfin le navire entre au port.
Dans cette barque où l'on se presse
Hâtons-nous d'atteindre le bord.
France adorée!

Douce contrée!

Puissent tes fils te revoir ainsi tous!

Enfin j'arrive,

Et sur la rive,

Je rends au ceil, je rends grâce à genoux.

Je t'embrasse, ô terre chérie!
Dieu! qu'un exilé doit souffrir!
Moi, désormais, je puis mourir.
Salut à ma patrie!

-Béranger.

LA MARSEILLAISE.

Allons, enfants de la Patrie,
Le jour de gloire est arrivé;
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé.

Entendez-vous dans ces campagnes
Mugir ces féroces soldats?

Ils viennent jusque dans vos bras Egorger vos fils, vos compagnes!... Aux armes, citoyens! formez vos bataillons! Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Que veut cette horde d'esclaves,
De traîtres, de rois conjurés?
Pour qui ces ignobles entraves,
Ces fers dès longtemps préparés ?
Français, pour nous, ah! quel outrage!
Quels transports il doit exciter!

C'est nous qu'on ose méditer

De rendre à l'antique esclavage.

Aux armes, citoyens! formez vos bataillons! Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Quoi! ces cohortes étrangères
Feraient la loi dans nos foyers?
Quoi! des phalanges mercenaires
Terrasseraient nos fiers guerriers ?
Grand Dieu! par des mains enchaînées
Nos fronts sous le joug se ploieraient!
De vils despotes deviendraient

Les maîtres de nos destinées.
Aux armes, citoyens! formez vos bataillons!
Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Tremblez, tyrans, et vous perfides,
L'opprobre de tous les partis,

Tremblez, vos projets parricides Vont enfin recevoir leur prix! Tout est soldat pour vous combattre. S'ils tombent, nos jeunes héros, La terre en produit de nouveaux Contre vous tout prêts à se battre! Aux armes, citoyens! formez vos bataillons! Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Français, en guerriers magnanimes,
Portez ou retenez vos coups;
Epargnez ces tristes victimes
A regret s'armant contre nous.
Mais ces despotes sanguinaires,
Mais les complices de Bouillé,
Tous ces tigres qui sans pitié

Dechirent le sein de leurs mères!... Aux armes, citoyens! formez vos bataillons! Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n'y seront plus; Nous y trouverons leur poussière Et la trace de leurs vertus! Bien moins jaloux de leur survivre Que de partager leur cercueil, Nous aurons le sublime orgueil De les venger ou de les suivre!... Aux armes, citoyens! formez vos bataillons? Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

Amour sacré de la Patrie,

Conduis; soutiens ncs braves vengeurs:
Liberté, liberté chérie,

Combats avec tes défenseurs!

Sous nos drapeaux que la Victoire
Accoure à tes mâles accents;

Que tes ennemis expirants

Voient ton triomphe et notre gloire!... Aux armes, citoyens! formez vos bataillons! Marchons, marchons!

Qu'un sang impur abreuve nos sillons!

-Rouget de Lisle.

LA PAUVRE FLEUR.

La pauvre fleur disait au papillon céleste:
-Ne fuis pas!

Vois comme nos destins sont différents: Je reste,
Tu t'en vas!

Pourtant, nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux,

Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes Fleurs tous deux!

Mais, hélas! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne;
Sort cruel!

Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine

Dans le ciel!

Mais non, tu vas trop loin!-Parmi des fleurs sans nombre Vous fuyez,

Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre

A mes pieds!

Tu fuis, puis tu reviens, puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.

Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs!

Oh! pour que notre amour coule des jours fidèles,
O mon roi,

Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes

Comme à toi!

-Victor Hugo.

HYMNE DE L'ENFANT À SON REVEIL.

O Père qu'adore mon père!
Toi qu'on ne nomme qu' à genoux,
Toi dont le nom terrible et doux,
Fait courber le front de ma mère;

On dit que ce brillant soleil
N'est qu'un jouet de ta puissance;
Que sous tes pieds il se balance
Comme une lampe de vermeil.

On dit que c'est toi que fais naître
Les petits oiseaux dans les champs,
Et qui donnes aux petits enfants,
Une âme aussi pour te connaître.

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