Aux ennuis condamné, Accablé du fardeau d'une tristesse extrême, Je viens de mes déserts chercher l'obscurité. RÉPONSE, OU L'emploi de LA VIE. Si vous avez goûté tous les biens des humains, Si vous les connoissez, le choix est dans vos mains: Bornez-vous aux plus vrais; et laissez les chimères Dont le repentir suit les lueurs passagères. Quel fut votre bonheur ! A présent sans désirs, Vous avez, dites-vous, connu tous les plaisirs. Héquoi! n'en est-il point au-dessus de l'ivresse Où le monde a plongé notre aveugle jeunesse? Ce tourbillon brillant de folles passions, Cette scène d'erreurs, d'excès, d'illusions, Du bonheur des mortels bornent-ils donc la sphère? La raison à nos vœux ouvre une autre carrière. Croyez-moi, cher ami, nous n'avons pas vécu : Employer ses talents, son temps et sa vertu, Servir au bien public, illustrer sa patrie, Penser enfin, c'est là que commence la vie. Voilà les vrais plaisirs dignes de tous nos vœux, La volupté par qui l'honnête homme est heureux : Votre ame pour ces biens est toute neuve encore. LE MÊME. Ibid. Voyez en prose, caractères ou portraits. Voyez, re partie, caractères ou portraits. LA JEUNESSE DU JOUR. Moi! je megarde bien de dire un mot; j'admire. Je sens que pour s'instruire il n'étoit pas besoin De tant se fatiguer, de prendre tant de soin. Oh! non, je reconnois que ces longues études N'étoient que sot ennui, que tristes habitudes; Je vois qu'à moins de frais il est de beaux esprits, Et même des savants, qui, n'ayant rien appris, N'ignorent nulle chose, et, des heures entières, Vont parler, discuter sur toutes les matières, Sur des points de science, en affaires de goût, Dans le monde, au spectacle, en famille, et partout, S'érigent en censeurs, en arbitres suprêmes, Et toujours, en un mot, sont très-contents d'eux On est tout confondu d'un ton si décidé. [mêmes. Tu sais tout, à t'entendre; et monsieur de Naudé Me disoit même hier: Que de choses j'ignore! Mon ami, je vieillis en m'instruisant encore. J'admire, ajoutait-il, Et l'air de confiance, et l'éternel babil L'ÉRUDIT 2. Si l'entretien languit, ne soyez point en peine; De la maison voisine arrive un érudit [thène, Qui, dans les murs de Rome et de Sparte et d'ASait tout ce qu'on a fait, et tout ce qu'on a dit; Son érudition profonde Vous dit d'où sont partis tous les peuples du monde. Il sait par cœur les noms des princes du sénat, Tous les Romains promus au grand-pontificat, Au rang d'édile, au tribunat; Qui, sur la scène, a pris le premier masque; Au lituus pontifical; Pais viennent les extraits des poudreux antiquaires; Au temple de la Paix, au vaste Colisée; 3 Espèce de crosse que portoient les prêtres de Rome, (N. E.) Compte les chapiteaux de sa masse brisée; Vous dit par quels heureux hasards Il vient de découvrir un vieux camp des Césars. Ce fut vers l'an 670 que le khalife Omar, commandant des fidèles, fit incendier la bibliothèque d'Alexandrie; il disoit : « Si ces livres s'accordent avec le Coran, ils sont A nos aïeux les Francs, à leurs premiers évêques; Je maudis les bibliothèques, Et suis près d'excuser l'incendiaire Omar '. DELILLE. La Conversation. inutiles; s'ils ne s'accordent pas avec notre loi, il faut les détruire.» (N. E.) FIN DE LA Deuxième parTIE. |