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ART DRAMATIQUE, MYSTÈRES, MORALITÉS, FARCES, SOTTIES.

Si déjà il est facile de remarquer dans les diverses branches de la littérature les influences indiquées au commencement de cet essai, elles sont plus frappantes et acquièrent une actualité plus spéciale encore lorsqu'il s'agit du théâtre. C'est dans les mystères et les cérémonies religieuses qu'il faut chercher le berceau de l'art dramatique chez les modernes comme chez les anciens. Mais le drame grec étoit né au sein d'une religion qu'Homère et les homérides avoient depuis long-temps rendue brillante et poétique, à une époque de patriotisme et de liberté qui preparoit Marathon et Salamine; le drame françois, au contraire, apparut dans un temps de bigoterie et d'ignorance, au milieu des boues de Paris, sous le règne de Charles VI, siècle d'anarchie et de licence, impur mélange de luxe et de barbarie; de là tous les défauts qui frappent dans ces piè ces, leur platitude et leur trivialité, leurs plaisanteries toujours burlesques, souvent cruelles, la confusion du sacré et du profane, de la moralité presque idéale de l'Evangile avec les prosaïques réalités de la vie demi-sauvage de nos aïeux. On peut voir l'origine des mystères dans les rhapsodies des pélerins qui, revenus de la Terre-Sainte, chantoient dans les villes et les châteaux leurs travaux et leurs misères, en variant ces récits de longs chapitres de l'ancien et du nouveau Testament; et d'une autre part, dans les fêtes superstitieuses, absurdes et ordurières qui se célébroient dans les églises et qu'on appeloit la Fête des Fous, de l'Ane, des Innocents, etc. Ces éléments s'organise rent en 1402, et des acteurs, sous le nom de confrères de la Passion, représentèrent des pièces que l'on appela Mystères. Les mystères, les moralités, les farces et les sotties forment tout le drame de ce temps.

Pour connoître les premiers, il suffit d'en parcourir un seul. Le plus fameux de tous étoit le grand mystère, dont l'auteur est l'évêque Jean Michel. Il se compose de trois parties: la Conception, la Passion et la Résurrection, et se subdivise en 174 actes qui exigeoient au moins 400 acteurs. Tous les autres lui ressemblent. Le mystère des Actes des apôtres, par Arnauld Greban, renferme 80,000 vers; la représentation en dura 40

jours consécutifs. Il en est à peu près de même des mystères de l'Ascension et de la Pentecôte, de celui de la Nativité, par le malheureux Barthélemy Anneau, massacré par le peuple en 1565 sur un soupçon de protestantisme, des mystères de l'Apocalyspe, de Job, d'Abraham, du vieux Testament qui contenoit plus de 62,000 vers, etc.

Une seconde catégorie de mystères renferme ceux dont le sujet étoit tiré de la vie des saints et des histoires de la légende ; c'étoit la vie de monseigneur St. Jean-Baptiste, de St. Andry, St. Laurent, St. Dominique, St. Barthélemy, de madame Marie Magdeleine, de madame Barbe, de madame Geneviève, le mystère du roi Avenir, celui de la SainteHostie, qui célèbre un fait encore conservé dans les traditions du Brabant, etc. Enfin une troisième espèce de mystères traitoit des sujets de l'histoire profane, comme le mystère de Troie-la-Grand, celui de Grisélidis, le mystère de la France, qui renferme les événements du règne de Charles VII, et qui se rapproche singulièrement des pièces historiques de Shakespeare, le génie du poète anglois mis à part, bien entendu.

Une moralité n'étoit le plus souvent qu'un mystère abrégé. Le nombre des vers ne dépassoit pas mille ou douze cents. Jean Parmentier et la reine de Navarre se distinguerent dans ces sortes de drames. Mais il y avoit une espèce de moralité beaucoup plus curieuse et que le système allégorique du Roman de la Rose a voit mise en vogue; l'étude d'une théologie creuse et d'une scholastique barbare et subtile, en exagérant le spiritualisme raffiné de l'allégorie, donna naissance à ces étranges compositions. Jean Moulinet, le modèle du genre, fit représenter ainsi la moralité du Rond et du Quarré, celle des Vigiles des morts. Il y en eut une des Quatre états de la vie, de Bienavisé et Malavisé, de Bonnefin et Malfin, de Peu, moins, trop et prou; une autre intitulée: Mundus, caro, demonia. Quelquefois les moralités n'étoient que de simples paraboles, morales ou politiques, comme celle de l'Enfant prodigue, du Mauvais riche, du Ladre, ou le développement en action de quelque conte populaire, telle est celle du Chevalier qui donna sa femme au diable, de l'Enfant de perdition qui tua son père et pendit sa mère, etc. Enfin dans quelques-unes le sujet est tout pastoral ou tiré de l'ancienne mythologie, comme la

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pastorale du Berger et de la Bergère, citée par M. Le Grand dans ses fabliaux des 12me et 18me siècles, et la moralité intitulée la Folie et l'Amour, par Louise Labbé, surnommée la belle Cordière et la Sapho du 16me siècle; la jolie fable de La Fontaine qui porte le même titre peut donner une idée de cette spirituelle allégorie.

Le monopole des moralités appartenoit aux clercs de la Bazoche. Pour varier leur spectacle, ils y joignirent les pièces bouffonnes nommées Farces, et la troupe du prince de Sots joua en même temps les Sotties. Tandis que les Bourguignons, les Armagnacs, les Anglois, les Aventuriers, la Jacquerie, tirailloient et déchiroient la France, et qu'on avoit une peste tous les dix ans, fidèles au vieil esprit de causticité goguenarde, les Bazochiens et les Sots se moquoient des vaincus et des vainqueurs, des ladres et des médecins. Louis XI, qui n'aimoit pas toujours la plaisanterie, leur imposa silence, mais ils reparurent sous Louis XII, qui permit les théâtres libres, pour que la vérité, comme dit un auteur de son temps, arrivât jusqu'à lui. Parmi les sotties de ce siècle dont le but principal étoit de réformer les abus, on distingue celle du médecin Nicole de La Chenaye, intitulée : la Condamnation des banquets, celle de l'Ancien Monde et du Nouveau Monde, qui rappelle la satire politique d'Aristophane; et la fameuse sottie de la Mère Sotte, par Pierre Gringore, dirigée principalement contre les abus ecclésiastiques.

Les sotties et les farces sont infiniment supérieures aux mystères et aux moralités. Molière lui-même n'eût pas désavoué plusieurs traits du Savetier et surtout l'immortelle farce de Patelin, admirable éclair de génie qui, à deux siècles d'intervalle, présage Tartufe à la France. L'auteur de Patelin est inconnu, on l'attribue à Pierre Blanchet de Poitiers, mort en 1519. M. François de Neufchâteau a cru le retrouver dans des fragments de la langue d'oc. Quoi qu'il en soit, comme dit Sainte-Beuve, Patelin, vieux titre littéraire, d'origine douteuse, mais avant tout gauloise, appartenant à une nation et à une époque plutôt qu'à un individu, vaut pour la France une rhapsodie d'Homère, une romance du Cid, une chanson d'Ossian.

çois Ier, qui n'étoit que le père des lettres, établit la censure théâtrale et proscrivit les farces et les sotties. En même temps les discussions religieuses qui occupoient les esprits faisoient plus vivement sentir quels inconvénients pouvoient naître du travestissement des dogmes religieux dans les mystères. Les parlements et le clergé donnèrent l'éveil au roi, qui interdit aux confrères de la Passion les sujets tirés des Saintes Écritures, de peur de prêter à rire aux calvinistes; tandis qne Henri VIII défendoit les mêmes représentations en Angleterre comme favorables au papisme. Les mystères disparurent alors pour jamais. Il est vrai qu'une puissance plus forte que les rois, les parlements et le clergé, et dont les arrêts sont bien plus difficilement cassés, l'opinion publique, les rejetoit également. Les sottics et les farces, au contraire, devoient renaitre plus brillantes et produire plus tard Molière et Beaumarchais.

PROSE, CHRONIQUES ET MÉMOIRES.

Une observation qui ne peut échapper à ceux qui étudient l'ancienne langue françoise est l'extrème différence qui existe entre la poésie et la prose jusqu'au siècle de Louis XIV. Dès le principe, on s'aperçoit que la poésie, j'excepte le théâtre, reste en général la langue du petit nombre, toujours fidèle aux vieilles formes, lorsqu'elle veut s'enrichir, elle préfère dans ses emprunts les idiomes de l'antiquité au langage vulgaire. La prose, au contraire, se plie successivement à toutes les impressions populaires, son premier besoin est d'être intelligible à tous, elle adopte sans répugnance les habitudes de la société qui doit la lire; elle comprend, de prime abord, la vérité que Voltaire a formulée depuis : << ce qui n'est pas clair n'est pas françois. » Il suit de là que la prose du 14me et du 15me siècle est généralement d'une lecture beaucoup plus facile que la poésie de la même époque. C'est la première remarque qui nous frappe en parcourant les auteurs de chroniques et de mémoires, les seuls prosateurs qui nous sont parvenus, ou du moins qui méritent de fixer l'attention.

Le plus ancien est ce bon sire de Joinville, qui suivit St. Louis à la croisade; hardi et Louis XII étoit le père du peuple; Fran- jovial, d'une franchise de style qui témoigne

XIV

RÉSUMÉ DE L'HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE FRANÇOISE.

en faveur de sa véracité, mais qui porte quelquefois le naïf jusqu'au trivial. Villehardouin et Olivier de la Marche lui furent inférieurs; le livre du premier est cependant fort remarquable par l'intéret du sujet qu'il a traité, Froissart, que Walter Scott appeloit son maître, les a tous surpassés; l'Hérodote de l'histoire de France, car ce nom lui est dû, aussi naïf, aussi sensé que Joinville, est un coloriste plus brillant que lui; il a jeté dans ses mémoires ce merveilleux qui donne à ses annales l'apparence de notre roman historique moderne, mais qui n'est autre chose que le reflet de l'esprit de son temps. Au-dessus d'eux tous, se place Philippe de Commines, peintre de Louis XI; il est à la

hauteur de son modèle, c'est le Tacite du moyen-âge; il n'a point ce style si éminemment pittoresque que n'admettoit pas la langue du 14me siècle, mais on retrouve en lui la sagacité, l'expérience, souvent la profondeur de l'historien romain. N'oublions ni Jean de Troies, le panégyriste du même prince, ni Monstrelet, ni Jean Le Maire, ni Christine de Pisan, ni Juvénal des Ursins dont l'étude est si importante pour celui qui veut connoître dans toute leur vérité les faits et les mœurs du 15me siècle.

Mais déjà se préparoit une grande révolution littéraire qui occupa toute la période suivante et se fit sentir dans la prose comme dans la poésie.

SEIZIÈME SIÈCLE.

Un esprit de réforme universelle s'étoit emparé de l'Europe à la fin du règne de Louis XII. Ce fut d'abord contre le catholicisme qu'il se dirigea. Le protestantisme naissoit en Allemagne, Henri VIII alloit le faire monter sur le trône d'Angleterre. Il s'étoit déjà glissé au cœur de la France. Il en étoit la pensée dominante; un rapide coup-d'œil jeté sur l'histoire, le théâtre, la littérature de cette époque suffit pour s'en convaincre. La grande majorité des écrivains de ce temps, Henri Étienne, Rabelais, Marot, Pasquier, Montaigne, tournent au protestantisme et au scepticisme. Les écritures et les croyances fondamentales sont généralement respectées, mais toutes les plumes, sérieuses ou plaisantes, semblent uniquement dirigées contre les corporations religieuses, la discipline de l'église et la plupart de ses dogmes. Il fallut la main de François Ier armée du glaive de l'inquisition et plus tard l'espingole de Charles IX, ponr arrêter cette tendance qui ne succomba que sous le despotisme de Richelieu et la force morale de Louis XIV. Mais quand le besoin d'innover s'est une fois emparé des ames, repoussé sur un point, il s'élance sur un autre, et toutes les institutions, tous les systèmes religieux, politiques, littéraires sont tour à tour attaqués et abandonnés; les idées et les hommes luttent, combattent, succombent, se relèvent, jusqu'à ce qu'enfin une grande pensée domine le chaos, et qu'à l'époque de criticisme succède une époque d'organisme. Car ces deux mots, dans leur acception nouvelle, peignent bien cet état de malaise et de repos successifs qui se partagent la vie des nations. Le seizième siècle tout entier est une époque critique.

POÉSIE LYRIQUE, SATIRIQUE, ÉPIQUE;

CRITIQUE LITTÉRAIRE.

Octavien de St.-Gelais et Jean Marot suivoient encore les traces de Villon; mais Clé

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ment, le fils de Jean, devoit surpasser de bien loin et les disciples et le maître. C'est le premier de nos poètes qui soit encore intilligible d'un bout à l'autre. Son caractère est une gracieuse causerie, une naïveté vive et fine, qui jette le trait avec tant d'aisance et de naturel que, tout inattendu qu'il soit, il arrive souvent que la réflexion seule en révèle toute la portée. «Il avoit, dit Étienne Pasquier, une veine grandement fluide, un vers non affecté, un sens fort bon, et encore qu'il ne fût accompagné de bonnes lettres ainsi que ceux qui vinrent après lui, si n'en étoit si dégarni qu'il ne les mit souvent en œuvre fort à propos. » Outre le conte, la chanson, le rondeau, la ballade, déjà en vogue, Marot cultiva l'épigramme, l'épitre, l'élégie et la satire qu'il appeloit coq à l'âne; et partout son talent fut également facile et spirituel. Il y a plus d'antithèse, d'affectation, de mignardise, comme disoit Pasquier, dans les poésies de Mellin de St.-Gelais, le fils d'Octavien. Pierre Fabri, Eustorge de Beaulieu, Claude Collet, Lyon Jamet, Bérenger de la Tour, Etienne Dollet, Thomas Sebilet et une foule d'autres appartiennent à la même école. Il faut distinguer dans le nombre Jacques Gohorry, Maurice Seve, Victor Brodeau et La Borderie pour la piquante gaité de leur esprit; Antoine Heroët, Gilles Corrozet, et Gilles d'Aurigy, qui prouvèrent par leurs pièces intitulées la Parfaite Amy, le Rossignol, et le Tuteur d'amour, que la galanterie n'exclut pas la décence. Charles Fontaine fut la dernière colonne d'un édifice que la réforme littéraire ébranloit déjà de toutes parts.

L'étude de l'antiquité apportée de Grèce en Italie et d'Italie en France faisoit de rapides progrès et se répandoit parmi les hommes éclairés; elle étoit devenue la passion non seulement des savants, mais aussi des poètes et des littérateurs. Les premiers, qui n'employoient jusqu'alors que les langues mortes, voulurent prendre rang parmi les

seconds qui n'étoient qu'hommes de cour et du monde, et forcer le langage commun à exprimer leurs idées. Mais ils sentirent en même temps la nécessité de l'élever à la hauteur des anciens idiomes dont ils étudioient les chefs-d'œuvre. S'ils jetoient les yeux autour d'eux, ils ne voyoient dans le françois qu'une langue à demi-barbare, consacrée le plus souvent à des pensées communes, à de fades galanteries ou à des bouffonneries grossières. Tel étoit du moins l'effet que devoit produire Marot et son école sur l'esprit des jeunes enthousiastes qui sortoient tout transportés de la lecture d'Homère et de Virgile. Que firent-ils ? pleins d'une ardeur qu'ils croyoient patriotique, ils résolurent de rapprocher la littérature françoise, et pour le fond et pour la forme, de ces antiques littératures alors si admirées et si admirables en effet. Ils voulurent, comme dit Boileau, parler grec et latin en françois, et cette erreur les perdit. Telle fut l'origine du système classique, dont Dubellay formula les théories, et dont Ronsard fut le plus parfait modèle dans la pratique, système singulier où le besoin d'originalité ne conduisit qu'à une imitation servile et ridicule.

Dans les poésies de Dubellay, mort en 1560, on voit l'ode prendre la place de la chanson, levers alexandrin retrouver sa dignité; il y a dans ses Regrets, espèce de poème semblable aux Tristes d'Ovide et dans le Poète courtisan une certaine gravité mélancolique qui n'est pas sans charmes. Quant à Ronsard, jamais peut-être aucun écrivain n'eut une telle réputation de son vivant. Comblé de la faveur des souverains françois et étrangers, idolâtré de tous les savants, des poètes et des littérateurs de son siècle, traduit dans presque toutes les langues, il fut pleuré de toute la France, et, pour me servir de l'expression de Sainte-Beuve, qui a écrit l'histoire de ce poète et de son école, et a donné en 1828 une bonne édition de ses chefs-d'œuvre, sa mémoire, revêtue de toutes les sortes de consécrations, sembla entrer dans la postérité comme dans un temple. Les œuvres de Ronsard se composent d'odes, de chansons, d'élégies et du poème épique de la Franciade. Au milieu de l'emphase presque toujours inintelligible qui fatigue dans ses divers ouvrages et qui le fit trébucher de si haut, on remarque de l'élévation dans l'idée et l'expression, et souvent des innovations heureuses dans le

mécanisme du vers. Il faut reconnoître aussi que s'il ne réussit presque jamais comme imitateur de Pindare et d'Homère, il eut plus de succès dans le genre anacréontique. Plusieurs de ses chansons sont pleines de grâce. Tel est aussi le principal mérite de JeanAntoine de Baïf, de Remi Belleau, d'Olivier de Magny, de Jacques Tahureau, de Claude de Pontoux, et de toute cette milice de poètes qui combattoient sous les sept chefs que Ronsard avoit appelés la pléiade poétique et qu'il commandoit lui même. Dubartas, au contraire ne descendit jamais à la chanson, et dans son poème de la Création du monde, il exagéra encore le faste pédantesque de Ronsard. Vauquelin de la Fresnaye fut plus simple; ses satires, ses Idylles et surtout son Art poétique méritent d'être lus. Il n'a pas été inutile à Boileau.

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Cinquante ans ne s'étoient pas écoulés depuis les triomphes si enivrants de Ronsard que déjà la carrière qu'il avoit ouverte et parcourue avec tant d'éclat se refermoit d'ellemême. Desportes, l'un des meilleurs poètes de son école, se bornoit à la chanson; il en faisoit de délicieuses que toute la France savoit par cœur ; la Réserve de Bertaut alloit jusqu'à la platitude; le cardinal Duperron, homme d'ailleurs habile et éloquent, Papilon, Lingendes, et ceux que l'on a si heureusement appelés la queue de Ronsard, préparèrent la voie aux Colletet, aux Scudéry, et à toute cette race de poètes que nous retrouverons au siècle suivant.

Mais il ne faut pas confondre avec eux les satiriques qui parurent alors. Leur enthousiasme politique ou leur génie ont mis à part ces héritiers de la vieille gaîté françoise, Passerat, Durant, qui contribuèrent à la satire Ménippée; Aprippa d'Aubigné, le champion intrépide et trop peu connu du protestantisme; Thomas de Courval-Sonnet, et surtout Regnier, vrai créateur de la satire en France, naïf, hardi, cynique, mais moins effronté que Juvénal et peut-être plus réellement poète que ne le fut Boileau lui-même, au moins dans ses satires. Il faut l'étudier dans l'édition et avec les remarques de M. Viollet le Duc.

Ce ne fut pas cependant la foiblesse des successeurs de Ronsard qui donna à son école le coup mortel, et le fit tomber lui-même dans un aussi profond oubli que sa renommée avoit été haute. Le 17e siècle s'ouvroit

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