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Ce volume renferme principalement des no

tices sur les poètes et les romanciers Lorrains; c'est ce qui nous a engagé à lui donner le titre qu'il porte. Ce titre cependant n'est pas rigoureusement exact, parmi les écrivains dont nous nous occuperons, il en est un ou deux que ne peut réclamer la littérature d'imagination.

Quelques-unes des notices qu'on va lire ont déjà paru; nous les avons remaniées avec soin et quelquefois presque entièrement refaites. Nous n'avons pas cru devoir adopter pour les biographies suivantes un classement chronologique; le faire c'eut été s'interdire de combler par la suite les lacunes qui existent dans ce recueil. Nous avons voulu, au contraire, nous réserver la faculté de revenir vers certaines époques intéressantes, de parler de certains

hommes dont le nom ne mérite pas un complet oubli. Nous ouvrons donc une galerie où les portraits sont placés pêle-mêle, où Mme de Graffigny est près d'Ausone, où le froc de Dom Jean frôle l'habit à la française du chevalier de Boufflers. Si plus tard nous essayons encore de reproduire les traits d'écrivains de la Lorraine, nous pourrons ajouter ces nouveaux tableaux aux anciens sans rien déranger dans notre petit musée, puisque réellement aucun ordre n'y règne.

Peut-être un jour agrandirons-nous assez notre galerie pour y accueillir différents personnages de nos contrées qui se sont illustrés par des talents autres que les talents littéraires.

L'accueil que le public fera à ce premier volume décidera si notre œuvre est finie ou si elle est à peine commencée.

TH. DE P.

GILBERT.

COUP-D'OEIL

SUR LA SATIRE AVANT GILBERT.

LES idées tournent toujours à peu près dans le même cercle, sans se reproduire exactement dans les mêmes formes; chaque siècle a un caractère à lui, d'après lequel des pensées déjà formulées peuvent se modifier au point de paraitre neuves: ainsi la littérature du moyen-âge offre toutes les données de la littérature ancienne, mais exprimées différemment.

L'esprit méditatif qui avait fait les philosophes, en s'épurant sous la voûte des cloîtres, dicta des livres de morale évangélique. L'histoire, perdant son style grave, se mit à causer naïvement comme un vieux guerrier qui raconte ses exploits, et devint une chronique. Suivant la même marche que l'histoire, le poème se métamorphosa en roman, l'ode en chanson, l'églogue en pastourelle, et les trouvères qui récitérent des fabliaux dialogués, furent à leur insu les imitateurs de Thespis. Quant à la satire, elle n'adopta positivement aucun genre; mais, se généralisant, elle alimenta des fables, des contes, des romans, et diverses sortes de poésies.

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On le voit, le moyen-âge,ignorant, à quelques rares exceptions près, les traditions de l'art ancien, en reproduisit toutes les inspirations, modifiées par d'autres mœurs, d'autres croyances. Puis insensiblement, soit par imitation, soit par une progression naturelle l'esprit humain en est revenu à jeter ses idées dans la plupart des moules antiques: il rappelle ces chevaliers dont nous parlent les légendes, qui, égarés dans une forêt, marchent pendant de longues heures, et se retrouvent enfin au lieu d'où ils sont partis.

Au XIe siècle, époque à laquelle les idiomes modernes commencèrent à se perfectionner, et à produire, surtout dans le midi de l'Europe, quelques essais poétiques, la satire fut moins en honneur chez les trouvéres que chez les troubadours. Beaucoup de

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