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férens jours, & quoiqu'il n'y ait rien à rafer, puifqu'il n'y a pas de poil, ne pas laiffer cependant de paffer le rafoir, tout comme s'il y en avoit. Cette action du rafoir rappelle le fuc nourricier du fourcil, ranime la racine des poils, & élargit la cavité trop étroite, où cette racine fe trouve refferrée, laquelle cavité faute d'un diamétre fuffifant, empêche la racine dont il s'agit, de pouffer, & l'étouffe. Ce que je dis, fuppofe que cette racine, exifte véritablement; car s'il n'y en a du tout point il ne faut pas s'attendre que le mouvement du rafoir en faffe naître aucu ne.

11°. Arc des fourcils trop élevé,

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Nous avons dit , en onzième lieu, que l'arc des fourcils ne doit être que médiocrement élevé quand il l'eft trop il donne un air hardi, qui ne fied pas à tout le monde, fur-tout au fexe. Mais comment le réduire à la médiocrité ? la chofe eft difficile. Le rafoir fembleroit favorable à ce deffein; mais il s'en faut de beaucoup qu'il le foit. Car fi l'on s'avife de rafer quelque chofe du haut du fourcil, on ôte à ce haut fa proportion,

en

en le rendant plus mince que le reste qui ne doit pas être plus épais que ce milieu; fi d'un autre côté, pour conferver cette proportion, l'on rend plus minces les parties latérales du fourcil que fait-on? L'on fait un fourcil tout nouveau qui n'a rien de naturel & dont l'artifice faute aux yeux. Ainfi le parti qu'il y a à prendre alors, eft celui que nous avons confeillé ci-deffus, en parlant des fourcils trop droits, qui eft de refter comme l'on eft.

Il y a cependant ici un tempérament, & ce tempérament regarde principalement les perfonnes du fexe; c'eft que fr les fourcils dont il s'agit, viennent à donner un air trop hardi ; on peut corriger cet air, en levant moins les yeux, en baiffant un peu plus le front, fans néanmoins le rider, & en prenant certaines manieres modeftes, qu'on eft toujours maitres de prendre, pour peu qu'on veüille faire attention fur foi-mê

me.

12°. Sourcil unique.

Nous avons remarqué, en douzième lieu, qu'une grande difformité pour ce qui concerne les fourcils, eft de n'en E z avoir

avoir qu'un. Cette difformité, à moins qu'elle ne vienne de quelque brûlure, ou de quelque autré accident (auquel cas, il eft impoffible d'y remedier) ne peut avoir d'autre caufe, qu'une des trois fuivantes La premiere, l'abfence du germe employé par la nature, à la produ&tion du poil des fourcils; la feconde, le défaut de l'humeur qui doit fervir à nourrir ce germe, & à le faire pouffer, laquelle humeur ou manque totalement, ou n'eft pas en une quantité fuffifante; la troifiéme, l'étreciffement, ou l'obftruction des paflages par lefquels ce germe doit pouffer fa tige qui eft le poil.

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Si c'eft la premiere caufe, fçavoir l'ab fence du germe d'où fe produit le fourcil, on ne fçauroit y fuppléer : fi c'eft la feconde, il peut y avoir du remede, pourvû que l'humeur dont il s'agit, net manque pas abfolument; & fi c'eft la troifiéme, on peut y remedier auffi. Mais comment demêler laquelle de ces trois caufes, doit être accufée ici? la chofe n'eft pas poffible. Mais ce qu'il y a à faire, c'est de ne point s'en embaraffer, & de fe conduire toûjours dans ce doute, comme fi l'on étoit affuré que ce fût la feconde caufe, ou la troifiéme, c'est-à-dire, que ce manque de

four

fourcil, dût être attribué à la difette de l'humeur nourriciere, ou au peu de capacité des tuyaux par lefquels les poils doivent fortir. Le pis qu'il puiffe arriver alors, c'est que fi le mal auquel on veut remedier, ne vient pas de la fecon-> de ou de la troifiéme caufe, on travaillera en vain pour la corriger, & ce ne fera que peine perdue, au lieu que s'il en vient, on pourra réüffir.

Cela pofé, il faut avoir foin de paffer fouvent le rafoir fur l'endroit où le fourcil manque, quoiqu'il ne s'y présente rien à rafer, puis d'humecter cet endroit avec chofes qui foient analogues à l'humeur dont la nature fe fert pour hume&ter les parties du corps fujettes à avoir des poils. Pour peu que dans l'endroit où le fourcil manque, il refte de cette humeur, on la pourra augmenter par cet expédient, & en même tems affouplir & dilater les petits tuyaux, qui, à caufe de leur étréciffement, ou de leur obftruction, refu fent le paffage aux poils. old

Il s'agit à prefent de fçavoir quelle eft la nature de l'humeur qui abreuve les par ties du corps couvertes de poils; telles, par exemple, que les aiffelles, le deffus de la tête, les fourcils. Or cette humeur, à examiner celle qui nourrit les cheveux

de la tête, & le poil des aiffelles, eft une humeur aqueufe, huileufe, un peu falée, & amere. Qu'elle foit aqueufe & huileufe, on le voit par l'humidité & par la graiffe des calotes qui ont resté quelque temps fur la tête, & par celles des linges qui ont refté auffi quelque temps fous les aiffelles. Qu'elle foit falée & amere, on le reconnoît par la faveur qu'elle a. Or, c'est cette humeur qui, dans tous les endroits où il y a des poils, nourrit ces poils, & les entre tient fuivant la longueur qui leur eft fixée par la nature.

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Ainfi, pour préparer quelque chofe qui foit analogue à cette humeur & avec quoi on puiffe frotter l'endroit où le fourcil manque, il faut recourir à la compofition fuivante, qui fe doit renouveller tous les jours pendant trois mois qu'on en doit ufer; huile de miel, huile d'abfynthe & huile d'amandes ameres, de chacune deux goutes; urine de La perfonne, trois goutes; mêler le tour enfemble, & le faire tiédir; puis en frotter l'endroit, plufieurs fois le jour pendant trois mois & plus, jufqu'à ce que les poils du fourcil commencent à percer; & quand ils perceront, continuer plus foigneufement encore, à frot

ter

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