,, marque d'un fort méchant homme * Voilà comme M. de Voiture raille Melfieurs les Phyfionomistes au fujet des fourcils joints. Nous ajoûterons qu'Augufte les avoit ainfi t, ce n'étoit cependant pas un méchant homme

Au refte, il ne faut pas confondre les fourcils joints dont il s'agit, avec ces fourcils joints qui viennent de ce que l'on fronce le front, & qu'on approche, par ce moyen, les deux fourcils l'un contre l'autre. Dans ce dernier cas, fi les fourcils font joints, ce n'eft pas que l'entrecil foit couvert de poil, comme les fourcils; mais c'est qu'il eft caché par les rides du front, lefquelles rapprochent les deux têtes des fourcils l'une contre l'autre, comme chacun peut s'en convaincre en ridant le front devant un miroir. Or, alors la jonction des fourcils venant de ce que l'on fronce le front, & ce froncement étant ordinaire aux perfonnes reveufes & mélancoliques, iln'y a rien d'abfurde à dire, en parlant de ces fortes de fourcils, qu'ils font la marque, je ne dis pas d'un méchant homme, car c'eft aller trop loin, mais d'un homme

* Voit. quatriéme Lettre. + Suet. in Auguft.

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rêveur & mélancolique. Chacun peut même obferver, s'il veut fe confulter ladeffus, que lorfqu'on eft appliqué à quelque chofe qui demande de la médi tation, on a coutume de joindre les fourcils; ce qui ne fe fait alors que parce qu'on plice la partie du front qui eft entre les fourcils.

Quoiqu'il en foit, quand les fourcils. font fi joints, faute d'entrecil, que leurs têtes fe touchent indépendamment de toute ride du front, il n'y a pas de meilleur moyen pour y remedier, que celui que nous venons d'indiquer pour les fourcils trop épais * qui eft de brûler un chou, d'en prendre la cendre, & de faire de cette cendre une lexive, dont on frotte l'entre-deux des fourcils; évitant d'y paffer le rafoir, pour la même raifon alleguée au même endroit.

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60. Sourcils rebrouffés.

Nous avons dit, en fixiéme lieu, que les poils des fourcils doivent être couchés de maniere, qu'ils tendent du nez vers les tempes, & non des tempes vers le nez. Quand le contraire fe trouve,

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on ne içauroit tâcher trop-tôt de remedier à une telle difformité. Dès le moment qu'on s'apperçoit qu'un enfant a les fourcils ainfi tournés à contrefens, il faut fe mettre à y paffer fans ceffe les doigts, depuis le deffus du nez, jufques vers les tempes, & continuer tous les jours fans fe laffer. Il faut auffi paffer dans le même fens, une petite broffe legere, comme celles dont on fe fert pour frotter les dents. Il n'y a pas d'autre moyen que celui-là; il eft auffi sûr qu'il eft fimple; mais il demande une grande perfeverance. Les racines des fourcils, & les cavités dans lefquelles ces racines tiennent, font d'un tendre infini, jufqu'aux fix ou fept premiers mois après la naisfance. Ainfi il faut ménager ce tems-là; elles obéiront fans beaucoup de peine au mouvement tant des doigts que de la petite brofle, & s'inclineront du fens que l'on voudra; mais je le repete, il faut une grande perféverance, & ne pas abandonner ce foin à des nourrices.

7°. Poils des fourcils trop longs, & interrompus.

Nous avons dit en feptiéme lieu, que les poils des fourcils doivent être

courts;

courts; & outre cela, fans interruption. Pour les rendre courts, lorfqu'ils font trop longs, l'unique moyen eft de retrancher avec des cifeaux, ce qui excéde. Il n'y a pas d'autre expédient.

Quant à ce qui concerne l'interrup tion, il faut, pour y rémédier, rafer de temps à autre, les endroits où ils manquent; on ne l'aura pas fait dix à douze fois, qu'ils croîtront en fuffifante quantité, & recouvriront les endroits nuds.

8. Sourcils trop hérissés.

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Nous avons dit, en huitiéme lieu, qu'aucun poil des fourcils, ne doit être hériffé & s'élever fur l'autre. Quand cela eft, il faut rafer tout le fourcil deux ou trois fois, & avoir foin, lorfqu'il eft rafé, de paffer fouvent les doigts par deffus, depuis la tête du fourcil, jufqu'à la queue, les poils en deviendront bien-tôt unis fans qu'aucun fe dreflè fur l'autre.

9. Sourcils roux.

Nous avons dit, en néuviéme lieu, que les fourcils doivent être foirs, ou cha

châtains. La plus défagréable couleur dont ils puiffent être, c'eft la rouge, ou la rouffe ; & la plus agréable, c'est la noire, ou tirant fur le noir. Pour la leur procurer, non pas radicalement car la chofe eft impofible, mais feulement pour quelques jours, il faut allumer, environ un gros d'encens, & de maftic, en recevoir la fumée par le moyen d'une carte qu'on paffe à plat au-deffus de la flamme, & avec cette fumée froter les fourcils; prenant garde de toucher à la peau nuë, de peur de la noircir, ce qui ne s'en iroit pas aifément; car ce noir eft fort tenace.

10°. Arc des fourcils, non entier.

Nous avons dit, en dixiéme lieu; qu'il faut que l'arc des fourcils foit entier; c'eft-à-dire qu'il atteigne depuis le deffus d'un côté du nez, jufqu'au près de la tempe. Quand cette perfetion manque, & qu'il n'y a pas une diftance fuffifante entre la tête du fourcil, & la queue, il faut abfolument re courir au rafoir, & le paffer fur l'endroit où le poil manque vers la tête du fourcil, & fur celui où il manque vers la queue, réïterer plufieurs fois à difTome II: férens

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