14°. Qu'il n'y en ait point deux l'un fur l'autre. 1°. Sourcils trop pen garnis. Nous avons dit, en premier lieu, que les fourcils doivent être fuffifamment garnis de poils. S'ils le font trop peu, il faut commencer par y paffer le rafoir, enforte qu'on n'y laiffe pas le moindre duvet; puis faire bouillir dans du vin blanc, de l'abfynthe, de la bétoine, & de la fauge, pour fomenter avec cette décoction, plufieurs fois le jour, l'endroit rafé. Contipuer un mois, ou au moins trois femai nes; après quoi paffer de nouveau le rafoir, & oindre alors l'endroit avec les huiles de miel, de cire & d'oeuf, mêlées ensemble, réïterer cette onction pendant un mois, tous les foirs avant le cou cher, & mettre fur le fourcil, un linge pour y retenir les huiles. 2°. Sourcils trop épais. Nous avons dit, en fecond lieu, que les fourcils, ne doivent point être extrê mement épais. S'ils le font trop, brûlez un chou, faites une lexive de fa cendre, & de cette lexive frottez fouvent les four cils de l'enfant; l'huile de noix eft encore fort efficace dans ce cas. On en met de temps en temps fur les fourcils. Au refte, ne rafez jamais les fourcils quand ils font trop épais, ce feroit le moyen de les rendre encore plus épais. Tout ce qu'on peut faire, c'eft de les éclaircir avec des cifeaux; mais c'eft un affujettiffement que cela, la lexive de chou que nous venons de propofer, vaut mieux, auffi-bien que l'huile de noix. Nous avons dit en troifiéme lieu, que les fourcils doivent former au deffus des yeux, une ligne concave, en maniere d'arc. Lorfque cette perfection manque, il eft difficile de la réparer, & le meil leur parti qu'il y ait à prendre la-deffus, c'eft de fe tenir comme l'on eft. Des fourcils un peu trop en ligne droite, ne font pas, après tout, un défaut fi choquant, qu'on doive beaucoup s'en embaraffer; c'eft une imperfection, mais non pas une difformité. On peut abfolument parlant, faire faire la voute aux fourcils, par le moyen du rafoir, pourvû qu'ils foyent extrêmement tou fus; mais c'eft toûjours à recommencer & d'ailleurs pour peu qu'on regarde de près une perfonne qui a ainfi les fourcils ajuftés par le rafoir, la chofe fe reconnoît. 4°. Tête des Sourcils trop peu garnie. Nous avons dit, en quatriéme lieu, que la tête des fourcils doit être plus garnie que la queue, quand cela ne fe rencontre pas, il eft aifé d'y remedier. C'eft de rafer l'endroit le plus près qu'il fe peut; le poil recroîtra, & quand i aura repouflé, il faut le rafer de nouveau; il recroîtra encore, & alors il faudra recommencer; ce qui n'ira pas à une douzaine de fois, pourvû qu'on ait foin de frotter avec de l'huile d'oeuf & de cire, t'endroit rafé. 30. Sourcils joints. Nous avons ajoûté, en cinquiéme lieu, que l'entre-deux des fourcils, autrement dit l'entrecil, doit être abfolu ment nud; car lorfqu'il ne l'eft pas, c'eft une difformité parmi nous; je dis, parmi nous, parce qu'il y a des pays, où c'eft au contraire une beauté, d'avoir ainfi les fourcils joints. Quelques Au Auteurs anciens parlent de ces fortes de fourcils, comme d'un agrément, & entre autres Petrone & Ovide; ce dernier remarque que les Dames de fon temps, recouroient à l'artifice, , pour fe procurer de tels fourcils. * On en juge autrement parmi nous; un Auteur moderne a écrit que les fourcils joints marquoient de la méchanceté; un autre a dit que le Maréchal de Turenne avoit les fourcils gros & raffemblés, ce qui lui faifoit une phyfionomie malheureufe; mais ces fortes de décifions font fans fondement. Les fourcils joints, non plus que les fourcils gros & raffemblés, n'annon cent ni mal ni bien, & tout ce qu'on en dit de mauvais, ne gît que dans l'imagination. Il y a des perfonnes qui ont les fourcils joints, & qui font très-douces. Il y en a qui les ont qui les ont gros & raffemblés, & qui font très-heureuses; M. de Turenne a eu un fuccès infini, dans toutes fes entreprises. Il eft vrai qu'ayant grimpé fur une hauteur pour découvrir le camp ennemi, il fut tué malheureufement d'un coup de canon. Mais qu'eftse que cette infortune peut avoir de commun avec les fourcils gros & raffem * Arte fupercilii confinia nuda repletis, blés , blés qu'il avoit, & que l'on prétend qui lui faifoient une phyfionomie malheureufe? Combien de Capitaines; fans avoir de gros fourcils, ont été enlevés par une mort triste ? ou ont été infortunés toute leur vie? Je le répéte, les fourcils joints, non plus que les fourcils gros & raffemblés, n'annoncent ni bonne ni mauvaise fortune; & quant aux fourcils joints, M. de Voiture fe mocque avec raifon de l'indication que Meffieurs les Phyfionomiftes en tirent. Ne penfez pas, dit-il, dans une de fes Lettres à Mademoiselle Paulet ; ,, que je fois encore cette foible créatu"re que vous avez vûë autrefois, je fuis tout autre que vous ne fçauriez vous imaginer Je fuis cru de fix grands doigts dans mon voyage. J'ai le vifage plus long que je ne l'avois les yeux noirs, la barbe noire, & fe,,lon que je me figure, qu'eft fait le Baron de Ville-Neuve; je lui reffemble plus à cette heure, qu'à M. de Serifay. Cette mine entre douce & ,,miaife, eft paffée en une autre toute contraire, & il ne m'eft plus rien refté qui ne foit change; finon que j'ai encore les fourcils joints, qui eft la رو |