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Il s'agit dans ce dernier cas d'une jeune femme de vingt ans, à qui un Apotiquaire avoit fait prendre imprudemment du lait de vache mêlé avec des graines de plantain en poudre, pour la guérir d'une dyffenterie qu'elle avoit. La dyf fenterie s'arrêta par l'ufage de ce reméde, mais il prit à la malade un faignement de nez qui dura dix jours. Elle fut enfuite fubitement attaquée d'un catarrhe au gofier & devint muette fur le champ. Foreftus traita la malade & après avoir tenté divers remédes, du nombre defquels furent les ventoufes, il fit faire la faignée de la langue, & au bout de quelques jours la Muette fut guérie, à l'aide d'un cataplafme réfolutif mis autour du gofier. *

6. Matifme par furdité.

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Pour guérir le mutisme provenant de furdité, il faut auparavant guérir la furdité. En effet, comme on ne parle que par imitation quelle apparence que n'ayant jamais oui prononcer aucune pa role, on en puiffe prononcer quelqu'une? Or la furdité de naiffance, (car c'eft de celle-là dont nous parlons) est incurable, Tome II. Y *Foreft. ibid.

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*

& par conféquent le mutifme qui en pro vient, le doit être. Quelques-uns cependant, prétendent qu'on peut faire parler des Muets qui font fourds naturellement lorfqu'ils ont d'ailleurs les organes de la parole bien conformés; mais c'eft un fecret qui femble n'être que de pure curiofité. On peut bien, par un artifice fingulier, faire articuler certaines fyllabes à des Muéts & Sourds de naiflance; mais ce ne fera jamais d'une maniere qui puifle les lier de commerce avec les autres hommes. Ammannus dans fon Traité du Sourd parlant, enfeigne l'art de faire parler ces fortes de Sourds; mais cet art demande tant de peine & de travail de la part des maîtres, qu'il ne paroît prefque pas praticable. L'ingénieux Walligius d'Angleterre eft l'inventeur de cet art, & le Médecin Ammannus ci-deffus cité, natif de Flandres & célé bre Praticien d'Amfterdam, l'a mis en pratique après l'avoir confiderablement perfectionné. Mais, pour le répeter encore, c'eft une invention plus admirable qu'utile; quelque éloge qu'en faffe d'ailleurs le docte Zuinger, Médecin de l'Univerfité de Bâle, lequel avance que cet illuftre Flamand, en fe fervant de la métho

*De Surdo loquente,

méthode dont il s'agit, a fait parler commodément plufieurs Sourds de naiffance. * Ce mot de commodément me rappelle la leçon fuivante d'un de nos plus judicieux Critiques.

Famais à vos Lecteurs n'offrez rien d'incroyable,

Le vray peut quelquefois n'être pas vray": femblable.

Une merveille abfurde eft pour moi fans:

appas,

L'esprit n'eft point émn de ce qu'il ne croit pas, **

Mais à ce mot de commodément près il ne faut pas regarder comme abfurde en tout, ce que vient d'avancer le docte

Y 2

Zuinger.

Mutit as fepiùs eft nativa: caditque in furdos à nativitate, qui tamen plerumque organs naturaliter conftructa habent, & fapius per arti. ficium quoddam, non tantùm veces altas emittere, fed articulatas quoque formare difcant, quemadmodum curiofam ejus rei methodum, in Arglii quidem perfpicaciffimus Wallifius invenit; in Bel gio autem, feliciffimo cum fucceffu, ampliavit, inque actum deduxit experientiffimus Joannes Con radus Ammannus, hodie Medicus Amftelodamenfis, in variis à nativitate furdis, quos loqui commodè fecit. Theodor. Zuing. Theatr. Praxi Med. de lingua aphenia. Tom. 2. p. 74.

**Defpreaux Art. Poët.

Zuinger. Un témoin digne de foy, s'il en fut jamais, (c'eft l'illuftre M. Winflow, Docteur célébre de la Faculté de Médecine de Paris) m'a affuré avoir vû à Arlem, la fille d'un riche Marchand, fourde de naiffance, laquelle inftruite par le même M. Ammannus, Médecin d'Amfterdam, répondoit à la plûpart des queftions qu'on lui faifoit, pourvû qu'elle vît le mouvement des lévres de ceux qui lui parloient, M. Winflow m'a de plus affuré s'être entretenu avec cette fille, & m'a ajoûté que comme un jour il l'interrogeoit fans avoir le vifage tourné vers elle, elle ne répondit rien, parce qu'elle n'avoit pû examiner le mouvement qu'il faifait de fes lévres.

On voit par-là que cet art de faire parler des Sourds de naiffance , ne fçauroit être de grand ufage dans la focieaé, que le mot de commodément dont s'eft fervi M. Zwinger, eft un peu trop fort.

&

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Touchant diverfes difformités concernant le parler.

Après avoir traité du Mutisme, Fordre demande que nous venions à prefent, comme nous nous le fommes propofé

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