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Celle-là peut quelquefois fe corriger, quoiqu'avec peine; pourvû que venant avant le temps, comme elle fait, elle n'ait pas pour caufe ce qui produifit la blancheur des cheveux de Thomas Pla terus, dont nous venons de faire mention.

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Quand les cheveux font blancs dans la jeunefle, foit par toupets ou autrement, il faut, pour leur rendre leur couleur naturelle, quoique la chofe foit très dif ficile, les laver fouvent avec une décoction de folanum, d'armoife, de per ficaire, de chameedris, de nicotiane, de verveine, de lavande, de thim, & de pouliot, ou avec une décoction de raci ne de cucurma autrement dit foucher des Indes; fi ces décoctions ne changent pas abfolument la couleur des cheveux, elles valent toûjours mieux que le peigne de plomb. Mais pour s'y bien prendre, il faut commencer d'abord par couper les cheveux le plus près de la peau que l'on peut, & laver alors la peau de la tê te avec une des décoctions ci-deffus, afin que le remede pénetre plus à fond la ra cine des cheveux ; puis à mesure qu'ils croiffent on a soin de les laver, ce qui fe doit continuer nombre de femaines..

Cheveux ardens.

Les cheveux ardens viennent, comme nous l'avons remarqué, de ce qu'ils fe nourriffent de la partie rouge du fang, plutôt que d'aucune autre humeur. La faignée eft d'un grand fecours dans cet te occafion; mais il faut prendre garde d'en abufer & de la pouffer trop loin. Les fréquentes lotions des che veux font encore ici très-convenables. Ces lotions fe doivent faire avec une forte décoction de renoüée, autrement dite trainaffe; herbe, dont nous avons parlé plufieurs fois ci-devant, laquelle croît par-tout fur les chemins à la campagne; cette herbe, par fa qualité aftringente, modere la trop grande véhemence avec laquelle le fang fe jette dans les tuyaux des cheveux, qui tranfparens comme ils font naturellement laiffent appercevoir la couleur de l'humeur dont ils font remplis.

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Il faut raifonner ici comme de ces fueurs rouges, dont on a tant d'exemples, & qu'on appelle à jufte titre fueurs de fang, parce qu'elles viennent effectivement de ce que les particules rouges du fang, font pouffées jufqu'au

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de-là des pores de la peau, & s'arrêtent fur la fuperficie du corps. Ce leroit ici l'occafion de parler d'une maladie ordinaire aux Polonois, dans laquel le le fang fort par l'extrémité des cheveux; mais nous ne le pourrions faire fans digreffion, & cette digreffion nous écarteroit.

Cheveux fourchus.

Ce font des cheveux fendus par le bout, & dont les fentes qui font au nombre de deux ou trois, pourroient être feparées par une main legere & adroite, ca autant de filets égaux depuis le bas jufqu'en haut. Cette fourchure vient d'un fuc âcre & corrofif, fourni par la maffe du fang, & arrêté dans l'extrêmité du cheveu.

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Le moyen de prévenir & de corriger cette difformité, c'eft 1°. de raffraichir fouvent avec des cizeaux, la pointe des cheveux; 2°. de délayer dans de l'eau, un peu de fiel de boeuf, & de les laver avec cette eau ; 3°. de boire tous les jours, pendant quelques femaines, foit aux repas, foit hors des repas, de l'eau d'efquine, laquelle fe prépare en mettant infufer à froid, dans

deux livres d'eau commune, deux gros, ou environ, de cette racine qu'on y laiffe tremper quatre ou cinq heures, ou d'avantage fi c'eft en hyver; après quoi on ôte la racine, pour boire de cette eau en la maniere que nous venons de dire, foit avec du vin, fcit fans vin, & en guise d'eau ordinaire elle eft fans goût & très-fouveraine pour émouffer dans le fang, l'âcre té qu'il transmet aux cheveux.

Difformités de la Tête, par rapport an Vifage.

Suivant la divifion que nous avons faite, nous parlerons ici du visage, premierement en général, par rapport à l'air & à la mine; puis en détail par rapport aux differentes parties qui le compofent, dont les unes font tout-à-fait extérieures, comme le front, les fourcils, les paupieres, les yeux, le nez, les joües, les oreilles, les lévres, le menton & la peau; les autres, moins apparentes, comme les gencives, les dents, & la langue,

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Du Vifage en géneral, par rapport à l'air & à la mine.

L'agrément & le defagrément du vifage, confiftent moins dans la forme particuliere des traits, que dans l'air & la mine. On voit plufieurs perfonnes avoir un vifage laid, & cependant une mine noble, agréable, & avenante; d'autres, au contraire, avoir un beau vifage, & une mine bafle, defagréable, & rebu

tante.

L'air du vifage dépend des fentimens de l'ame. Voulez vous, peres & meres que vos enfans ayent une mine noble un air agréable & qui plaife? infpirezleur des fentimens nobles & humains Ces fentimens fe peindront fur leurs vifages.

Les gens de néant, qui ne puifent d'ordinaire, dans l'éducation qu'ils re çoivent, que des fentimens bas & rampans, ont prefque tous, la mine baffe & rampante. Le vifage prend, pour ainfi dire, les traits de l'ame, & s'y moule, Un Comedien pour joüer fon rôle, s'imprime-t'il une paffion de colere? fon vifage alors prend de lui-même, un air de colere. Eft-on touché de compaffion Tome II.

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