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fent pour chaque fois. Mais il y a une circonftance à obferver, laquelle eft un peu gênante, c'eft qu'il faut, pendant plufieurs femaines, fi c'eft en efté, s'emprifonner dans la maifon les fenêtres-fermées durant le jour lorfqu'il y a du Soleil, & ne les ouvrir que lorfque le Soleil eft paffé, fans quoi, tous les remedes. du monde, feront inutiles. Au refte, comme il n'eft gueres poffible, quand on fe porte bien, de fe tenir fi long-tems enfermé, & que d'ailleurs il y a des de voirs de Religion qui obligent abfolument de fortir; le parti qu'il y a à prendre alors, c'eft de fortir de grand matin, & puis de revenir chez foi avant que la cha❤ leur du jour commence. Si l'on ne veut pas s'affujettir à tant de contrainte, il n'y a qu'à refter comme l'on eft. Des tar ches de rouffeur, après tout, ne font pas une fi grande difformité. D'ailleurs il arrive fouvent qu'elles fe diffipent d'ellesmêmes, fans que l'on s'en mette en peine, fur-tout dans ces pays ci. Si l'on prend Te parti de fortir de grand matin, il ne faut pas laiffer de fe tenir le vifage. bien caché de fes coëffes; je dis de fes coëf fes, car on juge bien que c'eft uniquement pour le fexe que je parle ici..

3°. Envies.

Les envies, ainfi appellées, parce ¿qu'on les attribue à dive fes envies que les meres ont eues pendant leurs groffeffes, font des marques bizarres que l'on apporte en naiffant, & qui fetrouvent les unes fur le vifage, les autres fur d'autres parties du corps indifféremment. Il y a des enfans qui viennent au monde avec des réprésentations de cerifes, de fraifes, de meures, &c. d'autres avec des taches de vin, des taches de lait, &c. foit fur le vifage ou ailleurs; & tout cela par un effet de la forte imagination des meres qui étant enceintes, ont fouhaité ardemment d'avoir certaines chofes qu'elles n'ont pu obtenir fur le moment & qu'elles fe font représentées d'autant plus vivement, qu'elles n'ont pû contenter leur envie.

Pour ce qui eft des taches de vin, des taches de lait, & d'autres taches, il eft abfolument impoffible de les ôter, & quiconque promet de le faire, en impofe. Il faut, pour qu'une envie foit capable d'être enlevée, qu'elle tienne à une queuë qu'on puiffe ferrer avec un fil; & encore faut-il que cette queue foit fort deliée, fans quoi il ne faut pas s'avifer

d'y

d'y toucher, Mais fi elle eft menuë, on prendra une foye cirée, qu'on noüera d'abord d'un nœud, autour de la queuë, en ferrant médiocrement, puis le lendemain on fera un fecond tour plus ferré; le jour d'après, encore un autre tour qu'on ferrera d'avantage, & affez pour ôter à la cerife, à la fraife, à la meure, &c. toute communication de nourriture avec le refte du corps. Alors la cerife, la fraise ou la meure, felon ce que ce fe ra, tombera defléchée; & il ne fe fera à l'endroit de la féparation qu'une petite galle, qu'il faudra laifler chéoir d'ellemême.

Voilà toute l'opération. Mais il ne faut s'avifer que le moins qu'on peut d'y employer le fer. Si l'envie paffion née qu'aura une femme enceinte pour certaines chofes qu'elle ne pourra obtenir fur le champ, eft quelquefois capable de caufer des difformités à l'enfant qu'elle porte dans fon fein; la vûë d'un objet qu'elle regardera avec répugnance, ou avec horreur, en eft encore plus capable. On n'en a que trop d'exemples; & plût à Dieu que cette confidération pût engager ceux qui ont le pouvoir en main, à empêcher tant d'éftropiés de soder dans les Eglifes, & de s'y donner

en

en fpectacle. Mais ce n'eft pas de ce genre de difformités que je me fuis propofé de parler dans cet article, où je n'ai eu en vûë que celles qui portent, a jufte titre, le nom d'envies. >

4°. Teint brun, livide, jaune, bazané.

Quand le teint eft naturellement brun jaune, livide, noirâtre, il n'y a point de reméde qui puiffe le changer radicalement. Tout ce qu'y peuvent faire alors les jeunes perfonnes du fexe, c'eft de recourir à des remédes palliatifs, non pas néanmoins au blanc & au rouge dont elles fe fervent ordinairement, & qui leur gâte le teint; mais à des chofes plus innocentes, telles que font entre autres, un peu de lait d'âneffe, mis fur le vifage, & un peu d'eau de talc appliquée de même. On prend du lait d'ânesse tout fraîchement trait; on en moüille un petit linge le foir en fe couchant, & l'on paffe auffi-tôt ce linge.fur le vifage; puis le lendemain matin on effuye doucement le vifage.

Quant à l'eau de talc, on en fait le même ufage; mais comment fe prépare-elle ? le voici. Ayez du tale de venife

qui foit bien molaffe, écailleux, pefant, graiffeux, tirant fur le verdâtre, un peu tranfparent, & le féparant par petites lames. Rapez-le avec une peau de chien de mer; & paffez par un tamis. bien fin, la poudre que cette peau de chien aura détachée. Quand elle fera paflée, prenezquatre blancs d'œufs durs coupez-les par la moitié, puis remplif fez le creux de chacun avec votre poudre; après quoi mettez le tout dans W vaiffeau de verre ou de fayance bien pro pre; pofez ce vaiffeau à la cave fans le boucher, & l'y laiffez jufqu'à ce que votre poudre se réduise d'elle-même jen eau. Cette eau s'appelle Eau de Talc. * Confervez-la précieusement pour vous en mettre fur le vifage tous les foirs en vous couchant; je dis tous les foirs en vous couchant, car il ne faut point vous en fervir le matin.

>

Il fe fait une autre eau de tale, qui n'a pas moins de vertu que celle-là, pour l'embélissement du teint, & dont la préparation n'eft gueres moins facile. On prend une douzaine de limaçons à co

quille,

Je ne parle point ici de Phuile de Tale, fivans tée par certains Auteurs, & que je regarde comme une fable.

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