Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

fendre le vifage contre la petite vérole, veulent perfifter dans leur fentiment, il eft inutile de les contrarier là-dessus, leur erreur n'ayant rien de dangereux. La remarque que je viens de faire a été faite il y a long-tems, par le célébre Dicmerbroech, comme on le peut voir par les propres paroles de cet Auteur citées ici. *

On répondra peut-être que la feule vûë du rouge fuffit pour exciter la for tie de la petite vérole, & empêcher que le vifage n'en foit marqué; mais cette penfée n'eft pas une moindre erreur. La

vûë

Onnes mihi errare videntur qui à rubro Colore fragularum, aliquid fingulare expectant: Non enim color, fed calor à ftragulis provocatus, ad variolarum expulfionem facit. Illorum autem error bine primam originem fumfiffe videtur, quod olim, & etiam tempore avorum noftrorum ( ut videmus in noftrâ familia, ex iftis ftragulis, qua beredi tare, ab illis ad nos pervenerunt) optima & craffiora ftragula rubro colore tingebantur; tenuiora aliis coloribus. Atque hinc, cùm iftius tem; oris Medici, agros fudaturos bene contegi videbant, juf fiffe ut ftragulis rubris, id eft melioribus & craf fioribus contegerentur. Hoc non fatis perfpicientes Medici pofteri, putarunt antecedentes Medicos, rubris ftragulis agros fuos contegi voluiffe, quia ex rubro colore a iquid fingulare notabile prodiffe obfervaffent, quòd vario'as foras eligeret. Isbrand. de Diomerbrock de variolis & morbiis. Lib. Singul.

vûë du rouge étant plus capable de bleffer les yeux & de troubler le cerveau, que d'exciter, le moins du monde, la fortie de l'humeur dont il s'agit.

Mais en voilà affez pour ce qui concerne le traitement extérieur de la petite vérole. Ce feroit ici le lieu de dire,un mot de la maniere dont elle est traitée d'ordinaire par rapport au dedans. Je remarquerai feulement là-deffus, que les cordiaux échaufans & brûlans que l'on a coûtume de donner à la plupart des enfans dans cette occafion, font plus propres à rendre âcre & mordante, l'humeur de la petite vérole, qu'à l'adoucir, & ne peuvent par conféquent que faire un grand tort à la peau du vifage fi tant eft que ce foit là le plus grand mal qu'on en ait à craindre, la mort étant fouvent l'effet de ces potions enflammées.

Je pafle aux difformités du vifage indépendantes de la petite vérole, telles que font entre autres, 1. le vifage couperofé, 2. les taches de rouffeur, 30. les envies, 4. le teint livide, 5o. les pâles couleurs, 6. le teint gros, 7 le teint luifant, 8°. le teint Rétri & ridé.

1°. Visage

19. Vifage couperofé

Cette difformité confifte en rougeurs de vilage, accompagnées de boutons enflammés. On prétend qu'elle eft caufée par une intempérie chaude du foye. Cette opinion, vraye ou fauffe, lui a fait donner le nom de chaleur de foye. On l'appelle auffi goute rofe, parce que les puftules dont elle couvre le vifage reffemblent en quelque forte, par leur couleur, au fruit du rofier fauvage.

[ocr errors]

Quoiqu'il en foit, ce mal eft produit par un fang âcre & épais, qui gonfle & qui ronge les petits vaiffeaux dont Ja peau du visage eft parfemée. Pour débaraffer ces vaiffeaux, il faut adoucir & détremper la maffe du fang. On en viendra à bout par l'ufage du cerfeüil & des écreviffes dans des bouillons. Ces bouillons feront faits avec un peu de veau & de mouton, fans boeuf. On en prendra trois par jour, l'un à l'heure du lever, le fecond deux heures après, & le troifiéme une heure avant le fou per qui doit être fort leger; On mettra de temps en temps fur le vifage, de l'eau où aura trempé à froid, pendant la nuit un peu de pimprenelle. Une demi-poi03 gnée

poignée de cette herbe fur deux livres d'eau, fuffit. Il faut mettre l'eau un peu tiede fur le vifage, mais jamais chaude.

Si la perfonne beuvoit du vin avant que de devenir couperofée, il faut lui en interdire l'ufage, & fi quand elle l'eft devenue elle n'en beuvoit point du tout, il faut le lui conseiller, mais moderé. Il y a pour cela de fortes raifons qu'il feroit trop long d'expliquer ici.

2. Taches de rousseur.

Les teints blancs & délicats font fujets à de petites taches rouffes, qui ref femblent par leur couleur & par leur figure, à de petites lentilles. Les perfonnes blondes en font plus attaquées que les autres; la chaleur du Soleil en eft la cause ordinaire, c'eft pourquoi il faut prendre garde d'y expofer les enfans. Une jeune perfonne qui, par quelque occafion que ce foit, eft obligée d'aller au Soleil, doit toûjours avoir fur le vi fage un mafque ciré, & aux mains des gands cirés; car les taches de rouffeur viennent auffi très-fouvent aux mains & aux bras. On ne manque pas de gens qui ie vantent d'avoir des fecrets particuliers pour êter les taches de rouffeur. Leurs

pré

prétendus fecrets confiftent à appliquer fur le vifage, des eaux corrofives qui le font peler, & qui, après cela, le laiffent comme il étoit auparavant; ce qui ne doit pas étonner, car il ne faut pas croire que ces taches ayent pour fiége la furpeau. C'eft à la peau même qu'elles font attachées; mais comme cette furpeau eft tranfparente, & qu'elle laiffe appercevoir les taches qui font deffous, on s'îmagine aifément que c'eft à la furpeau qu'il faut s'en prendre, & qu'il n'y a qu'à l'enlever pour les ôter, en quoi l'on fe trompe fort. Il n'eft point néceffaire de remedes fr violens pour diffiper les taches de rouffeur. Tout ce qui ieft capable de réfoudre l'humeur épaiffie qui fait ces taches, eft propre à les diffiper; car elles ne viennent que d'une humeur arrêtée dans les petits vaiffeaux de la peau; mais où trouver ce remede capable de produire un tel effet? Il n'eft point fi rare. L'efprit de vin feul, mêlé avec un peu d'huile de Ben*, & appliqué tous les foirs fur le vifage, par le moyen d'un petit pinceau, eft ce remede Trois ou quatre goutes de l'un & de l'autre fuffifent

[ocr errors]

L'huile de Ben of auffi très-bonne pour les dartres du vifage.

« PreviousContinue »