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forts de plufieurs muscles aufquels il eft comme impoffible de réfifter.

De la Peau du Visage.

La peau du vifage eft fujette à plufeurs difformités qu'il eft tems que nous examinions, après avoir examiné, comme nous venons de faire, celles du front, des fourcils, des paupieres, des paupieres, des yeux, des oreilles, des joues, des

du nez

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lévres, & du menton.

Les plus confidérables-qui ont coûtume d'attaquer la peau du vifage, viennent de la petite vérole, & c'eft par celles-là que nous commencerons.

Difformités de la Peau du fage, par la petite vérole.

La plupart des difformités qui arrivent à la peau du vifage en conféquence de la petite vérole, viennent plûtôt de la faute de ceux qui traitent cette maladie, que de la petite vérole même.

L'on veut empêcher la petite vérole de groffir la peau, d'y laiffer des foffes, & des cicatrices; l'on employe fouvent pour cela des moyens plus propres à procurer qu'à détourner ce

qu'on

qu'on veut prevenir. Quelques-uns, lorfque les grains de la petite vérole commencent à paroître, y appliquent de T'huile de raves, d'autres de l'huile d'amandes douces; d'autres de l'huile de noix. Il en eft d'autres qui allument du lard piqué au bout d'une grande fourchette de fer, en reçoivent dans de l'eau rofe, les goutes enflammées, & après avoir lavé plufieurs fois ces goutes, dans de nouvelle eau rofe, jufqu'à ce que le tout foit devenu bien blanc, étendent de cette graifle fur le vifage. D'autres choififfent le lard le plus récent, le cou pent en tranches, & appliquent ces tranches fur la peau; mais toutes ces graif fes fervent plutôt à boucher les pores qu'à les ouvrir; auffi rendent-elles la peau du vifage très-épaiffe, & trèsgroffiere. Ce qu'on peut faire ici de mieux, c'eft de prendre de la chair de mouton bien dégraiffée, de la faire bouillir jufqu'à ce qu'elle foit parfaitement cuite, puis de tremper une éponge dans ce bouillon, & de la promener doucement fur le vifage, ayant foin de recommencer plufieurs fois par jour, jufqu'à ce que les grains de la petite vérole foient parvenus à une maturité entiere, ce qui va à peu de iours. Trois

onces

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onces de chair de mouton fuffifent pour une livre d'eau. Je ne dis rien ici de l'attention qu'il faut apporter pour empêcher que les malades, quelques dé mangeaifons qu'ils fentent, ne portent leurs doigts au vifage, & n'en enlévent les croutes qui commencent à s'y for mer. Chacun fçait combien il eft dangereux pour de tels malades, de fe fatis faire là-deffus,

Que dire ici de l'erreur de ceux qui s'imaginent bien ménager la peau du vifage en coupant, ou en piquant les grains de la petite vérole, lorfqu'ils les voyent blanchir par le pus qui y eft enfermé ? Ceux qui tiennent cette con duite, fe figurent qu'ils empêchent par-là, le pus de ronger le fond de la peau; ce que ce pus, difent-ils, ne manqueroit pas de faire fi on le laiffoit féjourner. Mais c'eft un fait conftant, que les creux de la petite vérole ne font jamais plus profonds que lorfque les bou. tons dont il s'agit, ont été ouverts, foit avec des cifeaux, foit avec une aiguille, foit avec les ongles; & la raifon en eft facile à comprendre; car lorfqu'on ouvre ces boutons, & que l'on donne jour à la matiere qu'ils renferment, on introduit l'air à la place: cet

air ainfi introduit, féche & endurcit tout
d'un coup, la cavité tendre dans laquel-
le il entre. Ce defféchement & cet en-
durciffement empêchent la chair de def-
fous de fe reproduire, & de venir rem-
plir le creux que la petite vérole a cau-
fé; au lieu qu'en ne faifant point d'ou-
verture, & laiffant ainfi au pus, le tems
de fe fécher peu à peu
de lui-même, la
chair dont il s'agit, fe conferve molle &
tendre, & a le loifir de croître infenfi-
blement jufqu'à l'entier defféchement du
pus, & de remplir, par ce moyen, les
cavités de la petite vérole, enforte que
lorfque les croutes ou galles font tom-
bées, on ne voit aucune inégalité fur la
peau; mais feulement des taches rou-
ges, qui difparoiffent peu de femaines
après, fans qu'on y faffe rien, fur tout
fi c'est en efté.

Au refte, un excellent moyen pour garantir le vifage d'être marqué de la pe tite vérole c'eft de le tenir clos. Si cette partie qu'on laiffe alors expofée à l'air. com:ne dans les autres temps, quoique ce ne foit qu'à celui de la chambre ou du lit, étoit tenue cachée, elle ne feroit pas plus fujette aux difgraces de la petite vérole, que le refte du corps, qui, caufe qu'il eft toujours couvert, n'eft Tome II. pref

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prefque jamais marqué. Or pour tenir le vifage clos, il faut avoir foin de le couvrir de quelque étofe un peu forte, taillée en forme de coëffe, & dont les deux bords de devant ne foient éloignés l'un de l'autre, que de l'efpace qu'il faut pour laiffer la refpiration libre. Il n'importe au refte, de quelle couleur foit cette Couverture, non plus que celles du lit. Je fais cette remarque, parce qu'il fe trouve tous les jours des gens qui s'imaginent qu'il ne faut employer dans la petite vérole que des couvertures rouges, mais c'est une erreur. Ce qui a donné lieu à cette imagination, eft qu'anciennement c'étoit la coûtume des ouvriers en couverture, de n'en faire aucune un peu épaiffe, qui ne fut de couleur rouge: Quant aux couvertures minces ils les faifoient d'autres couleurs. C'est ce qu'on peut voir par plufieurs couvertures de l'ancien temps. Or, comme les rouges, à caufe de leur tiffu plus épais & mieux fourni, étoient plus chaudes que les autres, les Médecins, pour cette raifon, ordonnoient celles-là dans la petite vérole, préférablement aux autres. Voi

tout le myftere. Si après cela ceux qui prétendent que dans la couleur rou ge réfide une vertu fpécifique pour dé

fendre

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