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& qui eft la meilleure de toutes celles que l'on peut choifir en cette occafion:: Prendre trois onces de graiffe de roignon de veau, faire fondre cette graiffe fur un petit feu, puis la couler, & enfuite la laver dans plufieurs eaux. Cela étant fait là remettre fur un très-petit feu, avec autant de cire blanche, deux onces d'hui le d'amandes douces, tirée par expreffion, demi-once de blanc de baleine, & un petit morceau de racine d'orcanette bien écrasée, laiffer fondre doucement le tout, jufqu'à ce que la racine d'orcanette ait communiqué la rougeur, & le bien re muer; après quoi retirer la pommade; & la mettre dans un petit pot de fayen ce bien propre..

Cette pommade ne fert de rien quand on a les lévres enflées ou galeufes pour y avoir porté les doigts après avoir touché quelque chofe de vénimeux, ou pour avoir beu après des perfonnes d'une haleine forte, ou qui ont mal aux lévres. L'efprit de vin, ou l'eau thériacale dont on frotte les lévres, eft alors le meilleur remede.

Une chofe qui fait beaucoup de tort aux lévres des enfans, & à quoi l'on ne prend pas garde, ce font les chifflets qu'on leur donne. Toutes fortes de per

fon

fonnes chifflent dans ces chifflets, & il n'y a pas dans une maison, un domesti que galleux qui n'y applique fes lévres. L'enfant porte à la bouche ces chifflets, qui quelquefois font encore pleins de la falive des domeftiques malpropres qui y ont chifflé. Jugez de ce qui en doit arriver..

Il y a des perfonnes qui ont mal aux Tévres par une caufe qu'on ne s'eft pas. non plus jufqu'ici avifé de foupçonner, & qui eft cependant très-commune. On a coûtume, lorfqu'on, fe met à écrire avec une plume nouvellement taillée, de porter à la bouche le bec de la plume pour le moüiller, & lui faire prendre par ce moyen, plus facilement l'encre. A moins qu'on n'ait taillé foi-même la plume, ou qu'elle ne l'ait été par une perfonne qu'on fcache certainement être trèsfaine, il faut bien se garder de la porter. ainfi aux lévres, parce que ceux qui taillent les plumes, ne manquent jamais de les porter eux-mêmes à leur bouche pour les effayer; après quoi ils les fecoüent, mais d'une maniere à y laiffer toujours un peu de leur falive; or ce peu de falive, en quelque petite quantité qu'il foit, & quoique defféché depuis, eft un levain, qui, fi la perfonne

amal aux lévres, & qu'elle foit attaquée de quelque maladie contagieufe, peut faire beaucoup de tort aux lévres tendres & délicates d'une jeune perfonne qui por tera ces plumes à fa bouche.

Il y a des fiévres dans lefqu'elles il vient des galles aux lévres, ce qui cft l'annonce d'une parfaite guérifon; ces galles ne demandent aucun reméde; il les faut laiffer & n'y point toucher, el les s'en vont avec la fiévre.

4. Groffes Lévres.

On prétend que les groffes lévres marquent peu de génie. Ce figne néanmoins eft bien équivoque. Il y a des perfonnes qui, avec de groffes lévres, ent beaucoup d'efprit, & d'autres, qui avec de petites lévres bien mignones ont très-peu de génie. Mais comme, général, les groffes levres ne prévien nent pas favorablement, & que l'on ne fçauroit corriger les préjugés publics,

en

les peres & les meres qui ont des enfans en qui fe trouve ce défaut, ne doi vent pas négliger d'y chercher des remédes. Il n'y en a point paffé un cer tain âge. Mais dans l'enfance, & dans la grande jeuneffe, il y en a quelque

fois. Qui font-ils ? Ce font les hydra gogues, c'eft-à-dire les remedes qui purgent les ferofités. Ces remedes font, ou internes ou externes; les internes sont entre autres la poudre cornachine, & de fel d'ebfon; les externes font les mafticatoires. On ne fçauroit trop recom mander ici la poudre cornachine & le fel d'ebfon pour les jeunes perfonnes. On les purge de mois en mois, avec la poudre de cornachine, délayée dans un boüillon & de quinze en quinze

jours avec le fel d'ebfon, délayé de la même maniere. Quant aux mafticatoires, il les faut employer tous les jours, fans interruption, & n'en point choifir d'autres que le maftic en larmes ; on en mâche une médiocre quantité tous les matins à jeun. La racine de pyrethre doit être évitée ici avec grand foin, el le décharge les eaux, mais elle brûle la bouche, & defléche trop..

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Pour ce qui eft des véficatoires, le meilleur dans cette occafion, c'est la ra cine de thimelæa appliquée vers les oreil

les ; ; les groffes lévres ne procédent que d'une férofité furabondante qui les ab breuve. Ainfi il n'y a pas de meilleur expédient pour en diminuer l'exceffive groffeur, que d'évacuer la férofité fu

perfluë,

perfluë, mais il faut s'y prendre de bonne heure; car paffé l'enfance & la premiere jeuneffe, il n'eft plus temps.

Je ne dis rien du régime de vivre Pon comprend aflez, qu'il doit être def féchant, & qu'ainfi il faut éviter tous les alimens capables de produire un fang trop féreux, tels que font les falades, la grande quantité de fruits, &c. la biére le cidre.

Dans la Guinée, les filles qui veulent paroître belles, employent plufieurs ar tifices pour fe groffir les lévres. Mais dans ces pays-ci, on eft d'un autre goût. De groffes lévres à un homme font désagréables, mais à une femme c'est une difformité des plus grandes. Au refte, fi après avoir tenté les remédes ci-deffus, on voit qu'ils ne fuffilent pas, il faut appliquer fur la tête, des fachées de fauge, de marjolaine, de romarin, & de fleurs de camomille, en poudre, & les y laiffer plufieurs jours, excepté les nuits, de crainte qu'ils n'entêtent par une odeur trop forte

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Hiftoire des Indes Orientales. Liv. $.

eb. 44.

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