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fut réduit à fuir de ville en ville, tandis que l'usur pateur de son trône était reconnu sans difficulté par toutes les puissances de l'Europe. La Courlande, la Pologne, l'Italie, l'Angleterre, virent tour à tour le roi de France affronter les humiliations les plus cruelles avec une résignation philosophique.

Hâtons-nous de traverser cette funeste époque; arrivons à celle où l'oppresseur des nations succombe à son tour; PEurope entière fond sur la France et la couvre de ses armées. Qu'il est doux, après tant de scènes affreuses, de reposer ses yeux sur un spectacle si consolant!.... Les princes reparaissent heureux et triomphants sur la terre de leurs ancêtres, et le tyran (c'est de Napoléon que je veux parler) emporte dans son exil au milieu des mers, la haine et sur-tout le mépris des Français. Louis XVIII, précédé par le comte d'Artois, se dispose enfin à quitter l'Angleterre, il se déclare le vassal du prince régent, et les préparatifs de son départ sont or→ donnés avec une pompe extraordinaire.

Je demande à mes lecteurs la permission de laisser le roi de France à Douvres; j'espère qu'ils ne m'en sauront pas mauvais gré. Je parlerai dans un prochain article, et des acclamations qui l'accueillirent à son retour, et de son règne de dix mois, et de ses nouveaux revers; car Louis XVIII n'est pas encore au terme de ses malheurs.

L'hermite du Brabant.

PRÉCIS HISTORIQUE des différentes missions, dans lesquelles Fauche-Borel a été employé, suivi de pièces justificatives. Deuxième édition. A Bruxelles, chez le Charlier, libraire, Montagne de la Cour; Wahlen, imprimeur, rue de l'Evêque. Prix, 3 fr.

La royauté aussi bien que la religion compte ses fanatiques et ses martyrs; témoin Fauche-Borel qui aurait fait sans doute à Louis XVIII le sacrifice de Combabus, si S. M. avait jamais attaché quelque prix à ces

bagatelles, mais qui du moins n'a pas balancé à lui sacrifier sa fortune, son repos et son honneur.

Tout adonné, comme il le dit lui-même, aux soins d'un vaste établissement typographique à Neufchâtel, sa patrie, Fauche-Borel se voua dès 1793 à la cause de S. M. Louis XVIII. Pour premier fait d'armes, il se rend au quartier-général de Pichegru afin d'y séduire ce militaire et d'embaucher l'armée française. Cette tentative échoue, et il n'en résulte rien autre chose sinon que Pichegru perd sa réputation et Fauche sa liberté.

La seconde expédition de Fauche ne réussit pas mieux. En vain il arrive à Paris muni des pleins pouvoirs de S. M. pour trafiquer avec Barras de la liberté française, en vain après avoir marchandé million à million le trône pour S. M. il est sur le point d'en conclure le marché, toutes les mesures qu'il prend à cet effet avec le directeur et quelques autres intrigants de sa trempe sont déjouées par la révolution du 18 brumaire, et Fauche est envoyé pour 21 mois dans une des tours du Temple. Rien de plus curieux que les révélations de Fauche-Borel à l'occasion de ces transactions honteuses. Les pièces authentiques qu'il rapporte, sont des matériaux précieux pour l'histoire, et expliquent assez pourquoi le précis historique où elles sont consignées, a été supprimé par la police avec tant de rigueur.

Si peu de succès et tant de tribulations auraient rebuté tout autre que Fauche, son grand cœur n'en est point abattu. Il avait flétri la réputation de Pichegru, al paraît propre à salir celle de Moreau. C'est lui qu'on charge d'aboucher ce dernier avec les agents de Georges, mission qui lui vaut un nouvel emprisonnement. Certes Bonaparte montra peu de sagacité en faisant arrêter si promptement Fauche, car d'après les semi-aveux de ce dernier, il acquerrait, quelques jours plus tard, la preuve qu'il aurait été si jaloux d'administrer aux juges

de Moreau.

Il faut l'avouer, ces incarcérations successives ralentirent un peu le zèle de Fauche, et bien lui en prit, car on fusilla le neveu qu'il envoya à sa place pour s'assurer de l'existence d'un comité royaliste et pour gagner le prince de Neufchâtel dont la conduite, soit dit en passant, paraît plus qu'équivoque.

Son éloignement pour les affaires se prolongea jusqu'en

1813; encore Fauche figura-t-il à cette époque dans le champ de l'intrigue, moins comme agent que comme compère. Les royalistes commençaient à s'indigner de ce qu'un prince du sang n'avait encore payé de sa personne dans aucune des tentatives faites en faveur de la contre-révolution.

Tout-à-coup le duc de Berry se décide; il ordonne les préparatifs d'un débarquement sur la côte de France, lui-même fait mine de partir, mais le prudent Fauche qui avait été envoyé à l'avance à Jersey, écrit lettre sur lettre à monseigneur pour le faire renoncer à une résolution si téméraire, et cette fois du moins il a le bonheur de réussir.

Le moment de la restauration arrive, Fauche se flatte qu'il va recevoir le prix de tous ses services. Vain espoir! M. de Blacas est toujours là pour son malheur comme pour celui de tant d'autres : il ne reçoit de tous côtés que des marques de mépris et d'ingratitude; mais loin de refroidir son fanatisme pour la royauté elles l'exaltent davantage.

Les événements qui précèdent le 20 mars font pressentir à S. M. Louis XVIII sa chûte prochaine, et quelques jours avant que S. M. n'eût pris la fuite, Fauche est expédié à Vienne, où il avoue ingénuement qu'on penchait pour la régence, attendu, disait-on, que Louis XVIII n'était point aimé des Français. Mais FancheBorel fait tant et si bien, qu'il décide les puissances à faire égorger une partie de leurs soldats avec les soldats français pour le bonheur et la plus grande gloire du roi de France. Fauche quitte Vienne avec une lettre, dans laquelle, dit-il, le roi de Prusse donnait à Louis XVIII les assurances les plus positives, et il arrive en Belgique où S. M. était venue chercher un asile qu'elle regrette tant de voir accorder aujourd'hui à quelques uns de ses sujets.

Porteur de nouvelles si importantes, quel bon accueil Fauche n'a-t-il pas le droit d'espérer. Cependant pour récompense de tout son zèle, on le traîne honteusement en prison à Bruxelles. C'est ce dernier événement qui a donné lieu au précis historique de FaucheBorel, précis d'autant plus curieux qu'il a été écrit par l'auteur avec beaucoup de bonne foi et nullement dans l'intention de blesser S. M. Cependant telle, est

la position actuelle du roi de France, telle est la natre des intrigues, qui lui ont tour-à tour fermé et ou et les avenues du trône qu'on ne pouvait publier contre lui une satyre plus amère.

Loin done de partager l'opinion du sieur Perlet qui a cherché à représenter Fauche, comme traître à la cause royale, sans me laisser abuser par les insinuations perfides de M. Angles, lesquelles portent à croire que Fauche était à-la-fois agent de Louis XVIII et es¬ pion de Bonaparte, ne tenant enfin aucun compte, malgré toute son expérience en pareille matière, des reproches de M. de Blacas qui accuse Fauche d'avoir fait le trafic de croix de St. Louis, je le regarde comme un homme aussi loyal que désintéressé, je ne vois en lui qu'une victime de son dévouement à la cause royale, et son exemple me prouve que les conquérants ne sont pas les seuls qui jettent l'orange sur un tas d'ordures après en avoir exprimé le jus.

BOUCHE DE FER.

son 17

Monsieur le Nain,

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Au Rédacteur.

J'ai lu avec plaisir votre dernier numéro ; il m'a fait rire, au titre près que je n'ai pas compris. Que veut dire, s'il vous plaît, votre formule algébrique livrai+1 ou 19. 1? Pourquoi re pas se servir de cette locution si simple et si naturelle: livraison 18.? Si c'est une malice, j'avoue naïvement qu'elle échappe à mon intelligence, et je vous serai très-obligé de vouloir bien m'en donner l'explication.

Votre dévoué serviteur
Innocent Bonneau.

Réponse des Rédacteurs. Les esprits les plus forts ont un peu de superstition: nous avouons que nous n'en sommes pas tout-à-fait exempts. M. Innocent Bonneau doit savoir que quand les soldats français jouent au piquet dans les casernes, ils évitent toujours, en comptant, de nommer le nombre fatal que les arithméticiens

ont placé entre le 17 et le 19; ils employent habituellement un synonime dont nous reconnaissons toute l'exactitude, mais que par politesse nous n'avons pas dû faire figurer sur notre feuille jaune.

- Le tribunal de police correctionnelle de Liège a prononcé son jugement sur l'accusation de calomnie portée contre l'éditeur du Mercure-Surveillant au nom de leurs majestés l'empereur de Russie, le roi de Prusse et le roi de France. Les deux premiers souverains ont gagné leur procès; mais le troisième a perdu sa cause, il est renvoyé hors de cour. L'éditeur du Mercure-Surveillant se propose, dans un mémoire justificatif, d'en appeler au tribunal de l'opinion publique. On doute que le roi de France en fasse autant.

Le duc de Bellune vient d'arrêter de sa propre main, sur le boulevard, un homme qui tenait des propos séditieux. Voyez plutôt la gazette de France du 25 mai. La faveur dont il jouit depuis cette action héroïque a donné l'impulsion à toute la cour. On ne voit plus de tous côtés que princes et ministres faisant le métier de gendarmes. Ce n'est point déroger; depuis longtems ils font l'office de bourreaux.

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On assure que le ministre de la police, sédnit par l'exemple du duc de Bellune, s'est pris au coliet avec un fort de la halle. Celui-ci était prévenu d'avoir, avec intention, répandu de la farine sur un pantalon bleu qu'attachait une ceinture rouge.

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On a dit de Bonaparte que c'était Robespierre à cheval, ne pourrait-on pas dire d'un autre souverain qui n'est pas empereur, que c'est Napoléon cul-dejatte?

- Le despotisme vient de frapper dans le général Chartran, l'un des braves de l'armée française. Son digne agent, le marquis de Jumillac, a mis dans cette exécution un rafinement de cruauté qui lui vaudra sans doute le grand cordon. D'abord il a fait recommander à la clémence du roi le général Chartran afin de prolonger son supplice; puis après avoir obtenu le refus paternel de S. M. il a envoyé sous les fenêtres même de la prison, la musique militaire avec ordre de jouer l'air: vive Henri IV. Enfin depuis l'exécution, il a outragé les mânes de sa victime en lui faisant prêter dans les journaux des discours qu'il ne pouvait tenir, et en

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