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aisé de s'apercevoir que le conseil des cinq-cents et celui des anciens, tous deux amovibles, tous deux émanés de la même source, et composés des mêmes élémens, ne présentaient que deux divisions d'une même chambre, dont l'une ne pouvait conséquemment servir à l'autre de contre-poids. Dans ces constitutions, le pouvoir exécutif manquait de cette unité qui fait sa force, de cette hérédité qui peut seule perpétuer et régulariser son action.

La constitution impériale, en créant un trône héréditaire et un sénat inamovible, remédiait à ces graves inconvéniens; mais un corps législatif muet, un conseil-d'état transformé en fabrique de lois, des sénatus-consultes qui n'étaient autre chose que l'expression servile de la volonté du prince, avaient fini par anéantir toutes les constitutions de l'empire, qui n'étaient plus qu'un vain mot. Pendant dix ans, le despotisme le plus intolérable pesa sur la France; la gloire y tenait lieu de liberté.

Mais la gloire du trône accablait les sujets.

CORNEILLE.

En relisant la Charte royale avec toute l'attention que l'on apporte à la lecture d'un con

trat qui nous engage personnellement, je me suis convaincu avec un extrême plaisir qu'elle renfermait tous les élémens de cette liberté publique pour laquelle la nation combat depuis. vingt-cinq ans, et dont les bases ont été posées par elle-même, dès 1789, dans les cahiers des trois ordres: une monarchie héréditaire dans la famille en possession du trône depuis plus de deux cents ans; un monarque inviolable, des ministres responsables, des juges inamovibles, la séparation du pouvoir législatif, une égale répartition de l'impôt consenti par les représentans de la nation, la liberté individuelle qui place tout citoyen sous la sauve-garde des lois, et l'affranchit de la crainte de se voir, à son réveil, inscrit sur les tables de proscription; la liberté de conscience que nulle puissance humaine n'a le pouvoir de restreindre, et la liberté de la presse qui seule peut tenir lieu de toutes les autres. La Charte royale, où se trouvent toutes ces garanties, est sans doute un grand bienfait du monarque à qui la nation la doit : peut-être serait-il à désirer qu'elle ne fût pas une simple concession du trône; mais les modifications qu'elle ya recevoir achèveront de lui

donner ce caractère national si nécessaire à sa durée, et les Français alors n'auront plus qu'un vœu à former; c'est qu'on l'exécute.

Le plus profond des publicistes, Montesquieu, savait bien qu'il est plus facile de faire de bonnes lois que de les maintenir; aussi disait-il, en parlant de Charlemagne : Il fit d'admirables réglemens; il fit plus, il les fit exécuter.

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